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WORTS, JAMES GOODERHAM, distillateur, homme d’affaires et banquier, né le 4 juin 1818 à Great Yarmouth, Angleterre, fils aîné de James Worts et d’Elizabeth Gooderham ; le 1er octobre 1840, il épousa Sarah Bright, et ils eurent trois fils et six filles ; décédé le 20 juin 1882 à Toronto.
Le père de James Gooderham Worts, qui posséda un moulin de 1813 à 1831 à Lowestoft et à Bungay, dans le Suffolk, décida d’immigrer dans le Haut-Canada, peut-être avec l’espoir d’assurer un meilleur avenir à sa famille. James Worts et son fils aîné quittèrent Great Yarmouth en mai 1831 et s’établirent par la suite à York (Toronto) où le père mit sur pied une minoterie. Il choisit un emplacement au sud-est d’York, à l’embouchure de la rivière Don, et entreprit de construire un moulin à vent en pierre. En juin 1832, le reste de la famille Worts et quelques membres de la famille Gooderham, unie aux Worts par les liens du mariage, arrivèrent à York. James Worts forma alors, avec son beau-frère William Gooderham, père, la société Worts and Gooderham. Une mise à l’essai du moulin à vent, d’octobre à décembre 1832, démontra la nécessité d’un moteur auxiliaire, actionné à la vapeur, qu’on ajouta au printemps suivant.
Peut-être James Gooderham Worts fréquenta-t-il une école de Montréal jusqu’à l’automne de 1831. Au début de 1834, il devint orphelin : sa mère mourut en couches et, deux semaines plus tard, son père se noya dans le puits du moulin. William Gooderham, qui assuma complètement la direction de la minoterie, prit également son neveu en charge et commença de le former en vue de l’associer à l’entreprise, à laquelle vint s’ajouter une distillerie en 1837. En 1845, Worts s’associa à la firme de son oncle, qui fut rebaptisée Gooderham and Worts.
Même si Worts acquit une assez jolie fortune personnelle et sa propre réputation, sa carrière fut si intimement liée aux affaires de son oncle qu’il resta quelque peu dans l’ombre et que leurs réalisations communes peuvent difficilement être dissociées. Worts consacra le plus gros de son temps à diriger la distillerie, qui connut une remarquable croissance. Après que les partenaires eurent commencé à diversifier leurs intérêts commerciaux, dans les années 1850, Worts joua bientôt un rôle public prédominant. Il plaça de fortes sommes d’argent dans la Banque de Toronto, constituée juridiquement en 1855, et, dès 1863, il en était le second actionnaire en importance avec des parts évaluées à $27 000. Vice-président de la banque de 1858 à 1881, il succéda, cette année-là, à son associé au poste de président, pendant les quelques mois qu’il lui survécut. En 1856, Worts était aussi devenu l’un des administrateurs de l’Ontario, Simcoe and Huron Railroad Union (dont le nom, changé en 1858, devint Northern Railway Company of Canada), mais il s’en retira en 1858 après avoir subi de fortes pertes d’argent. Ces pertes furent peut-être un facteur qui attira l’attention des associés sur les lignes à faible écartement, qu’on pouvait construire à meilleur marché, et qui, par conséquent, assuraient un meilleur rendement du capital investi. De 1870 à 1872, Worts fut un important actionnaire et l’un des administrateurs du Toronto and Nipissing Railway, reconnu juridiquement en 1868, et dans lequel la firme Gooderham and Worts était en 1871 l’actionnaire majoritaire. Gooderham and Worts, et Worts lui-même, furent encore de grands actionnaires du Toronto, Grey and Bruce Railway, également constitué juridiquement en 1868. Worts tint des réunions et parraina des excursions pour promouvoir la construction de ces lignes de chemin de fer et obtenir l’appui et la participation financière des municipalités qu’elles pourraient traverser. Il n’était cependant pas intéressé uniquement aux chemins de fer à faible écartement. En 1871, il se joignit à David Lewis Macpherson* et à des bailleurs de fonds de Toronto pour proposer l’Interoceanic Railway, qui relierait le Canada central à l’océan Pacifique, une entreprise à laquelle Gooderham ne participa point.
Worts représenta la compagnie Gooderham and Worts à la première assemblée de la Canadian Ship Owners’ Association, en juin 1857 ; il siégea au conseil de la Toronto Harbour Commission, de 1856 à 1863, et en fut le président de 1865 à 1882. Il fut également vice-président et président du Board of Trade de Toronto, de 1865 à 1869.
