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FULLER, THOMAS BROCK, ministre et évêque, de l’Église d’Angleterre, né le 16 juillet 1810 à Kingston, Haut-Canada, fils du major Thomas Richard Fuller, du 41e d’infanterie, et de Mary O’Brien England, décédé le 17 décembre 1884 à Hamilton, Ontario.
Thomas Brock Fuller reçut le nom de son parrain, sir Isaac Brock*. En 1817, son père et sa mère étant décédés, il fut adopté par la sœur de sa mère, Margaret, qui épousa par la suite William Leeming, missionnaire de l’Église d’Angleterre œuvrant dans le district de Niagara. Après avoir fait des études sous la direction du révérend Thomas Creen, à Niagara, Fuller entra à la Hamilton Grammar School, puis à la Home District Grammar School d’York (Toronto) où John Strachan* était maître d’école. En 1828, il obtint de la Society for the Propagation of the Gospel in Foreign Parts une bourse d’études qui lui permit de fréquenter le séminaire de Joseph Braithwaite à Chambly, Bas-Canada, jusqu’en 1833, année où il fut ordonné diacre. Il œuvra en qualité de ministre auxiliaire à Montréal et à Lachine jusqu’en 1835. Fuller fut élevé à la prêtrise en janvier 1835, et, le 14 mai, il épousa Cynthia Street de Chippawa (maintenant partie de Niagara Falls), fille du marchand Samuel Street*. Par son caractère, elle était « la femme idéale d’un pasteur » et « lui apportait une vaste fortune ». Ils eurent six fils et trois filles.
En 1836, lors de la nomination de Fuller à titre de rector à Chatham, Haut-Canada, les perspectives financières de l’Église d’Angleterre au Canada n’étaient guère encourageantes. Les subventions accordées par la Society for the Propagation of the Gospel pour le soutien de l’Église dans les deux Canadas venaient d’être réduites et les « réserves » du clergé ne constituaient pas une source assurée de revenus pour l’avenir. Dans une brochure anonyme, Fuller avertit les fidèles : il ne fallait pas « compter sur la faveur du gouvernement, ni se reposer sur les biens déjà acquis ». Il estimait que l’Église devait s’assurer l’aide des laïques et leur accorder un certain droit de regard sur la distribution des fonds ecclésiastiques ; plus tard, il se vanta d’avoir été le premier à proposer un gouvernement synodal dans l’Église canadienne, mais John Strachan avait déjà abordé cette question en 1832.
En 1840, jugeant que le climat de Chatham était nuisible à sa santé, Fuller accepta un poste de rector à Thorold, Haut-Canada, et il fut nommé doyen rural de Niagara par Strachan en 1850. À Thorold, il joua un rôle de premier plan dans les affaires locales. Il contribua à la mise sur pied de la Niagara District Agricultural Society et fut l’un des vice-présidents de la Thorold Township Agricultural Society en 1847. En 1845, il avait préparé son Canadian agricultural reader [...]. En 1858, il devint le premier président de l’institut des artisans de Thorold.
Aux yeux de Fuller, la prédication était un aspect important de la tâche d’un ministre. En 1879, il affirmera qu’il avait noté au cours de sa vie une évolution dans la façon de prêcher : les dissertations compliquées, savantes et arides avaient cédé la place à des allocutions simples, sincères et pratiques. Il avait une voix douce et patiente, et il conseillait de ne pas faire usage d’un texte, mais de laisser plutôt parler son cœur. Cependant, il ne fait point de doute qu’il a parfois utilisé des notes, car un grand nombre des sermons qu’il prononça à partir des années 1840 furent publiés. Il y était souvent question des disputes entre les groupes religieux.
En 1836, Fuller avait déclaré que le clergé devait être formé au Canada plutôt qu’en Europe et il avait recommandé la fondation d’un séminaire au Haut-Canada. Bien qu’il n’ait pas fréquenté l’université et que, sur le tard, il se soit senti injustement critiqué pour son manque d’érudition (après 1856, il ajouta à sa signature la mention du doctorat honorifique reçu du Hobart College, à Geneva, dans l’état de New York), il ne cessa jamais de s’intéresser vivement à l’éducation. À Chatham, il voulut établir une école confessionnelle, et, à Thorold, en 1857, il fut parmi les premiers administrateurs de l’école secondaire locale. En 1867, Egerton Ryerson le nomma membre du conseil de l’Instruction publique, malgré les objections que le Globe soulevait en rappelant qu’il avait autrefois appuyé les écoles « séparées » anglicanes.
