DCB/DBC Mobile beta
+

Dans le cadre de l’accord de financement entre le Dictionnaire biographique du Canada et le Musée canadien de l’histoire, nous vous invitons à participer à un court sondage.

Je veux participer maintenant.

Je participerai plus tard.

Je ne veux pas participer.

J’ai déjà répondu au sondage

Nouvelles du DBC/DCB

Nouvelles biographies

Biographies modifiées

Biographie du jour

ROBINSON, ELIZA ARDEN – Volume XIII (1901-1910)

décédée le 19 mars 1906 à Victoria

La Confédération

Le gouvernement responsable

Sir John Alexander Macdonald

De la colonie de la Rivière-Rouge au Manitoba (1812–1870)

Sir Wilfrid Laurier

Sir George-Étienne Cartier

Sports et sportifs

Les fenians

Les femmes dans le DBC/DCB

Les conférences de Charlottetown et de Québec en 1864

Les textes introductifs du DBC/DCB

Les Acadiens

Module éducatif

La guerre de 1812

Les premiers ministres du Canada en temps de guerre

La Première Guerre mondiale

HOWLAND, WILLIAM HOLMES, homme d’affaires, réformateur social, philanthrope et homme politique, né le 11 juin 1844 à Lambton Mills (Etobicoke, Ontario), fils aîné de William Pearce Howland* et de Mary Ann Blyth, veuve de David Webb ; le 18 octobre 1872, il épousa à Saint-Jean, Nouveau-Brunswick, Laura Edith Chipman, belle-sœur de Samuel Leonard Tilley, et ils eurent six enfants ; décédé le 12 décembre 1893 à Toronto.

William Holmes Howland fréquenta l’Upper Canada College et la Model Grammar School de Toronto, mais il interrompit ses études à l’âge de 16 ans, après que son père se fut lancé dans la politique provinciale. Élu député réformiste d’York West au scrutin de 1857–1858, William Pearce Howland allait devenir l’un des Pères de la Confédération et accéder en 1868 à la fonction de lieutenant-gouverneur de l’Ontario. William Holmes prit alors la direction de l’entreprise paternelle (commerce de grains et minoterie) et ne tarda pas à être connu dans le monde des affaires. Alors qu’il était encore relativement jeune, il fut président, vice-président ou simple administrateur de plus d’une douzaine de compagnies d’assurances et de prêts, d’électricité ou de fabrication de peinture. Son élection à la présidence de la Queen City Fire Insurance Company, en 1871, en fit le plus jeune président de société d’assurances au Canada. Le nombre de fonctions administratives qu’il remplit montre combien ses collègues hommes d’affaires lui faisaient confiance.

Howland était devenu en 1870 un adepte convaincu du protectionnisme commercial et industriel, qu’il prôna en qualité de président de trois organisations influentes : le Board of Trade de Toronto, en 1874–1875, la Chambre de commerce de la Puissance, en 1874, et la Manufacturers’ Association of Ontario, en 1877–1878. Sa position sur la question tarifaire l’amena à rompre avec le parti libéral fédéral en 1877, même si son père y avait longtemps milité et si lui-même demeurait très attaché à Edward Blake*. Dès lors, il affirma être indépendant et soutenir les conservateurs de sir John Alexander Macdonald à Ottawa, mais il continua d’appuyer le gouvernement libéral d’Oliver Mowat* dans sa province. Nationaliste aussi bien que protectionniste, il fut choisi en 1874 pour occuper la présidence d’un tout nouveau regroupement, la Canadian National Association du mouvement Canada First [V. William Alexander Foster*]. Il en finançait l’hebdomadaire, appelé Nation, qui affichait une position protectionniste. D’un point de vue émotif, l’antiaméricanisme du mouvement lui convenait sans doute. Son leadership souffrit de ce que, dans un discours inaugural, il décria aussi toutes les formes de « flagornerie » envers la Grande-Bretagne. L’accusation de déloyauté qui en résulta permit à Goldwin Smith* et à d’autres de s’emparer de la tête du mouvement.

