Titre original :  Lieutenant Colonel J T Fotheringham CMG. Unit: Canadian Army Medical Corps. 
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Provenance : Lien

FOTHERINGHAM, JOHN TAYLOR, officier dans la milice, professeur, médecin et officier dans l’armée, né le 5 décembre 1860 à Kirkton, Haut-Canada, fils de John Fotheringham et de Helen Telfer ; le 30 décembre 1891, il épousa à Whitby, Ontario, Caroline Jane McGillivray (1860−1921), et ils eurent deux filles et deux fils, dont un mort-né ; décédé le 19 mai 1940 à Toronto.

On connaît surtout John Taylor Fotheringham comme l’un des fondateurs du Corps de santé de l’armée canadienne (CSAC). Il grandit dans une collectivité rurale du sud-ouest de l’Ontario où son père, d’origine écossaise, était ministre presbytérien. Après avoir fréquenté le St Marys Collegiate Institute, il étudia au University College de Toronto et, en 1883, obtint une licence ès arts avec mention très bien en lettres classiques. Il partit ensuite pour Grenfell, dans les Territoires du Nord-Ouest (Saskatchewan), où il travailla dans une ferme pendant les deux années suivantes. À son retour en Ontario, il enseigna les lettres classiques dans des écoles secondaires de Whitby et de Brockville, et, de 1887 à 1891, occupa les postes de professeur adjoint d’humanités et de directeur de résidence à l’Upper Canada College de Toronto. En même temps, il entreprit des études de médecine au Trinity Medical College. Peu après avoir obtenu son diplôme avec une médaille d’argent en avril 1891, il commença à exercer au Toronto General Hospital, à l’Hospital for Sick Children [V. Elizabeth Jennet Wyllie*] et au St Michael’s Hospital. Il se joignit également à la faculté de médecine de la University of Toronto et devint maître de conférences au Trinity Medical College et à l’Ontario College of Pharmacy [V. Hugh Miller*]. En décembre, il épousa Caroline Jane McGillivray, qu’il appelait Jennie.

Pendant les années 1890 et la première décennie du xxe siècle, la science médicale évolua rapidement, et Frederick William Borden*, ministre de la Milice et de la Défense, accéléra la professionnalisation des forces armées canadiennes. Associé depuis longtemps à la milice, Fotheringham jouerait un rôle dans les deux domaines. De 1879 à 1883, il servit dans le 2nd Battalion of Rifles (Queen’s Own Rifles of Toronto), sous le commandement de William Dillon Otter*. On le nomma médecin lieutenant du 12th Battalion of Infantry (York Rangers) en 1896, puis on le muta au Queen’s Own Rifles avec le même grade un an plus tard. En 1899, Borden approuva la création du Canadian Militia Medical Service, et Fotheringham compta parmi les officiers qu’on y affecta l’année suivante. Le 2 juillet 1904, Ottawa regroupa toutes les unités militaires de la santé sous une direction centrale, opération qui mena à la fondation du Permanent Active Militia Medical Corps et du Militia Army Medical Corps. Cinq ans plus tard, ces entités fusionnèrent pour former le CSAC.

Fotheringham se révéla très précieux pour l’organisme : il possédait une compétence en médecine de pointe et savait de plus comment l’appliquer de la meilleure façon dans un contexte militaire. En novembre 1911, à une conférence publique intitulée « The role of medical services in a modern army » prononcée à la University of Toronto, il allégua qu’en temps de guerre la formation médicale d’un chirurgien ne lui suffisait pas : « Il lui est impossible d’exécuter ses tâches efficacement sans une certaine connaissance générale de la science militaire, en particulier en ce qui a trait à la gestion d’une armée sur le terrain. » Devant l’imminence de la guerre outre-mer, il préconisa la création de liens entre les professionnels militaires de la santé et leurs homologues des établissements d’enseignement, et encouragea les civils à s’intéresser activement aux questions militaires. Nommé président de la Canadian Defence League en janvier 1913, il travailla de concert avec le président fondateur, William Hamilton Merritt*, et informa les citoyens quant au besoin de se préparer à un conflit. Il souligna surtout l’importance de prévenir la maladie dans les rangs des soldats, cause principale des décès dans de nombreuses guerres, en mettant en œuvre des mesures d’hygiène et des programmes de vaccination.

