Titre original :  Charles Albert Berczy, Postmaster at Amherstburg, Upper Canada, Post Office Inspector, Canada West, and Postmaster of Toronto, 1831 to 1853. (NAC POS-3315)

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BERCZY, CHARLES ALBERT, fonctionnaire, homme d’affaires et juge de paix, né le 22 août 1794 à Newark (Niagara-on-the-Lake, Ontario), fils de William Berczy* et de Jeanne-Charlotte Allamand* ; le 21 juin 1828, il épousa à Amherstburg, Haut-Canada, Ann Eliza Finch, et ils eurent au moins un fils et sept filles ; décédé le 9 juin 1858 à Toronto.

Charles Albert Berczy naquit à l’époque où son père tentait d’établir une colonie dans le canton de Markham, au nord d’York (Toronto). Les Berczy s’installèrent à York en 1794 et y demeurèrent jusqu’en 1798, année où l’échec du projet de colonie incita la famille à tenter sa chance à Montréal. Ils revinrent à York en 1802 mais, à partir de 1804, ils vécurent à Montréal et à Québec. Quand la guerre de 1812 éclata, Berczy devint commis au commissariat de l’armée britannique à Montréal. Du 25 décembre 1814 au 24 avril 1816, il travailla comme sous-adjoint intérimaire au commissaire général, poste qui contribua sans doute à son avancement dans la société canadienne. En 1818, il demeurait à Amherstburg, dans le district de Western, où il se lança bientôt dans les affaires avec son frère, William Bent*. Ce dernier déclara plus tard que leur cargaison de tabac expédiée en 1821 fut la toute première à être exportée du Haut-Canada.

En quelques années, Berczy s’attira les bonnes grâces de l’oligarchie des fonctionnaires du district. Il reçut sa première commission de juge de paix en septembre 1826 et fut nommé à la charge lucrative de maître de poste d’Amherstburg cinq ans plus tard. En tant que fonctionnaire bien en vue, il monta graduellement dans la hiérarchie provinciale et acquit une connaissance approfondie de la vie politique dans les comtés de Kent et d’Essex. En 1835, à cause de son expérience dans les Postes et de son amitié avec Thomas Allen Stayner*, maître général des Postes adjoint du Haut et du Bas-Canada, Berczy fut nommé à la toute nouvelle fonction d’inspecteur du bureau des Postes, affecté à Toronto et chargé de tout le territoire situé à l’ouest de Kingston.

Pendant et au lendemain de la rébellion de 1837–1838 dans le Haut-Canada, le lieutenant-gouverneur, sir Francis Bond Head*, employa en secret Berczy « afin d’entretenir une correspondance dans toute la province au sujet des projets des ennemis au pays et à l’étranger ». Il fut chargé de la surveillance des maîtres de poste tel Joseph Watson, de Lloydtown, qu’il congédia en 1837 pour actes de trahison, et coordonna en 1838–1839 les actions d’un service secret composé d’au moins 13 agents. En avril 1838, Berczy fut nommé maître de poste de Toronto en remplacement de James Scott Howard*, soupçonné de sympathie à l’égard de la cause des rebelles. Une fois installé dans la capitale, il donna des conseils d’ordre politique et prêta assistance au successeur de Head, sir George Arthur. Sentant qu’il avait encore « assez d’influence » dans le district de Western, Berczy, à la demande de sir Arthur, essaya en vain, lors des élections de 1841, de convaincre Joseph Woods de se retirer de la campagne dans la circonscription de Kent afin d’assurer l’élection de Samuel Bealey Harrison*. Grâce à de telles actions et à son administration du vaste bureau de poste de Toronto, Berczy accrut son influence dans les milieux torontois de la politique et des affaires. En 1840, John Strachan* considérait Berczy comme « un fonctionnaire de grande valeur, [...] attentif à ses fonctions dont il s’acquitt[ait] d’une façon que tous les intéressés trouv[aient] fort satisfaisante », bien que, selon William Henry Griffin*, inspecteur du bureau des Postes pour l’Est, il ne se soit jamais « particulièrement distingué d’aucune manière ».

Berczy ne tarda pas à s’engager dans de nombreuses entreprises. Il fut membre du conseil d’administration de la Bank of Upper Canada (1840–1843), président de la Toronto Building Society, fondateur et un des principaux actionnaires de la Toronto, Simcoe, and Lake Huron Union Rail-Road Company. En 1848, il devint le premier président de la nouvelle Consumers’ Gas Company of Toronto. Trois ans plus tard, il prit la tête d’une société par actions qui acheta d’Albert Furniss la City of Toronto Gas Light and Water Company, transaction qui s’avéra trop ambitieuse. L’entreprise ne put effectuer ses paiements d’hypothèque et fut reprise en 1853.

