Titre original :  Malcolm Smith Mercer. Image courtesy of The Queen's Own Rifles of Canada Regimental Museum and Archives.

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MERCER, MALCOLM SMITH, avocat et officier, né le 17 septembre 1859 dans le canton d’Etobicoke, Haut-Canada, troisième des neuf enfants de Thomas Mercer et de Mary Smith ; décédé célibataire en juin 1916, fort probablement le 2, près du mont Sorrel, Belgique.

Malcolm Smith Mercer grandit à Delmer, près de Tillsonburg, dans le Haut-Canada, et à St Catharines, où il fréquenta le Collegiate Institute. Admis à la University of Toronto en 1881, il obtint une licence ès arts en philosophie en 1885. La même année, il entra à l’Osgoode Hall ; trois ans après, il décrocha son diplôme de droit, se rangeant à peu près au milieu de sa classe. Reçu au barreau de l’Ontario au cours du trimestre d’automne 1888, il pratiqua le droit à Toronto avec Samuel Hugh Bradford. Par la suite, il eut comme associés, entre autres, Fernando Elwood Titus et John King, le père de William Lyon Mackenzie King*. Bradford et King furent chargés de cours à l’Osgoode Hall, mais Mercer, lui, ne joua pas publiquement de rôle actif dans sa profession. Il ne se maria pas non plus. Selon une notice nécrologique, sa vie privée était « calme et discrète ». « Il fuyait la publicité, fréquentait peu la société et, en tant qu’avocat, préférait autant que possible éviter à ses clients de comparaître en cour. »

À l’université, Mercer s’était enrôlé dans le 2nd Battalion of Rifles (Queen’s Own Rifles of Canada), une des unités les plus efficaces de la milice canadienne. Ce bataillon choisissait ses recrues avec soin, en jaugeant leur capacité de devenir officiers, lesquels étaient sélectionnés parmi les hommes de troupe. La discipline et l’entraînement y étaient sérieux, les activités sociales et sportives, intenses. Mercer était certainement une recrue intéressante. Il mesurait six pieds, avait un physique d’athlète et arborait une épaisse moustache tombante. Il se passionnait pour la peinture en tant qu’amateur, mais c’était à son bataillon qu’il consacrait la plus grande partie de son énergie et de son talent.

Bien que Mercer n’ait pas fait partie du contingent des Queen’s Own Rifles qui alla participer en 1885 à la répression de la rébellion du Nord-Ouest [V. Louis Riel*], il fut nommé lieutenant à titre provisoire le 24 avril de cette année-là et se qualifia pour ce grade le 27 octobre 1886. Promu lieutenant le 7 avril 1887, il accéda au grade de capitaine le 16 octobre 1891. Après être resté capitaine durant de longues années (la chose était courante), il obtint le grade-titre de major le 29 décembre 1902, puis le grade de major le 10 avril 1906. En octobre 1903, Mercer il avait commandé le détachement des Queen’s Own Rifles qui avait été dépêché à Sault-Sainte-Marie avec d’autres miliciens et soldats réguliers pour réprimer une émeute déclenchée par des ouvriers de la Consolidated Lake Superior Corporation, mécontents de ne pas avoir été payés. Le 1er février 1911, lorsque le commandement du 1er bataillon de son régiment devint vacant, il fut promu lieutenant-colonel. Plus tard la même année, il termina le cours d’état-major de la milice. Nommé commandant des Queen’s Own Rifles le 20 février 1912, il exerçait cette fonction au moment de la déclaration de la guerre, le 4 août 1914. Huit jours plus tard, il entra en mobilisation à titre de lieutenant-colonel. Le plus proche parent qu’il laissait était son frère, âgé de 70 ans. Mercer alloua une part de sa solde à son cabinet et partit pour le camp de Valcartier, près de Québec, avec un bataillon composé de soldats des Queen’s Own Rifles et du 10th Regiment (Royal Grenadiers). « Il est typique de l’homme, a écrit un biographe, que, le jour même où son régiment se rassembla au manège, à midi trente, pour se rendre à Valcartier, il travailla dans son cabinet d’avocat jusqu’à midi. »

Mercer était l’un des officiers supérieurs de Toronto et, même s’il ne l’affichait pas, il était conservateur. Le colonel Samuel Hughes*, ministre de la Milice et de la Défense, fut impressionné, semble-t-il, par Mercer et trouva logique de lui confier le commandement des quatre bataillons ontariens qui feraient partie de la 1re brigade d’infanterie du Corps expéditionnaire canadien. Apparemment, ce choix ne suscita aucune controverse, contrairement à certaines autres nominations de Hughes. Mercer s’embarqua pour l’Angleterre à ce titre, supervisa l’entraînement de sa brigade dans la plaine de Salisbury et fut confirmé brigadier-général le 4 février 1915, à la veille du départ des Canadiens pour la France.

Quand la division canadienne connut son premier engagement sérieux, à Ypres (Ieper, Belgique), le 22 avril, la brigade de Mercer était en réserve à Vlamertinge, quelques milles à l’arrière de la ligne. Deux de ses bataillons furent lancés dans la bataille et lui-même se trouva presque inoccupé. Le lendemain, il envoya docilement ses hommes attaquer la crête de Mauser et alla lui-même protester auprès des troupes françaises voisines, qui avaient promis des renforts mais n’en avaient pas envoyés.

