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Avec l’aimable autorisation de James De Witt.

Provenance : Lien

DE WITT, JACOB, homme d’affaires, homme politique et juge de paix, né le 17 septembre 1785 à Windham, Connecticut, fils de Henry De Witt, marchand chapelier, et de Hannah Dean ; le 12 janvier 1816, il épousa dans le canton de Dunham, Bas-Canada, Sophronia Frary, de Montréal, et ils eurent au moins quatre enfants, dont un vivait en Iowa à la mort de son père ; décédé le 23 mars 1859 à Montréal.

Les origines de la famille De Witt remontent à la période de la colonisation hollandaise où l’ancêtre, Tjerck Claessen De Witt, serait venu s’établir à La Nouvelle-Amsterdam (New York) vers 1650. On ne sait en quelle année exactement cette famille quitta les États-Unis pour venir se fixer au Bas-Canada. Mais d’après Louis Richard, qui a écrit une biographie particulièrement bien documentée sur Jacob De Witt, la famille de ce dernier se serait installée à Montréal vers 1802.

On sait peu de chose de la formation de De Witt. Dès 1802, à peine âgé de 17 ans, il fait sans doute son apprentissage dans le commerce de chapellerie de son père à Montréal, en compagnie de son frère aîné Jabez. Toutefois, c’est dans le commerce de la quincaillerie que De Witt se lance, profitant, semble-t-il, de la guerre de 1812 pour réaliser des gains importants. En 1814, il s’associe au quincaillier George Busby Willard, mais les deux hommes d’affaires rompent leur association au bout de trois ans. En 1819, l’annuaire Doige le décrit comme quincaillier exerçant son commerce rue Saint-Paul et résidant dans la ruelle des Fortifications. De Witt sera longtemps identifié au secteur du commerce de la quincaillerie. Plus tard, il s’adjoint son neveu, Benjamin Brewster, qui prendra sa relève.

Tout en s’occupant de son commerce, De Witt commence à diversifier son activité. Il s’intéresse très tôt à la navigation en amont de Montréal, pour des raisons qui ne sont sans doute pas étrangères à ses affaires. En 1816, il achète un navire à vapeur de 50 tonneaux, le Montreal, qui navigue entre Lachine, Châteauguay et Annstown (Beauharnois). Quatre ans plus tard, il investit dans le navire à vapeur Car of Commerce. Il figure en 1825 parmi la cinquantaine de grands propriétaires fonciers de Montréal et, vers 1829, il achète une scierie et une terre de 130 acres dans le canton de Godmanchester, situé dans le comté de Beauharnois. En 1833, il se porte également acquéreur du navire à vapeur Chateauguay, faisant la navette entre Lachine et la paroisse Saint-Joachim, à Châteauguay. Vers le milieu des années 1830, la fortune de De Witt paraît donc bien assise et variée.

L’un des fondateurs de la Banque du Canada en 1822, De Witt prend part en 1833 avec Thomas Storrow Brown* aux démarches visant à obtenir l’établissement de la Banque de la cité à Montréal. Deux ans plus tard, il se joint à Louis-Michel Viger pour former la société Viger, De Witt et Compagnie, connue aussi sous le nom de Banque du peuple. Cette nouvelle banque répond aux vœux des milieux réformistes de mettre un terme au monopole que la Banque de Montréal exerce sur le crédit dans le Bas-Canada et de créer un établissement plus ouvert et plus attentif aux besoins économiques de la petite bourgeoisie de la colonie. La décision de De Witt de se lancer dans une telle entreprise s’explique aisément. Il siège comme député à la chambre d’Assemblée du Bas-Canada depuis 1830 et sa sympathie pour la lutte que les députés canadiens-français mènent contre le gouverneur et les conseils exécutif et législatif le fait pencher du côté du parti patriote. Ses origines américaines, une certaine insatisfaction vis-à-vis de la politique générale de la grande bourgeoisie britannique de Montréal ainsi que des rivalités commerciales sont autant d’éléments qui peuvent avoir joué un rôle déterminant dans sa démarche. Il apparaît aux yeux du principal promoteur du projet, Viger, comme l’homme tout désigné pour aider à mettre sur pied et à diriger cette entreprise. Homme d’affaires expérimenté, disposant d’une fortune solide, jouissant de l’estime des milieux d’affaires, ayant de bonnes relations et un bon crédit, c’est sur lui que repose en partie la réussite du projet. Sa prudence sera d’ailleurs nécessaire pour éviter à la banque de sombrer lors des événements de 1837-1838, car dans certains milieux on voyait cet établissement comme un organisme destiné à subventionner la rébellion. Mais en dépit de la conjoncture difficile, la banque prospère et, en 1843, Viger et De Witt décident de demander pour leur établissement une charte, qui est accordée l’année suivante. Associé principal et important souscripteur du capital initial de la banque, De Witt en devient le vice-président en 1845 et accède à la présidence dix ans plus tard, à la mort de Viger ; il conservera ce poste jusqu’à ce qu’il meure.