D’un naturel amical et enthousiaste, Howland fut pris, dans les années 1870, d’une ferveur de plus en plus grande pour les questions religieuses et sociales. Né dans la foi presbytérienne, il était passé à l’anglicanisme, qu’il pratiquait non seulement en montrant une piété conventionnelle, mais en militant dans le mouvement évangélique de Toronto. Au début de 1877, il contribua à la fondation de la Protestant Episcopal Divinity School [V. James Paterson Sheraton*], qui ouvrit ses portes dans les mois suivants ; c’était la contrepartie Basse Église du Trinity College, établissement anglican lui aussi, mais ritualiste. En février et mars, le révérend William Stephen Rainsford, évangéliste d’origine irlandaise qui habitait New York, avait tenu des assemblées à la cathédrale St James de Toronto, et il revint par la suite y occuper une charge de pasteur assistant. C’est sous son ministère, axé sur la mise en pratique des enseignements du Christ, que Howland devint un ardent chrétien de tendance évangélique. Lorsque les adversaires du commerce de l’alcool tentèrent de faire adopter la prohibition locale à Toronto en 1877, il fit vœu d’abstinence totale et se lança à corps perdu dans le mouvement de tempérance.

Dans les années suivantes, Howland fit de la philanthropie évangélique la grande affaire de sa vie, à tel point que ses intérêts commerciaux en souffrirent considérablement. Fondateur en 1877 et premier président du Toronto Willard Tract Depository, société d’édition évangélique, et de l’International Christian Workers Association, il participa à la formation de la Prisoners’ Aid Association, groupe de défense des détenus et de réforme pénale, et fut surintendant de la Central Prison Mission School. Il présida la section ontarienne de la Dominion Alliance, association de tempérance, et travailla au Prison Gate Mission and Haven, refuge pour mères célibataires, à l’Andrew Mercer Reformatory, maison de correction pour femmes, au Hillcrest Convalescent Hospital et à la section torontoise de la Young Men’s Christian Association. Renommé pour ses leçons à l’école du dimanche, il prenait souvent la parole à l’église. Toutes les fins de semaine et très souvent le soir, il allait porter réconfort spirituel et temporel aux habitants du quartier St John, qui depuis des années était le foyer de la misère et du vice à Toronto. Soucieux de prévention, il fut le président fondateur en 1887 d’une école de métiers pour jeunes délinquants, la Mimico Boys’ Industrial School.

Howland prenait l’évangélisme trop à cœur pour ne pas soulever l’ire de ses coreligionnaires. En 1882–1883, il fut au centre d’un violent débat sur le ritualisme à l’église Grace, que lui-même et d’autres avaient fait construire à l’intention des pauvres du quartier St John et où il était marguillier. De toute évidence, le temple ne remplissait pas sa mission. Selon Howland et son principal allié, l’éminent avocat Samuel Hume Blake*, c’était en bonne partie la liturgie Haute Église du révérend John Pitt Lewis, le rector, qui éloignait les miséreux ; cette question souleva de vifs échanges entre les trois hommes.

En avril 1883, au terme d’une longue controverse, Howland perdit son siège de marguillier. Il s’éloigna de plus en plus de la foi anglicane et, avec Blake, Henry O’Brien, Casimir Stanislaus Gzowski et d’autres anglicans de tendance évangélique qui partageaient ses convictions, il fonda en 1884 la Toronto Mission Union. Cet organisme, urbain et non confessionnel, visait à rejoindre les pauvres au moyen de programmes d’assistance sociale, de santé, de secours et de travail missionnaire. Il prit tellement d’ampleur qu’il finit par devenir une Église. Howland unit alors ses efforts à ceux du ministre congrégationaliste John Salmon et d’un presbytérien d’origine canadienne qui vivait à New York, le révérend Albert Benjamin Simpson, en vue de constituer le premier chapitre canadien de la Christian Alliance, dont il fut le président fondateur en 1889. Par la suite, l’alliance, devint une importante Église évangélique du Canada et adopta le nom de Christian and Missionary Alliance.

