BERTON, GEORGE FREDERICK STREET, avocat et fonctionnaire, né le 10 décembre 1808 dans la paroisse de Burton, Nouveau-Brunswick, fils aîné de George Duncan Berton et d’Ann Frances Street ; le 28 septembre 1833, il épousa à Fredericton Delia Hooke, et ils eurent trois enfants ; décédé dans la même ville le 31 janvier 1840.

George Frederick Street Berton naquit dans la plus grande famille néo-brunswickoise de juristes du début du xixe siècle, et sa courte mais brillante carrière illustre le processus d’organisation que son milieu professionnel connut entre 1820 et 1840. Son grand-père maternel, Samuel Denny Street*, avait été le premier avocat du Nouveau-Brunswick. Parmi ses oncles avocats, on comptait George Frederick Street*, John Ambrose Sharman Street* et Alfred Locke Street. Par son père, il était apparenté à la famille du premier juge en chef de la province, George Duncan Ludlow*.

Fils du shérif en chef du comté d’York, Berton passa son enfance à Fredericton et à St Andrews. Entré en 1822 au College of New Brunswick, il n’y obtint pas de diplôme mais fit par la suite un stage de cinq ans au cabinet de son oncle et homonyme George Frederick Street. Reçu attorney en 1830, il s’associa à son oncle puis fut nommé, le 3 juin, greffier de la paix non résidant du comté de Sunbury à la suite de son grand-père Street, qui avait exercé cette fonction depuis la fondation de la province. Après son admission au barreau, en 1832, il se fixa à Fredericton où, avec George Jarvis Dibblee, il ouvrit cinq ans plus tard un cabinet qui allait attirer une nombreuse clientèle jusqu’à sa mort. Berton accéda aussi à de modestes charges publiques, comme il convenait à un jeune avocat qui avait de bonnes relations, puis le 15 janvier 1838, par suite de l’éviction de William Hunter Odell*, il devint greffier de la couronne à la Cour suprême. D’ordinaire, ce poste annonçait l’obtention de fonctions juridiques plus prestigieuses, mais Berton mourut trop tôt pour en cumuler. Ses principales réalisations ressortent donc plus clairement. Aujourd’hui, on se souvient de la contribution qu’il apporta à la maturation de la profession juridique au Nouveau-Brunswick.

En 1821, à la suite d’une querelle au tribunal, l’oncle de Berton, George Frederick Street, se battit en duel contre George Ludlow Wetmore* et le tua. Cet événement déclencha l’application d’une série de mesures qui visaient à préserver la respectabilité du barreau. En 1823, la Cour suprême imposa pour la première fois un code précis pour l’admission des étudiants en droit, des attorneys et des barristers. Deux ans plus tard, les juges et avocats de la province créèrent la Law Society of New Brunswick afin de resserrer la surveillance au sein de la profession. En 1826, cette société mit à exécution un projet ambitieux, soit l’ouverture, à Fredericton, d’une auberge appelée Barrister’s Inn, où pourraient loger les avocats venus de l’extérieur pour assister aux audiences de la Cour suprême. Trop jeune pour participer à la création de la Law Society, Berton se joignit cependant, avec Lemuel Allan Wilmot*, William Hayden Needham* et Charles Fisher*, au noyau de fondateurs d’un autre organisme qui joua un rôle primordial dans la professionnalisation du droit : la Law Students’ Society, qui commença d’exercer ses activités à Fredericton au plus tard en 1828. Il participa en 1834 à un autre événement d’importance, soit l’assemblée au cours de laquelle les membres du barreau, sous la présidence du procureur général Charles Jeffery Peters, protestèrent parce qu’on avait nommé à la Cour suprême l’Anglais James Carter* plutôt qu’un Néo-Brunswickois.

En 1835, malgré sa jeunesse, George Frederick Street Berton était si respecté de ses pairs qu’il se vit confier la lourde tâche de préparer la première refonte complète des lois adoptées par le Nouveau-Brunswick à compter de 1786. Sous l’œil attentif du juge en chef Ward Chipman*, il produisit une minutieuse édition qui demeure la principale source de référence sur les lois d’avant 1836. C’est aussi en 1836 que Berton, toujours par « désir de rendre service à [ses] collègues », commença à publier ses notes sur certains jugements d’appel de la Cour suprême ; quelques-uns de ses commentaires parurent dans la Royal Gazette, puis sous forme de brochures. Il était le premier dans la province à produire des rapports de ce genre, et on reconnut l’utilité de son initiative en le nommant officiellement l’année suivante au poste d’arrêtiste. (Il était déjà agent de distribution d’au moins deux éditeurs anglais qui publiaient des livres de droit.) En 1839, à l’approche de sa mort qu’il pressentait, il rassembla ses commentaires en un volume, qu’il publia à « grands frais » et dont il voulut faire son testament. À son décès, l’année suivante, le juge en chef Chipman et ses collègues exprimèrent publiquement le « grand regret » que leur causait cette « perte [pour] la cour, la profession et le pays ». En moins de 20 ans, le barreau du Nouveau-Brunswick avait cessé d’être le bastion d’un réseau familial pour devenir un organisme nombreux et bien engagé sur la voie de la professionnalisation. Les travaux de pionnier que Berton avait accomplis dans la refonte des lois et la rédaction de recueils de jurisprudence avaient largement contribué à cette transformation.

D. G. Bell

La compilation que fit George Frederick Street Berton des lois du Nouveau-Brunswick parut sous le titre de The acts of the General Assembly of her majesty’s province of New Brunswick, from the twenty sixth year of the reign of King George the Third to the sixth year of the reign of King William the Fourth (Fredericton, 1838). Ses notes sur certains jugements d’appel, consignées dans Reports of cases adjudged in the Supreme Court of the province of New Brunswick, commencing in Hilary term, 1835 (Fredericton, 1839), parurent dans une seconde édition sous le titre de Reports of cases decided in the Supreme Court of New Brunswick, front Hilary term, 5 Wm4, to Hilary term, 2 Vic. [...], A. A. Stockton, édit. (Toronto et Édimbourg, 1882). Cette édition est encore imprimée. Même s’il s’agit du premier rapport sur les lois du Nouveau-Brunswick, on réfère à cet ouvrage, pour des raisons qu’il ne vaut pas la peine d’expliquer, comme au vol. 2 des New Brunswick reports.  [d. g. b.]

APNB, MC 288 ; RG 2, RS7, 98 : 1144–1146 ; RG 11, RS657, Q12.— Musée du N.-B., A67–A71, A75, A147, A156 (Berton and Berton-Dibblee account- and process-books) ; Berton-Dibblee coll. ; N.B. Hist. Soc. papers, packets 5, 8.— American Jurist and Law Magazine (Boston), 19 (1838) : 246–248.— Royal Gazette (Fredericton), 4 oct. 1833, 5 févr. 1840.— Hill, Old Burying Ground.— The New Brunswick militia commissioned officers’ list, 1787–1867, D. R. Facey-Crowther, compil. (Fredericton, 1984).— D. G. Bell, « The transformation of the New Brunswick bar, 1785–1830 : from family connexion to peer control », Papers presented at the 1987 Canadian law in history conference (3 vol., Ottawa, 1987), 1 : 240–256.— Lawrence, Judges of N.B. (Stockton et Raymond).— Jennifer Nedelsky et Dorothy Long, « Law reporting in the Maritime provinces : history and development » (rapport préparé pour le Canadian Law Information Council, Ottawa, 1981).

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D. G. Bell, « BERTON, GEORGE FREDERICK STREET », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/berton_george_frederick_street_7F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
Année de la révision:    1988
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