La seule incursion de Worts dans la politique eut lieu en 1867. Une délégation d’environ 200 hommes d’affaires de la circonscription fédérale de Toronto. East lui demanda, le 22 août, de se porter candidat après que leur précédent candidat, Alexander Mortimer Smith*, un entrepreneur et un homme politique municipal de Toronto, se fut retiré de la lutte. Worts accepta, mais les attaques montées par les candidats adverses et les cris des contradicteurs à son assemblée de nomination révélèrent l’existence d’un fort ressentiment à l’égard du pouvoir économique que Gooderham et Worts exerçaient dans la ville. Cette réaction prouva à Worts qu’il avait peu d’appuis en dehors du secteur commercial de la circonscription, et, à son tour, il se retira de la lutte le 24 août. L’apologie que Worts fit publiquement de ses pratiques commerciales, et en particulier de sa conviction que les clients insatisfaits n’étaient pas obligés de revenir, montra son manque de tact et tendit à confirmer le jugement du Globe, selon lequel il « n’atteindra[it] jamais même un statut moyen en tant qu’homme politique ».
À l’instar de Gooderham, Worts vivait près de la distillerie, où il se construisit lui-même une vaste résidence, baptisée Lindenwold. Il centra toute sa vie sur ses affaires, sa famille et l’Église d’Angleterre, ayant été greffier du conseil de fabrique de l’église Little Trinity pendant plus de 30 ans et marguillier de 1874 à 1882. Lui et son cousin George Gooderham* furent alternativement maîtres d’équipage du Toronto Hunt Club, de 1870 à 1881 ; comme l’avait fait son père, il accorda aussi son appui au Toronto Mechanics’ Institute. Avec William Gooderham et William Cawthra*, Worts fut l’un des plus importants souscripteurs au fonds établi pour la construction d’une aile supplémentaire au Toronto General Hospital, destinée au traitement des maladies infectieuses.
Quand il mourut de la malaria, Worts laissa des biens évalués à plus de $1 500 000. Sa confiance en sa propre influence l’amena à ordonner, dans son testament, que son gendre, William Henry Beatty*, fût élu au sein du conseil d’administration de la Banque de Toronto, et que son deuxième fils, Thomas Frederick, le remplaçât comme l’un des administrateurs de la Canada Permanent Loan and Savings Company, poste que Worts détenait depuis 1859. L’aîné de ses fils survivants, James Gooderham Worts, était déjà secrétaire de la distillerie. On se souvint de Worts comme d’un homme avisé quand il y avait une décision à prendre, et d’une volonté de fer quand il s’agissait de la mettre en application – un portrait qui lui va bien, à lui qui était au cœur d’entreprises qui employaient plusieurs centaines d’hommes. On le décrivait aussi comme toujours disposé à conseiller ceux qui voulaient se lancer dans des entreprises sérieuses. Cette préoccupation à l’égard de l’expansion de la vie commerciale de la communauté accrut l’influence que Gooderham et Worts auraient pu exercer du seul fait des grands biens qu’ils possédaient.
AO, RG 22, ser. 6-2, York County, testament de James Worts, 11 mai 1831.— MTL, Biog. scrapbooks, VII : 481 ; XXIX : 25.— York County Surrogate Court (Toronto), no 4 605, testament de J. G. Worts, 3 juill. 1882 (mfm aux AO).— Bank of Toronto, List of stockholders as on the 30 June 1863 (Toronto, 1863).— Canadian Merchants’ Magazine and Commercial Rev. (Toronto), 1 (avril–sept. 1857) : 148, 327 ; 2 (oct. 1857–mars 1858) : 391.— Ontario, Legislature, Sessional papers, 1871–1872, II, nos 29, 35.— Ontario, Simcoe and Huron Railroad Union Company, Report submitted by the board of directors [...] (Toronto), 1854–1855 ; 1857–1858.— Toronto Board of Trade, Annual report [...] (Toronto), 1860–1863 ; Annual review of the commerce of Toronto [...], W. S. Taylor, compil. (Toronto), 1867 ; 1870 ; Annual statement of the trade of Toronto [...], J. M. Trout, compil. (Toronto), 1865.— Globe, 7 févr. 1862, 22 août 1881, 21 juin 1882, 6 mars 1885.— Leader, 23–26 août 1867.— Monetary Times, 1869–1883.— Toronto Daily Mail, 21 juin 1882.— Canadian biog. dict., I : 62–70.— Chadwick, Ontarian families, I : 158.— Dominion annual register, 1882.— Masters, Rise of Toronto.— Middleton, Municipality of Toronto.— Robertson’s landmarks of Toronto.— Joseph Schull, 100 years of banking in Canada : a history of the Toronto-Dominion Bank (Toronto, 1958).— E. B. Shuttleworth, The windmill and its times : a series of articles dealing with the early days of the windmill (Toronto, 1924).— « Canadian railways, no. XXV : Toronto and Nipissing Railway », Engineering : an Illustrated Weekly Journal (Londres), 17 oct. 1879.
Dianne Newell, « WORTS, JAMES GOODERHAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/worts_james_gooderham_11F.html.
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Auteur de l'article: | Dianne Newell |
Titre de l'article: | WORTS, JAMES GOODERHAM |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1982 |
Année de la révision: | 1982 |
Date de consultation: | 20 nov. 2024 |