Sans abandonner son œuvre évangélique et philanthropique, Howland, qui était vraiment infatigable, se tourna vers l’administration municipale. Il n’avait jamais occupé de charge, mais n’en était pas un néophyte pour autant. En raison de ses antécédents familiaux, de ses relations dans le milieu des affaires, de ses prises de position en faveur du protectionnisme et du nationalisme, il connaissait fort bien la politique torontoise et ontarienne. À l’élection de 1886 à la mairie, il se porta candidat du groupe réformiste et l’emporta sur son adversaire, le conservateur Alexander Henderson Manning*, en réussissant à éveiller la ferveur morale des électeurs contre cet homme à l’éthique douteuse, et à s’assurer l’appui du mouvement ouvrier de Toronto, organisé depuis peu [V. Daniel John O’Donoghue*]. C’était la première fois que l’on autorisait des femmes – quelque 2 000 veuves et célibataires qui remplissaient les conditions de propriété requises – à voter aux élections municipales. Fait significatif, Howland avait fait campagne en défendant un programme précis : la réforme de la vie sociale et morale de la classe ouvrière de Toronto, mais il ne put adopter qu’un petit nombre de mesures concrètes en raison des controverses qui marquèrent son premier mandat. En février 1886, les Chevaliers du travail déclenchèrent une grève contre la Massey Manufacturing Company à Toronto. Howland, qui devait sa victoire aussi bien à l’appui de Hart Almerrin Massey et à d’autres manufacturiers qu’à celui des Chevaliers du travail, fut contraint d’essayer de trouver un compromis qui ne lui aliénerait ni les uns ni les autres. Finalement, Massey capitula, les deux parties semblèrent satisfaites, et Howland conserva le soutien de Massey. Plus tard en 1886 surgit un deuxième conflit de travail, probablement le plus dur qu’ait connu Toronto au xixe siècle ; il opposait le mouvement ouvrier au sénateur tory Frank Smith*, propriétaire de la Toronto Street Railway Company. Cette société arrogante et monopolistique, réputée traiter durement ses employés, tenta de les empêcher de se syndiquer en décrétant un lock-out. Encore une fois, Howland intervint en faveur des travailleurs en publiant une lettre qui condamnait l’antisyndicalisme de la compagnie et attribuait à celle-ci la responsabilité des désordres qui avaient éclaté.

Malheureusement, pendant son premier mandat, seule une minorité de conseillers appuya les tentatives de réforme municipale de Howland. Le fait le plus notable de l’année fut la nomination, en mai, d’un nouvel inspecteur de police, David Archibald, qui apporta une dimension sociale au travail des forces de l’ordre en tentant de mettre un frein à la prostitution et de fermer les cabarets.

Le deuxième mandat de Howland s’amorça en 1887 sous le signe d’une pluralité accrue et par l’élection d’un nombre suffisant d’échevins favorables à son programme réformiste. La vieille garde avait fait front commun contre lui durant la campagne électorale, mais les ouvriers de Toronto, à cause du rôle qu’il avait joué dans les conflits de la Massey Manufacturing Company et de la Toronto Street Railway Company, de même que les partisans de la coalition pour la réforme et la tempérance, lui avaient apporté un soutien massif. Combinant son zèle pour la tempérance, l’évangélisme et la réforme municipale, Howland s’empressa de prendre une série de mesures qui visaient à mettre fin à la corruption municipale, à fermer les maisons de jeu et de prostitution, à tenir en respect les commerçants d’alcool, à améliorer les conditions sanitaires et à instaurer des campagnes pour faire cesser la profanation du dimanche. Cependant, loin d’être aussi fructueux que lui-même et ses tenants l’avaient espéré, son mandat fut une suite de revers. Après un vif débat, on adopta de justesse un règlement parrainé par son principal allié, Robert John Fleming*, par lequel on voulait réduire de près de la moitié les permis de taverne et de débits d’alcool. Non seulement Howland eut-il beaucoup de mal à maintenir l’unité parmi les échevins réformistes jusqu’à la fin de la discussion, mais une fois ce règlement adopté, il y eut peu de questions sur lesquelles ils s’entendaient, si bien qu’il était privé d’une base solide. En outre, on présenta au Parlement provincial un projet de réforme municipale, bourré de points faibles, puis on le retira à cause des intrigues tramées contre Howland par le conseiller juridique de la ville, William G. McWilliams. Pendant la visite du fougueux journaliste irlandais William O’Brien, on débattit publiquement de nationalisme irlandais, ce qui provoqua de graves affrontements entre orangistes et catholiques. Dans un rapport, le juge Joseph Easton MacDougall démontra l’existence, dans l’administration des services d’eau de la ville, d’une vaste conspiration de fraude et de vol. Dans toute cette affaire, le pire problème de Howland était peut-être de ne pas avoir les talents politiques nécessaires pour rassembler ses collègues et partisans réformistes en une coalition qui aurait poursuivi le travail de changement. Quand même, le surnom de « Toronto la pure » témoignait de l’existence des programmes réformistes qu’il avait été le premier à mettre de l’avant.

