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PEMBERTON, JOSEPH DESPARD, ingénieur, arpenteur, fermier, homme politique, juge de paix et homme d’affaires, né le 23 juillet 1821 près de Dublin, fils de Joseph Pemberton et de Margaret Stephens ; en 1864, il épousa à Londres Theresa Jane Despard Grautoff, et ils eurent trois fils et trois filles, dont l’artiste Sophia Theresa ; décédé le 11 novembre 1893 à Oak Bay, Colombie-Britannique.
Petit-fils d’un lord-maire de Dublin, Joseph Despard Pemberton appartenait à une famille nombreuse anglo-irlandaise. En 1837, il entra au Trinity College de cette ville mais, à peine un an plus tard, après avoir étudié notamment les sciences et les mathématiques, il prit un emploi d’ingénieur au Midland Railway of Ireland. Pendant le boom du rail, il travailla à titre d’ingénieur sur quatre lignes en Irlande et en Angleterre. En 1849, il devint professeur de topographie pratique et de génie au Royal Agricultural College de Cirencester. L’année suivante, il remporta une médaille de bronze pour son plan des édifices principaux de l’Exposition universelle de Londres de 1851. Le 9 décembre 1850, il offrit ses services à la Hudson’s Bay Company, qui l’embaucha pour trois ans à titre d’ingénieur colonial et d’arpenteur de l’île de Vancouver. La colonie avait absolument besoin d’un arpenteur de profession, car le capitaine Walter Colquhoun Grant*, le premier à exercer cette fonction, avait offert sa démission le 25 mars 1850, au moment même où plusieurs centaines de colons arrivaient de Grande-Bretagne. Pemberton atteignit le fort Victoria (Victoria) le 25 juin 1851 et se mit au travail dès le lendemain.
La première tâche de Pemberton fut de délimiter l’emplacement d’une ville et d’arpenter des terres agricoles à la pointe sud de l’île de Vancouver. On coloniserait ces terres selon les principes systématiques et sélectifs du théoricien Edward Gibbon Wakefield*, ainsi en avaient décidé la Hudson’s Bay Company et le gouvernement britannique. Dès janvier 1852, Pemberton et son assistant, Benjamin William Pearse*, avaient divisé le district de Victoria en terres urbaines, suburbaines et rurales. Après avoir examiné les systèmes d’arpentage de 11 colonies, dont l’Australie du Sud, la Nouvelle-Zélande et le Haut-Canada, Pemberton fixa le prix des lots de ville à £10 chacun, celui des lots de banlieue à £15 et celui des terres rurales, dont la superficie minimale était de 20 acres, à £1 l’acre. En outre, il avait réservé des terres au gouverneur et au clergé ainsi que pour une école, une église et un parc public. En décembre 1853, on avait arpenté six autres districts du sud de l’île de Vancouver.
Pemberton se consacra ensuite au reste de l’île, dont une bonne partie n’avait encore fait l’objet d’aucune exploration et d’aucun levé, et dont les meilleures cartes étaient celles que le capitaine George Vancouver* avait dressées entre 1792 et 1794. En août 1852, il explora la portion de littoral située au nord de Victoria jusqu’aux terrains houillers de l’inlet Wintuhuysen, où la Hudson’s Bay Company établit le poste de Nanaimo [V. Joseph William McKay], ainsi nommé par Pemberton en l’honneur des Indiens de l’endroit. De 1853 à 1855, il fit des levés de toute la côte sud-est de l’île de Vancouver, travail particulièrement difficile puisque dans cette région aux forêts denses il fallait ériger des stations topographiques à la cime des arbres. Il dirigeait aussi la construction de routes et de ponts, et c’est lui qui dressa les plans de la première église-école de la colonie. En 1854, le gouverneur James Douglas* le qualilfia de « bonne recrue » qui avait accompli son travail avec un « zèle infatigable ».
Au printemps de 1854, Pemberton rentra en Angleterre où, même s’il reçut ce que Douglas appela « une offre très attrayante, liée aux projets ferroviaires de l’Inde », il négocia un deuxième contrat de trois ans avec la Hudson’s Bay Company. À Londres, il fit publier une carte qui illustrait ses levés de l’île de Vancouver. Il convainquit son oncle Augustus Frederick Pemberton, futur commissaire de police de Victoria, de l’accompagner dans la colonie et de gérer sa ferme. En décembre 1855, il retourna à l’île de Vancouver en compagnie de sa sœur Susan Frances Pemberton (future directrice de la Girls’Collegiate School) ; il fit ensuite deux expéditions jusqu’à la côte ouest de l’île.
