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LE MOYNE DE MARICOURT, PAUL, officier, interprète et négociateur auprès des Indiens ; né à Montréal le 15 décembre 1663, décédé au même endroit le 21 mars 1704.

Maricourt était avant tout un soldat ; il était l’un des nombreux frères Le Moyne qui se sont illustrés par leurs multiples faits d’armes collectifs aux quatre coins de l’empire français en Amérique du Nord. À l’instar de ses célèbres frères, Pierre, sieur d’Iberville, Joseph, sieur de Serigny, Jacques*, sieur de Sainte-Hélène, il eut une carrière spectaculaire. Il était le quatrième des douze fils de Charles Le Moyne* de Longueuil et de Châteauguay et de Catherine Thierry. On sait peu de chose sur sa jeunesse et ses études, mais il ne fait aucun doute que la formation qu’il a reçue le préparait au métier des armes et à ses exigences particulières en terre canadienne. Il voyagea avec ses frères, se familiarisa avec les dialectes indiens et se révéla un des meilleurs canoteurs de la Nouvelle-France. C’est peut-être ce talent qui lui valut d’être nommé major des troupes dans l’expédition que mena le chevalier de Troyes* à la baie d’Hudson en 1686, dans le but de réaffirmer les droits français dans cette région devant l’empiétement des Anglais. Pendant ce dur voyage par voie de terre, « certes l’un des plus difficiles qu’on puisse imaginer », Maricourt fut victime d’une série d’accidents et en deux occasions évita de justesse la noyade. Néanmoins, quand l’expédition comprenant 30 Français des troupes de la marine et 70 Canadiens atteignit enfin le fond de la baie James et se lança systématiquement à l’assaut des trois forts anglais qui s’y trouvaient, Maricourt était de la première ligne avec Iberville et Sainte-Hélène. Sa conduite lui attira les éloges du chevalier de Troyes. Ce dernier désigna Iberville pour prendre le commandement de la région et lui adjoignit deux lieutenants dont Maricourt. Au printemps, les Le Moyne regagnèrent Québec par terre ; sur la recommandation du gouverneur Brisay de Denonville, Maricourt fut alors promu sous-lieutenant des troupes.

Sa carrière militaire débutait donc sous les plus heureux augures et, entre 1688 et 1696, il eut maintes fois l’occasion de faire montre de son courage sous le feu de l’ennemi, soit dans le Grand Nord, soit contre les Iroquois. À l’automne de 16881 il s’embarqua pour la baie d’Hudson sur le Soleil dAfrique, un vaisseau du roi dont on venait de confier le commandement à Iberville, avec mission de protéger les intérêts de la Compagnie du Nord. À la rivière Sainte-Anne (Albany) ils engagèrent le combat avec deux vaisseaux anglais mais les glaces finirent par emprisonner les trois navires. Il s’ensuivit un bizarre combat qui se prolongea la plus grande partie de l’hiver pour se terminer par la reddition des Anglais aux mains d’Iberville. Le mérite de cette victoire revient presque entièrement à Maricourt qui utilisa efficacement un faible détachement de Canadiens pour harasser sans cesse l’ennemi et miner le moral des équipages. Il fut blessé au cours d’un des plus vifs engagements mais, en septembre 1689, il était suffisamment rétabli pour prendre charge des postes de la baie quand Iberville, selon les ordres reçus, mit le cap sur Québec en ramenant avec lui les plus gros vaisseaux anglais. Le 15 mai 1690, le gouverneur de Frontenac [Buade*] confirma la nomination de Maricourt au poste de commandant de la baie d’Hudson en l’absence d’Iberville ou dans l’éventualité de sa mort.

Quelques mois plus tard, Maricourt partit lui aussi pour Québec alors que William Phips* se préparait à mettre le siège devant la ville. Prévenu de la présence des Anglais, Maricourt abandonna à Tadoussac le navire français sur lequel il voyageait et, en compagnie de son frère Charles Le Moyne de Longueuil et de quelques Indiens, il remonta le fleuve jusqu’aux battures de Beauport sur une petite embarcation, ce qui lui permit d’échapper aisément aux Anglais qui, pris par surprise, se lancèrent trop tard à sa poursuite. Selon un récit de l’époque, une fois à l’intérieur de la forteresse de Québec, Maricourt assuma, avec un autre officier, le commandement de l’artillerie. Il prouva qu’il était aussi passé maître dans le tir d’artillerie et peu de volées manquèrent la cible. Une des premières descendit le drapeau du vaisseau amiral anglais ; il n’en fallait pas plus pour stimuler les assiégés et les faire augurer de la victoire surtout après qu’on eut retiré le drapeau de l’eau pour le-porter en triomphe à la cathédrale. Les autorités récompensèrent Maricourt pour sa participation à la défense de Québec en le nommant capitaine en 1691 ; il fut fait garde-marine en janvier 1693, puis enseigne de vaisseau le 15 janvier 1694. L’intendant Bochart de Champigny, en parlant de lui et de trois autres capitaines, écrivit : « ceux qui sont incapables de cupidité et qui sont inviolablement fidèles [...] ». Il ne fait pas de doute que les autorités avaient une grande confiance en ses talents ; en 1695, elles lui confiaient le soin, avec quelques hommes, de protéger Chambly et les environs contre les incursions iroquoises ; en 1696, il fut chargé de lever un corps de milice d’élite pour prendre part à la campagne d’Iberville à Terre-Neuve ; et la même année il commanda les Abénaquis et les Indiens de Sault-Saint-Louis dans l’expédition de Frontenac contre les Iroquois. À cette occasion, quand il fut momentanément question de laisser une garnison durant l’hiver dans les villages conquis, on songea aussitôt à Maricourt tellement on avait confiance en son habileté à se tirer d’affaire, estimant que, à part lui, rares étaient ceux qui tiendraient le coup.