La carrière politique de De Witt est assez longue. De 1830 à 1838, il représente la circonscription de Beauharnois à la chambre d’Assemblée du Bas-Canada. Battu aux élections de 1841, il se fait élire sans opposition en 1842 dans la circonscription de Leinster qu’il représente à l’Assemblée législative de la province du Canada jusqu’en 1847. L’année suivante, il reprend son siège de Beauharnois et le conserve jusqu’en 1851. Puis il revient à l’Assemblée législative de 1854 à 1857 comme député de la circonscription de Châteauguay. Enraciné à l’origine dans Beauharnois, sans doute grâce à sa présence dans la région, il cherche à conserver sa circonscription malgré les vicissitudes des luttes politiques de l’époque.

Identifié au parti de Louis-Joseph Papineau*, De Witt ne suivra cependant pas ce dernier lors des soulèvements de 1837-1838. Manifestement mû par un libéralisme bon teint, il est tout disposé à collaborer à toute entreprise réformiste, mais, homme d’affaires prudent, il se refuse à toute aventure. Après la rébellion, De Witt figure parmi les réformistes modérés et il est associé au groupe de Louis-Hippolyte La Fontaine*. D’après le journal le Pays, ce n’est pas un homme politique flamboyant : « Il n’était ni tribun passionné, ni publiciste éminent, ni jurisconsulte profond. » Il reste qu’il a su s’occuper de certains dossiers, comme la question du droit pour les églises protestantes non conformistes de tenir registre ou la question seigneuriale. En 1853, il joue un rôle actif dans l’organisation de la Convention pour l’abolition des droits seigneuriaux dont il assume la présidence. Ses intérêts d’homme d’affaires ne sont jamais loin non plus de ses options politiques. En 1849, il occupe le poste de vice-président de l’Association for the Encouragement of Home Manufactures. La même année, il signe le Manifeste annexionniste, se solidarisant ainsi avec les milieux d’affaires de Montréal. D’autre part, il préconise en 1849 et 1850 des mesures protectionnistes pour stimuler les manufactures locales. Il s’intéressera d’ailleurs à la question tarifaire jusqu’à la fin de sa vie.

De Witt s’est aussi mêlé de politique municipale. En 1836, à l’expiration de la charte de la ville de Montréal, il est nommé juge de la Cour des sessions spéciales de la paix, chargée alors d’administrer cette municipalité. Il remplit cette fonction pendant quatre ans. Puis il essaie, mais sans succès, de se faire élire conseiller du quartier Queen en 1842 et du quartier Sainte-Anne en 1851.

Les affaires de la Banque du peuple ainsi que la vie politique accaparent De Witt et il se désintéresse graduellement de son commerce de quincaillerie dont il cède la gestion à Brewster. Cela n’empêche pas De Witt de participer vers 1846 avec John Young* et Ira Gould à l’opération de rentabilisation de la force hydraulique créée par le nouvel aménagement du canal de Lachine. En 1852, De Witt prend aussi part à la mise sur pied de la Compagnie du chemin de fer de Montréal et Bytown. Ainsi il compte parmi ceux qui ont participé à l’essor industriel de Montréal au milieu du xixe siècle.

Presbytérien convaincu, De Witt appartient à l’église St Peter Street. Il fait partie du groupe de fidèles d’origine américaine qui refuse en 1822 la nomination du pasteur écossais John Burns [V. Robert Easton*] et forme l’église American Presbyterian entre 1822 et 1824. Cette dernière année, il devient membre presque attitré du comité chargé des affaires temporelles de cette communauté, puis est ordonné conseiller presbytéral en 1830. Sa participation active lui vaut d’être considéré comme le « patriarche de la congrégation ». Il s’occupe aussi de la Montreal Auxiliary Bible Society ainsi que de la Société de tempérance de Montréal. Parallèlement à cette activité, il siège à des conseils d’administration d’associations de bienfaisance, telles que le Montreal General Hospital, la Maison d’industrie à Montréal et l’Immigration Committee of Montreal. On n’hésite pas à faire appel à lui pour les bonnes causes. C’est ainsi qu’il devient l’un des fondateurs et l’un des administrateurs de la Banque d’épargne de la cité et du district de Montréal en 1846.