Les levés de Pemberton et les lois foncières déterminèrent pour longtemps le caractère des premiers établissements de la colonie. Même si bon nombre de colons la quittèrent pour les mines de la Californie et les terres agricoles des territoires de l’Oregon et de Washington, quelque 180 colons avaient acquis plus de 17 000 acres de terres rurales et environ 150 lots de ville et de banlieue dans l’île de Vancouver quand la ruée vers l’or débuta dans la vallée du Fraser. Beaucoup d’entre eux étaient ou avaient été au service de la Hudson’s Bay Company, et la hiérarchie sociale de la compagnie survécut dans la colonie : les ouvriers achetaient les lots de ville, qui étaient moins chers, tandis que les fonctionnaires et les commis faisaient l’acquisition de terres rurales, plus coûteuses. Pemberton lui-même était propriétaire d’une grande ferme près de Victoria, le domaine de Gonzales, et on l’associait à l’élite terrienne de la Hudson’s Bay Company, qualifiée par la suite de « family-company compact » par le réformiste Amor De Cosmos. En janvier 1857, Pemberton joua le rôle de sir Lucius O’Trigger dans The rivals, de Sheridan, l’une des premières productions théâtrales de la colonie.
Lorsque la ruée vers l’or commença, au printemps de 1858, des mineurs, des fermiers, des spéculateurs et des marchands assoiffés de terres, en route pour le continent, envahirent le bureau de Pemberton. D’avril 1858 à février 1859, il délimita les emplacements de futures villes de la nouvelle colonie de Colombie-Britannique, au fort Yale (Yale), au fort Hope (Hope), à Port Douglas (Douglas) et à Derby (près du fort Langley), à laquelle on songeait comme capitale. Il proposa aussi d’utiliser le 49e parallèle comme base d’un plan rectangulaire en treillis, idée que reprit ultérieurement le colonel Richard Clement Moody*. En 1859, il quitta la Hudson’s Bay Company pour devenir arpenteur général de l’île de Vancouver ; il allait exercer cette fonction jusqu’en octobre 1864. Pendant cette période, il supervisa la colonisation des districts agricoles situés entre l’île Salt Spring, au sud, et Comox, au nord. Abandonnant les principes de Wakefield, il conçut la généreuse loi de préemption de 1860, qui permettait à tout colon d’occuper une terre non arpentée de moins de 160 acres à la condition de payer 10 shillings l’acre une fois l’arpentage terminé. Durant un congé en Angleterre, à la fin de 1859, il écrivit Facts and figures relating to Vancouver Island and British Columbia, publié à Londres en 1860 et dédié à John Rae. Ce manuel destiné aux « futurs émigrants, marchands ou capitalistes » est remarquable en ceci qu’il proposait de relier le Canada, la colonie de la Rivière-Rouge (Manitoba) et les colonies du Pacifique par un chemin de fer transcontinental. Il investit d’ailleurs dans un projet qui s’avéra infructueux, la Bute Inlet Railway Company.
Peu après son arrivée à l’île de Vancouver, Pemberton s’était mêlé de la politique très polarisée de la colonie. Qualifié plus tard par John Blaine Kerr de « conservateur convaincu », il appuya en 1853–1854 la nomination controversée du beau-frère de Douglas, David Cameron*, à la Cour suprême de justice civile, et il réclama qu’on renvoie du poste d’aumônier et d’instituteur colonial le radical Robert John Staines*. En août 1856, à titre de député de la première chambre d’Assemblée à siéger en sol britannique à l’ouest des Grands Lacs, Pemberton aida Joseph William McKay, commis à la Hudson’s Bay Company, à faire expulser Edward Edwards Langford de la chambre parce qu’il ne répondait pas aux exigences d’éligibilité relatives à la propriété. Pemberton siégea à l’Assemblée jusqu’en décembre 1859, puis on le nomma au Conseil exécutif et au Conseil législatif de l’île de Vancouver au printemps de 1864. Peu après son mariage, célébré à Londres plus tard dans l’année, il démissionna de son poste d’arpenteur général, de conseiller exécutif et de conseiller législatif. Toutefois, après l’union de l’île de Vancouver et de la Colombie-Britannique en 1866, il retourna à la politique et siégea deux fois au Conseil législatif, pendant les deux années suivantes, à titre de représentant du district de Victoria. En 1867, il rédigea l’importante résolution qui réclamait « l’admission de la Colombie-Britannique dans la Confédération à des conditions justes et équitables », si la colonie décidait de s’y joindre.