Pendant les années qui suivirent la campagne de 1696, Maricourt ne participa pas, pour plus d’une raison, à de lointaines expéditions mais demeura chez lui, à « Près de Ville », un peu à l’extérieur de Montréal. Tout d’abord, il s’était marié le 29 octobre 1691 à Marie-Madeleine, fiIle de Nicolas Dupont de Neuville, membre du Conseil souverain ; en outre, bien qu’il n’eût pas d’enfant, il semble qu’il ait assumé la responsabilité des enfants de Sainte-Hélène, qui avait été tué au cours du siège de Québec en 1690. De plus, il s’occupait activement de l’administration de l’immense domaine de son père invalide ; ainsi, c’est lui qui, en l’absence de plusieurs de ses frères, vendit la seigneurie de l’île Perrot en 1703. Maricourt gérait aussi ses propres affaires ; à cette époque, il participa à un certain nombre de transactions qui intéressaient des seigneuries et il est certain qu’il possédait des intérêts dans la Compagnie du Nord. Il avait fait ses investissements les plus considérables dans une société de traite, à titre d’associé anonyme du sieur Louis Le Conte Dupré, éminent commerçant de Montréal et trafiquant de fourrures. Ses fonctions de capitaine de compagnie dans la garnison de Montréal avaient aussi leur importance. Mais, en plus des lourdes responsabilités que lui imposaient la famille, les affaires et les devoirs militaires, la raison primordiale qui le retenait à Montréal à la fin du siècle était la suivante : Maricourt jouissait auprès des Cinq-Nations d’une énorme influence que les gouverneurs français utilisaient à bon escient dans leurs tentatives pour conclure une paix durable avec leurs ennemis de toujours.

Le prestige dont jouissait Maricourt parmi les Iroquois, tout particulièrement les Onontagués, était le fruit de la bonne réputation que son père avait acquise auprès de ces Indiens, mais aussi de la connaissance que Maricourt avait de leur langue et de leur mentalité. Sa conduite intrépide et ses dons d’orateur à la langue imagée ne pouvaient que plaire aux Iroquois. Les Onontagués l’avaient adopté comme un de leurs fils, le nommaient Taouestaouis et, au cours de leurs nombreuses visites à Montréal, il leur arrivait souvent de se rendre d’abord chez lui. Les gouverneurs dédommageaient Maricourt pour l’hospitalité qu’il accordait aux Iroquois et l’encourageaient à entretenir des rapports étroits avec eux. Frontenac et Callière firent appel à ses services à maintes reprises ; il se fit leur émissaire auprès des Onontagués au cours des longues négociations qui aboutirent à la paix de 1701. Comme première étape, il s’employa de 1698 à 1700, de concert avec Callière, à discréditer les Anglais aux yeux des Iroquois ; il mit particulièrement en doute la sincérité des autorités d’Albany qui réclamaient les prisonniers iroquois encore aux mains des Français. Puis, pendant la période critique des discussions de 1700 et 1701, le père Bruyas, Chabert de Joncaire et Maricourt prirent toujours une part active aux palabres que les Iroquois tenaient autour du feu ; tantôt ils raillaient les chefs orgueilleux pour avoir seulement prêté l’oreille aux agents anglais insolents qui cherchaient à empêcher la paix en traitant les Iroquois comme des esclaves ; tantôt ils tentaient de gagner par la flatterie les familles les plus irréductibles afin de les amener à remettre les prisonniers français dont plusieurs hésitaient à se départir. Le comte de Bellomont, gouverneur de New York, dans des dépêches au Board of Trade and Plantations se voyait presque obligé de reconnaître qu’il ne disposait d’aucun agent qui puisse rivaliser avec ces subtils négociateurs français. Maricourt participa aux cérémonies qui eurent lieu à Montréal au cours de l’été de 1701 pour marquer la ratification officielle du traité de paix, en qualité de plénipotentiaire des Onontagués. C’est lui qu’on désigna en 1702 pour aller chez les Onontagués s’assurer que les missionnaires jésuites, que les Iroquois avaient demandés, étaient convenablement installés. Sous Rigaud de Vaudreuil, il continua encore à représenter les intérêts français auprès des Cinq-Nations et à faire échec aux intrigues d’Albany. Il avait acquis une telle réputation auprès des autorités coloniales anglaises que, dans des dépêches, on le désigna, par erreur, comme étant le commandant de l’attaque sanguinaire contre Deerfield en 1704.

