TROYES, PIERRE DE, dit chevalier de Troyes, officier, né de Michel de Troyes, procureur au parlement de Paris, et de Madeleine Alard, décédé le 8 mai 1688.

Capitaine au régiment de Piémont, il contracte un mariage à Paris, le 5 février 1681, avec Marie Petit de L’Estang.

Il arrive à Québec le 1er août 1685 en même temps que le gouverneur de Brisay* de Denonville et un renfort d’environ 350 hommes des troupes de la Marine. Il commande une compagnie : il a son brevet de capitaine depuis le 5 mars 1685. Le 12 février 1686, Denonville le charge d’une mission difficile et périlleuse commanditée en grande partie par la Compagnie du Nord : aller déloger les Anglais de la baie d’Hudson et capturer les interlopes, surtout ceux de Radisson* et de son groupe. Il dispose d’un détachement de 30 soldats et de 70 miliciens. Parmi ses officiers, on compte trois Le Moyne : Jacques, sieur de Sainte-Hélène, premier lieutenant ; Pierre*, sieur d’Iberville, second lieutenant ; Paul*, sieur de Maricourt, major ; il y a aussi le jésuite Antoine Silvy*, aumônier, et Pierre Allemand, pilote expérimenté, qui en sont tous deux à leur troisième voyage. La troupe, divisée en trois sections, part de Montréal le 20 mars, remonte la rivière des Outaouais (Ottawa) et, par les lacs et les rivières, arrive le 20 juin à la baie d’Hudson. Elle s’empare des forts Monsipi (Moose Factory ou Saint-Louis), Rupert (Fort Charles) et Quichicouane (Albany). Le chevalier de Troyes est de retour à Québec au début d’octobre 1686, laissant le commandement des forts capturés à Pierre Le Moyne d’Iberville.

Au cours de l’hiver, le gouverneur de Denonville prépare sa trop fameuse attaque contre les Tsonnontouans (Sénécas). Le chevalier de Troyes commande l’une des quatre compagnies. L’expédition se met en marche le 17 juin 1687. Par la force et la ruse, Denonville réussit à capturer environ 200 Iroquois (Haudenosaunee). Il en relâche la plus grande partie mais en garde quelques-uns qu’il envoie servir sur les galères du roi. Il va ensuite dévaster les villages tsonnontouans, sur la rive sud du lac Ontario, puis se rend à Niagara reconstruire le fort que Cavelier de La Salle y a déjà élevé. Le 31 juillet, les travaux terminés, il y laisse une garnison de 100 hommes sous les ordres du chevalier de Troyes. L’hiver de 1687 est particulièrement pénible pour la garnison qui subit les incursions vengeresses des Iroquois. De plus, le scorbut exerce des ravages parmi les troupes qui essaient de se révolter. Il ne reste que quelques hommes en état de se défendre. Le chevalier de Troyes est lui-même atteint de cette maladie et il y succombe le 8 mai 1688.

En trois ans de séjour au Canada, le chevalier de Troyes avait dirigé une importante expédition et avait participé à une autre. Il avait acquis la confiance du gouverneur, qui lui avait confié la défense d’un poste stratégique. Denonville estimait qu’il était « le plus intelligent et le plus capable de nos capitaines » et qu’il avait d’excellentes qualités de chef, qu’il était « sage et entendu et de bonne volonté ». La mort interrompit trop tôt une carrière qui s’annonçait brillante.

Léopold Lamontagne

AN, Col., C11A, 8, 9.— Charlevoix, Histoire de la N.-F.— Jean-Baptiste de La Croix de Chevrières de Saint-Vallier, Estat présent de lEglise et de la colonie française dans la Nouvelle-France […] (Québec, 1857), 43–45.— La Potherie, Histoire, I : 147s.— NYCD (O’Callaghan and Fernow), III : 396 ; IX, 307, 335, 339s., 351, 359, 396.— Chevalier de Troyes, Journal (Caron).— L. J. Boucher, Une Abitibi traîtresse au XVIIe siècle, RHAF, XIII (1959–60) : 93–96.— Crouse, Lemoyne dIberville.— Frégault, Iberville, 89–106 et passim.— HBRS, XXI (Rich.)— Robert Le Blant, Histoire de la Nouvelle-France : les sources narratives du début du XVIIIe siècle et le Recueil de Gédéon de Catalogne (1 vol. paru, Dax, s.d.), I : 176, note 37, 196.— P.-G. Roy, Le Chevalier de Troye, BRH, X (1904) : 284–287 ; Les Commandants du fort Niagara : Pierre, chevalier de Troye, BRH, LIV (1948), 131–133.

Bibliographie de la version modifiée :
Arch. nationales (Centre d’arch. de Paris), Y//240, f.101, 5 févr. 1681.

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Léopold Lamontagne, « TROYES, PIERRE DE, dit chevalier de Troyes », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 22 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/troyes_pierre_de_1F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1966
Année de la révision:    2022
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