DAVIDSON, ALEXANDER, éducateur, auteur, fonctionnaire, homme d’affaires, homme politique et journaliste, né en 1794 à Downpatrick (Irlande du Nord), fils de Thomas Davidson ; il épousa une prénommée Mary, née en Irlande, et ils eurent au moins un fils et une fille ; décédé le 23 février 1856 à St Catharines, Haut-Canada.

On ne sait rien de précis sur l’enfance et la jeunesse d’Alexander Davidson. Il arriva dans le Haut-Canada en 1821 sous les auspices de lord Castlereagh, secrétaire d’État aux Affaires étrangères, et il obtint une concession de 400 acres dans le canton de Douro. Mais la terre n’était « pas du tout propice à l’agriculture » et, l’année suivante, il se mit à enseigner. Davidson réprouvait l’utilisation très répandue des manuels américains dans les écoles du Haut-Canada. En juin 1828, il fit observer à George Hillier*, secrétaire civil en résidence à York, qu’à sa connaissance, neuf livres sur dix alors en usage venaient des États-Unis. Dans son entourage, affirmait-il, « on n’a[vait] réussi à obtenir aucun livre anglais depuis plusieurs années [...] ce qui [lui] laiss[ait] croire que l’approvisionnement venant d’Angleterre [était] précaire et ne suffi[sait] pas du tout aux besoins croissants de la province ». De toute façon, allait-il déclarer en 1840, les syllabaires anglais étaient « pour [eux] nécessairement déficients, n’étant pas adaptés à [leur] décor et aux autres particularités régionales ». Mais « les livres d’origine étrangère [c’est-à-dire américains] appel[aient] des objections plus sérieuses ». En juillet 1828, il exprimait ses doléances à Hillier en ces termes : « à moins que de bons livres pour le cours primaire soient distribués partout, l’enseignement public continuera de n’être guère mieux qu’une simple farce et une dépense inutile de l’argent de la population ».

Dans le but de combler cette lacune, Davidson résolut de rédiger son propre syllabaire et, en 1829, pendant qu’il demeurait à Port Hope, il termina son manuscrit intitulé « The Upper Canadian spelling book ». Il tenta à de nombreuses reprises d’obtenir l’aide du gouvernement pour le publier, mais ses efforts n’aboutirent à rien. Finalement, le manuscrit fut publié à Toronto en 1840 par Henry Rowsell* sous le titre de The Canada spelling book [...], et ce fut le premier livre protégé par des droits d’auteur qui parut dans le Haut-Canada. Le syllabaire comportait des exemples tirés de la réalité canadienne et respectait l’indispensable lien qui unissait la religion et l’éducation, car chaque leçon était de nature à « favoriser les intérêts de la religion et de la morale ». Il était d’usage à cette époque, en effet, que les syllabaires fournissent un enseignement moral. Lorsqu’en 1844 Egerton Ryerson* fut nommé surintendant des écoles du Haut-Canada, Davidson chercha à le convaincre d’adopter The Canada spelling book comme manuel officiel dans le cadre du système d’écoles publiques qui était alors en pleine expansion. Ryerson partageait les inquiétudes de Davidson au sujet de l’usage très répandu des manuels américains dans les écoles de la colonie et reconnaissait la valeur de l’ouvrage canadien, mais il avait décidé de faire publier au Canada l’impressionnante Irish National Séries. Par conséquent, il ne voulait pas donner son appui à d’autres ouvrages de crainte qu’ils ne nuisent à l’acceptation globale de son projet. En 1847, toutefois, Davidson pouvait noter avec enthousiasme que 43 000 exemplaires de son livre avaient été vendus, et ce nombre avait triplé en 1856. Ces chiffres étaient probablement exagérés, mais il est certain que le manuel était largement utilisé même s’il n’avait pas été officiellement appuyé ni approuvé par le gouvernement. Davidson fit paraître d’autres ouvrages éducatifs : An introduction to the spelling book en 1843 et The progressive primer en 1846. En 1847, il publia The domestic receipt book, qu’il annonça comme « un compendium à l’usage des familles ».

