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FANNING, DAVID, homme politique et auteur, né le 25 octobre 1755 à Birch (Beech) Swamp, comté d’Amelia, Virginie, fils de David Fanning ; en avril 1782, il épousa Sarah Carr, et ils eurent trois enfants ; décédé le 14 mars 1825 à Digby, Nouvelle-Écosse.
Bien qu’il ait vu le jour en Virginie, David Fanning passa son enfance en Caroline du Nord. En juillet 1764, le jeune orphelin de huit ans fut confié à la garde de Needham Bryan (Bryant), juge de comté, qui le fit instruire. En 1773, quand il eut 18 ans et l’âge légal pour quitter son tuteur, Fanning se rendit à Raeburn’s Creek, dans la partie ouest de la Caroline du Sud, où il cultiva la terre et s’adonna au commerce avec les Indiens.
Au moment où la guerre civile et la rébellion éclatèrent dans les colonies d’Amérique, Fanning était sergent de compagnie dans la milice d’Upper Saluda, en Caroline du Sud, qui avait été mobilisée en juillet 1775 « afin de voir qui étaient les amis du roi et du gouvernement et [...] qui allaient se joindre à la rébellion ». Comme la milice de l’intérieur avait tendance à appuyer la cause du roi, le Council of Safety de Charleston envoya une mission chargée de persuader ces « loyaux Américains » de penser à la rébellion. La paix entre les factions dura un certain temps, mais elle fut rompue en novembre à la suite de l’arrestation par les rebelles d’un éminent loyaliste et de la rumeur voulant que les patriotes complotent en vue « d’amener les Indiens à l’intérieur de l’établissement où vivaient les amis du gouvernement, pour qu’ils tuent tous ceux qu’ils pourraient » , Commandée par le major Joseph Robinson*, la milice loyaliste, dont Fanning faisait partie, assiégea les rebelles à Ninety-Six et, le 22 novembre, ces derniers « furent obligés de se rendre et d’abandonner le fort et l’artillerie ». Devant cette victoire, les rebelles déclenchèrent, à partir des deux Carolines, une invasion d’envergure contre l’intérieur de la Caroline du Sud, laquelle se termina en décembre par la débandade de la faction loyaliste à Big Cane Brake. Ayant échappé de peu à la capture, Fanning s’enfuit chez les Cherokees.
Fanning se trouvait alors étroitement lié à la cause du roi. Apparemment, les motifs de son engagement étaient qu’un groupe de rebelles avaient pillé ses articles de traite et que des patriotes avaient manqué à leur promesse solennelle de ne pas malmener les loyalistes. Ses sympathies étant bien connues, il fut emprisonné parles rebelles en janvier 1776. C’était la première des 14 incarcérations ou captures qu’il allait subir au cours des trois années suivantes. On le relâcha à l’occasion, mais il réussit aussi à plusieurs reprises d’audacieuses évasions. Cependant, les mauvais traitements dont il fut l’objet en prison et les longs mois qu’il vécut comme fugitif laissèrent des traces. Au début de 1779, sa situation était si misérable qu’il se décrivait comme « un maigrichon n’ayant que la peau et les os » , Il ajoutait même que « [ses] blessures n’avaient jamais été pansées et [ses] vêtements [étaient] tout souillés de sang ». Il rencontra un jour une jeune fille qu’il connaissait et, celle-ci, horrifiée, se sauva en disant qu’il était mort et qu’il s’agissait d’un fantôme qui, pourtant, empestait. Épuisé, découragé et désespérément malade, Fanning traita avec les rebelles et obtint un pardon conditionnel. Il retourna donc chez lui et consentit en principe à rester neutre et à guider les troupes rebelles dans les bois.
L’expédition des forces royales en Caroline du Sud en 1780 et la prise de Charleston le 12 mai de cette année-là ravivèrent les espoirs des « loyaux Américains » dans la province. Bon nombre d’entre eux, dont Fanning, s’organisèrent en « groupe de combat » et apportèrent leur appui aux troupes régulières et provinciales pendant les quelques mois qui suivirent. Durant cette campagne, les colons américains se livrèrent une lutte de plus en plus violente. Cependant, à la fin d’octobre, les loyalistes avaient perdu l’initiative et Fanning se rendit en Caroline du Nord. Il s’occupa alors de recruter des partisans en prévision d’un mouvement de lord Cornwallis vers le nord.
En février 1781, Cornwallis hissa la bannière royale à Hillsborough, en Caroline du Nord, et demanda l’appui de la population locale. En janvier, il avait informé Fanning, alors populaire et influent, qu’il ne pourrait lui confier un commandement compatible avec sa condition, mais le zélé partisan loyaliste continua à recruter des hommes pour la cause du roi. Toutefois, les 500 recrues, à l’exception d’une cinquantaine, furent renvoyés dans leur foyer en raison d’un manque presque absolu d’armes et de provisions. Le 5 juillet, le major James Henry Craig* nomma Fanning colonel de la milice des comtés de Chatham et de Randolph, en Caroline du Nord. Pendant plusieurs mois, le colonel Fanning fit des raids « à l’intérieur de la Caroline du Nord », la guerre civile ayant continué sans répit après le départ de Cornwallis pour la Virginie au mois de mai. À Hillsborough, par exemple, Fanning prit la tête de 1 220 miliciens loyalistes et lança une véritable attaque surprise le 12 septembre ; il captura le gouverneur rebelle de la Caroline du Nord et fit plus de 200 prisonniers.