Fotheringham montra des aptitudes au commandement. En juin 1911, on l’avait envoyé en Angleterre au couronnement de George V, en qualité de médecin militaire chargé des troupes canadiennes à pied. En février 1914, il présida l’assemblée générale annuelle de l’Association of Officers of the Medical Services, dont les membres élaborèrent un plan destiné aux citoyens dans le but de fournir une aide bénévole aux services médicaux de la milice. Cette année-là, il siégea également à un comité qui se pencha sur les maladies vénériennes et la santé publique. À son avis, il fallait donner plus de cours d’éducation sexuelle aux soldats. Le déclenchement de la Première Guerre mondiale au mois d’août suscita la transformation rapide du modeste CSAC − il ne comptait que 20 officiers, 102 membres d’autres grades et 5 infirmières − en une unité 100 fois plus importante. Âgé de 54 ans, Fotheringham s’enrôla dans l’armée active. On le promut au grade de lieutenant-colonel et le nomma directeur adjoint des services médicaux du district militaire no 2, qui desservait le centre de l’Ontario, y compris Toronto. Le 25 février 1915, on annonça que Fotheringham se rendrait outre-mer à titre de directeur adjoint des services médicaux pour la 2e division canadienne, sous le commandement de Samuel Benfield Steele*. Selon sir Andrew Macphail, auteur de l’histoire officielle du CSAC, la nomination de Fotheringham fut « bien reçue par tous les grades et le public. Il comptait de nombreuses années de service ; sa réputation universitaire était bien établie ; il jouissait d’un haut statut professionnel ; on le considérait comme un homme juste au grand cœur. » Pendant son séjour en France, où il accéda au grade de colonel, Fotheringham s’occupa des soldats évacués qui avaient été blessés en Belgique en 1916 durant les batailles à Saint-Éloi (Sint-Elooi) [V. sir David Watson*] en mars et en avril, et au mont Sorrel [V. Malcolm Smith Mercer*] en juin, et pendant des offensives dans la Somme les mois suivants. Il reçut le titre de compagnon de l’ordre de Saint-Michel et Saint-Georges, et eut droit à deux citations.

En avril 1917, de retour au dépôt du CSAC en Angleterre, le colonel Fotheringham fut rappelé à Ottawa pour réorganiser l’unité. On le nomma directeur général des services médicaux et son grade passa à major général. Macphail reconnaîtrait que Fotheringham avait apporté des changements substantiels : « En 1917, on adopta la politique d’embauche des officiers d’outre-mer pour remplacer ceux qui ne pouvaient donner qu’une partie de leur temps au service militaire. » Cette mesure garantissait que les médecins militaires professionnels connaissaient les principes et règlements militaires, et, de plus, leur fournissait une bien meilleure compréhension de leurs patients qui, à leur tour, étaient plus susceptibles de mettre en pratique les conseils des médecins. Même si Fotheringham réussit à améliorer l’administration et à raccourcir les séjours des patients à l’hôpital, il trouvait difficiles certains aspects de son poste et estimait qu’il passait beaucoup de temps à traiter des requêtes auxquelles il ne pouvait répondre, par exemple des demandes d’augmentations salariales, de promotions et de récompenses. Il retourna à Toronto en 1919 et, l’année suivante, travailla avec le major général Gilbert Lafayette Foster, directeur adjoint des services médicaux, à un plan de réorganisation du CSAC après la guerre. Le besoin de rapatrier tant de blessés au Canada et les conséquences de l’épidémie de grippe retardèrent la démobilisation. Le mécontentement grandit au sein du public et la presse publia des commentaires négatifs que Fotheringham trouva injustes. Le CSAC avait subi de nouvelles pressions quand, à la fin de 1918, on avait ordonné à des centaines de membres de son personnel d’accompagner une force d’intervention en Sibérie pendant la Révolution russe. Fotheringham éprouva également de la frustration quand il dut se battre contre une large opposition, en particulier celle des fonctionnaires de la santé, à la vaccination contre la variole. Cette lutte lui était familière : malgré la récente adhésion à la théorie germinale, il avait eu de la difficulté à faire vacciner les hommes de son bataillon contre la typhoïde au début de la guerre. En septembre 1920, après six années consécutives de service militaire, Fotheringham prit sa retraite du poste de directeur général des services médicaux, et Foster lui succéda. Moins de deux mois plus tard, Jennie tomba malade et, en janvier, mourut d’un cancer de l’estomac.

