DEWDNEY, EDGAR, ingénieur civil, arpenteur, homme politique et fonctionnaire, né le 5 novembre 1835 à Bideford, Angleterre, fils de Charles Dewdney et de Fanny Hollingshead ; le 28 mars 1864, il épousa à Hope, Colombie-Britannique, Jane Shaw Moir, puis en septembre 1909, dans le Somerset, Angleterre, Blanche Elizabeth Plantagenet Kemeys-Tynte ; aucun enfant ne naquit de ces mariages ; décédé le 8 août 1916 à Victoria.
Issu d’une famille aisée, Edgar Dewdney fit ses études à Bideford, à Tiverton et à Exeter, puis alla acquérir une formation d’ingénieur civil à Cardiff, au pays de Galles. Grand et vigoureux, il aimait le cricket, le tennis, le tir et le grand air. En 1858–1859, les journaux britanniques parlaient des chercheurs d’or qui faisaient fortune dans la vallée du Fraser, sur la côte du Pacifique. Le jeune Dewdney décida d’aller exercer son métier là-bas, confiant qu’il en reviendrait riche moins d’une dizaine d’années plus tard. Il bénéficiait de bonnes relations. À son arrivée à Victoria le 13 mai 1859, il avait une lettre de recommandation du secrétaire d’État aux Colonies, sir Edward Bulwer-Lytton, à l’intention du gouverneur James Douglas*.
Dewdney trouva immédiatement du travail auprès de Richard Clement Moody* et d’un groupe du génie royal qui arpentait l’emplacement de New Westminster. Suivant une décision récente, c’était là que devait être établie la capitale de la colonie continentale de la Colombie-Britannique. Il aida également à bâtir des édifices gouvernementaux et à vendre des lots urbains. On continuait à découvrir de l’or dans différentes parties de la colonie et, pour que tous les profits n’aillent pas à des trafiquants américains, les autorités de New Westminster entreprirent d’aménager des pistes qui permettraient de se rendre dans les régions aurifères en passant par le territoire de la Colombie-Britannique. Dewdney obtint plusieurs des contrats. En 1860, avec un associé nommé Walter Moberly, il construisit une piste muletière de Hope aux camps de mineurs de la vallée de la Similkameen. En 1865, après la découverte de nouveaux gisements d’or de la région de Kootenay, il prolongerait cette piste jusqu’à Wild Horse Creek (Wild Horse River). À l’aide d’équipes d’ouvriers chinois, de muletiers amérindiens et d’hommes renvoyés du génie royal, il terminerait ce prolongement en quelques mois à un coût de 74 000 $. Connu sous le nom de piste Dewdney, ce chemin demeurerait durant plusieurs années la principale voie d’accès à l’intérieur de la colonie. Par ailleurs, en 1862 et en 1863, Dewdney fit, dans la région de Cariboo, des travaux d’arpentage liés à l’exploitation des gisements aurifères. En 1866, il construisit à partir de Lillooet et du ruisseau Cache des pistes qui menaient aux régions aurifères voisines. Un an plus tard, il s’installa près du ruisseau Soda et fit de l’élevage pendant un temps. Devenir riche était toujours sa grande ambition, mais il n’arrivait pas à la réaliser.
Dewdney entra en politique presque par accident. Sans avoir fait campagne, il fut nommé en décembre 1868 représentant de Kootenay au Conseil législatif de la colonie. Au printemps de 1870, lorsque le conseil débattit de l’entrée de la Colombie-Britannique dans la Confédération, il appuya cette idée, mais s’opposa au gouvernement responsable en faisant valoir que ses mandants n’en voulaient pas. Il démissionna peu après pour retourner faire de l’arpentage et ne joua aucun rôle dans les dernières délibérations qui menèrent à I’entrée de la Colombie-Britannique dans la Confédération en 1871.