Fanning continua à combattre longtemps après la reddition de Cornwallis à Yorktown en octobre 1781. Cependant, au printemps de 1782, il avait finalement décidé « de s’installer, étant las de la vie désagréable qu[‘il men[ait] depuis trop longtemps » , Sa première démarche fut d’épouser Sarah Carr, une jeune fille de 16 ans qui habitait Deep River, en Caroline du Nord. En juin, Fanning et sa femme arrivèrent à Charleston, qui regorgeait de réfugiés loyalistes ; en novembre, un mois avant que les Britanniques n’évacuent la ville, ils se rendirent avec d’autres réfugiés loyalistes à St Augustine, en Floride-Orientale. Toutefois, étant donné qu’aux termes des traités de Versailles les Florides furent remises à l’Espagne, Fanning dut encore chercher une autre retraite. Après une vaine tentative pour atteindre le Mississippi, il se rendit à Nassau, puis au Nouveau-Brunswick, où il arriva le 23 septembre 1784.
En 1787, Fanning possédait déjà une propriété dans le comté de Kings. Il y demeura jusqu’à ce qu’il déménage peu après 1790 pour s’établir à Kembles Manor, dans le comté de Queens. II exploita une ferme et un moulin à farine et construisit une scierie. Au cours de ces années, il s’efforça d’obtenir une compensation pour les services qu’il avait rendus pendant la rébellion. Comme dans le cas de la plupart des loyalistes, la demande d’indemnité de £1 625 10s qu’il présenta à la commission chargée d’examiner les réclamations des loyalistes était probablement exagérée. Toutefois, la somme de £60 que lui accordèrent les commissaires semble ridiculement basse pour un homme dont le soutien à la cause britannique avait été, selon leur propre aveu, « considérable et exemplaire ». Fanning revendiqua une indemnité additionnelle, et c’est pour appuyer sa demande qu’il écrivit Narrative [...]. Cet ouvrage, terminé en 1790, raconte en détail les « événements étonnants » relatifs à ses propres exploits durant la guerre civile et les années de rébellion. Après 1800, il obtint finalement une rente de £91 55s pour ses états de service.
De 1791 à janvier 1801, Fanning représenta la circonscription électorale de Kings à la chambre d’Assemblée. Sa carrière politique fut modeste et sans éclat ; il fut nommé président du comité plénier en 1793, présenta l’année suivante un projet de loi portant sur les marques d’identification des animaux et fit partie d’un comité spécial chargé d’étudier un projet de loi qu’il avait lui-même présenté en 1798 et qui prévoyait l’enregistrement des naissances, des mariages et des décès survenus dans la province. Jusqu’en 1795, Fanning appuya l’Assemblée sur de nombreuses questions, dont celle du Declaratory Bill de James Glenie*, qui mirent le désaccord entre les élus du peuple et le Conseil exécutif. Toutefois, ses ambitions politiques l’amenèrent plus tard à appuyer le gouvernement.
Malheureusement, Fanning fut le premier député à se faire expulser de l’Assemblée du Nouveau-Brunswick pour avoir été condamné comme criminel. En juillet 1800, il fut accusé de tentative de viol contre Sarah London, une jeune fille « corpulente agée de 15 ans », que l’on a décrite comme « une personne au langage osé, mais inattaquable sur le plan de la chasteté » , Dans une déposition faite en présence du juge de paix John Golding, Sarah déclara qu’elle s’était rendue chez Fanning, qu’elle avait trouvé ce dernier seul à la maison et qu’elle avait refusé d’entrer. Alors, poursuivait-elle, il « l’entraîna dans sa maison et [...] fit tous les efforts possibles pour avoir des relations sexuelles avec elle ». Deux jours plus tard, elle changea sa version et l’accusation de tentative de viol devint une accusation de viol. Jugé en octobre devant une cour d’audition et de jugement de causes criminelles, Fanning fut trouvé coupable et condamné à mort par le juge en chef George Duncan Ludlow*, malgré des témoignages peu concluants et contradictoires. Fanning eut le sentiment que le jury avait fait preuve de partialité contre lui, en raison de sa personnalité, de sa conduite pendant la guerre, qu’un bon nombre avait qualifiée de brutale et de cruelle, et de ses ambitions politiques (il s’efforçait de supplanter Golding au poste de juge de paix). L’opinion de Fanning était largement partagée par ses avocats, Thomas Wetmore et Charles Jeffery Peters*. Selon eux, les causes de la partialité du jury étaient « l’imprudente publication [par Fanning] des affaires auxquelles il avait été mêlé durant la guerre américaine [...] sa conduite souvent téméraire pendant son séjour dans la province et [...] un fâcheux tempérament violent qui lui avait valu de nombreux ennemis enchantés de saisir toutes les occasions de le montrer sous son jour le plus défavorable » , Protestant de son innocence et alléguant le parti pris du jury, Fanning sollicita la clémence du lieutenant-gouverneur Thomas Carleton*. Celui-ci lui accorda son pardon, mais Fanning fut exilé pour toujours de la province.
