GERMAIN, CHARLES, prêtre, jésuite et missionnaire, né au Luxembourg le 1er mai 1707, décédé à Saint-François-du-Lac (Québec), le 5 août 1779.
Entré chez les jésuites à Tournai (Belgique), le 14 septembre 1728, Charles Germain partage son temps entre l’étude et l’enseignement jusqu’en 1739, allant successivement à Tournai, à Lille et à Douai. Après son ordination, il choisit les missions de la Nouvelle-France où il arrive à l’automne de 1739. Dès 1740, il succède à Jean-Pierre Daniélou* auprès des Malécites de la rivière Saint-Jean où il restera jusqu’à la veille du traité de Paris.
En fait, son nom reste attaché à cette mission. Germain s’y distingue principalement par le rôle central qu’il joue entre le gouvernement de la Nouvelle-France et la tribu qu’il dirige. Ce rôle est complexe : à la fois correspondant des autorités de la Nouvelle-France (Hocquart, Beauharnois*, La Galissonière [Barrin*], Vaudreuil [Rigaud] loueront successivement son zèle), aumônier de garnison au fort Menagouèche (Saint-Jean, Nouveau-Brunswick), recenseur des effectifs indiens de la région qu’il dessert. aumônier militaire, agent de liaison, informateur, on le retrouve tout au long des multiples événements qui marquèrent, en Acadie, la guerre de la Succession d’Autriche et la guerre de Sept Ans.
D’autre part, les autorités ecclésiastiques le perçoivent comme un sujet d’élite puisqu’il est proposé à Rome, en 1752, pour être supérieur général de la mission de la Nouvelle-France. Mais l’abbé de l’Isle-Dieu, vicaire général de l’évêque de Québec en France, réussit a obtenir du père Charles-Michel Mésaiger*, procureur des jésuites à Paris, le maintien de Germain à Aukpaque, lieu de sa principale résidence (à sept milles environ de l’actuelle Fredericton), tant sa présence y était jugée indispensable à la politique française. L’abbé de l’Isle-Dieu était d’ailleurs conscient du rôle joué par Germain dans les affaires acadiennes, car il le considérait comme « un homme d’état ». Dans une lettre à Mgr de Pontbriand [Dubreil*], il expose les projets du missionnaire, avouant même « qu’il s’agit encore plus du bien du service que du progrès de la religion ». Ajuste titre, on associe presque toujours le nom de Charles Germain à celui de l’abbé Jean-Louis Le Loutre, pour toute la période 1744–1755.
À partir de 1755, toutefois, leurs itinéraires sont différents. Après la prise du fort Beauséjour (près de Sackville. Nouveau-Brunswick) par Robert Monckton et la déportation des Acadiens, Germain tente. avec Charles Deschamps de Boishébert, de consolider les débris de la résistance acadienne. Mais sa situation est de plus en plus difficile à mesure que la position française se gâte. On sait qu’il se rend à Québec avec ses Indiens, durant la campagne de 1759. À partir de 1760, il est le seul missionnaire. en Acadie. à espérer encore en une victoire française. Mais en 1761. résigné à la défaite. il offre ses services au gouvernement de Halifax pour la pacification des Indiens. À l’instar de l’abbé Pierre Maillard*, les autorités britanniques lui accordent, le 21 septembre 1761, une pension de £50 pour services rendus.
Toutefois, au cours d’un voyage qu’il fait à Québec, à l’automne de 1762, il semble que James Murray le retient dans cette ville, probablement parce qu’on craint toujours son influence auprès des Indiens. Ses ouailles, à qui on promettait en vain un successeur, brûlent son église en guise de protestation. Pour sa part. Germain poursuit sa carrière dans la nouvelle colonie anglaise où on le retrouve dans la region de Trois-Rivières, plus particulièrement au Cap-de-la-Madeleine et à Batiscan, entre janvier 1763 et 1767. En 1763, après que Ralph Burton* ait ordonné l’expulsion des jésuites de son gouvernement de Trois-Rivières, Germain quitte la région temporairement mais revient en décembre, peu après le remplacement de Burton par Haldimand.
Sa longue expérience auprès des Indiens justifie sans doute qu’il soit nommé, en 1767, à Saint-François-du-Lac où il dessert la paroisse et la mission. En 1779, il est mêlé indirectement aux affaires d’espionnage qui marquent, dans le sud de la paroisse, les menaces d’invasion américaine et la « trahison » de Joseph-Louis Gill, mais il réussit à s’exonérer auprès de Haldimand. À sa mort le 5 août 1779, Germain était un des derniers jésuites encore survivants en Amérique.
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Micheline D. Johnson, « GERMAIN, CHARLES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/germain_charles_4F.html.
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Auteur de l'article: | Micheline D. Johnson |
Titre de l'article: | GERMAIN, CHARLES |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1980 |
Année de la révision: | 1980 |
Date de consultation: | 2 oct. 2024 |