ROWSELL, HENRY, papetier-libraire et éditeur, né le 21 février 1807 à Londres, fils de Samuel et Sarah Rowsell ; le 1er août 1835, il épousa Elizabeth Lewis et ils eurent un fils et deux filles ; décédé le 28 juillet 1890 à Toronto.

Henry Rowsell s’initia au commerce du livre à la librairie tenue par son père à Cheapside, et, en 1829, il ouvrit son propre magasin à Londres. Il immigra au Canada en 1833 avec son frère William. Deux ans plus tard, il exploitait une librairie-papeterie à Toronto. Le journal qu’il tint du 1er juillet 1835 au 11 juillet 1836 jette un peu de lumière sur le beau monde de la capitale provinciale. Il commence au moment où Rowsell attend sa fiancée, qui arriva d’Angleterre le 19 juillet 1835 ; ils se marièrent deux semaines plus tard à l’église anglicane St James, qu’ils fréquentèrent par la suite. Donnant libre cours à son goût pour le sport, la littérature et la musique, Rowsell se joignit au Toronto Cricket Club, au Shakespeare Club – précurseur immédiat du Toronto Literary Club – et à une société de musiciens amateurs. Il alla aux courses, visita une exposition de la Toronto Horticultural Society et fréquenta le Theatre Royal après que celui-ci eut ouvert ses portes en 1836. Henry et William Rowsell comptèrent au nombre des membres fondateurs, en 1835, de la St George’s Society, dont Henry devint plus tard le trésorier. Celui-ci participa également à la création, en 1844, du Board of Trade de Toronto, organisme pour lequel il exerça les fonctions de secrétaire, tout comme pour la Toronto Building Society. En 1848, il était trésorier de la Toronto Philharmonic Society et, en 1849, secrétaire local de l’American Art Union. Il s’intéressa aussi activement à la House of Industry, dont il remplit pendant quelque temps les fonctions de secrétaire et de trésorier.

En politique, durant la période qui précéda la rébellion, Rowsell se révéla un fervent partisan du groupe tory du Haut-Canada. En mars 1836, il se joignit au comité exécutif de la British Constitutional Society, mise sur pied en 1832, et, lorsqu’en mai sir Francis Bond Head* ordonna la tenue d’élections, il fit campagne à Toronto en faveur de William Henry Draper*. En octobre, il fit paraître The speeches, messages, and replies of His Excellency Sir Francis Bond Head [...], textes qu’il dédia au lieutenant-gouverneur. La brochure fut imprimée sur les presses du Patriot, mais les frères Rowsell, peu de temps après, ouvrirent à Toronto une imprimerie sous la raison sociale H. and W. Rowsell Company. Ils mirent également sur pied une bibliothèque de prêt qui contenait, au dire d’Anna Brownell Jameson [Murphy*], « deux à trois cents romans populaires ». D’après leur propre publicité, la bibliothèque était « constamment pourvue de toutes les publications nouvelles et intéressantes dès leur parution ». Elle se trouvait encore en pleine activité en 1849. Une succursale comprenant une bibliothèque et une librairie fut établie à Kingston, probablement avant 1840 ; elle resta ouverte jusque vers 1842.

Après que son frère William eut regagné l’Angleterre en octobre 1846, Henry Rowsell eut comme associés Samuel Thompson de 1846 à 1859, William Ellis de 1859 à 1872 et Henry Hutchison de 1872 à 1880. Rowsell se consacra surtout au métier de libraire, tandis que ses associés s’occupaient de l’imprimerie et de l’édition. Durant une courte période, vers 1850, l’entreprise constitua la plus grosse maison d’édition du Haut-Canada. Elle publia sans interruption un grand nombre de brochures, de tracts, de rapports annuels, d’almanachs, d’annuaires, de cahiers de musique, de manuels destinés aux écoles et aux universités, d’ouvrages de droit et de médecine, et de livres d’intérêt général. Le projet le plus ambitieux s’avéra la publication, sous la direction de John McCaul, de la Maple-Leaf ; or Canadian Annual, a Literary Souvenir (1847–1849), publication annuelle illustrée sur le Canada, décrite en 1884 par Samuel Thompson comme étant « non encore [...]surpassée, si jamais égalée [...] en beauté comme en valeur littéraire par aucun ouvrage qui soit sorti des presses canadiennes ». Dans Rowsell’s city of Toronto and county of York directory for 1850–1 [...], Rowsell et Thompson figurent comme « éditeurs de l’université [de Toronto] et libraires de l’université et de l’Upper Canada College ». Ils publièrent aussi un journal anglican, la Church (1846–1855), le Patriot (1849–1853), le British Colonial Magazine (1853), le British Colonist (1853–1857) et la Canadian Ecclesiastical Gazette (1854–1862), tous de Toronto. Sous le nom de Rowsell and Ellis, l’entreprise demeura la maison d’édition du synode torontois de l’Église d’Angleterre, tout en se spécialisant dans les publications juridiques, dont les Upper Canada law and equity reports.