Ottawa avait promis à la nouvelle province de construire un chemin de fer transcontinental, et les travaux commencèrent sans délai. Dewdney fut affecté à l’équipe de Sandford Fleming, qui allait arpenter le tracé. Toutefois, cédant de nouveau aux tentations de la politique, il se présenta dans la circonscription de Yale et fut élu aux Communes aux élections générales de 1872. Avant son départ pour Ottawa, on lui offrit le poste d’arpenteur général de la Colombie-Britannique, mais il le refusa. Au Parlement, Dewdney appuya le gouvernement conservateur de sir John Alexander Macdonald*, qui avait fait entrer sa province dans la Confédération à des conditions avantageuses. Il demeura fidèle au chef conservateur après la victoire des libéraux en 1874 et devint de plus en plus critique à l’endroit du gouvernement d’Alexander Mackenzie*, qui s’était engagé lui aussi à construire le transcontinental mais se montrait peu empressé à le faire. Pour Dewdney, ce chemin de fer avait une importance capitale. Il prônait l’adoption du trajet passant par la vallée du Fraser, avec terminus à l’inlet Burrard, choix qui servirait les intérêts de ses électeurs tout en favorisant ses propres spéculations immobilières. Il fut réélu sans opposition aux Communes en 1878. En même temps, Macdonald reprit le pouvoir. Dewdney, partisan déclaré du premier ministre, était alors, en plus, l’un de ses amis intimes.
En 1879, les nombreux Amérindiens des Territoires du Nord-Ouest étaient menacés de famine, car les troupeaux de bison avaient presque disparu. Plus leur situation s’aggravait, plus ils menaçaient d’empêcher Macdonald de terminer le chemin de fer et de coloniser l’Ouest. Pour régler la crise, le premier ministre avait besoin sur place d’un homme de confiance. Il offrit à Dewdney le nouveau poste de commissaire aux Affaires indiennes des Territoires du Nord-Ouest, à un salaire annuel de 3 200 $. Dewdney accepta et quitta son siège au Parlement. Sa nomination entra en vigueur le 30 mai 1879. Il était le plus haut fonctionnaire des Affaires indiennes dans le Nord-Ouest. Ses instructions générales lui dictaient de prévenir la famine en distribuant des vivres, d’amener les Amérindiens qui ne l’avaient pas encore fait à s’établir dans leurs réserves et à se consacrer à l’agriculture, et de convaincre les réfugiés sioux dirigés par Sitting Bull [Ta-tanka I-yotank*] de quitter le Canada.
Dewdney se mit immédiatement en route pour l’Ouest. Le 26 juin, il arriva au fort Walsh (Fort Walsh, Saskatchewan), le poste de la Police à cheval du Nord-Ouest dans les monts Cypress, où étaient rassemblés une foule de Cris et d’Assiniboines affamés. Il s’entretint avec Gros Ours [Mistahimaskwa*], distribua des rations et expliqua qu’il aiderait uniquement ceux qui collaboreraient à la politique gouvernementale. Les Amérindiens qui avaient signé des traités se plaignaient que bon nombre des promesses n’avaient pas été tenues et que le bétail et les instruments aratoires qu’on leur avait donnés étaient de piètre qualité. Dewdney entendit des récriminations semblables et vit encore des scènes de désolation en parcourant d’autres régions du Nord-Ouest. Les Pieds-Noirs du campement de Pied de Corbeau [Isapo-muxika*] en étaient réduits à manger du chien et des spermophiles. Dewdney conclut que le gouvernement serait dans l’obligation de nourrir les Amérindiens pendant quelque temps. En novembre, il retourna à Ottawa pour faire rapport au premier ministre. Pendant son séjour dans cette ville, on ajouta, à son territoire, le Manitoba et le district de Keewatin. Lorsqu’il retourna dans l’Ouest au printemps de 1880, il établit son bureau central à Winnipeg.
Dewdney trouvait son travail exigeant et était blessé que la presse critique sa nomination. En outre, sa femme, Jane Shaw Moir, qui était la fille d’un planteur de the de Ceylan et avait été au pensionnat en Angleterre, détestait les Prairies et se plaignait que « Ned » s’absentait longtemps de la maison. En 1881, Dewdney demanda à Macdonald d’accepter sa démission et de lui donner un siège au Sénat. Tenant à ce qu’il reste, le premier ministre lui offrit de garder son poste de commissaire aux Affaires indiennes et de devenir en plus lieutenant-gouverneur des Territoires du Nord-Ouest à l’expiration du mandat de David Laird, ce qui lui assurerait un supplément de revenu de 2 000 $. Dewdney accepta et devint lieutenant-gouverneur le 3 décembre 1881. Il s’installa à Battleford (Saskatchewan), la capitale territoriale. Le bureau des Affaires indiennes resta à Winnipeg sous la direction du commissaire adjoint Elliott Torrance Galt* et de son successeur Hayter Reed* jusqu’au 14 juin 1883. Ensuite, ce bureau fut transféré à Regina.
