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CAYLEY, WILLIAM, avocat et homme politique, né le 26 mai 1807 à Saint-Pétersbourg (Leningrad, Union des républiques socialistes soviétiques), deuxième fils de John Cayley, consul de Grande-Bretagne et marchand, et de sa seconde femme, Harriet Raikes ; le 12 avril 1836, il épousa Emma Robinson, fille de D’Arcy Boulton*, et ils eurent 11 enfants ; décédé le 23 février 1890 à Toronto.
William Cayley termina ses études en Angleterre : il entra au Christ Church College à Oxford en 1826, obtint sa licence ès lettres en 1830, sa maîtrise en 1833 et fut reçu au barreau à sa sortie de la Lincoln’s Inn en 1835. Entre 1835 et 1838, il immigra dans le Haut-Canada et fut admis comme barrister à la Law Society of Upper Canada lors de la session de Pâques de 1838. Il devait exercer le droit à Toronto à diverses reprises au cours des 30 années suivantes, pendant les périodes où il ne ferait pas partie du gouvernement. En 1850, il était associé à Matthew Crooks Cameron ; plus tard, Daniel McMichael se joignit à son bureau d’avocats. L’annuaire de Toronto de 1862–1863 l’inscrit comme barrister associé avec Cameron et McMichael. En 1864–1865, il disparaît de l’annuaire mais y reparaît en 1866 avec le titre de greffier du tribunal des successions et tutelles.
Le 6 août 1845, William Henry Draper* choisit Cayley, apparenté par alliance à une famille de conservateurs en vue, les Boulton, pour succéder à William Benjamin Robinson* au Conseil exécutif à titre d’inspecteur général. Sûr d’obtenir un siège à l’Assemblée législative dans la circonscription de Huron, il s’y présenta et fut élu le 28 février 1846. Au cours de la décennie suivante, les dirigeants tories le considérèrent comme un associé fidèle et digne de confiance, spécialiste des finances publiques. À son entrée en fonction, de grosses dépenses en travaux publics et des frais imprévus entraînés par l’immigration irlandaise due à la famine, lui occasionnèrent de graves difficultés et il se vit forcé d’emprunter sur un marché défavorable. L’un des moyens auxquels il recourut fut la vente des Consolidated Annuities du gouvernement britannique, dans lesquelles se trouvaient investis des fonds provenant des « réserves » du clergé, et l’émission à leur place des obligations du gouvernement du Canada. La personnalité de Cayley correspondait davantage à celle d’un lieutenant consciencieux qu’à un chef de parti ; néanmoins, il était haut placé dans les sphères du parti tory à la fin des années 1840 ; il dirigea les négociations menées en avril 1847 avec René-Édouard Caron* en vue de renforcer l’aile canadienne-française du ministère et se rendit en Angleterre avec sir Allan Napier MacNab* dans les années 1849–1850 pour faire pression contre la politique du gouverneur, lord Elgin [Bruce*]. En 1849, Elgin fit mention de « Cayley & Co » en décrivant le parti tory.
Lors des élections générales de 1847–1848, Cayley conserva son siège comme député de Huron, mais quitta sa charge le 10 mars 1848, après la défaite du gouvernement conservateur. Il se trouvait aux premiers rangs de l’opposition et il mena la lutte contre le règlement des réserves du clergé que le gouvernement proposait [V. sir Francis Hincks]. Il préconisa de mettre en application les clauses de la loi du parlement britannique de 1841 en vertu de laquelle la part du revenu non versée à l’Église d’Angleterre serait partagée proportionnellement entre les catholiques, les presbytériens et les autres confessions chrétiennes. Il ne siégea pas à l’Assemblée de 1851 à 1854, à la suite de sa défaite en faveur de Malcolm Cameron* aux élections de décembre 1851.
Réélu dans la circonscription de Huron and Bruce en 1854, Cayley redevint, le 11 septembre, inspecteur général dans le cabinet de MacNab et d’Augustin-Norbert Morin* et fit partie du Conseil des commissaires des chemins de fer. Même s’il fut battu aux élections générales de 1857, il conserva ces charges jusqu’en août 1858. Du 3 novembre 1854 jusqu’au 28 juillet 1857, il représenta le gouvernement au conseil d’administration du Grand Tronc. En 1854–1855, au moment où une commission parlementaire présidée par William Lyon Mackenzie* lança une vigoureuse attaque condamnant les méthodes comptables des ministères, Cayley, à l’instigation de John Alexander Macdonald*, alors procureur général du Haut-Canada, fit adopter, en 1855, la loi « pour assurer l’audition plus efficace des comptes publics ». Cette loi fit date dans la fonction publique canadienne, parce qu’elle créa la charge d’auditeur (vérificateur) des comptes publics ainsi qu’un département, le bureau d’Audition. En 1857, une loi généralisa l’usage de la monnaie décimale dans tous les comptes publics après le 1er janvier 1858. Le budget de 1857 de Cayley, dont Alexander Tilloch Galt* assura l’adoption en chambre en 1858, augmenta de beaucoup le tarif douanier sur certains articles, ce qui valut à Cayley la réputation d’instaurer une politique protectionniste au Canada.
