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BAIRD, WILLIAM TEEL, pharmacien, fonctionnaire, officier de milice et auteur, né vers 1819 à Fredericton, fils de John Baird* et d’Annie Diggin ; le 6 janvier 1842, il épousa à Woodstock, Nouveau-Brunswick, Sarah Ann Shea, et ils eurent six enfants ; décédé le 23 février 1897 à cet endroit.
William Teel Baird passa une partie de son enfance dans le haut de la rivière Saint-Jean, où son père, instituteur et ancien soldat, avait défriché une petite terre. En 1825, la famille retourna à Fredericton ; par la suite, Baird allait classer ce déménagement parmi les « grands événements de [sa] vie ». Voilà qu’il pouvait puiser à son gré dans une bibliothèque publique, étudier, développer ses talents. Les souvenirs de ses années à Fredericton, parus dans son autobiographie, constituent un témoignage coloré et remarquablement pénétrant sur la vie dans la capitale.
Entré à l’âge de 14 ans à la grammar school de la ville, Baird fut mis en apprentissage chez un pharmacien peu de temps après. En 1839, une fois sa formation terminée, il s’installa à Woodstock pour ouvrir son propre commerce. Là, il put exprimer ses goûts très diversifiés en les mettant au service de la collectivité. Amateur de musique et instrumentiste, il encouragea la formation de sociétés musicales, et il fonda la première bibliothèque de prêt de Woodstock en utilisant ses propres livres. Argumentateur brillant, conférencier populaire et fervent historien amateur, il fut secrétaire du Woodstock Mechanics’ Institute et exerça, entre autres fonctions municipales, celle d’administrateur d’école. Il collabora en outre à la fondation des Fils de la tempérance. Toutefois, sa grande passion était la milice.
Sans doute attiré par les activités de la garnison britannique et les rassemblements annuels des compagnies locales, Baird s’était pris d’intérêt pour la milice quand il vivait à Fredericton. En 1836, en atteignant l’âge réglementaire, il s’était enrôlé dans la compagnie de fusiliers du lst Battalion of York Militia. À Woodstock, il entra comme simple soldat dans le 1st Carleton, unité plus active que bien d’autres parce que la ville, située près de la frontière, était toujours sur le qui-vive dans l’éventualité d’un conflit. Pendant l’émeute orangiste de 1847, à titre de lieutenant dans la compagnie de fusiliers, Baird commanda la garde qui défendait la ville. Deux ans plus tard, on le promut capitaine. Pendant la période qui précéda la Confédération, sa compagnie fut la seule que le gouvernement mit en état d’alerte pour un conflit de travail ; c’était en 1862, au moment où les travailleurs du chemin de fer de Richmond prirent l’initiative de récupérer le salaire qui leur était dû.
D’ailleurs, les années 1860 marquèrent pour Baird le début d’un engagement intense dans les affaires de la milice. Lorsque se produisit l’incident du Trent, en 1861 [V. sir Charles Hastings Doyle*], il organisa une garde pour empêcher les désertions parmi les troupes britanniques qui traversaient le Nouveau-Brunswick ; pour cette raison, on le promut au grade de lieutenant-colonel le 1er janvier 1863 et, cinq mois plus tard, on le nomma sous-quartier-maître général. À titre de commandant du 1st Carleton, il travailla ferme pour revivifier son bataillon. En janvier 1865, il fit partie de la commission qui réorganisa la milice provinciale et, en juillet, il commanda un bataillon de milice de service au premier camp d’entraînement militaire tenu au Nouveau-Brunswick. À l’automne, au moment de la menace fénienne, on le plaça à la tête des compagnies de volontaires organisées par le lieutenant-gouverneur Arthur Hamilton Gordon*, les « Home Guards », pour défendre la frontière. Quand on restructura la milice en 1869, après l’avoir fait passer sous compétence fédérale à la Confédération, Baird eut la responsabilité d’organiser le Carleton Light Infantry (67th Battalion of Infantry). Sa contribution exceptionnelle à la milice lui valut cette année-là le grade d’officier payeur de district. Dix ans plus tard, il devint garde-magasin de district à Saint-Jean. Il occupa ces postes peu exigeants jusqu’au début de 1887, année où le gouvernement fédéral les confia à quelqu’un d’autre, dans l’espoir d’influer sur le cours des élections imminentes. Baird en conçut énormément d’amertume quant à l’« influence des partis politiques ».
Baird se retira à Woodstock et publia en 1890 son autobiographie, Seventy years of New Brunswick life [...], récit à la fois remarquable et très personnalisé où il parle abondamment de sa carrière et des affaires militaires. La dernière partie révèle qu’à l’instar de bien des Américains il s’inquiétait de l’anarchie et de l’agitation sociale qui se dessinaient aux États-Unis et qui, craignait-il, gagneraient le Canada. Pour contrer cette influence, il proposait de former une petite force permanente et très bien entraînée, commandée par des officiers canadiens et soutenue par une milice de volontaires bien équipée. On recruterait ces derniers parmi les gens politiquement sûrs et la « solide classe des petits propriétaires fonciers du pays », et cette milice pourrait, au moment voulu, aider les autorités civiles « à réprimer les émeutes [... et] à étouffer les premiers signes de chahut ».
L’autobiographie de William Teel Baird révèle un grand nombre des vertus publiques qui caractérisaient les hommes de son temps et de sa position : c’était un bon père de famille, doté de principes élevés, d’un solide sens du devoir et d’un fort sentiment de patriotisme. Après sa mort en 1897, le Carleton Sentinel souligna en particulier ce qu’il avait fait pour Woodstock et son « empressement à appuyer tout mouvement susceptible de favoriser [le] progrès moral ou matériel » de la ville.
L’autobiographie de William Teel Baird intitulée Seventy years of New Brunswick life : autobiographical sketches (Saint-Jean, N.-B., 1890) a été réimprimée à Fredericton en 1978.
L. P. Fisher Public Library (Woodstock, N.-B.), W. T. Baird, letter-book, 1865–1866 (mfm au Musée du N.-B.).— The New Brunswick census of 1851 : Carleton County, New Brunswick, Canada, R. F. Fellows, édit. (Fredericton, 1972).— E. T. Sturdee, Historical records of the 62nd St. John Fusiliers (Canadian militia) (Saint-Jean, 1880).— Carleton Sentinel (Woodstock), 27 févr. 1897.— The New Brunswick militia commissioned officers’ list, 1787–1867, D. R. Facey-Crowther, compil. (Fredericton, 1984).— D. R. Facey-Crowther, « The New Brunswick militia : 1784–1871 » (thèse de m.a., Univ. of N.B., Fredericton, 1965).
David R. Facey-Crowther, « BAIRD, WILLIAM TEEL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/baird_william_teel_12F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/baird_william_teel_12F.html |
Auteur de l'article: | David R. Facey-Crowther |
Titre de l'article: | BAIRD, WILLIAM TEEL |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
Année de la révision: | 1990 |
Date de consultation: | 20 nov. 2024 |