Titre original :  J.W.L. Forster. Hester How, 1913. Oil on canvas, 102 x 87 cm. Collection of the Toronto District School Board. Commissioned by the Toronto Board of Education. Photo courtesy of the Art Gallery of Ontario.

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HOW, FRANCES ESTHER (Hester), éducatrice et réformatrice sociale, née le 29 janvier 1848 en Irlande, fille de Thomas Ferguson How, comptable, et d’une prénommée Catherine J. ; décédée célibataire le 22 septembre 1915 à Toronto.

Frances Esther How immigra à Toronto en 1849 avec sa famille. En 1866, elle obtint son diplôme à la Toronto Normal School. En 1871, elle était institutrice dans une école pour filles rue Jarvis. Le 29 décembre 1874, le conseil des écoles publiques l’engagea comme suppléante et l’affecta à la York Street School. L’année suivante, Mlle How, qui vivait rue Church avec sa mère veuve, fut mutée à la George Street School ; son salaire annuel passa alors à 286,25 $. En 1881, elle enseignait la junior third-book division à la Winchester Street School et gagnait 421,84 $.

En juin 1881, l’homme d’affaires et réformateur William Holmes Howland* proposa au conseil scolaire d’ouvrir dans le quartier St John une école pour les garçons absentéistes, délinquants et sans logis. Convaincu que « le terrible élément bagarreur [... constitué] par les enfants sans instruction qui grandiss[aient] dans un mépris total de la loi et de la moralité [... devenait] un groupe des plus dangereux », il offrit de meubler une classe, d’embaucher un concierge et de fournir du combustible. L’éditeur William James Gage* donna diverses fournitures, dont des livres et de la papeterie. Le conseil, qui devait engager un instituteur qualifié et administrer l’école, accepta la proposition, mais celle-ci fut accueillie avec scepticisme dans d’autres milieux. Ainsi, le Globe déclara : « Il reste le fragile espoir que l’on trouvera un homme dont la faculté de discipliner la nature des mauvais garçons sera assez exceptionnelle pour lui permettre de vaincre une armée à lui tout seul. » James Laughlin Hughes*, inspecteur des écoles publiques, choisit plutôt Frances Esther How.

La première classe fut installée rue Elm, dans une église que Howland et d’autres avaient fait bâtir à l’intention des pauvres du quartier St John, l’église Grace. Dès le début, l’expérience fournit amplement à Hughes de quoi alimenter son inlassable campagne en faveur d’un resserrement des règlements sur la fréquentation scolaire et les métiers pratiqués dans les rues par les jeunes. En 1881, il rapporta en jubilant que Mlle How avait eu une influence immédiate sur « les garçons les plus rudes », qui n’avaient aucune habitude de l’autorité. Il souligna qu’elle les « trait[ait] aimablement », se servait rarement du fouet et avait une forte personnalité. En avril 1883, l’école de Mlle How comptait 70 élèves et se trouvait dans la rue Chestnut. À cause de l’augmentation constante du nombre d’élèves et d’instituteurs, il fallut réinstaller l’école dans l’avenue College en 1889 – Mlle How devint directrice cette année-là – puis dans la rue Elizabeth en 1892. Depuis 1890, l’école comptait aussi des classes pour les filles et les jeunes enfants ainsi qu’une classe de demi-journées pour les crieurs de journaux et les cireurs de chaussures.

Tôt dans sa carrière, Frances Esther How avait compris que la scolarité seule ne pouvait améliorer l’existence des gamins des rues. À la fin des années 1880, elle ouvrit une crèche. Par la suite, elle mit sur pied un programme de dîners gratuits, une caisse d’épargne, des camps d’été ainsi que des services sanitaires et dentaires. Avant la création d’un tribunal de la jeunesse, elle traitait avec les magistrats au nom de ses élèves les plus difficiles.

Tante Hessie, comme l’appelaient les enfants, était l’un des chefs de file du mouvement de réforme morale. De confession congrégationaliste, elle œuvra à l’Union chrétienne de tempérance des femmes (elle fut vice-présidente de l’Union centrale de 1894 à 1896), parraina des conférences sur la tempérance et ouvrit dans son école une bibliothèque d’ouvrages sur cette question. À la première réunion de l’Anti-Tobacco League, qui se tint à cette école le 31 mai 1895 sous la présidence de Hughes, 92 de ses garçons promirent de s’abstenir de tabac jusqu’à l’âge de 21 ans. Mues par un zèle évangélique, Mlle How et d’autres femmes comme elle, au sein d’organisations telles l’Union chrétienne de tempérance des femmes et la Young Women’s Christian Association, lancèrent également des programmes plus vastes d’éducation, de réforme morale et de réforme pénitentiaire, surtout à l’intention des femmes et des enfants.

Les activités de Frances Esther How et de son école du quartier St John s’inscrivaient dans un effort visant à modifier le système scolaire afin de traiter le problème des enfants pauvres et d’atténuer la menace qu’eux et leurs parents représentaient, croyait-on, pour la stabilité sociale. Au fil des années, Mlle How vit le quartier changer radicalement : des immigrants s’y installèrent, ce qui y accrut le surpeuplement et la pauvreté [V. Macarios Nasr* ; Francesco Glionna]. Enseigner l’anglais à ces nouveaux arrivants en vue de les assimiler à long terme s’ajouta aux fonctions de l’école de Mlle How. À compter du début du xxe siècle, les activités missionnaires protestantes, qui se déroulaient souvent dans des locaux voisins de l’Elizabeth Street School, s’adressèrent particulièrement aux enfants juifs.

En 1912, l’école fut installée dans un nouvel édifice et rebaptisée Hester How School. Lorsque Mlle How prit sa retraite, en septembre 1913, une cérémonie s’y tint. À cette occasion, on dévoila un portrait d’elle, peint par John Wycliffe Lowes Forster*, et Hughes, par allusion à la célèbre réformatrice sociale de Chicago, la décrivit comme la Jane Addams de Toronto. Frances Esther How mourut en 1915, après une longue maladie, et fut inhumée au cimetière St James.

Susan E. Houston

Nous adressons nos remerciements à Leigh Valliere, étudiante de troisième cycle en histoire à la York Univ., North York, Ontario, pour son aide dans les recherches pour la rédaction de la biographie.  [s. e. h.]

AN, RG 31, C1, Toronto, 1871, sous-dist. B, div. 6 : 16 ; 1901, Ward 3, div. 32 : 5 (mfm aux AO).— AO, F 885, MU 8432–8433 ; RG 22-305, no 30928.— Toronto Board of Education, Records, Arch., and Museum, Hist. Coll., Toronto Board of Education, annual reports and minutes, 1874–1890 ; Vert. files, schools, elementary, Hester How P.S.— Evening Telegram (Toronto), 23 sept. 1915.— Toronto Daily Star, 22 sept. 1915.— Centennial story : the Board of Education for the city of Toronto, 1850–1950, E. A. Hardy et H. M. Cochrane, édit. (Toronto, 1950).— School (Toronto), 4 (1915) : 301.— S. A. Speisman, The Jews of Toronto : a history to 1937 (Toronto, 1979).— Toronto Public School Board, Annual report of the inspector of public schools, 1881, app. 37.

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Susan E. Houston, « HOW, FRANCES ESTHER (Hester) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/how_frances_esther_14F.html.

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Auteur de l'article:    Susan E. Houston
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
Année de la révision:    1998
Date de consultation:    20 nov. 2024