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CHISHOLM, WILLIAM, officier de milice, fermier, homme politique, fonctionnaire, juge de paix et homme d’affaires, né le 15 octobre 1788 à Jordan Bay, Nouvelle-Écosse, fils de George Chisholm et de Barbara McKenzie ; le 23 mai 1812, il épousa Rebecca Silverthorn, et ils eurent quatre filles et sept fils ; décédé le 4 mai 1842 à Oakville, Haut-Canada.
Originaire des Highlands d’Écosse, le père de William Chisholm venait à peine de s’établir dans le comté new-yorkais de Tryon lorsque la Révolution américaine éclata. Loyaliste, il se joignit à une organisation de réfugiés, les Port Roseway Associates [V. Gideon White*], passa quelques années en Nouvelle-Écosse, avec sa famille de plus en plus nombreuse, puis gagna en 1793 le Haut-Canada, où son frère John s’était installé. Il se fixa finalement dans la région de la baie de Burlington (port de Hamilton), où William et ses frères grandirent.
En août 1812, moins de trois mois après son mariage, William participa à la prise de Detroit ; il était alors enseigne dans le 2nd York militia. En octobre, il combattit à Queenston Heights et, deux mois après, fut promu lieutenant dans son unité. Devenu capitaine dans le 2nd Regiment of Gore militia peu après la guerre, il obtint le grade de lieutenant-colonel en 1824 et de colonel en 1831.
Installé en 1816 dans une ferme du canton de Nelson, Chisholm participa l’année suivante à la formulation des réponses de sa région au questionnaire de Robert Gourlay* sur la situation du Haut-Canada. Tant dans son district qu’à l’Upper Canadian Convention of Friends to Enquiry, réunie à York (Toronto) l’été suivant, il soutint Gourlay avec constance. Élu en 1820 député de Halton, il vota en chambre pour l’abrogation du Sedition Act et contre l’expulsion de Barnabas Bidwell*. Il ne se présenta pas aux élections de 1824, mais appuya les candidats réformistes John Rolph* et John Matthews* dans Middlesex. En même temps, il devint représentant du Colonial Advocate de William Lyon Mackenzie*.
Au début de 1826, Chisholm prit un tournant qui allait faire de lui, comme le dirait plus tard Mackenzie, « un traître à la cause de Gourlay et un réformiste réformé ». En janvier, il reprochait encore au lieutenant-gouverneur sir Peregrine Maitland* de refuser aux participants du congrès tenu en 1818 par Gourlay les terres qu’avait promises le prince régent en récompense de leur service militaire. « Si nous avons mal agi, s’exclama-t-il dans une lettre à Mackenzie, qu’on nous traîne en justice et qu’on nous punisse. » Puis à la fin de mai, il prévint froidement le rédacteur en chef du Colonial Advocate de trouver un autre représentant et d’annuler son abonnement. Même s’il ne fut pas candidat aux élections de 1828, Mackenzie l’inscrivit sur sa « liste noire » de législateurs. Pendant la rébellion de 1837–1838, il commanda le flanc gauche de la troupe d’Ahan Napier MacNab* au moment de l’avance sur les rebelles de Mackenzie, rassemblés à la taverne Montgomery.
Peut-être le changement de cap de Chisholm s’explique-t-il en partie par le fait qu’il avait commencé à recevoir des faveurs. Promu lieutenant-colonel en 1824, il devint en 1825 maître de poste du canton de Nelson et commissaire du canal de la baie de Burlington [V. James Gordon Strobridge*], puis juge de paix en 1827. Après avoir enfin reçu, l’année suivante, la terre qui lui revenait en qualité de milicien, il ne faisait plus mystère de ses sympathies pour les conservateurs modérés. Ses heurs et malheurs électoraux – il remporta la victoire en 1830 et 1836 mais connut la défaite en 1834 et 1841 – reflétaient ceux des tories de l’ensemble de la province.
Le favoritisme dont bénéficiait Chisholm n’explique cependant pas totalement pourquoi il avait pris parti pour le canal de la baie de Burlington et était devenu l’un des administrateurs d’un ouvrage voisin, le canal Desjardins [V. Peter Desjardins*]. Comme l’agriculture ne lui avait pas longtemps suffi, il avait ouvert un magasin général et, en 1827, il avait l’autorisation d’y tenir une auberge et d’y avoir un alambic. Engagé dans le commerce du bois dès 1822, il avait commencé à se constituer une flottille de goélettes. De plus, en 1829, il était associé à la McCay, Smith and Company de Wellington Square (Burlington, Ontario), qui avait un magasin sur la plage Burlington.
En s’adonnant au transport maritime et au commerce du bois dans le comté de Halton, Chisholm en vint à s’intéresser de près, et de façon visible dès 1822, aux terres réservées aux Indiens sauteux de la tribu des Mississagués à l’embouchure du ruisseau Sixteen Mile (ruisseau Oakville). Toutefois, ce n’est qu’au printemps de 1827 qu’il fit à Maitland une proposition concrète en vue de leur acquisition. La réserve fut mise à l’encan, et il l’acheta cet été-là pour la somme de £1 029. Il entendait notamment y aménager, en priorité, un chantier naval et un port. Moins d’un an après l’achat, Chisholm et ses hommes avaient « tracé le plan d’un village », Oakville, et « construit un entrepôt pour la réception des marchandises ». En 1828, Chisholm réussit à faire adopter une loi qui lui garantissait le droit d’usage du port pendant 50 ans. En août de la même année, bien avant l’achèvement du port, ses hommes terminaient la première d’une nombreuse série de goélettes. Cinq ans plus tard, le chantier lançait son premier vapeur, le Constitution, parrainé entre autres par Chisholm et Colin Campbell Ferrie*. En 1833, on fit appel à l’expérience de Chisholm en matière d’aménagement portuaire en le nommant commissaire du port d’York avec Hugh Richardson* et James Grant Chewett*.