Fuller prêta également son appui au Trinity College de Toronto. En 1852, il donna à cet établissement 200 acres de terrain à Sarnia et il versa $1 000 pour sa dotation. La campagne entreprise par les méthodistes wesleyens et les membres de l’Église d’Écosse pour regrouper les collèges qu’ils avaient fondés en une seule université provinciale en vue d’obtenir une plus large part des fonds publics disponibles reçut l’appui de Fuller qui estimait que son Église devait se joindre à eux. En qualité de président du comité de l’enseignement universitaire mis sur pied par le synode, il tenta vainement, en 1862, de convaincre cette assemblée de la nécessité d’intégrer le Trinity College à l’University of Toronto, une fois que celle-ci aurait été réformée et recevrait une dotation du gouvernement. Fuller fut longtemps membre du conseil du Trinity College et il fit souvent partie des comités de cet établissement, bien qu’il se sentît, à un certain moment, « systématiquement exclus ». Lorsque le Trinity College, au début des années 1880, chercha à accroître ses dotations, Fuller refusa son concours avec irritation, mais il fit un don généreux quelques jours avant sa mort. En 1857, cette maison d’enseignement lui avait décerné un doctorat honorifique en droit.
En 1861, Fuller s’était installé à Toronto où il était devenu rector de St George the Martyr. En septembre 1866, Strachan procéda à l’élection d’un coadjuteur, et Fuller reçut des laïques et du clergé évangélique un appui suffisant pour être l’un des principaux candidats. Alexander Neil Bethune* fut élu au neuvième tour de scrutin, mais la défaite d’un candidat évangélique constitua l’un des facteurs qui menèrent à la fondation de la Church of England Evangelical Association en 1868 [V. Henry James Grasett]. Fuller en devint l’un des vice-présidents ; par la suite, toutefois, il resta à l’écart de ce genre de groupes mis sur pied en opposition aux organismes officiels de l’Église.
Avant 1868, le diocèse de Huron et Ontario avait été séparé du diocèse de Toronto, et l’on proposa une nouvelle division en 1869. Ce n’est que le 17 mars 1875, cependant, que les délégués des paroisses des comtés de Lincoln, de Welland, de Wentworth, de Haldimand, de Wellington et de Halton se réunirent à Hamilton en vue de choisir un évêque. Fuller, archidiacre de Niagara depuis 1867, l’emporta sur son plus proche concurrent, John Gamble Geddes, au premier tour de scrutin, recevant 32 des 51 votes cléricaux et 33 des 44 votes laïques. Sacré premier évêque du diocèse. de Niagara en l’église St Thomas, à Hamilton, le 1er mai 1875, il désigna comme cathédrale la Christ Church où Geddes était rector.
L’une des plus pressantes questions dont s’occupa le nouvel évêque fut la façon d’exercer le culte. Voyant avec consternation un bon nombre de changements qui survenaient dans ce domaine, il chercha à créer l’uniformité ; il mit son clergé en garde contre la prière improvisée et il dénonça les pratiques liturgiques nouvellement introduites. Lorsqu’il constata, en 1881, que quatre de ses jeunes prêtres revêtaient l’aube et la chasuble, il souligna avec force la nécessité de respecter les jugements des tribunaux britanniques à l’égard des « ornements ».
