LOLA, PETER (connu aussi sous le nom de Pierre ou Peter Laurent), chef malécite, guide et coureur à pied, né probablement vers 1815 à Médoctec (à quatre milles en aval de l’actuel Meductic, Nouveau-Brunswick) ou dans les environs de ce village ; le 31 octobre 1837, il épousa Fanny (Françoise) Joseph, et ils eurent deux fils et deux filles ; décédé après septembre 1852.

Le récit de William Odber Raymond* fit connaître, en 1890, l’histoire de la course à pied de Peter Lola contre une diligence. Cet exploit fait maintenant partie du folklore du Nouveau-Brunswick. Lola, qui se trouvait à Fredericton aux environs de 1840, voulut prendre place dans une diligence se rendant à Woodstock, ville située à une soixantaine de milles. Bien qu’il ait offert de payer son passage, on refusa de le laisser monter. Furieux, Lola jura qu’il arriverait à destination avant la voiture à chevaux. Les deux concurrents partirent en même temps vers huit heures du matin. En dépit des efforts de John Turner, le conducteur de la diligence, Lola devança celle-ci pendant tout le trajet sur les chemins raboteux du Nouveau-Brunswick. Raymond décrit ainsi la fin de la course : « Il était encore tôt dans l’après-midi quand les habitants de Woodstock furent dérangés d’une façon tout à fait inattendue. La diligence déboucha en trombe dans la ville sur les talons d’un Indien qui hurlait comme un démon et qui courait comme s’il y allait de sa vie [...] La course fut très serrée, mais l’Indien arriva le premier. »

Malheureusement, les Malécites du centre de la vallée de la rivière Saint-Jean ne gagnaient que les courses à pied. À peu près à l’époque où cette course eut lieu, les membres de la bande s’inquiétaient de plus en plus du nombre de colons venus se fixer sur l’emplacement de Médoctec, leur village d’été traditionnel. Le 15 octobre 1784, les autorités de la Nouvelle-Écosse avaient assigné ce secteur à 120 hommes de la brigade de De Lancey, dont Benjamin Peck Griffith et Robert Brown, mais ce n’est que dans les années 1840 qu’un nombre important de colons s’y établirent de façon permanente.

En 1836, lorsque Peter Fraser*, avocat de Fredericton, rédigea son testament, il y inclut une clause stipulant qu’une ferme de quelque 200 acres située à trois milles au sud de Woodstock soit transformée en réserve pour les Indiens évincés de Médoctec. Fraser croyait que la bande devait être indemnisée pour la terre dont elle avait été « injustement dépossédée ». La réserve fut finalement établie le 22 mai 1851, plus de dix ans après la mort de Fraser. Le 6 octobre, Peter Lola fut l’un des huit Malécites qui signèrent une décharge par laquelle la bande renonçait à ses droits sur Médoctec. John Dibblee, le fils aîné du révérend Frederick Dibblee*, qui, comme son père, connaissait depuis un certain temps les Indiens de la région, s’assura que Lola demeurait depuis longtemps à Médoctec et qu’il était autorisé à signer le document. Lola et sa famille faisaient partie de la vieille communauté de Médoctec qui alla s’installer dans la réserve de Woodstock ou dans l’établissement situé à l’embouchure de la rivière Meduxnakik (rivière Meduxnekeag) à Upper Woodstock.

Intrépide homme des bois et excellent guide, Lola accompagna William Teel Baird* au cours d’une excursion de chasse et de pêche en septembre 1852. On trouve dans l’autobiographie de Baird, Seventy years of New Brunswick life [...], un récit de leurs expériences empreint de nostalgie. Cet ouvrage contient une excellente narration des aventures vécues avec « la canne à pêche et le fusil » sur les lacs et les rivières du centre du Nouveau-Brunswick, sous la tutelle des guides indiens de Baird.

Même si Peter Lola ne fut pas un grand chef malécite, les faits et les légendes qui entourent sa vie permettent de décrire l’attitude de la communauté de langue anglaise du centre du Nouveau-Brunswick à l’égard des Malécites, aussi bien que la réaction de la bande à cette attitude.

Vincent O. Erickson

APC, RG31, A1, 1861, Woodstock, N.-B.— APNB, RG 2, RS7, 40 : 207.— Arch. paroissiales, St-Bruno (Van Buren, Maine), Reg. des baptêmes, mariages et sépultures, vol. 1.— St Dunstan’s Roman Catholic Church (Fredericton), Reg. of baptisms, marriages, and burials, vol. 2 : 1837, no 26 ; 1840, no 192.— Canada, Indian treaties and surrenders [...] [1680–1906] (3 vol., Ottawa, 1891–1912 ; réimpr., Toronto, 1971), 3 : 1–3.— W. T. Baird, Seventy years of New Brunswick life [...] (Saint-Jean, N.-B., 1890 ; réimpr., Fredericton, 1978).— W. O. Raymond, The River St. John : its physical features, legends and history from 1604 to 1784 (Saint-Jean, 1910 ; [2e éd.], J. C. Webster, édit., Sackville, N.-B., 1943 ; réimpr., 1950).

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Vincent O. Erickson, « LOLA, PETER (Pierre Laurent, Peter Laurent) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/lola_peter_8F.html.

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Auteur de l'article:    Vincent O. Erickson
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
Année de la révision:    1985
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