Durant toutes les années qu’il passa dans les Territoires du Nord-Ouest, la politique indienne demeura le principal sujet de préoccupation de Dewdney. En mai 1880, il avait rencontré Sitting Bull, à qui il avait refusé une réserve et des rations. Finalement, la faim força les Sioux à retourner aux États-Unis. Quant aux Amérindiens du Canada, le gouvernement était prêt à leur donner des rations quotidiennes d’une livre de viande (bacon ou bœuf) et d’une demi-livre de farine jusqu’à ce qu’ils puissent subsister de l’agriculture. Dix-sept conseillers agricoles, dont Samuel Brigham Lucas*, avaient été envoyés dans l’Ouest pour établir des « fermes modèles » à côté des principaux regroupements de réserves. Suivant les directives d’Ottawa, Dewdney refusait les rations aux Amérindiens qui ne voulaient pas travailler sous la tutelle de ces conseillers. Il croyait en cette règle du travail contre rations, mais cette opinion ne l’empêchait pas d’être critique envers certains aspects du plan d’ensemble. Ainsi, il savait que les conseillers étaient nommés par favoritisme, que bon nombre d’entre eux étaient incompétents et que les fermes gouvernementales, approvisionnées très généreusement, étaient extrêmement mal gérées. Il savait aussi que beaucoup d’Amérindiens travaillaient du mieux qu’ils pouvaient même s’ils n’avaient pas d’équipement adéquat.
Cependant, les rations étaient une arme dont Dewdney n’hésitait pas à se servir en cas de résistance à la politique gouvernementale. En 1881, Gros Ours encourageait les bandes amérindiennes des régions visées par les traités nos 4 et 6 à se rassembler dans les monts Cypress. Le chef espérait négocier une amélioration des modalités des traités et créer, dans le secteur, des réserves contiguës qui auraient équivalu à un territoire amérindien semi-autonome. Dewdney riposta en faisant fermer le fort Walsh et en exigeant que les Amérindiens prennent possession de leurs réserves dans les régions du fort Qu’Appelle (Fort Qu’Appelle, Saskatchewan), de Battleford et du fort Pitt (Fort Pitt), sans quoi ils ne recevraient plus d’assistance. Le risque de mourir de faim obligea les Amérindiens à se soumettre. Gros Ours signa le traité no 6 en décembre 1882 et se rendit dans ‘sa réserve, mais il ne cessa pas pour autant d’espérer négocier de meilleures conditions. L’agitation qu’il continuait d’entretenir demeurait un sujet d’inquiétude pour Dewdney.
Sous la direction de Dewdney, l’éducation devint un élément clé de la politique du département des Affaires indiennes dans les Prairies. Il avait une grande foi dans les jeunes générations d’autochtones, mais jugeait essentiel de les soustraire à l’influence de leurs parents. Aussi collabora-t-il étroitement avec les principales Églises chrétiennes afin d’établir un réseau d’écoles techniques sur son territoire [V. Joseph Hugonard ; Albert Lacombe]. Ces écoles étaient des pensionnats situés en dehors des réserves et offraient une formation à la fois manuelle et intellectuelle. Dewdney ne voyait aucune raison pour que cette instruction ne transforme pas rapidement les jeunes Amérindiens en bons citoyens éminemment productifs.
En 1883–1884, Dewdney promut la subdivision des agences en unités plus faciles à administrer ainsi que l’affectation d’un nombre accru d’agents des Affaires indiennes et de conseillers dans les réserves pour que la supervision du programme agricole soit plus directe. En septembre 1883, le surintendant général adjoint des Affaires indiennes, Lawrence Vankoughnet, fit la tournée du Nord-Ouest et conclut à la nécessité de réduire les frais d’administration de la région. Dewdney protesta contre les réductions que le gouvernement imposa ensuite à son budget. Il expliqua à Ottawa qu’il ne voulait pas que les Amérindiens en pâtissent et qu’il avait besoin de pouvoir appliquer avec souplesse la règle du travail contre rations. Ses objections furent vaines.