Après la guerre, Fotheringham était retourné à la médecine. Il prit la direction du service de consultations externes du St John’s Hospital de Toronto, administré par les Sisters of St John the Divine [V. Sarah Hannah Roberta Grier*], et aida ces dernières à organiser une mission médicale à l’église St John the Evangelist (église Garrison). En 1924, il devint le premier titulaire de la chaire d’histoire de la médecine à la University of Toronto. Cet établissement et la Queen’s University de Kingston lui avaient décerné des doctorats honorifiques en 1919, année où il fut nommé chirurgien honoraire auprès du gouverneur général du Canada, le duc de Devonshire [Cavendish]. Il continua d’exercer cette fonction auprès de lord Byng en 1921–1922. Deux ans plus tard, on annonça sa promotion au grade de colonel honoraire du Corps de santé royal canadien (cette nouvelle désignation datait de novembre 1919). Membre à vie et ex-président du Canadian Military Institute et de la Canadian Medical Association, il était également membre honoraire à vie de l’Academy of Medicine de Toronto, qu’il présida en 1923−1924. En 1924, en Angleterre, on le fit « chevalier de grâce » de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem.

John Taylor Fotheringham prit sa retraite du St John’s Hospital en 1930 et de sa chaire universitaire en 1931. Sa santé s’altéra pendant les dernières années de sa vie et il mourut à son domicile le 19 mai 1940, à l’âge de 79 ans. Après des funérailles militaires à l’église presbytérienne St Andrew’s, dont il avait été un membre dévoué, on l’inhuma aux côtés de sa femme au cimetière Mount Pleasant. Dans la notice nécrologique du Globe and Mail du 20 mai, le major général John Alexander Gunn* le décrivit comme « une grande personnalité et un merveilleux conférencier ». Il dit aussi : « Pendant toute sa vie, servir l’humanité et son Canada bien-aimé fut sa principale préoccupation. » Dans un hommage que publia le Journal de la Canadian Medical Association, on louangea Fotheringham comme « l’un des hommes les plus nobles, l’un des amis les plus sincères et l’un des esprits les plus fertiles du Canada ».

John MacFarlane

John Taylor Fotheringham a produit plusieurs articles et recensions de livres pour de nombreux périodiques, notamment le Journal de la Canadian Medical Assoc., le Canada Lancet, le Canadian Practitioner et le Canadian Pharmaceutical Journal, tous de Toronto. Il est l’auteur de The benefits of classical studies for the physician : part of a symposium on the Humanities and the professions (Toronto, [1900 ?]).

AO, RG 80-2-0-391, no 040197 ; RG 80-5-0-198, no 009072 ; RG 80-8-0-800, no 001427.— BAC, R2421-0-0 (John Taylor Fotheringham fonds) ; RG 150, Acc. 1992–93/166, boîte 3238-28.— Globe and Mail, 20 mai 1940.— J. G. Adami, War story of the Canadian Army Medical Corps (Londres, [1918]).— Canadian Medical Assoc., Journal, 43 (juillet–décembre 1940) : 87–88.— Canadian who’s who, 1936–1937.— Andrew Macphail, Official history of the Canadian forces in the Great War, 1914–19 : the medical services (Ottawa, 1925).— Carman Miller, A knight in politics : a biography of Sir Frederick Borden (Montréal et Kingston, Ontario, 2010).— Bill Rawling, la Mort pour ennemi : la médecine militaire canadienne, P. R. Desrosiers, trad. (Québec, 2001).— The roll of pupils of Upper Canada College, Toronto, January, 1830, to June, 1916, A. H. Young, édit. (Kingston, 1917).— Bernard Thistlethwaite, Thistlethwaite family : a study in genealogy (Londres, 1910), 158.— The war book of Upper Canada College, Toronto, A. H. Young, édit. (Toronto, 1923).

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John MacFarlane, « FOTHERINGHAM, JOHN TAYLOR », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/fotheringham_john_taylor_16F.html.

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Auteur de l'article:    John MacFarlane
Titre de l'article:    FOTHERINGHAM, JOHN TAYLOR
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2021
Année de la révision:    2021
Date de consultation:    21 nov. 2024