FAREWELL, ABRAM (Abraham), marchand, entrepreneur et homme politique, né le 21 décembre 1812 à Harmony, Haut-Canada, cinquième enfant d’Acheus Moody Farewell et d’Elizabeth Annis ; le 18 janvier 1837, il épousa Caroline Stone ; décédé le 8 février 1888 à Oshawa, Ontario.

Abram Farewell fit ses études primaires dans le canton de Whitby et devint un grand liseur, en particulier d’ouvrages politiques et constitutionnels. Il enseigna dans ce canton avant d’entrer en 1830 dans l’affaire de son père, « marchand général » à Harmony, où lui-même devait, sept ans après, faire construire un grand magasin. L’affaire prospéra et il se lança plus tard dans le commerce d’exportation du grain ; il possédait également des actions dans plusieurs bateaux qui transportaient du grain vers les ports américains. En 1852, Farewell était l’un des fondateurs et actionnaires de l’Oshawa Manufacturing Company, entreprise qui fabriquait sur une grande échelle des instruments aratoires. Trois ans plus tard, il devint membre du syndicat des minotiers, qui comptait des hommes comme William Gamble et James Gooderham Worts, et qui fonda la Banque de Toronto. En 1860, il avait liquidé les actions qu’il possédait dans cette banque et les avait remplacées par 200 actions d’une valeur de $8 000 de la Banque d’Ontario. Cette dernière, fondée en 1857, était dominée par des financiers montréalais tels que John Starnes, de la Banque d’épargne de la cité et du district de Montréal.

Farewell fut l’un des premiers à plaider pour le développement du comté d’Ontario par la construction de routes de gravier et de voies ferrées. Il préconisa, entre autres, dans les années 1840, l’amélioration de la « rue » Simcoe en en faisant une route à péage, dans le but de donner à la région d’Oshawa-Harmony davantage de facilités pour le commerce du grain et du bois provenant de Port Perry, centre de ramassage du nord du comté ; la localité de Whitby disposait déjà de cet avantage, du fait qu’elle était reliée à Port Perry par sa propre route à péage. Farewell affirmait aussi, dans les années 1850, que le commerce du blé et du bois venant de l’intérieur tomberait aux mains d’hommes d’affaires de Toronto et de Port Hope si l’on ne construisait pas un chemin de fer de la baie Georgienne à Whitby. D’abord ridiculisées par les contribuables des cantons de Pickering et de Whitby et par ceux d’Oshawa, dont les impôts serviraient à payer le coût élevé de cette voie ferrée, les idées de Farewell étaient reprises en 1867, la construction du Toronto and Nipissing Railway étant imminente. Il fut, en 1868, l’un des fondateurs et premiers associés de la Port Whitby and Port Perry Railway Company ; bien qu’ouverte le 31 août 1870, cette ligne arrivait trop tard pour éviter au Toronto and Nipissing Railway la perte du trafic commercial vers Toronto. Plus tard, Farewell fut membre de la firme d’entrepreneurs Sifton, Ward and Company, qui construisit environ 130 milles du chemin de fer canadien du Pacifique, entre Fort William (maintenant partie de Thunder Bay, Ontario) et Selkirk, Manitoba.

Tout au long de sa vie, Farewell prit une part active à la politique réformiste locale. Bien que « radical », il s’était joint à d’autres réformistes du canton de Whitby pour se désassocier de William Lyon Mackenzie* sur la question constitutionnelle en septembre 1837 ; en décembre, il refusa de le suivre dans la rébellion ouverte. L’année suivante, le bateau à vapeur sur lequel il faisait son traditionnel voyage d’affaires semi-annuel à Montréal fut coulé par des rebelles dans le chenal, à Beauharnois, et Farewell demeura prisonnier à la seigneurie d’Edward Ellice* pendant plusieurs semaines. Cette aventure en fit un ennemi de Mackenzie pour la vie et un partisan convaincu de l’emploi des méthodes constitutionnelles pour effectuer des changements politiques.

