Provenance : Avec la permission de Wikimedia Commons
LAWRENCE, WILLIAM DAWSON, constructeur et propriétaire de navires et homme politique, né le 16 juillet 1817 à Gilford (district de Banbridge, Irlande du Nord), fils de William Dawson Lawrence et de Mary Jane Lockhart ; en 1839, il épousa Mary Hayes, et ils eurent dix enfants ; décédé le 8 décembre 1886 à Maitland, Nouvelle-Écosse.
Les parents de William Dawson Lawrence arrivèrent en Nouvelle-Écosse alors que celui-ci était encore en bas âge et ils s’établirent à Five Mile River, comté de Hants. D’abord, sa mère s’occupa de son instruction, puis Lawrence fréquenta l’école à Five Mile River. En 1838, il se rendit à Dartmouth où il se plaça en apprentissage dans les chantiers maritimes d’Alexander Lyle et de John Chappell. Neuf ans plus tard, il traça les plans du Wanderer, trois-mâts barque de 568 tonneaux construit par Chappell pour la firme Fairbanks and Allison de Halifax et lancé en avril 1849.
Lawrence s’engagea bientôt dans le dessin, la construction et l’exploitation de ses propres navires. Il construisit son premier, le St. Lawrence, brigantin de 170 tonneaux, en 1852, à Five Mile River, en association avec son frère James. Le bateau lui appartenait en copropriété avec ses frères James et John, ainsi qu’avec Alexander MacDougall. Lawrence l’exploita jusqu’en 1855 ; cette année-là, il déménagea à Maitland, le vendit et lança l’Architect, trois-mâts barque de 348 tonneaux, suivi en 1859 d’un autre bâtiment du même type, le Persia, jaugeant 285 tonneaux, qu’il exploita jusqu’en 1865. Il construisit le Clyde, brigantin de 117 tonneaux, en 1860, vendit l’Architect en 1862, lança la même année le William G. Putnam, trois-mâts barque de 716 tonneaux, et construisit en 1863 le Mary, trois-mâts barque d’une capacité de 642 tonneaux.
Les navires au long cours de Lawrence ne servaient pas au commerce côtier mais transportaient des cargaisons mixtes dans toutes les parties du monde. Lawrence importait souvent du thé, de la farine et de la mélasse qu’il échangeait à Maitland contre des matériaux de construction de bateaux. Si, depuis le début des années 1850, Lawrence exploitait les navires qu’il construisait, il en avait toujours été copropriétaire avec d’autres marchands de Maitland. En 1867, il était prêt à s’engager dans les affaires à son propre compte. Il vendit le William G. Putnam et le Mary et, en septembre de cette année-là, lança le Pegasus, navire de 1 120 tonneaux, dont la construction avait coûté £9 640, et qui était, à l’époque, le plus gros navire construit dans la région de Maitland. Le bateau, sous le commandement du capitaine James Ellis, gendre de Lawrence, ne s’avéra pas rentable au début à cause d’une dépression économique générale mais, à la fin de 1868, le fret maritime avait augmenté et le navire servit au commerce fructueux du guano, engrais naturel qu’on trouvait en particulier dans les îles du Pacifique, au large du Pérou.
À l’automne de 1872, on entreprit la construction d’un navire encore plus gros ; Lockhart, frère de Lawrence, dirigea les travaux, et John, fils de ce dernier, aida à monter la carcasse et accomplit une grande partie du travail à l’intérieur. En août 1874, on vendit le Pegasus et, en septembre, on mit à la mer le William D. Lawrence, navire jaugeant 2 459 tonneaux. Le navire de 262 pieds de longueur, de 48 pieds de largeur, disposant d’une cale de 29 pieds de profondeur, avait entraîné des coûts de construction s’élevant à $107 452. Lawrence avait dû s’endetter pour plus de $27 000. Il détenait 60 des 64 actions du navire, et le capitaine Ellis possédait le reste. Pendant presque trois ans, Lawrence voyagea sur le navire avec Ellis et d’autres membres de sa famille et, à son retour en Nouvelle-Écosse, il publia un compte rendu décrivant les endroits intéressants qu’il avait visités et les gens qu’il avait rencontrés. Le William D. Lawrence fit de nombreux voyages rentables avant d’être vendu pour £6 500 à un groupe de Norvégiens en 1883. L’année suivante, Lawrence racontait qu’en huit ans et demi il avait liquidé sa dette de $27 000 et fait des profits de $140 848.
Avec ses 2 459 tonneaux, le William D. Lawrence constituait le plus gros navire de bois jamais construit aux Maritimes, mais dépassait en fait de peu le Morning Light, d’une capacité de 2 377 tonneaux, construit à Saint-Jean, Nouveau-Brunswick, par Richard et William Wright* en 1855. Contrairement à la croyance populaire, il n’était pas le plus gros navire gréé en carré construit en Amérique du Nord britannique. Cet honneur revenait au Baron of Renfrew, jaugeant 5 294 tonneaux, construit par Charles Wood* à Québec, en 1825.
Lawrence prit aussi une part active à la politique tout au long des années 1860. En décembre 1859, on l’avait nommé l’un des juges de paix du comté de Hants, poste qu’il conserva jusqu’à sa mort. En mai 1863, il avait été élu député de Hants à l’Assemblée provinciale où il soutint l’instruction gratuite et se montra inébranlable dans son opposition à la confédération. Réélu en tant qu’adversaire de la confédération aux élections provinciales de 1867, il se considéra trahi lorsque Joseph Howe* abandonna la cause et accepta un poste dans le cabinet fédéral au début de 1869. Aux élections de 1871, Lawrence fit encore de l’abrogation de la Confédération une des principales questions mais il fut défait par William Henry Allison. Bien qu’il conservât jusqu’à sa mort un vif intérêt pour la politique, il ne tenta jamais plus de se faire élire de nouveau.
Lawrence est représentatif de ces centaines d’habitants des Maritimes du xixe siècle qui construisirent leurs propres navires, en furent propriétaires et les exploitèrent. Bien des fortunes s’édifièrent grâce à une bonne administration et à l’acquisition judicieuse de cargaisons rentables, mais elles reposaient aussi, en grande partie, sur la chance de ne pas perdre de navires par naufrage.
William Dawson Lawrence est l’auteur d’une brochure sans titre, décrivant un long voyage, publiée à Maitland, N.-É., en 1880.
APC, RG 42, A1, 44–53, 55, 66, 80–85, 307–312, 368.— Nova Scotia Museum (Halifax), Judith Boss, « Notes on William D. Lawrence » (copie dactylographiée, 1975) ; William D. Lawrence, Letterbook and vessel’s cost accounts, 1870–1874.— PANS, Biog., William Dawson Lawrence, Docs., 1835–1908 (mfm) ; ms file, William Dawson Lawrence.— Novascotian, 12 janv. 1884, 18 déc. 1886.— Directory of N.S. MLAs.
Charles A. Armour, « LAWRENCE, WILLIAM DAWSON », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/lawrence_william_dawson_11F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/lawrence_william_dawson_11F.html |
Auteur de l'article: | Charles A. Armour |
Titre de l'article: | LAWRENCE, WILLIAM DAWSON |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1982 |
Année de la révision: | 1982 |
Date de consultation: | 21 déc. 2024 |