LEJAMTEL, FRANÇOIS, prêtre et spiritain, né le 10 novembre 1757 près de Granville, France ; décédé le 22 mai 1835 à Bécancour, Bas-Canada.
François Lejamtel fit ses études au séminaire du Saint-Esprit, à Paris, et reçut l’ordination le 14 juin 1783. En 1786 ou 1787, on l’envoya comme missionnaire aux îles Saint-Pierre et Miquelon, et il assuma la responsabilité de la paroisse de La Blouterie, dans l’île Saint-Pierre. Il refusa de prêter serment à la Constitution civile du clergé, qu’il qualifia de « loi inique », et s’enfuit aux îles de la Madeleine en août 1792 en compagnie d’un autre spiritain, Jean-Baptiste Allain*. Peu après, il se rendit à Halifax où il rencontra le supérieur des missions, le père James Jones*. Lejamtel dut prêter le serment d’allégeance à George III, comme il était prescrit aux catholiques, avant d’être nommé à Arichat, dans l’île du Cap-Breton.
Lejamtel s’installa à Arichat le 27 septembre 1792, mais il ne reçut aucune concession de terre avant 1803 et, malgré ses efforts, on prit du temps à délimiter sa paroisse. Il fut aussi ennuyé par des difficultés quand il voulut prendre possession de l’église et du presbytère. À son arrivée dans la mission, le titre de propriété de l’église était encore au nom de William Phelan, son prédécesseur, qui avait été démis de ses fonctions par Jones en avril 1792. Le lieutenant-gouverneur de l’île du Cap-Breton, William Macarmick*, témoignait de la sympathie pour Phelan et, craignant que Lejamtel n’encourage la déloyauté chez les Acadiens, il permit à Phelan de garder la clé de l’église. En novembre 1792, après que les chefs de 111 familles acadiennes eurent envoyé une pétition en faveur de Lejamtel et que celui-ci se fut rendu à Sydney présenter une attestation prouvant qu’il avait prêté le serment d’allégeance, Macarmick revint sur sa décision et autorisa le prêtre français à prendre possession de l’église. Ce fut cependant une autre histoire pour le presbytère : au milieu de l’année 1794, Lejamtel se plaignait encore de ce qu’il était occupé par des locataires de Phelan.
À cette époque, Arichat était un port de pêche et de construction navale petit mais actif, et c’était l’endroit tout désigné pour servir à Lejamtel de centre à son activité missionnaire. De là, il visitait les Indiens de l’île Chapel, les Acadiens de Chéticamp et de Magré (Margaree), sur la côte ouest de l’île du Cap-Breton, ainsi que les Irlandais catholiques de Louisbourg et de Little Bras d’Or. En 1799, il fit sa première visite à titre de missionnaire à Sydney et fut consterné de voir le peu de cas qu’on y faisait des règles de la morale chrétienne. Il y fit des tournées annuelles jusqu’en 1811 (à l’exception de 1802 et de 1805), mais ensuite ses nombreuses occupations l’obligèrent à espacer ses visites et finalement à les supprimer complètement dans toute la région. En plus de cette grande portion de l’île du Cap-Breton, Lejamtel devait s’occuper de Tracadie, en Nouvelle-Écosse, et, quand c’était possible, visiter les familles acadiennes de Tor Bay et de Molasses Harbour (Port Felix). Ces régions étaient éloignées, et les voyages étaient pratiquement limités aux mois d’été, alors que les bateaux pouvaient facilement naviguer le long du littoral rocheux.
Durant toutes les années de son apostolat, Lejamtel tint ses supérieurs au courant de ses travaux. En 1800, il adressait à Mgr Joseph-Octave Plessis, coadjuteur de l’évêque de Québec, une lettre dans laquelle il décrivait ses voyages et écrivait : « voilà le cercle toujours tournant. Aussi quand on me demande si je me porte bien ; je reponds que je n’ai pas le terris d’être malade. Cependant quand le Bon Dieu voudra, je serai bien obligé d’en prendre le terris. je me trouve quelquefois fatigué ; Mais mon delassement, c’est de partir d’un autre côté. » L’activité déployée par Lejamtel est fort impressionnante, si l’on considère l’étendue de son territoire et la difficulté des déplacements. Durant les neuf premières années de son ministère dans l’île du Cap-Breton et au cours des années 1808 à 1814, il fut le seul prêtre dans l’île, et la survie de la foi catholique dépendait en grande partie de son zèle. De son vivant, les catholiques et les protestants lui portèrent un grand respect à cause de ses connaissances et de son dévouement envers ses ouailles. Les Acadiens et les Micmacs ont de bonnes raisons de se rappeler de Lejamtel, car il mit tous ses efforts à leur apporter le réconfort spirituel dans des conditions pénibles.
La remarquable carrière de François Lejamtel comme missionnaire à Arichat prit fin à l’été de 1819, lorsqu’il partit pour Bécancour, dans le Bas-Canada, où il avait été nommé curé ; son successeur à Arichat fut l’abbé Rémi Gaulin*, futur évêque de Kingston, dans le Haut-Canada. Lejamtel prit sa retraite le 1er novembre 1833 et mourut dans sa paroisse le 22 mai 1835. Missionnaire exceptionnel de la foi catholique, Lejamtel fut le dernier survivant des spiritains à être venu en Amérique du Nord britannique à cause de la Révolution française.
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Raymond A. MacLean, « LEJAMTEL, FRANÇOIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/lejamtel_francois_6F.html.
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Auteur de l'article: | Raymond A. MacLean |
Titre de l'article: | LEJAMTEL, FRANÇOIS |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1987 |
Année de la révision: | 1987 |
Date de consultation: | 20 nov. 2024 |