L’anxiété des autochtones grandit en 1884 à cause des lignes de conduite sévères sur les rations, de la construction du chemin de fer et de l’arrivée constante de colons. Les Cris se ralliaient derrière Gros Ours pour exiger un meilleur traitement. En juillet, Louis Riel* rentra du Montana pour prendre la tête des Métis, qui réclamaient la reconnaissance de leurs titres fonciers dans le district de Saskatchewan. Dewdney sentait venir la crise, mais recevait des messages contradictoires de la part de ses hommes sur le terrain. Ses rapports à Ottawa n’étaient donc pas rédigés de façon aussi énergique que la situation l’exigeait. Toutefois, en février 1885, au cœur d’un hiver particulièrement dur, il fit savoir au gouvernement que, pour éviter la violence, il fallait immédiatement régler les griefs fies Métis, respecter les promesses faites aux Amérindiens dans les traités et augmenter les rations. En même temps, il voulait être autorisé à appréhender les chefs autochtones qui provoquaient de l’agitation.
En mars, avant qu’aucune de ces mesures n’ait pu être prise, les Métis et la police s’affrontèrent à l’établissement du lac aux Canards (Duck Lake, Saskatchewan) [V. Gabriel Dumont*]. La rébellion du Nord-Ouest commençait. Dewdney en attribua la faute à Riel. Pendant les mois de combats qui suivirent, il chercha surtout à empêcher les Amérindiens de se joindre au mouvement de révolte. Il fit des visites dans les réserves visées par les traités nos 4 et 7 en distribuant du tabac et en ordonnant d’augmenter les rations. Cette stratégie fut fructueuse, du moins de son propre point de vue, et la plupart des Amérindiens demeurèrent loyaux envers le gouvernement.
Après la rébellion, Dewdney appuya l’imposition de châtiments sévères aux participants. Par exemple, il encouragea Macdonald à appliquer la sentence de mort prononcée contre Riel. Quant aux Amérindiens déloyaux, il proposa de les priver des rentes prévues dans les traités et de leur confisquer leurs fusils et leurs chevaux. Par ailleurs, il veilla à ce que des récompenses – rations supplémentaires, équipement agricole, argent – soient distribuées aux bandes qui avaient soutenu le gouvernement, dont celles des chefs Pied de Corbeau et Red Crow [Mékaisto*]. Pendant cette période, l’administration du département des Affaires indiennes devint de plus en plus bureaucratique et répressive. Dewdney promut plusieurs mesures : subdiviser à nouveau les agences, nommer du personnel supplémentaire, par exemple l’inspecteur Alexander McGibbon*, pour surveiller les Amérindiens de plus près, créer des fermes individuelles dans les réserves pour « frapper l’organisation tribale en plein cœur » et ouvrir d’autres écoles techniques. Finalement, l’agitation des autochtones en faveur d’une plus grande autonomie et d’une amélioration des modalités des traités fut étouffée [V. Payipwat*].
En tant que lieutenant-gouverneur, Dewdney exerçait un immense pouvoir exécutif. Ce fut en partie à cause de lui si, en 1882, on décida de faire de Regina la nouvelle capitale territoriale. Cette localité se trouvait sur le trajet pour lequel la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique avait finalement opté dans les Prairies. Ayant acheté des terres dans les environs, Dewdney profita de leur subdivision et de leur vente, ce qui lui valut beaucoup de reproches de la part des hommes politiques libéraux et de la presse libérale. Les nominations et la dépense des fonds fédéraux étaient de son ressort. Il exerçait son autorité indépendamment du Conseil des Territoires du Nord-Ouest, organisme dont les membres étaient en partie élus, en partie nommés, et qui servait d’Assemblée à la région. À mesure que la population de colons augmentait, les membres élus du conseil revendiquaient une plus grande participation au gouvernement des territoires. Ils exigeaient un exécutif responsable et une représentation parlementaire pour la région ; finalement, il réclamèrent le statut de province. Conformément aux vœux de Macdonald, Dewdney tempérait leurs ardeurs tout en concédant graduellement des réformes démocratiques. En 1886, par exemple, Ottawa accorda au Nord-Ouest quatre sièges aux Communes, puis, l’année suivante, deux sièges au Sénat. En 1888, le conseil fut transformé en Assemblée législative, mais sans exécutif responsable.