Cette bataille permit à Mercer de montrer sa bravoure sous le feu ennemi, mais elle ne mit pas à l’épreuve son habileté au combat. Lorsque le lieutenant-général Edwin Alfred Hervey Alderson* fut placé au commandement du nouveau Corps d’armée canadien, en septembre, et que les collègues brigadiers de Mercer, Arthur William Currie* et Richard Ernest William Turner*, furent promus respectivement à la tête de la 1re et de la 2e division, il resta à la 1re brigade. Cependant, le 20 novembre, il prit la direction des troupes de corps d’armée, groupe d’unités qui, un mois plus tard, formèrent le noyau de la 3e division canadienne. Constituée à la hâte et tenue de s’adapter en vitesse au service actif, cette division comprenait les seules troupes canadiennes régulières d’infanterie, soit le Royal Canadian Regiment, la Princess Patricia’s Canadian Light Infantry (déjà célèbre) et quatre bataillons des Canadian Mounted Rifles, qui avaient été organisés à l’origine pour combattre à cheval en Égypte et dont les membres n’étaient pas enchantés de se transformer en fantassins. Ce commandement justifia la promotion de Mercer au grade de major-général en janvier 1916. Dès le mois de mars, la division était complète, sauf dans le cas de l’artillerie. Des batteries britanniques provenant de la 3e (Lahore) division de l’armée de l’Inde vinrent combler cette lacune.

La première vraie bataille qu’eut à livrer la division de Mercer était imprévue. Le 1er juin, les bataillons des Canadian Mounted Rifles tenaient pour les alliés la dernière portion de la crête d’Ypres, du mont Sorrel à la cote 62, point culminant d’un éperon qui se prolongeait vers l’ouest jusque dans la ligne alliée entre le bois d’Armagh et le bois du Sanctuaire. Ce terrain était de toute première importance. Les Allemands, prévoyant que les Britanniques lanceraient une offensive sur la Somme, plus au sud, étaient résolus à attaquer pour créer une diversion. Même pour des hommes peu chevronnés, les préparatifs allemands finirent par devenir évidents. À l’aube du 2 juin, Mercer et le brigadier-général Victor Arthur Seymour Williams* partirent en reconnaissance pour le mont Sorel et la cote 62. Ils étaient avec le 4th Battalion des Canadian Mounted Rifles lorsque les Allemands déclenchèrent un tir de barrage d’une intensité sans précédent. « Toute la position ennemie, a écrit un témoin allemand, n’était qu’un nuage de poussière et de terre d’où surgissaient constamment des madriers, des troncs d’arbre, des armes et des pièces d’équipement, et à l’occasion des corps d’homme. »

Les deux généraux furent atteints dès les premières minutes. Selon un autre officier, ils étaient « sales, livides, très ébranlés et devenus sourds ». Williams était grièvement blessé. Selon l’historien officiel, l’explosion d’un obus avait déchiré les tympans de Mercer et une balle lui avait brisé la jambe. Le lieutenant Lyman Gooderham, aide de camp de Mercer, a rapporté qu’il aida le général à gagner l’orée du bois d’Armagh, derrière la position du bataillon, et partit ensuite chercher de l’aide. Peu après midi, les Allemands avancèrent, sans presque rencontrer de résistance, et capturèrent Williams, Gooderham et quelques centaines de survivants encore sous le choc. Mercer n’était pas parmi eux. Le 12 et le 13 juin, les Canadiens reprirent le terrain perdu. Le 16, dans le bois d’Armagh, on découvrit le corps de Mercer, partiellement décomposé. Un officier d’état-major conclut qu’il avait été frappé et partiellement enterré par un obus, peut-être pendant l’infructueuse contre-attaque canadienne dans la nuit du 2 au 3 juin.

Officier de milice dévoué et commandant courageux, Malcolm Smith Mercer était connu comme un homme qui parlait peu, avait un tempérament égal et studieux. Il doit moins sa renommée à ses exploits militaires qu’au fait qu’il fut le plus haut commandant canadien tué au combat au cours des deux guerres mondiales. Ce n’est certes pas en songeant à lui que Charles Yale Harrison* a écrit un livre intitulé Generals die in bed.

Desmond Morton

AN, MG 30, E376 ; RG 150, Acc. 1992–93/166.— Arch. du Barreau du Haut-Canada (Toronto), 1-2 (Convocation, printed minutes), 1 (1879–1892) : 174, 202, 226, 254.— Daily Mail and Empire, 23 juin 1916, 27 juin 1918.— Globe, 5 juin 1916.— The Canadian law list (Toronto), 1890, 1892, 1896, 1898, 1910, 1912.— D. G. Dancocks, Welcome to Flanders fields ; the first Canadian battle of the Great War : Ypres, 1915 (Toronto, 1988).— Desmond Morton, The Canadian general : Sir William Otter (Toronto, 1974), 55–73, 262 ; Silent battle : Canadian prisoners of war in Germany, 1914–1919 (Toronto, 1992).— Nicholson, CEC.— Standard dict. of Canadian biog. (Roberts et Tunnell), 2.— Univ. of Toronto, University of Toronto roll of service, 1914–1918 (Toronto, 1921).

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Desmond Morton, « MERCER, MALCOLM SMITH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/mercer_malcolm_smith_14F.html.

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Auteur de l'article:    Desmond Morton
Titre de l'article:    MERCER, MALCOLM SMITH
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
Année de la révision:    1998
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