SAUNDERS, JOHN SIMCOE, avocat, homme politique et fonctionnaire, né à Fredericton, N.-B., en 1795, fils de John Saunders*, juge de la Cour suprême et plus tard juge en chef du Nouveau-Brunswick, et d’Arianna Margaretta Jekyll Chalmers, décédé à Fredericton, le 27 juillet 1878.

Le père de John Simcoe Saunders s’était distingué pendant le révolution américaine en qualité d’officier dans le régiment des Queen’s American Rangers, sous le commandement du colonel John Graves Simcoe*, ce qui lui valut la protection de gens de la haute administration en Angleterre. De par sa naissance John Simcoe Saunders était un descendant de la modeste aristocratie loyaliste de la jeune province du Nouveau-Brunswick. Le rang de sa famille lui avait procuré de nombreux avantages au cours de sa jeunesse, mais le déclin de l’aristocratie coloniale pourrait expliquer les dernières années de sa carrière.

Le jeune Saunders fut envoyé en Angleterre pour y faire ses études sous la surveillance de son grand-père maternel, James Chalmers, qui avait commandé les troupes loyalistes du Maryland durant la révolution américaine. Il poursuivit ses études supérieures à Oxford et au Lincoln’s Inn avant de rentrer à Fredericton où il fut admis au barreau en 1817. Cependant, sa profession ne lui apportant pas toute la satisfaction qu’il en attendait, il retourna à Londres poursuivre des études de droit avec l’éminent plaideur Joseph Chitty. En 1828 Saunders publia The law of pleadings and evidence in civil actions ; l’ouvrage s’écoula rapidement et fut plusieurs fois réimprimé aux États-Unis. Le bruit courut au Nouveau-Brunswick, colporté probablement par des envieux, qu’en réalité le livre était de Chitty qui, pour une raison quelconque, aurait préféré voir son ouvrage paraître sous la signature de son élève. C’est à cette époque que Saunders épousa sa cousine germaine, Elizabeth Sophia Storie, de Camberwell dans le Surrey. Ils eurent un fils et une fille.

Pendant son séjour à Londres, Saunders échangea une correspondance intéressante avec ses parents et ses amis de Fredericton. Ses lettres à Henry Bliss, son ami d’enfance, nous révèlent un Saunders quelque peu blasé qui jette un regard amusé et légèrement méprisant sur l’aristocratie terrienne et décadente de sa province natale. Dans ses lettres à son père, le plus important propriétaire foncier de la colonie, il se moque gentiment de ce dernier et de sa conviction que les biens immobiliers rapporteraient un jour beaucoup d’argent et qu’il était possible de créer un vaste domaine agricole semblable à celui que la famille avait dû abandonner dans le comté de Princess Anne, en Virginie. Saunders, plus au courant que son père de l’expansion du commerce, croyait que l’agriculture était sans avenir au Nouveau-Brunswick. Au nombre de ses prévisions mentionnons celle-ci, à savoir qu’en 1947 le Nouveau-Brunswick serait redevenu acadien.

De retour à Fredericton en 1830, il put, grâce à l’influence de sa famille, occuper pendant un certain nombre d’années des postes divers dans le gouvernement de sa province. Sa formation supérieure lui permit d’obtenir immédiatement celui de maître des rôles, mais la législature n’offrait aucun traitement pour cette fonction. En 1833, lors de la réorganisation du gouvernement, il fut nommé membre du Conseil exécutif et du Conseil législatif, puis en 1834, procureur général. Aucune de ces fonctions n’était très rémunératrice ; toutefois, de 1840 à 1843, la disgrâce temporaire de Thomas Baillie* permit à Saunders d’occuper la charge lucrative d’arpenteur général. Après la mort de William Franklin Odell*, secrétaire de la province, sir William Colebrooke* nomma son gendre, Alfred Reade, au poste vacant, mais, par suite de la controverse que souleva cette nomination, Saunders devint secrétaire de la province en 1845. Il fut le dernier titulaire de ce poste, avant qu’il ne devienne électif avec l’avènement de la responsabilité ministérielle en 1848.

La démission de Saunders en 1848 illustre bien son tempérament. Selon le lieutenant-gouverneur, sir Edmund Head*, Saunders était un intellectuel qui ne pouvait s’astreindre à la désagréable nécessité de mener une lutte électorale pour se gagner le vote populaire. Saunders ne pouvait être d’aucune utilité dans un gouvernement dont l’avenir reposait sur sa capacité à conserver la confiance de la chambre d’Assemblée. Jusqu’à sa mort, il continua à jouer un rôle de second plan dans les affaires politiques et administratives, d’abord en qualité de greffier de la Cour de circuit jusqu’en 1867, puis comme président du Conseil législatif jusqu’en 1878.

Saunders était un homme d’affaires averti. Sa succession se composait d’actions investies dans plusieurs banques et compagnies d’assurances, ainsi que de propriétés situées au Nouveau-Brunswick et en Angleterre. Il légua aussi à son fils une collection « d’échantillons de minerais et de spécimens géologiques ».

Compétent, érudit et quelque peu cynique, né à une époque où l’aristocratie dominait dans la société, John Simcoe Saunders n’était pas d’un tempérament apte à s’adapter aux temps nouveaux et à une plus ample participation du peuple au gouvernement.

W. S. MacNutt

University of New Brunswick Library, Archives and Special Collections Department, Saunders papers, correspondance et papiers de John Simcoe Saunders ; Saunders papers, journal de John Simcoe Saunders, 18711877.— York County Court of Probate (Fredericton), V : 1822.— J. S. Saunders, The law of pleadings and evidence in civil actions, arranged alphabetically, with practical forms : and the pleadings and evidence to support them (2 vol., Londres, 1828).— Lawrence, Judges of New Brunswick (Stockton), 274s., 359 ; 423, 440.— MacNutt, New Brunswick, 164, 178, 288s., 318, 480.

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W. S. MacNutt, « SAUNDERS, JOHN SIMCOE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/saunders_john_simcoe_10F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1972
Année de la révision:    1972
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