AOUENANO (Awenano, Awanano), chef civil tsonnontouan et négociateur pour les Iroquois, 1699–1701.

Aouenano joua un rôle de premier plan dans les pourparlers de paix entre les Français et les Indiens qui aboutirent à la signature du traité de 1701. Il était au nombre des huit chefs civils tsonnontouans délégués à ces négociations en vertu de leur expérience comme guerriers, de leur ascendance maternelle, de leur sérieux et de la force persuasive de leur éloquence. Ces hommes mûrs et souvent d’un âge respectable faisaient fonction de conciliateurs dans leur tribu et de délégués dans les rapports avec l’extérieur. Aouenano traitait surtout avec les Français, tandis que d’autres chefs tsonnontouans négociaient avec les agents de la colonie de New York.

Tous les membres de la famille d’Aouenano furent tués au cours de l’été de 1699, lorsque des Indiens alliés des Français envahirent les terres des Tsonnontouans. Restreignant manifestement son désir de vengeance, Aouenano essaya de mettre un terme aux hostilités. Au cours de la même année, Aouenano et Assichqua, un autre chef tsonnontouan, envoyèrent un messager porteur de deux ceintures de porcelaine chez le gouverneur de la Nouvelle-France, dans le but d’entamer des pourparlers de paix. Le gouverneur de Callière répondit au message des deux chefs en leur envoyant à son tour deux ceintures de porcelaine en témoignage de bienveillance. Les chefs onontagués déclarèrent aux Anglais que cette mission avait été entreprise à titre particulier, sans l’autorisation des Tsonnontouans et des autres Iroquois.

Le 18 juillet 1700, Aouenano arrivait à Montréal avec trois chefs tsonnontouans, dont Tonatakout et deux sachems onontagués, Aradgi et Ohonsiowanne. Cette délégation avait pour mission d’obtenir que les alliés des Français cessent leurs attaques. Elle demanda en outre un échange général des prisonniers. Bien que les ambassadeurs aient déclaré parler au nom de la nation iroquoise tout entière sauf les Agniers, Callière ne leur reconnut pas un tel mandat et exigea que les Goyogouins et les Onneiouts délèguent leurs propres représentants.

Deux semaines avant l’arrivée des six ambassadeurs à Montréal, une autre délégation iroquoise s’était rendue à Albany pour demander aux Anglais de forcer les Français et leurs alliés indiens à étendre aux Iroquois la paix conclue par le traité de Ryswick. Les Anglais leur refusèrent toute aide militaire de telle sorte que les Iroquois en furent réduits à leurs propres moyens pour négocier les conditions de paix.

Quatre des délégués qui étaient venus à Montréal restèrent chez les Français, tandis que les autres, accompagnés du père Bruyas, de Chabert de Joncaire et de Paul Le Moyne de Maricourt, retournaient dans leur pays pour rassembler les prisonniers en captivité chez les Iroquois et ramener les délégués des Goyogouins et des Onneiouts.

Aouenano était présent à la dernière conférence de paix qui eut lieu à Montréal au cours des mois de juillet et d’août 1701. Sa principale contribution aux pourparlers fut l’oraison funèbre, empreinte d’esprit de conciliation, qu’il prononça devant le corps de Kondiaronk, le chef des Hurons de Michillimakinac. Au nom des quatre nations iroquoises présentes, il exhorta leurs ennemis à se laisser pénétrer par l’esprit de réconciliation qui avait animé Kondiaronk.

Le traité de paix, qui fut signé le 4 août 1701 et accepté plus tard par les Agniers, marque un tournant dans les relations entre Français et Iroquois. Ce traité décrétait qu’à l’avenir les Iroquois resteraient neutres dans tout conflit entre Français et Anglais. En outre, au cas où des Iroquois seraient lésés par un des alliés des Français, ils devraient accepter la médiation française avant d’user de représailles. Seuls l’état de faiblesse dans lequel se trouvait la nation iroquoise, l’absence d’aide militaire de la part des Anglais et la double menace que représentaient les Français et leurs alliés indiens, expliquent pourquoi les Iroquois acceptèrent des conditions qui mettaient de telles entraves à leur liberté d’action.

Peter N. Moogk

AN, Col., C11A, 18, ff.46–51 (une copie conservée aux APC situe l’arrivée des Indiens à Montréal le 17 juillet 1700, mais l’original microfilmé indique le 18 juillet) ; 19, ff.78–86.— La Potherie, Histoire, IV, 135146, 230s.-NYCD (O’Callaghan et Fernow), IV : 658, 694 ; IX : 708, 711-Y.-F. Zoltvany, Philippe de Rigaud de Vaudreuil, governor of New France (1703–1725), thèse de ph.d., University o Alberta, 1963, 54s.

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Peter N. Moogk, « AOUENANO (Awenano, Awanano) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/aouenano_2F.html.

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Auteur de l'article:    Peter N. Moogk
Titre de l'article:    AOUENANO (Awenano, Awanano)
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1969
Année de la révision:    1991
Date de consultation:    20 nov. 2024