À l’exception d’un bref séjour à Annapolis Royal, David Fanning passa le reste de sa vie dans la région de Digby où il construisit éventuellement une maison confortable et où il s’adonna à la culture, à la pêche et à la construction de navires. Toutes ses lettres et pétitions à Thomas Carleton, à Jonathan Odell*, le secrétaire de la province, et à d’autres fonctionnaires, dans lesquelles il demandait l’autorisation de revenir au Nouveau-Brunswick afin de mettre ordre à ses affaires, n’aboutirent à rien. Il mourut à Digby le 14 mars 1825. Fort, nerveux et affligé pendant un certain temps de la teigne faveuse ou tonsurante, Fanning était obstinément déterminé. Comme chef militaire loyaliste, il montra beaucoup de zèle et fut souvent d’une brillante efficacité. Ce n’était ni un homme doux, ni ce genre de loyaliste philosophe qui suintait le raffinement et le contentement, et qui vécut la période de guerre dans un confort relatif à New York, à Charleston ou en Angleterre. Fanning combattit avec ténacité, avec acharnement et parfois avec cruauté ses anciens amis et voisins, et ses succès le rendirent impopulaire auprès des « nababs » , ces loyalistes privilégiés du Nouveau-Brunswick. En dépit de sa fermeté inflexible et souvent brutale, on peut lire sur sa pierre tombale au cimetière Trinity, à Digby, l’inscription suivante : « Humain, affable, doux et bon / Une âme simple, honnête, franche et juste ».
Le manuscrit original du récit de David Fanning est perdu. Une copie incomplète mais fidèle, semble-t-il, a été faite vers 1890. Elle se trouve parmi les papiers Fanning conservés au Musée du N.-B. et elle a servi à la préparation de la plus récente édition de ce récit intitulée, The narrative of Col. David Fanning, L. S. Butler, édit. (Davidson, N.C., et Charleston, S.C., [1981]). Dans l’introduction, on trouve l’historique de la publication du récit, mais mentionnons tout de même la première édition intitulée, The narrative of Colonel David Fanning, (a tory in the revolutionary war with Great Britain ;) giving an account of his adventures in North Carolina, from 1775 to 1783 [...], introd. de J. H. Wheeler, T. H. Wynne, édit. (Richmond, Va., 1861), qui s’avère être une version plutôt indigeste, et une édition canadienne subséquente, Col. David Fanning’s narrative [...], A. W. Savary, édit. (Toronto, 1908), qui est également une version pénible mais néanmoins valable parce qu’elle est la seule à contenir la fin du récit de Fanning.
APNB, RG 2, RS8, crime, 3 /1, David Fanning case, 1800–1802.— Arch. privées, Harold Denton (Digby, N.-É.), Family Bible.— PRO, AO 13, bundles 137–138 ; PRO 30 /11 /84: 31–32.— Trinity Church Cemetery (Digby), Tombstone inscription.— Loyalists in East Florida, 1774 to 1775 ; the most important documents pertaining thereto, W. H. Siebert, édit. (2 vol., De Land, Fla., 1929 ; réimpr., introd. de G. A. Billias, Boston, 1972).— N.-B., House of Assembly, Journal, 1791–1801.— « United Empire Loyalists : enquiry into losses and services », AO Report, 1904.— R. C. DeMond, The loyalists in North Carolina during the American revolution (Durham, N.C., 1940).— [G.] C. Watterson Troxler, « The migration of Carolina and Georgia loyalists to Nova Scotia and New Brunswick » (thèse de ph.d., Univ. of N.C., Chapel Hill, 1974).— J. L. Wright, British St. Augustine (St Augustine, Fla., 1975).— G. D. Olson, « Loyalists and the American revolution : Thomas Brown and the South Carolina back-country, 1775–1776 », S.C. Hist. Magazine (Charleston), 68 (1967) : 201–219 ; 69 (1968) : 44–56.— [G.] C. Watterson Troxler, « To git out of a troublesome neighborhood » : David Fanning in New Brunswick », N.C. Hist. Rev. (Raleigh), 56 (1979) : 343–365.
Robert S. Allen, « FANNING, DAVID », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 29 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/fanning_david_6F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/fanning_david_6F.html |
Auteur de l'article: | Robert S. Allen |
Titre de l'article: | FANNING, DAVID |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1987 |
Année de la révision: | 1987 |
Date de consultation: | 29 déc. 2024 |