Joseph Despard Pemberton quitta la politique en 1868 et, durant la vingtaine d’années qui suivirent, se consacra à sa famille, à sa ferme, à son travail de juge de paix et à ses investissements commerciaux et immobiliers. En 1887, avec son fils Frederick Bernard, il fonda à Victoria un bureau d’arpenteurs, ingénieurs civils, agents immobiliers et financiers, la J. D. Pemberton and Son, qui est à l’origine d’une agence immobilière de Victoria et d’une société de placement dont le centre des activités est à Vancouver. En plus d’être un importateur et un éleveur de chevaux, Pemberton était, selon son ancien assistant Pearse, un « cavalier audacieux et prudent ». Il mourut d’une défaillance cardiaque en participant à un rallie-papier à Oak Bay.
La carte de Joseph Despard Pemberton, The southeastern districts of Vancouver Island, from a trigonometrical survey made by order of the Honble. Hudson’s Bay Company, a été publiée à Londres en 1855. Un journal d’arpentage intitulé « Trigonometl. Memda. » (Add. mss 1978), et plusieurs cahiers de correspondance datant des années où il était ingénieur colonial et arpenteur de l’île de Vancouver pour la Compagnie de la Baie d’Hudson, et à son poste ultérieur comme arpenteur général de l’île Vancouver, se trouvent aux PABC.
PABC, A/C/15/H86P ; A/C/15/P36 ; C/AA/30.7/5 ; C/AA/30.71/C42.1 ; C/AA30.71/W55 ; C/AA/30.71J/P36 ; E/B/P36.9 ; K/LS/P31 ; B. W. Pearse, « The early settlement of Vancouver Island » (transcription, 1900).— PAM, HBCA, A.5/17 : fos 65, 73 ; A.11/73 : fo 307d ; 75 : fo 18.— PRO, CO 60/3 : fo 314 ; CO 305/15 : fo 640 (copie de J. D. Pemberton, Extracts from professional certificates of J. Despard Pemberton (Londres, [vers 1860]) (mfm aux PABC).— A. T. Bushby, « The journal of Arthur Thomas Bushby, 1858–1859 », Dorothy Blakey Smith, édit., BCHQ, 21 (1957–1958) : 83–198.— James Douglas, « Report of a canoe expedition along the coast of Vancouver Island », Royal Geographical Soc. of London, Journal (Londres), 24 (1854) : 245–249.— HBRS, 32 (Bowsfield).— Helmcken, Reminiscences (Blakey Smith et Lamb).— Journals of the colonial legislatures of the colonies of Vancouver Island and British Columbia, 1851–1871, J. E. Hendrickson, édit. (5 vol., Victoria, 1980).— PABC Report (Victoria), 1913.— British Colonist (Victoria), 12, 26 févr., 29 juill., 19 août 1859.— Daily British Colonist (Victoria)-, 6 oct. 1864.— Daily Colonist (Victoria), 12, 14 nov. 1893.— Walbran, B.C. coast naines, particulièrement 24, 378.— Ormsby, British Columbia.— E. O. S. Scholefield et F. W. Howay, British Columbia from the earliest times to the present (4 vol., Vancouver, 1914).— W. E. Ireland, « Pioneer surveyors of Vancouver Island », Corporation of British Columbia Land Surveyors, Report of proc. (Victoria), 1951 : 47–51.— H. S. [Pemberton] Sampson, « My father, Joseph Despard Pemberton : 1821- 93 », BCHQ, 8 (1944) : 111–125.— J. P. Regan, « Hudson’s Bay Company lands and colonial surveyors on Vancouver Island, 1842–1858 », British Columbia Hist. News (Vancouver), 19 (1986), nº 2 : 11–16.
Richard Mackie, « PEMBERTON, JOSEPH DESPARD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/pemberton_joseph_despard_12F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/pemberton_joseph_despard_12F.html |
Auteur de l'article: | Richard Mackie |
Titre de l'article: | PEMBERTON, JOSEPH DESPARD |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
Année de la révision: | 1990 |
Date de consultation: | 20 déc. 2024 |