C’est à ce moment que l’influence de Charles Albert Berczy commença à diminuer. Il perdit son emploi de maître de poste la même année (les raisons en sont obscures), et son mandat d’administrateur de la Consumers’ Gas Company of Toronto prit fin en 1856. Cette série de revers et de déceptions terrassa cet homme qu’on avait décrit en 1847 comme « un amateur invétéré de tabac à priser, très nerveux, irritable et sombre ». En 1858, la situation de Berczy était devenue de toute évidence insupportable et, le 9 juin, il se suicida à sa résidence de la rue Carlton à Toronto. Bien qu’il ait laissé une modeste succession de £10 000 (un employé des Postes l’avait qualifié de « parcimonieux à l’extrême »), Berczy était à sa mort un homme ruiné, dépourvu de la plupart des postes et des honneurs qui avaient autrefois jalonné sa vie.

Eric Jarvis

Deux portraits de Charles Albert Berczy exécutés par son père sont reproduits dans John Andre, William Berczy, cité ci-dessous : le premier, une huile réalisée aux environs de 1798 (en regard de la page 72), le représente jeune enfant ; le second, une aquarelle plus tardive (en regard de la page 105), a été exécuté quand il était adolescent.

AO, MS 35, letter-books, 1827–1841 : 86 ; MS 526, W. H. Griffin à W. D. LeSueur, 16 avril 1874 ; RG 22, sér. 155, testament de C. A. Berczy.— APC, RG 1, E3, 9A 172–175 ; 10 :115–139 ; 46 : 153–158 ; 89 : 183–196 ; L3, 40 : B11/199 ; 44 : B13/24, 78 ; 60 : B20/48 ; RG 5, A1 28427–28433, 31446–31447, 49704–49707, 49915–49917, 59082–59093, 75469–75470, 84221–84224, 94096–94098,103299–103302,103696–103698, 103854–103858, 103968–103974, 104205–104206, 105239–105243, 107721–107723, 107869–107871, 109255–109260, 109906–109912, 112387–112389, 113870–113871, 114660–114663, 114706–114709,114779–114781, 114824–114825, 114846–114847, 114859–114862, 114891–114897, 115013–115014, 116288–116291, 118167–118172,118200–118201, 118637–118643, 118648–118650, 118958–118966, 119889–119890, 119973–119976, 120980–120984, 121341–121343, 122691–122695,123952–123953, 124186–124189, 126973–126977, 142253–142254 ; RG 68, General index, 1651–1841 : 458.— St James’ Cemetery and Crematorium (Toronto), Record of burials.— Soc. canadienne des postes, District du sud-ouest (London, Ontario), Amherstburg Post Office records, information cards concerning postmasters ; Toronto Metropolitan District (Toronto), Public Affairs Branch records.— Arthur papers (Sanderson), 3 : 1590–1592.— Canada, prov. du, Assemblée législative, App. des journaux, 1846, app. F ; Statuts, 1842, chap. 27 ; 1848, chap. 14, 16 ; 1849, chap. 196.— Globe, 10 juin 1858.— Leader, 10 juin 1858.— Loyalist (York [Toronto]), 5 juill. 1828.— « Calendar of state papers », APC Report, 1936 : 583.— Morgan, Sketches of celebrated Canadians, 113.— « State papers U.C. », APC Report, 1943 : 150–151, 184–185.— Toronto directory, 1850–1851 : xlvi.— John Andre, William Berczy, co founder of Toronto ; a sketch (Toronto, 1967).— E. C. Guillet, Toronto from trading post to great city (Toronto, 1934), 158, 244.— Middleton, Municipality of Toronto, 1 : 230, 261, 300–301 ; 2 : 782.— W. H. Pearson, Recollections and records of Toronto of old [...] (Toronto, 1914), 176.— 75th birthday : 1848–1923, the Consumers’ Gas Company of Toronto, E. J. Tucker, compil. (Toronto, 1923).— William Smith, The history of the Post Office in British North America, 1639–1870 (Cambridge, Angl., 1920), 46–47, 171.— C. C. Taylor, Toronto « called back » from 1886 to 1850 [...] (Toronto, 1886), 66.— F. H. Armstrong, « The oligarchy of the Western District of Upper Canada, 1788–1841 », SHC Communications hist., 1977 : 87–102.— Elwood Jones et Douglas McCalla, « Toronto waterworks, 1840–77 : continuity and change in nineteenth-century Toronto politics », CHR, 60 (1979) : 300–323.

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Eric Jarvis, « BERCZY, CHARLES ALBERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/berczy_charles_albert_8F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
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