Laïque éminent au sein de l’Église méthodiste wesleyenne, Davidson fut le premier class leader à Port Hope, où il dirigea, à compter de 1824, une période d’enseignement au milieu de la semaine. De plus, en 1836, il fut nommé inspecteur de l’Upper Canada Academy qui venait d’être fondée à Cobourg. Plus tard, il compila un recueil de mélodies intitulé Sacred harmony [...], qui fut publié et distribué en 1838 par le bureau torontois de la conférence méthodiste wesleyenne. L’un des recueils les plus complets et les plus influents de tous ceux qui parurent au Canada avant la Confédération, cet ouvrage était conçu pour être utilisé comme livre d’action de grâces et comme manuel dans les écoles de chant ; ces écoles, issues d’un mouvement social qui se répandait dans l’est du Canada, étaient dirigées par des maîtres de chant itinérants qui enseignaient l’harmonie et le chant choral à des groupes de volontaires. Sacred harmony contenait une brève introduction aux rudiments de la théorie et de la composition musicales, ainsi qu’un choix de mélodies britanniques et américaines, dont un grand nombre étaient harmonisées pour trois voix avec la mélodie confiée au ténor, suivant l’usage américain. Quelques-unes des mélodies, par exemple Toronto, étaient des pièces originales composées par Davidson lui-même. Dans l’édition de 1845, Sacred harmony fut, de tous les recueils de mélodies publiés au Canada, le seul à utiliser le style de notation en caractères (shape notes), dans lequel une forme différente de note correspond à chaque syllabe sol fa en vue de faciliter la lecture.

En janvier 1837, Davidson demeurait à Niagara (Niagara-on-the-Lake) où il était maître de poste. Dans le bureau de poste, il tenait une librairie où il vendait toutes sortes de livres, y compris les siens, de même que des articles de bureau, de quincaillerie et de jardinage. Il améliora sa situation à Niagara en menant une carrière de fonctionnaire municipal : il siégea au conseil municipal pendant sept ans, fut élu à plusieurs reprises au bureau de direction des grammar schools et des écoles publiques, et fut nommé plusieurs fois au bureau de santé local, au sein duquel il organisa l’installation matérielle des familles d’immigrants irlandais dans la région de Niagara. En 1849, il occupa la charge de président du Niagara Board of Police et, en janvier de l’année suivante, il devint le premier maire de la ville, fonction qu’il exerça pendant un an.

Davidson s’intéressa également au domaine de la presse et, en avril 1846, il devint éditeur et rédacteur en chef du Niagara Mail. Un historien local écrivit par la suite que le Niagara Mail, journal réformiste, se signalait à cette époque « par l’intelligence, la vivacité, l’originalité [et] le talent littéraire ». En 1847, Davidson céda son poste de rédacteur en chef à son fils James Alexander Davidson, lequel fit également paraître, avec le concours de son père et de Francis M. Whitelaw, un journal de tempérance appelé le Niagara Fountain qui ne connut qu’une brève existence. Peu de temps après, Alexander Davidson attira l’attention sur lui et sur le Niagara Mail en appuyant le système d’écoles gratuites que Ryerson préconisait, ce qui constituait un défi aux idées traditionalistes de l’« aristocratie de la ville ». En octobre 1849, Davidson avait suscité une telle opposition autour de lui qu’il demanda au chef du gouvernement, Robert Baldwin, de bien vouloir entendre son point de vue dans le cas où « une coalition dirigée contre [lui] à cause de [ses] opinions politiques » le menacerait de perdre l’emploi convoité de maître de poste qu’il occupait. Pour quelques mois, à la fin de 1851 et au début de 1852, le Niagara Mail fut publié par Davidson fils dans la localité avoisinante de St Catharines, « le centre de l’influence politique », mais, en mars 1852, le journal était ramené à Niagara « dans l’intérêt de la famille ». En juin 1853, Davidson et son fils vendirent l’entreprise à leur assistant à la rédaction, William Kirby*.

