FRASER, PETER, homme d’affaires, juge de paix, homme politique, officier de milice et juge, né le 23 septembre 1765 à Forres, Écosse, fils de James Fraser, marchand, et de Jean Rose ; il épousa Maria Berton, fille du loyaliste américain James Berton, et ils n’eurent pas d’enfants ; décédé le 13 août 1840 à Fredericton.
Arrivé à Fredericton en 1784, Peter Fraser devint le plus important commerçant du haut de la rivière Saint-Jean et réussit à gagner la confiance des Indiens et des colons d’expression française de la région- du Madawaska. Cinquante ans plus tard, William Teel Baird* le décrivit comme « un acheteur et un exportateur de pelleteries, peut-être le principal de la province ». En 1789, Fraser acheta l’une des propriétés riveraines les plus convoitées de Fredericton et y fit construire un quai et un magasin. À titre d’importateur et de représentant, il avait l’occasion de rencontrer des loyalistes influents, dont Edward Winslow*, et il noua d’étroites relations avec la famille de ce dernier. En 1801, il avait pour associés des membres de deux autres familles bien en vue, George Ludlow et John Robinson*. Malgré la dissolution de cette association en 1806, Fraser demeura lié aux Robinson pour le reste de sa vie.
Aux élections générales de 1802, Fraser et Duncan McLeod, son voisin et compatriote écossais, se présentèrent dans la circonscription d’York contre Archibald McLean*, Stair Agnew*, John Davidson et Walter Price, qui appuyaient unanimement les politiques du lieutenant-gouverneur Thomas Carleton*. Lorsque le shérif annonça la victoire des candidats du lieutenant-gouverneur, Fraser et McLeod alléguèrent qu’il y avait eu irrégularités et demandèrent qu’on déclare l’élection invalide. Mais l’Assemblée s’y opposa après un vote serré au cours duquel le suffrage de James Fraser*, une relation d’affaires de Peter, s’avéra décisif. Ce vote eut une importance capitale pour les partisans du lieutenant-gouverneur, car il leur permit de faire élire des membres de leur propre groupe dans d’autres élections contestées et, par le fait même, de dominer les comités qui avaient la haute main sur les affaires de la chambre et ainsi mettre fin à l’influence politique de James Glenie*.
Aux élections de 1809, cependant, Fraser fut élu de même que McLeod, et le 1er mars 1810, peu après le début de la session, il demanda qu’on lui permette de préparer un projet de loi qui viserait à protéger les catholiques dans l’exercice de leur droit de vote. Sa démarche conduisit à l’adoption d’une mesure qui abolissait l’obligation, pour les électeurs à qui on le demandait, de prêter le serment d’office avant de pouvoir voter. La nouvelle loi n’exigeait à la place qu’un simple serment d’allégeance. En 1802, des colons francophones du Madawaska avaient protesté en se voyant refuser le droit de voter, et on avait considéré leurs pétitions comme un appui à Fraser et à McLeod. Fraser fut réélu député de la circonscription d’York jusqu’en 1827 ; défait cette année-là, il se retira.
Tout au long de sa carrière politique, et notamment sous le régime de George Stracey Smyth*, Fraser vota systématiquement contre les mesures qui étaient de nature à accroître les pouvoirs des fonctionnaires. Il fit de même en 1825, à l’occasion d’un projet de loi qu’appuyait fortement le lieutenant-gouverneur sir Howard Douglas* et qui avait pour objet l’affectation de fonds pour les tribunaux itinérants. En 1821, à l’occasion d’un vote très serré, il s’était joint à la majorité pour appuyer un projet de loi grâce auquel tous les ministres autorisés à prêcher auraient eu la permission de célébrer des mariages. Mais le conseil décida de rejeter ce projet de loi. Fraser était avant tout un whig britannique du xviiie siècle, un esprit indépendant, mais capable de s’adapter au système existant. En 1808, pendant que Winslow administrait la province, il accepta un poste de juge de paix et assuma durant un mandat la charge de marguillier de la paroisse anglicane de Fredericton.
Même si Fraser ne semble avoir eu aucune expérience militaire antérieure, il fut nommé en 1824 commandant, avec le grade de major, du 4th Battalion of York County militia. Cette unité nouvellement formée regroupait principalement des habitants francophones du haut de la vallée de la Saint-Jean, et sa création dans un territoire que se disputaient le Nouveau-Brunswick et le Maine avait sans doute pour but de démontrer que la majorité des colons reconnaissaient le gouvernement du Nouveau – Brunswick. Fraser connaissait bien cette région. Il y détenait un certain nombre de propriétés et, en qualité de commerçant, c’est lui qui avait approvisionné les Britanniques et les Américains employés à l’arpentage des frontières de 1817 à 1820. En mai 1828, il témoigna au procès de John Baker, accusé de sédition, de conspiration et de coalition. Cette cause fournit au gouvernement du Nouveau-Brunswick l’occasion d’affirmer son autorité dans la région du Madawaska [V. sir Howard Douglas]. Quand, en 1831, on forma un nouveau comté à partir du haut du comté d’York, Fraser conserva le commandement de son bataillon qui fut réorganisé et prit le nom de 3rd Battalion of Carleton County militia.
Fraser faisait partie de ceux qui présentèrent une pétition pour que la Bank of New Brunswick soit constituée juridiquement ; elle le fut en 1820, et il allait agir à titre de vice-président de l’établissement en 1832. Lorsque sir Howard Douglas mit sur pied la Fredericton Savings Bank en décembre 1824, Fraser en devint le vice-président ; quelques semaines plus tard, il était l’un des membres du comité chargé de chercher un emplacement pour le College of New Brunswick. Comme bien des députés de son temps, on le retrouve également inspecteur de plusieurs routes. Premier président de la St Andrew’s Society de Fredericton, il présida les joyeuses réunions de ses membres jusqu’en 1832. Il siégea également à titre de juge de la Cour inférieure des plaids communs. En 1831, l’administrateur William Black* recommanda qu’on le nomme membre du Conseil du Nouveau-Brunswick, mais le ministère des Colonies préféra désigner des hommes venant de régions de la province qui n’avaient pas encore de représentant.
Même si, au début du siècle, Peter Fraser semble avoir été considéré comme un marchand important à l’échelle provinciale et que rien n’indique qu’il ait essuyé de graves revers, son commerce et ses avoirs étaient plutôt modestes dans les années 1830, comparativement à ceux d’un certain nombre d’hommes d’affaires de Saint-Jean. Sa maison, qui subsiste encore à Fredericton, abritait à la fois son magasin et sa résidence et vers 1816, au moment où elle fut achevée, elle figurait parmi les plus imposantes propriétés privées de la capitale. « Des canots, bateaux et chalands allaient et venaient continuellement », selon un historien de l’endroit qui précise en outre que Fraser recevait beaucoup. Il possédait aussi, entre autres, une imposante ferme et plusieurs terrains dans la campagne, parmi les meilleurs de la vallée. Il mourut à la veille d’une dépression économique qui réduisit la valeur de son actif à environ £8 000. Il fallut presque trois décennies et une loi du Parlement pour que ses exécuteurs testamentaires réussissent à régler sa succession.
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D. Murray Young, « FRASER, PETER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 23 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/fraser_peter_7F.html.
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Auteur de l'article: | D. Murray Young |
Titre de l'article: | FRASER, PETER |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1988 |
Année de la révision: | 1988 |
Date de consultation: | 23 déc. 2024 |