Dewdney n’avait jamais aimé les Territoires du Nord-Ouest et sa femme détestait cette région. Après la rébellion, il avait demandé à Macdonald de le nommer lieutenant-gouverneur de la Colombie-Britannique, mais le premier ministre avait promis le poste à quelqu’un d’autre. Macdonald avait confiance en Dewdney et prisait sa fidélité (Dewdney serait l’un de ses exécuteurs testamentaires). Il lui demanda de rester en poste à Regina même après l’expiration de son mandat de lieutenant-gouverneur en 1886. Lorsque Thomas White*, le ministre de l’Intérieur, mourut subitement, au printemps de 1888, Macdonald offrit ce poste à Dewdney, qui accepta avec reconnaissance. Il démissionna de ses fonctions de lieutenant-gouverneur et de commissaire aux Affaires indiennes le 3 juillet. William Dell Perley, député fédéral d’Assiniboia East, fut nommé au Sénat et Dewdney fut élu aux Communes à l’occasion d’une élection complémentaire le 12 septembre 1888.
Dewdney entra au cabinet en tant que ministre de l’Intérieur et surintendant général des Affaires indiennes. Ainsi, il se trouva à la tête de deux départements dont il connaissait déjà bien le travail. Le département de l’Intérieur intégra le Bureau des terres de la Puissance ; en plus, il supervisait la Commission géologique du Canada et l’administration des Territoires du Nord-Ouest. De nouveau aux prises avec les revendications d’autonomie gouvernementale de son ancien domaine, Dewdney garda la même politique qu’auparavant : accorder de prudentes concessions à l’Assemblée territoriale tout en résistant à la création d’un exécutif responsable. Malgré ses atermoiements sur le sujet, il fut réélu député fédéral d’Assiniboia East aux élections générales de mars 1891.
Macdonald mourut en juin, mais Dewdney resta au cabinet de John Joseph Caldwell Abbott* jusqu’au 16 octobre 1892, date où il démissionna pour occuper un poste dont il rêvait depuis longtemps : celui de lieutenant-gouverneur de la Colombie-Britannique. Il entra en fonction le 2 novembre. Il était alors un personnage bien connu et, comme on le considérait comme un pionnier dans la province, sa nomination de représentant de la couronne fut bien accueillie, même si le snobisme de sa femme causerait parfois de l’irritation. Il réussit à ne pas se mêler de la plus grande controverse de son mandat. Le premier ministre de la province, Theodore Davie*, déclencha cette controverse en décidant de construire d’imposants nouveaux édifices parlementaires à Victoria pour y « ancrer » la capitale provinciale. Dewdney adorait être lieutenant-gouverneur de la Colombie-Britannique : sa fonction comportait peu de responsabilités et lui permettait de participer à de nombreuses activités sociales. À l’automne de 1894 et à l’été de 1895, il reçut le gouverneur général lord Aberdeen [Hamilton-Gordon*] et lady Aberdeen [Marjoribanks*] à l’occasion de leurs visites sur la côte Ouest. En juin 1897, il présida aux célébrations du soixantième anniversaire de l’avènement de la reine Victoria. Tels furent les grands moments du mandat de cet homme profondément attaché à l’Empire et à la tradition monarchique. Il prit sa retraite le 1er décembre 1897.
Dewdney resta par la suite à Victoria. Certaines de ses spéculations foncières avaient rapporté et il avait gagné de bons salaires durant de nombreuses années, mais il avait mal administré son argent et ne touchait pas de pension. Les libéraux étant au pouvoir à Ottawa, il ne pouvait pas espérer entrer au Sénat. Il se mit donc à spéculer, avec plus ou moins de bonheur, dans diverses entreprises minières. Aux élections fédérales de 1900, il se présenta sous la bannière conservatrice dans New Westminster, mais il fut battu. En 1901, étant retourné à sa profession d’arpenteur, il fit rapport à l’Assemblée provinciale sur la possibilité de construire un chemin de fer de Hope à Princeton, sur l’ensemble du trajet de la piste Dewdney.