Élu membre du conseil du district de Home en 1843, Farewell en fit partie jusqu’en 1849. Il s’opposa pour des raisons administratives, parce qu’il craignait que les impôts soient plus élevés, à la division du comté d’York pour créer le comté d’Ontario, laquelle fut effectuée en 1851 ; il fut néanmoins élu au conseil du comté d’Ontario et devint président adjoint du conseil municipal du canton de Whitby en 1854, 1856 et 1857. Il se présenta à plusieurs reprises comme candidat aux élections générales, mais sans grand succès. Clear Grit trop extrémiste pour jouir de l’appui des réformistes « pratiques », il était régulièrement battu par des « modérés », qui pouvaient obtenir à la fois le soutien des réformistes et des conservateurs. Il fut défait dans la circonscription d’Ontario South par John M. Lumsden en 1854 et, en 1857, lors de la scission de l’association réformiste de la circonscription entre factions extrémiste et modérée, Farewell se retira pour laisser la place à Oliver Mowat*, élu en 1858. Deux ans plus tard, il se présenta au Conseil législatif comme candidat dans la division de King, mais il fut défait par David Reesor, de Markham.

Lorsqu’on nomma Mowat vice-chancelier de la Cour de la chancellerie du Haut-Canada en 1864, Farewell se présenta dans la circonscription d’Ontario South en tant qu’adversaire de la confédération, mais il fut défait de justesse par Thomas Nicholson Gibbs, qui bénéficiait de l’appui de John Alexander Macdonald* lors de cette élection où l’on pratiqua la corruption sur une haute échelle. En 1871, Farewell finit par être élu, aux élections provinciales, dans la circonscription d’Ontario South, battant le docteur William McGill, député sortant ; mais il fut à son tour battu en 1875 par un industriel de Whitby, Nicholson William Brown.

Farewell était membre de l’Église des Disciples du Christ et appuyait sans réserve toutes ses formes d’activité. Étroitement lié au mouvement de tempérance, il parcourut en 1855 plusieurs états des États-Unis qui avaient adopté des lois prohibitionnistes, interrogeant des personnalités publiques sur les conséquences de cette législation. Les résultats de cette enquête furent publiés la même année dans une brochure écrite en collaboration avec George P. Ure et intitulée The Maine law illustrated [...]. Plus tard, il fit campagne sous la bannière de la Canadian Prohibitory Liquor Law League et, en tant que président, il fut le principal responsable de la création de plusieurs sociétés de tempérance dans le comté d’Ontario.

Leo A. Johnson

Abram Farewell, en collaboration avec George P. Ure, est l’auteur de The Maine law illustrated : being the result of an investigation made in the Maine law states (Toronto, 1855).

AO, MU 2 576, Scrapbook 11 : 99.— APC, MG 24, B40, 70 : 1620 ; MG 26, A.— Globe, 16 janv. 1857.— North Ontario Observer and General Advertiser (Port Perry, Ontario), 12 déc. 1857, 20 juin 1867, 9 mars 1871, 31 déc. 1874, 24 févr. 1876.— Oshawa Reformer (Oshawa, Ontario), 22 janv. 1875, 4 oct. 1878, 13 févr. 1880.— Oshawa Vindicator (Oshawa), 28 août 1867, 18 mars 1869, 15, 22 mars, 7 juin 1871.— Pickering News (Pickering, Ontario), 13 avril 1883.— Whitby Chronicle (Whitby, Ontario), 10 déc. 1857, 20 juin 1867, 13 avril 1883.— J. E. [C.] Farewell, County of Ontario ; short notes as to the early settlement and progress of the county [...] (Belleville, Ontario, 1973 ; publié d’abord par l’Ontario County, dans By-laws of the council [...] (Whitby, 1907).— W. H. Higgins, The life and times of Joseph Gould [...] (Toronto, 1887 ; réimpr., Belleville, Ontario, 1972).— M. M. Hood, Oshawa [...] a history of « Canada’s motor city » (Oshawa, 1968).— L. A. Johnson, History of the county of Ontario, 1615–1875 (Whitby, 1973), 142, 147, 187, 217, 237, 239, 241, 248.— J. D. Ross, Education in Oshawa from settlement to city ([Oshawa], 1970).

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Leo A. Johnson, « FAREWELL, ABRAM (Abraham) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 16 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/farewell_abram_11F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
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