À mesure qu’Oakville grossissait, les intérêts de Chisholm s’y multipliaient. Il y ouvrit la première taverne (au plus tard en 1828), la première scierie (en 1830) et le premier moulin à farine (en 1833) ; peu après, soit en 1834 et 1835 respectivement, on le nomma receveur des douanes et maître de poste. Mais il n’était prospère qu’en apparence. Il mit en vente en 1834 sa propriété du canton de Nelson, hypothéquée en 1829 pour financer des travaux à Oakville. Cependant, la maison de 12 pièces, ses dépendances, le magasin et une deuxième habitation ne furent vendus qu’en 1839, après quoi Chisholm s’installa à Oakville. Il finit de payer à temps, en 1831, l’emplacement du village, mais pour financer l’achèvement du port il dut contracter auprès du gouvernement une hypothèque de £2 500. Peu après, il en contracta une deuxième, de £6 500, auprès d’une société marchande de Montréal, la Forsyth, Richardson and Company. Qu’il lui en ait fallu une troisième en 1839, cette fois de la Gore Bank (dont il avait été l’un des administrateurs), montre combien les travaux étaient coûteux et combien il avait du mal à liquider sa dette.
En raison de ses investissements, Chisholm ne nageait « absolument pas dans l’opulence », notait l’inspecteur du bureau des Postes Charles Albert Berczy*, qui l’employa aussi à titre d’agent secret après la rébellion. En 1841, Chisholm s’occupait beaucoup de l’amélioration du chemin de colonisation qui menait au district d’Owen Sound ainsi que d’autres programmes gouvernementaux de développement. En 1840, avec d’autres habitants d’Oakville, il avait constitué une société privée, l’Oakville Hydraulic Company, afin d’accroître le potentiel énergétique du ruisseau Sixteen Mile. L’entreprise fit faillite et entraîna dans sa chute Chisholm lui-même, son frère George et son beau-frère Merrick Thomas. La vente judiciaire de leurs biens eut lieu le 2 mars 1842.
Bien qu’il ait été un personnage d’une assez grande envergure régionale, William Chisholm représentait pour la plupart de ses contemporains l’homme d’un village, Oakville. À l’occasion d’un dîner en 1836, le député Archibald McLean* leva son verre à ce « gentleman dont la libéralité et les bonnes mœurs étaient reconnues de tous – et qui, par son initiative, son énergie et son souci du bien commun, avait doté Oakville de la plupart des atouts dont il bénéficiait ». Le destin de sa famille demeura lié à celui d’Oakville après sa mort. Son fils Robert Kerr lui succéda comme maître de poste et receveur des douanes ; un autre de ses fils, John Alexander, reprit la scierie et le moulin à farine, et son fils aîné, George King*, devint maire en 1857.
AO, MS 106, « The Chisholms of the parish of Croy, Inverness-shire, Scotland », Hazel [Chisholm] Mathews, compil. (copie dactylographiée) ; MS 516, William Chisholm à W. L. Mackenzie, 28 juill. 1824, 10 janv., 23 mai 1826 ; RG 1, C-IV, Trafalgar Township, concession 3 (South Dundas Street), lot 13.— APC, RG 1, E3, 10 : 120–122 ; L3, 89 : C1/96 ; 108 : C15/109 ; RG 5, A1 ; RG 68, General index, 1651–1841 : 460.— Halton Land Registry Office (Milton, Ontario), Abstract index to deeds, Nelson Township, concession 1, lots 9, 14 ; Trafalgar Township, concession 3, lots 13–16 (mfm aux AO).— Oakville Hist. Soc. Museum (Oakville, Ontario), Chisholm papers (mfm à l’Oakville Public Library).— H.-C., House of Assembly, Journal, 1828, app., public accounts for 1826–1827.— « Journals of Legislative Assembly of U.C. », AO Report, 1913–1914.— Statistical account of U.C. (Gourlay).— « U. C. land book D », AO Report, 1931 : 151, 157.— Albion of U.C. (Toronto), 9 avril 1836.— British Whig, 30 sept. 1836.— Colonial Advocate, 18 mai 1824, 29 janv., 16 mars 1826, 29 mai, 31 juill. 1828, 22 sept. 1831.— Courier of Upper Canada (Toronto), 15 août 1835.— Gore Gazette, and Ancaster, Hamilton, Dundas and Flamborough Advertiser (Ancaster, Ontario), 2 juin 1827.— Hamilton Free Press (Hamilton, Ontario), 25 août 1831.— Hamilton Journal Express, janv.–févr. 1842.— Kingston Gazette, 21–28 juill. 1818.— Toronto Herald, 5 mai 1842.— Western Mercury (Hamilton), 22 déc. 1831, 29 août 1833.— Canadian biog. dict., 1.— Hazel [Chisholm] Mathews, Oakville and the Sixteen : the history of an Ontario port (Toronto, 1954 ; réimpr., 1971).— Marion Robertson, King’s bounty : a history of early Shelburne, Nova Scotia [...] (Halifax, 1983).
Walter Lewis, « CHISHOLM, WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 17 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/chisholm_william_7F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/chisholm_william_7F.html |
Auteur de l'article: | Walter Lewis |
Titre de l'article: | CHISHOLM, WILLIAM |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1988 |
Année de la révision: | 1988 |
Date de consultation: | 17 déc. 2024 |