À la fin de janvier 1906, Dewdney devint veuf. Il vécut seul un temps, puis en 1909, au cours d’un long séjour en Angleterre, il épousa Blanche Elizabeth Plantagenet Kemeys-Tynte, la plus jeune fille d’un homme qu’il avait connu dans sa jeunesse. Puis Dewdney retourna à Victoria avec elle, qui prit soin de lui dans ses années de déclin. Après que les conservateurs eurent repris le pouvoir à Ottawa sous la direction de Robert Laird Borden* en 1911, Dewdney, toujours aux prises avec des difficultés financières, demanda un siège au Sénat, ou à tout le moins une pension pour ses années de service. Ses requêtes demeurèrent sans écho. Il mourut le 8 août 1916 d’une défaillance cardiaque et fut inhumé au cimetière Ross Bay. Sa veuve retourna en Angleterre, où elle mourut en 1936.
Edgar Dewdney était un ingénieur accompli, un homme d’affaires ordinaire, un assez bon administrateur et un homme politique sans éclat. Sa pire faiblesse, peut-être, était sa loyauté envers John Alexander Macdonald, qui obscurcissait son jugement dans les moments critiques. La rébellion du Nord-Ouest et les politiques répressives qui la suivirent lui sont imputables en partie. Les routes qu’il arpenta en Colombie-Britannique constituent sa plus grande réalisation.
« The starvation year : Edgar Dewdney’s diary for 1879 », H. A. Dempsey, édit., a été publié dans Alberta Hist. (Calgary), 31 (1983), no 1 : 1–12 et no 2 : 1–15.
On trouve aux BCARS de nombreuses collections qui concernent directement Dewdney et sa famille, dont la documentation suivante : la correspondance de Jane et d’Edgar Dewdney, dans la collection O’Reilly, A/E/Or3/D51 et D54 ; les papiers concernant sa deuxième femme, dans la même collection, A/E/Or3/D55 ; divers textes dactylographiés, sous la cote M/D51 ; et deux allocutions publiées de Dewdney, conservées dans la collection Northwest : Speech on the subject of the Canadian Pacific Railway, delivered to his constituents at Cache Creek (New Westminster, C.-B., 1875) et Pacific railway route, British Columbia (s.l., [1879 ?]).
Outre plusieurs photographies de Dewdney, les GA possèdent, sous la cote M320, une importante collection de ses papiers concernant sa vie personnelle et sa vie politique. On trouve une partie de cette documentation dans les collections des BCARS et dans les papiers Dewdney aux AN, MG 27, I, C4.
Comme Dewdney a passé la majeure partie de sa carrière au département des Affaires indiennes, les archives de ce département contiennent de nombreux dossiers sur ses activités ; mentionnons plus particulièrement : AN, RG 10, 3600, dossier 1752 ; 3603, dossier 2043 ; 3637, dossier 682 ; 3646, dossier 8128 ; 3664, dossier 1943 ; 3671, dossier 10836 ; 3708, dossier 19502 ; 3709–3710, dossier 19550.
Sue Baptie, « Edgar Dewdney », Alberta Hist. Rev. (Calgary), 16 (1968), no 4 : 1–10.— Canada, Parl., Doc. de la session, 1880–1887, rapports de la Direction de affaires indiennes du dép. de l’Intérieur, 1879, et rapports du dép. des Affaires indiennes, 1880–1886.— S. W. Jackman, The men at Cary Castle ; a series of portrait sketches of the lieutenant-governors of British Columbia from 1871 to 1971 (Victoria, 1972).— Jean Larmour, « Edgar Dewdney : Indian commissioner in the transition period of Indian settlement, 1879–1884 », Sask. Hist., 33 (1980) : 13–24.
E. Brian Titley, “DEWDNEY, EDGAR,” in Dictionary of Canadian Biography, vol. 14, University of Toronto/Université Laval, 2003–, accessed 20 novembre 2024, https://www.biographi.ca/en/bio/dewdney_edgar_14E.html.
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Author of Article: | E. Brian Titley |
Title of Article: | DEWDNEY, EDGAR |
Publication Name: | Dictionary of Canadian Biography, vol. 14 |
Publisher: | University of Toronto/Université Laval |
Year of publication: | 1998 |
Year of revision: | 1998 |
Access Date: | 20 novembre 2024 |