Mais l’édition, semble-t-il, ne constitua toujours qu’une occupation d’intérêt secondaire pour Rowsell, qui demeurait un libraire avant tout. Il entendait faire de sa librairie la meilleure de Toronto, et elle devint le rendez-vous préféré des écrivains, des chercheurs, des sportifs et des membres des professions libérales, qu’attiraient non seulement la quantité et la diversité des ouvrages, mais aussi l’attitude courtoise, les vastes connaissances bibliographiques et le civisme du propriétaire. À cette époque, un éditeur qui voulait élargir le champ de ses publications devait, pour amasser les fonds nécessaires, soit se lancer dans la vente en gros du livre et de la papeterie, soit obtenir du gouvernement de gros contrats d’imprimerie. James Campbell and Son, Copp, Clark Publishing Company, W. J. Gage and Company et d’autres choisirent la première solution ; John Lovell and Company ainsi que Hunter, Rose and Company optèrent pour la deuxième. Rowsell décida de s’en tenir au commerce de détail des livres et, en plus de ces derniers, il vendit de façon régulière des cartes, des gravures et des lithographies, et, à l’occasion, il organisa des expositions artistiques dans sa librairie. Il publia au moins sept catalogues, afin d’annoncer son stock de livres, lequel comprenait une grande variété d’ouvrages généraux et spécialisés venant d’éditeurs britanniques, américains et canadiens.

Henry Rowsell prit sa retraite en 1880 et passa la décennie suivante dans l’isolement à Toronto. Comme il perdait graduellement l’usage de l’ouïe et de la vue, il dut abandonner les activités sociales qui, avec ses entreprises commerciales, lui avaient mérité le respect de ses concitoyens. Il laissa des biens évalués à près de $50 000 et fit des legs à cinq petits-enfants et à l’Église d’Angleterre. À compter de 1880, son commerce de détail et sa maison d’édition furent administrés par Henry Hutchison, sous le nom de Rowsell and Hutchison, jusqu’au décès de ce dernier en 1909.

H. Pearson Gundy

Henry Rowsell fit paraître des catalogues des livres qu’il possédait dans sa librairie, dont les suivants sont conservés à la MTL : Rowsell’s catalogue of books, January 1st, 1846 (Toronto, 1846) ; Rowsell’s catalogue of books, March, 1848 (Toronto, 1848) ; Catalogue of books, for sale by Henry Rowsell, King Street, Toronto (Toronto, 1852) ; Catalogue of books, for sale by Henry Rowsell, King Street, Toronto (Toronto, 1856) ; 1872–73 price list of university books, for sale by Rowsell & Hutchison [...] ([Toronto, 1872]) ; 1873–4 : a select catalogue of books for the young, adapted for presents, and for Sunday school prizes ; for sale by Rowsell & Hutchison [...] ([Toronto, 1873]) ; et 1873–74 price list of university books, for sale by Rowsell & Hutchinson [...] ([Toronto, 1873]).

Quelques-unes de ses lettres, toutes de peu d’importance, se trouvent aux CTA, Toronto, City Council papers (mfm aux AO). Son dernier testament, homologué le 7 août 1890 (no 8 022), est conservé dans les York County Surrogate Court records (mfm aux AO). L’Église épiscopale du Canada, General Synod Arch. (Toronto), détient une copie dactylographiée du journal de Henry Rowsell couvrant la période du 1er juill. 1835 au 11 juill. 1836. Une grande partie de ce journal est publiée dans F. N. Walker, Sketches of old Toronto (Toronto, 1965). Un autre journal, concernant principalement un voyage en Angleterre en 1882–1883, se trouve à la UWO.

Samuel Thompson, Reminiscences of a Canadian pioneer for the last fifty years : an autobiography (Toronto, 1884 ; nouv. publication, Toronto et Montréal, 1968), renferme des renseignements sur les frères Rowsell ; on trouve une brève mais inexacte notice biographique dans Landmarks of Canada ; what art has done for Canadian history [...] (2 vol., Toronto, 1917–1921 ; réimpr. en 1 vol., 1967), no 3 709. La publicité de la firme Rowsell sous les différents associés se retrouve dans le Toronto directory, 1837–1880, et dans le British Colonist, le Canadian Family Herald, la Church, et le Patriot, tous de Toronto ; dans le Canada Bookseller ; Miscellany and Advertiser (Toronto), 1872 ; et dans le Chronicle & Gazette et le Daily News de Kingston. Plusieurs imprimés de Rowsell sont répertoriés dans Biblio. of Canadiana : first supp. (Boyle et Colbeck).

Le départ de William Rowsell pour l’Angleterre et la dissolution de l’association sont relatés dans la Church, 11 sept. 1846, le Globe, 15 août 1850, et dans la notice nécrologique de Henry Rowsell dans le Globe, 30 juill. 1890, et le Canadian Churchman (Toronto), 14 août 1890.  [h. p. g.]

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H. Pearson Gundy, « ROWSELL, HENRY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/rowsell_henry_11F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
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