Les mesures instaurées par Francis Hincks avant le retour de Cayley au gouvernement en 1854 furent à l’origine d’une grande activité pendant la période où il exerça ses fonctions. En trois ans de prospérité économique, soit de 1854 à 1856, plusieurs nouvelles banques reçurent leur charte, des villes obtinrent la possibilité d’emprunter des montants considérables grâce au fonds d’emprunt municipal, et le Grand Tronc ainsi que la Bank of Upper Canada se virent octroyer des capitaux considérables. Cayley, qui, selon la description d’un contemporain, était « trop timoré pour une réforme efficace », ne fit pas grand-chose pour restreindre la tendance à de fortes hausses des dépenses gouvernementales ou d’autres influences inflationnistes au sein de l’économie. Quand débuta une sérieuse récession, en 1857, qui resserra le marché monétaire mondial, les valeurs foncières canadiennes baissèrent d’une façon catastrophique, les banques eurent beaucoup de mal à maintenir leur taux de liquidité [V. Robert Cassels] et les revenus du gouvernement diminuèrent d’une manière spectaculaire.
Une fois que Cayley eut perdu son siège aux élections générales de 1857, il ne fut plus d’aucune utilité au gouvernement. Pendant la crise ministérielle de 1858, Galt le remplaça au Conseil exécutif comme inspecteur général et George Sherwood comme représentant des conservateurs de Toronto au sein du gouvernement reconstitué de George-Étienne Cartier* et de Macdonald. Toutefois, Cayley avait été élu dans la circonscription de Renfrew lors d’une élection partielle en mars 1858 ; il la représenta jusqu’à son départ de la scène politique en 1861.
Cayley était associé à la Bank of Upper Canada à titre d’administrateur depuis 1839 au moins, mais lorsqu’il en devint directeur adjoint, en 1859, il écrivit à George Carr Glyn de la Glyn, Mills and Company qu’il était « aussi peu préparé que les jardiniers au gel de samedi dernier ». Or, sa promotion au sein même de la banque fut rapide ; nommé inspecteur (directeur des succursales), il devint par la suite, lors de la réunion du conseil d’administration le 17 avril 1861, président à la place de William Proudfoot*. Sa carrière de banquier prit fin brusquement à l’assemblée générale annuelle du 25 juin 1861. Des actionnaires furieux commençaient à saisir toute l’ampleur des difficultés financières de la banque ; ni Cayley ni Proudfoot ne furent réélus au conseil d’administration. Quand la banque fit faillite en 1866, il est probable que Cayley subit des pertes personnelles importantes. Un groupe d’hommes d’affaires, parmi lesquels Cayley, Angus Morrison, Joseph Curran Morrison et Frederic William Cumberland, avait obtenu une charte pour une certaine Bank of Canada en 1858, mais elle ne fut pas utilisée, et ce fut William McMaster, président de la Banque canadienne de commerce, qui l’acheta en 1866. De 1866 à 1869, Cayley occupa le poste de greffier du tribunal des successions et tutelles pour le comté d’York. Peut-être à cause de sa contribution à la loi sur la vérification des comptes, il fut nommé auditeur des comptes de la province d’Ontario en 1870, charge qu’il occupa jusqu’en 1877.
Quoique Cayley fût un adepte de l’Église d’Angleterre, il manifestait cependant une certaine indépendance d’esprit. En 1860 par exemple, comme membre d’un comité créé par le gouvernement, il se joignit à George Brown* pour défendre le point de vue non confessionnel de l’University of Toronto, s’opposant ainsi à l’attitude qu’avaient prise Macdonald et John Hillyard Cameron*. Peintre amateur, il fut aussi président du Toronto Club et du Toronto Curling Club. En politique, son extrême partialité lui valut l’inimitié des réformistes. Lord Elgin estimait Cayley « bien qualifié pour donner à une cause toute espèce de vernis qui [pouvait] correspondre à son intérêt ». Macdonald confia à un collègue : « Suivant une opinion très répandue [...] il est de mauvaise foi et intrigant. Cela provient somme toute de son comportement dont il est conscient mais qu’il ne peut modifier [...] ses mérites l’emportent de loin sur ses défauts. » Selon le même Macdonald, la « loyauté et le talent d’homme d’État » étaient les principales caractéristiques de Cayley ; pendant de nombreuses années, il se fia à son jugement et à ses aptitudes d’administrateur pour formuler une politique en matière de finances publiques et pour la mettre en œuvre.
William Cayley est l’auteur de deux brochures : Correspondence between the Hon. Wm. Napier, on behalf of the English shareholders of the Grand Trunk Railroad Company and the Honble. Wm. Cayley (inspector general) [...] (Toronto, 1856) et Finances and trade of Canada at the beginning of the year 1855 (Londres, 1855).
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Paul G. Cornell, « CAYLEY, WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/cayley_william_11F.html.
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Auteur de l'article: | Paul G. Cornell |
Titre de l'article: | CAYLEY, WILLIAM |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1982 |
Année de la révision: | 1982 |
Date de consultation: | 21 nov. 2024 |