Fuller appréciait la contribution de la Society for the Propagation of the Gospel à l’Église canadienne et, lorsqu’il prit part à la seconde conférence de Lambeth en 1878, il fit une grande tournée de conférences en faveur de cette société. Néanmoins, il insistait toujours pour que les gens soutiennent leur Église et il avait donné l’exemple en payant les £2 305 de la dette de l’église St John, à Thorold, au moment de son départ, et en faisant des dons à la cathédrale de Hamilton. La fortune de sa femme lui permettait de compenser l’incapacité de ses paroissiens, ou même du nouveau diocèse, de payer des appointements convenables. La moitié environ des paroisses de son diocèse étant des paroisses de mission, Fuller fit des efforts considérables pour que ses missionnaires fussent adéquatement payés. Durant les pénibles négociations concernant la répartition des fonds entre les diocèses de Toronto et de Niagara, il veilla particulièrement à ce que ses paroisses de mission ne fussent pas défavorisées.
Quoique Fuller semble avoir été réservé et formaliste, il reçut bien des marques d’appréciation de ceux qui le connaissaient. Apparemment, il lui était difficile d’admettre des points de vue autres que les siens ; toutefois, son idéalisme et ses efforts inlassables, en dépit des infirmités dont il souffrit à la fin de sa vie, contribuèrent largement à renforcer le diocèse de Niagara et l’Église anglicane en Ontario.
Thomas Brock Fuller est l’auteur de The Canadian agricultural reader […] (Niagara, Ontario, 1845) ; « Christian unity », Canadian Methodist Magazine, 19 (janv.–juin 1884) : 50–58, 138–150, 246–256 ; Diocese of Niagara : selections from the address of the lord bishop of Niagara, delivered at the annual session of the Synod of the Diocese of Niagara, on the 31st May, 1881 [...] (Hamilton, Ontario, 1881) ; Extracts from the judgment of the Judicial Committee of the Privy Council of England, in certain ecclesiastical cases (Hamilton, 1881) ; Memoir of Mr. John Beatty [...] (Toronto, 1861) ; A nation’s mercy vouchsafed to a nation’s prayers : a sermon preached in St. George’s Church, Toronto, on Sunday, 25th February, 1872 [...] (Toronto, 1872) ; Thoughts on the present state and future prospects of the Church of England in Canada [...] ([Detroit], 1836 ; réimpr., Hamilton, 1877). On trouve d’autres références aux ouvrages de Fuller dans Biblio. of Canadiana (Staton et Tremaine).
AO, Strachan (John) papers, letterbooks.— St John’s Anglican Church (Thorold, Ontario), Fuller letters.— Trinity College Arch. (Toronto), Trinity College records, A/II/3, 12 juill. 1870 ; A/II/4, 6 août 1877, 25 juin 1879, 29 janv. 1880, 15 déc. 1881.— USPG, C/CAN/Tor, V, 45 : f.519.— Church of England, Diocese of Niagara, Synod, Journal (Hamilton), 1875–1885 ; Diocese of Toronto, Synod, Journal (Toronto), 1865–1875 ; Proc. (Toronto), 1853–1864 ; Ecclesiastical Prov. of Canada, Synod, Journal of the proc. (Montréal), 1862.— [Alexander] Dixon, Useful lives [...] a sermon [...] preached in Christ Church Cathedral, Hamilton, September 7th, 1883 [...] (Toronto, 1884).— Doc. hist. of education in U.C. (Hodgins), I : 229 ; XIV : 254 ; XVI : 61, 227s. ; XVII–XX.— Christian Guardian, 2 mars, 27 avril, 18, 25 mai, 1er juin 1842.— Church (Cobourg, Ontario, et Toronto), 29 juill. 1837, 30 mars 1839, 23 avril, 18 juin 1842.— Hamilton Spectator, 17, 18 mars, 1er, 3 mai 1875, 17 déc. 1884.— St. Catharines Journal (St Catharines, Ontario), 10 sept. 1857.— Chadwick, Ontarian families, I : 49s.— Dent, Canadian portrait gallery, IV : 125s.— J. L. H. Henderson, « John Strachan as bishop, 1839–1867 » (thèse de
Richard E. Ruggle, « FULLER, THOMAS BROCK », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/fuller_thomas_brock_11F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/fuller_thomas_brock_11F.html |
Auteur de l'article: | Richard E. Ruggle |
Titre de l'article: | FULLER, THOMAS BROCK |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1982 |
Année de la révision: | 1982 |
Date de consultation: | 21 déc. 2024 |