En 1888, Howland décida de ne pas solliciter un troisième mandat. Un de ses fidèles partisans, l’échevin Elias Rogers, quaker de tendance évangélique et marchand de charbon bien connu, fut celui qu’il choisit comme successeur. Cependant, à la dernière minute, on révéla son rôle prépondérant dans un monopole de fixation des prix du charbon. Comme le groupe réformiste avait fait campagne en prônant l’épuration des mœurs, il perdit la bataille au profit d’Edward Frederick Clarke.

Howland avait quitté l’administration municipale pour aider son père malade à s’occuper de ses intérêts commerciaux, mais il continua de consacrer la plus grande partie de sa fortune à une multitude de bonnes causes : lutte contre la pauvreté, tempérance, propagation de l’Évangile. Il parvint notamment, avec Samuel Hume Blake, à convaincre le gouvernement ontarien de former, en 1890, une commission royale d’enquête sur les prisons et maisons de correction, et, l’année suivante il contribua à la fondation de la Children’s Aid Society [V. John Joseph Kelso*]. Il mourut d’une pneumonie en 1893, à l’âge de 49 ans. Malgré sa célébrité, il ne laissait qu’une succession modeste, d’une valeur de 42 298 $. À l’instar de bon nombre de ses contemporains, il avait eu une vision profondément chrétienne de son milieu. Pourtant, la façon dont il associait religion, politique et affaires avait quelque chose de bien particulier. Les milieux anglicans reconnurent cette originalité dans une notice nécrologique du Canadian Churchman : « Comme la plupart des gens voudront sans doute le reconnaître, sa nature était un curieux alliage – une bonté anormale l’amenait à des extravagances apparentes ou réelles dans l’action [...] D’une générosité excessive au point d’être exceptionnelle, sa personnalité était à la fois un exemple et un avertissement. »

À la mairie, William Holmes Howland avait brisé la tradition de ploutocratie et d’esprit bourgeois qui avait caractérisé l’administration de Toronto. Il se souciait réellement des gens du commun et voulait améliorer la qualité de la vie à tous les échelons de la société. On comprend donc que cet homme d’affaires, maire, philanthrope chrétien et travailleur missionnaire ait exercé une telle influence sur l’une des plus grandes villes du Canada.

Ronald G. Sawatsky

York County Surrogate Court (Toronto), no 10144 (mfm aux AO).— Canadian Manufacturer (Toronto), 15 déc. 1893.— Canadian Churchman, 21 déc. 1893.— Empire (Toronto), 13 déc. 1893.— Evangelical Churchman (Toronto), 21 déc. 1893.— Globe, 14 déc. 1893.— Toronto Daily Mail, 13 déc. 1893.— Cyclopædia of Canadian biog. (Rose et Charlesworth), 1.— C. [C.] Berger, The sense of power ; studies in the ideas of Canadian imperialism, 1867–1914 (Toronto et Buffalo, N. Y., 1970).— C. St G. Clark, Of Toronto the Good : a social study ; the Queen City of Canada as it is (Montréal, 1898).— Andrew Jones et Leonard Rutman, In the children’s aid : J. J. Kelso and child welfare in Ontario (Toronto, 1981).— G. S. Kealey, Toronto workers respond to industrial capitalism, 1867–1892 (Toronto, 1980).— G. S. Kealey et B. D. Palmer, Dreaming of what might be : the Knights of Labor in Ontario, 1880–1900 (Cambridge, Angl., et New York, 1982).— Desmond Morton, Mayor Howland : the citizens’ candidate (Toronto, 1973).— Lindsay Reynolds, Footprints : the beginnings of the Christian & Missionary Alliance in Canada (Toronto, 1982).— V. L. Russell, Mayors of Toronto (1 vol. paru, Erin, Ontario, 1982–  ).— R. G. Sawatsky, « Looking for that blessed hope » : the roots of fundamentalism in Canada, 1878–1914 » (thèse de ph.d., Univ. of Toronto, 1985).— Desmond Morton, « Mayor Howland : the man who made Toronto good », York Pioneer (Toronto), 75 (1980), no 2 : 23–30.

Bibliographie générale

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Ronald G. Sawatsky, « HOWLAND, WILLIAM HOLMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/howland_william_holmes_12F.html.

Information à utiliser pour d'autres types de référence bibliographique


Permalien: http://www.biographi.ca/fr/bio/howland_william_holmes_12F.html
Auteur de l'article:    Ronald G. Sawatsky
Titre de l'article:    HOWLAND, WILLIAM HOLMES
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
Année de la révision:    1990
Date de consultation:    19 mars 2024