Maricourt mourut le 21 mars 1704 ; sa première femme était décédée en avril 1703. Remarié depuis à peine cinq semaines, il laissait une jeune épouse de 17 ans, Gabrielle-Françoise Aubert de La Chesnaye. Comme le fit remarquer Vaudreuil, la perte de Maricourt était tout aussi pénible pour l’ensemble de la population, car il appartenait à ce groupe restreint et exceptionnel à qui on devait l’expansion géographique et le maintien du vaste empire français en Amérique du Nord. C’était un personnage haut en couleur, animé de ce courage désinvolte propre aux officiers de la noblesse française sous l’ancien régime ; il était, de plus, doté d’une étonnante capacité d’endurance et d’une bonne dose de cette ruse sauvage qui caractérisait les coureurs de bois. Cet ensemble de qualités le servit bien quand il lui fallut combattre les ennemis de la France, que ce fût dans les régions glacées de la baie d’Hudson, sur les murs de Québec ou au cœur des forêts de New York. Ce sont aussi ces qualités qui lui valurent la confiance de quatre gouverneurs successifs, l’amitié des habitants et le respect des Iroquois si farouchement indépendants, respect grâce auquel il a couronné sa carrière par un important triomphe diplomatique.

Donald J. Horton

AN, Col., B, 16, 19 ; Col., C11A, 10, 13–14,18–22, 28 ; Col., F3, 2–8 ; Col., D2C, 222/2.— BN, mss, Clairambault 881, ff.178–181 ; mss, Fr. 31 700, ff.2–8.— Charlevoix, History (Shea), IV, V.— Coll. de manuscrits relatifs à la N.-F., I, II.— Juchereau, Histoire de lHôtel-Dieu de Québec (Montauban, 1751) ; Annales (Jamet).— Jug. et délib., V. La Potherie, Histoire (1722).— Robert Le Blant, Histoire de la Nouvelle-France : les sources narratives du début du XVIIIe siècle et le Recueil de Gédéon de Catalogne (1 vol. paru, Dax, [1948]).— NYCD (O’Callaghan et Fernow), IV, IX.— PRO, CSP, Col., 1704–05, XXII.— P.-G. Roy, Inv. concessions, II : 213 ; Inv. contrats de mariage, IV.— P.-G. et A. Roy, Inv. greffes not., I, V, VI, XVIII.— 1690, Sir William Phips devant Québec (Myrand).— Chevalier de Troyes, Journal (Caron).— Un mémoire de Le Roy de La Potherie sur la Nouvelle-France adressé à M. de Pontchartrain, 1701–1702, BRH, XXII (1916) : 223.— Wis. State Hist. Coll., XVI : 164.— Le Jeune, Dictionnaire, II : 236s.— É.-Z. Massicotte, Congés et permis déposés ou enregistrés à Montréal sous le régime français, RAPQ, 1921–22 : 191.— Tanguay, Dictionnaire. Eccles, Frontenac. Guy Frégault, Iberville le conquérant (Montréal, 1944).— A. Jodoin et J.-L. Vincent, Histoire de Longueuil et de la famille de Longueuil (Montréal, 1899).— Charles de La Roncière, Une épopée canadienne (Paris, 1930).— Henri Lorin, Le comte de Frontenac : étude sur le Canada français à la fin du XVIIe siècle (Paris, 1895).— Rochemonteix, Les Jésuites et la N.-F. au XVIIe siècle, III : 293–305.— P.-G. Roy, La famille Dupont de Neuville (Lévis, 1934).— Antoine D’Eschambault, La vie aventureuse de Daniel Greysolon, Sieur Dulhut, RHAF, V (1951–52) : 337.— É.-Z. Massicotte, La Compagnie du Nord, BRH, XXIV (1918) : 275s. ; Histoire du fief de Maricourt, BRH, XXXVIII (1932) : 631 ; Madame de Boisberthelot de Beaucours, BRH, XXI (1915) : 239.— P.-G. Roy, Le sieur de Sauvolles, BRH, XIV (1908) : 93.

Bibliographie générale

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Donald J. Horton, « LE MOYNE DE MARICOURT, PAUL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/le_moyne_de_maricourt_paul_2F.html.

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Auteur de l'article:    Donald J. Horton
Titre de l'article:    LE MOYNE DE MARICOURT, PAUL
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1969
Année de la révision:    1991
Date de consultation:    19 mars 2024