La carrière d’homme d’affaires de Jacob De Witt illustre bien le développement de l’économie de la ville de Montréal dans la première moitié du xixe siècle. Fils d’un artisan qui était également marchand, il se lance dans le commerce de la quincaillerie, ses affaires bénéficiant de l’ouverture du Haut-Canada au peuplement, puis il diversifie son activité du côté des entreprises de transport et de bois ainsi que de la propriété foncière, et enfin, à partir du milieu des années 1830, il s’intéresse de plus en plus au secteur des banques. Il est sans doute révélateur que dans son acte de sépulture on lui ait donné le titre de « banquier ». À l’instar de beaucoup de bourgeois de son époque, De Witt est complètement intégré à la vie de la société. Sa participation à la vie politique et aux affaires religieuses, marquée au coin du libéralisme, en est la manifestation principale qui eut pour prolongement le rôle que De Witt joua dans les associations de bienfaisance.

Jean-Claude Robert

ANQ-E, CE2-38, 12 janv. 1816.— ANQ-M, CE1-115, 25 mars 1859 ; CE1-126, 19 mars 1827, 8 févr. 1828 ; CN1-134, 23 juill. 1816, 8 juill. 1831, 10 mai 1833 ; CN1-187, 3 août 1820 ; CN1-213, 4 avril 1859.— APC, MG 24, B2 ; K2, 13 : 190-192 ; L3 ; MG 30, D1, 11 : 34-46.— Arch. de la ville de Montréal, Documentation, Biog. des personnages, Jacob De Witt.— ASQ, Fonds Viger-Verreau, Carton 46, n° 9.— BNQ, Dép. des mss, mss-101, Coll. La Fontaine (copies aux APC).— Musée McCord, Jacob De Witt papers, lettre de Jacob De Witt à Thomas Lyon, 3 nov. 1817.— « The annexation movement, 1849-50 », A. G. Penny, édit., CHR, 5 (1924) : 236-261.— B.-C., Statuts, 1821-1822, chap. 27 ; 1832-1833, chap. 32.— Canada, prov. du, Statuts, 1843 ; chap. 66 ; 1852-1853, chap. 103.— Le Courrier du Canada, 28 mars 1859.— Montreal Gazette, 9 févr. 1849, 13 sept. 1853.— Montreal Herald, 24 déc. 1840.— Le Pays, 31 mars, 2, 5 avril 1859.— Pilot (Montréal), 6 mars 1851, 8 juin 1852, 19 févr., 18 juill. 1853.— F.-J. Audet, « les Législateurs du B.-C. ».— Desjardins, Guide parl.Montreal almanack, 1830.— Montreal directory, 1819.— Terrill, Chronology of Montreal.— J.-P. Bernard, les Rouges : libéralisme, nationalisme et anticléricalisme au milieu du XIXe siècle (Montréal, 1971).— Campbell, Hist. of Scotch Presbyterian Church, 254-255.— R. S. Greenfield, « la Banque du peuple, 1835-1871, and its failure, 1895 » (thèse de m.a., McGill Univ., Montréal, 1968), 9, 38-39.— Hist. de Montréal depuis son origine jusqu’à nos jours (Lamothe et al.), 202.— E. A. [Kerr] McDougall, « The American element in the early Presbyterian Church in Montreal (1786-1824) » (thèse de m.a., McGill Univ., Montréal, 1965).— D. C. Knowles, « The American Presbyterian Church of Montreal, 1822-1866 » (thèse de m.a., McGill Univ., 1957), 10-22, 231.-G. R. Lighthall, A short history of the American Presbyterian Church of Montreal, 1823-1923 (Montréal, 1923), 4, 32, 36, 38.— H. E. MacDermot, A history of the Montreal General Hospital (Montréal, 1950), 4.— Monet, la Première Révolution tranquille.— Ouellet, Bas-Canada, 364 ; Histoire économique et sociale du Québec, 1760-1850 : structures et conjoncture (Montréal et Paris, [1966]).— Robert Rumilly, Histoire de Montréal (5 vol., Montréal, 1970-1974), 2 : 204.— S. B. Ryerson, le Capitalisme et la Confédération : aux sources du conflit Canada-Québec (1760-1873), André d’Allemagne, trad. (Montréal, 1972), 221.— T. T. Smyth, The first hundred years : history of the Montreal City and District and Savings Bank, 1846-1946 (Montréal, [1946]), 14, 161, 163.— Tulchinsky, River barons, 230, 276.— P.-A. Linteau et J.-C. Robert, « Propriété foncière et Société à Montréal : une hypothèse », RHAF, 28 (1974-1975) : 45-65.— Louis Richard, « Jacob De Witt (1785-1859) », RHAF, 3 (1949-1950) :537-555.

Bibliographie générale

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Jean-Claude Robert, « DE WITT, JACOB », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 18 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/de_witt_jacob_8F.html.

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Auteur de l'article:    Jean-Claude Robert
Titre de l'article:    DE WITT, JACOB
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
Année de la révision:    1985
Date de consultation:    18 mars 2024