Alexander Davidson mourut le 23 février 1856 à l’American Hotel de St Catharines. Le Niagara Mail, pour quelque mystérieuse raison, ne consacra qu’une ligne à la nouvelle de son décès. Le St. Catharines Journal, se montrant moins avare de son espace et de ses louanges, écrivit à son sujet : « C’était un homme au talent supérieur, comme le démontrent nettement un grand nombre de ses articles ; il était capable d’aborder la plupart des sujets et il les traitait avec un esprit logique et pénétrant. »

J. Donald Wilson

Alexander Davidson a écrit son abécédaire en 1829, mais sa première publication a été Sacred harmony : consisting of a variety of tunes, adapted to the different metres in the Wesleyan-Methodist hymn book ; and a few anthems and favourite pieces ; selected from the most approved authors, ancient and modern (Toronto, 1838). Ce livre fut publié de nouveau à Toronto en 1845 avec un supplément d’airs et de motets choisis par le musicien torontois E. W. Bliss parmi les œuvres de compositeurs européens célèbres. Des éditions ultérieures, publiées en notation ronde, ont paru en 1848, 1856 et 1860. The Canada spelling book, intended as an introduction to the English language, consisting of a variety of lessons, progressively arranged in three parts, with an appendix containing several useful tables ; the outlines of geography ; a comprehensive sketch of English grammar, with morning and evening prayers for every day of the week ; the words divided and accented according to the purest mode of pronunciation (Toronto, 1840) a aussi été réédité plusieurs fois par différentes maisons d’édition de Toronto, en 1842, 1845-1848 inclusivement, 1856 et 1864. À Niagara (Niagara-on-the-Lake, Ontario), Davidson a publié une collection de textes scolaires dans la série Colonial School Books qui comprenaient An introduction to the spelling book (1843) et The progressive primer (1846). Il a aussi publié un guide ménager intitulé The domestic receipt book (Niagara, 1847).  [j. d. w.]

AO, MS 74, package 22, Alexander Davidson à W. H. Merritt, 5 sept. 1854, 7 mars 1855 ; RG 1, A-I-6 : 6542-6544.— APC, RG 1, L3, 156, part. 1 : D13/52 ; RG 5, A1 : 49113-49115, 49576-49577 ; B11, 3, file 196 ; 4, file 520.— MTL, Robert Baldwin papers, Alexander Davidson à Baldwin, 6 oct. 1849.— Canada, prov. du, Assemblée législative, App. des journaux, 1846, app. F.— Doc. hist. of education in U. C. (Hodgins), 2 : 127 ; 6 : 172, 240, 285-286.— Christian Guardian, 5 mars 1856.— Niagara Fountain, mars 1847.— Niagara Mail, 1er avril 1846-15 juin 1853, 27 févr. 1856.— St. Catharines Journal (St Catharines, Ontario), 28 févr. 1856.— Nathanael Burwash, The history of Victoria College (Toronto, 1927), 491.— Janet Carnochan, History of Niagara [...] (Toronto, 1914 ; réimpr., Belleville, Ontario, 1973).— W. A. Craick, Port Hope historical sketches (Port Hope, Ontario, 1901), 19, 71-72, 84.— Historical sketch of Methodism in Canada and Port Hope (Port Hope, 1925), 12-14.— C. B. Sissons, Egerton Ryerson : his life and letters (2 vol., Toronto, 1937-1947), 1 : 218-219.— W. R. Riddell, « The first copyrighted book in the Province of Canada », OH, 25 (1929) : 405-414.— J. D. Wilson, « Common school texts in use in Upper Canada prior to 1845 », Soc. bibliogr. du Canada, Cahiers (Toronto), 9 (1970) : 36-53.

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J. Donald Wilson, « DAVIDSON, ALEXANDER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/davidson_alexander_8F.html.

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Auteur de l'article:    J. Donald Wilson
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
Année de la révision:    1985
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