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BAIN, JOHN, fonctionnaire, conseiller politique et homme d’affaires, né le 8 juin 1869 à Paisley, Écosse, fils de Robert Bain, marchand de produits chimiques, et d’Agnes Allison ; le 5 avril 1899, il épousa à Paris, Ontario, Maud (Maude) Mary Buckley, et ils eurent deux filles, dont l’une mourut avant lui ; décédé le 26 février 1932 à Ottawa et inhumé au cimetière Beechwood.
John Bain naquit et grandit à Paisley, grande ville située à sept milles à l’ouest de Glasgow, où il reçut son éducation. Très jeune, il eut une jambe coupée sous le genou dans un accident de chemin de fer. Il immigra au Canada avec ses parents en 1888. La famille s’établit dans le comté de Brant, où John trouva du travail au Globe de Toronto et à l’Expositor de Brantford, ainsi que dans le domaine juridique. À un certain moment, il exerça ses talents de sténographe dans les tribunaux de New York. Il fut président fondateur du Young Men’s Liberal Club de Paris et, le 3 août 1896, après la victoire des libéraux de Wilfrid Laurier* aux élections fédérales du 23 juin, il devint secrétaire particulier du chef du département des Douanes, William Paterson, député vétéran de Brant South. Bain, qui recevait au début un modeste salaire de 600 $, travailla avec Paterson et le ministre des Finances, William Stevens Fielding*, à établir un tarif préférentiel pour les pays de l’Empire et accompagna son ministre à la Conférence coloniale de 1902 à Londres. Le 1er juillet 1903, Bain fut promu commissaire adjoint aux Douanes (tout en conservant son poste de secrétaire particulier du ministre) et son salaire, alors de 1 500 $, doubla. Dès 1905–1906, à titre de secrétaire anglophone d’une commission du tarif composée de Fielding, Paterson, Louis-Philippe Brodeur* et sir Richard John Cartwright*, Bain avait une réputation d’expert en tarif et en commerce extérieur du Canada. Il conseillait le gouvernement Laurier sur une foule d’enjeux apparentés, notamment le commerce avec l’Australie et les répercussions du tarif McKinley sur les ventes de produits agricoles canadiens aux États-Unis.
Bain devint également un conseiller politique de confiance auprès du premier ministre. À la fin de 1907, il prévint Laurier que le Parti libéral risquait de sombrer dans la complaisance. « Presque rien n’est fait pour attirer de nouveaux libéraux ou pour inspirer ceux qui sont libéraux », écrivit-il. « Secouer les ossements desséchés est nécessaire, et je crois que cela doit venir du quartier général. » Dans les dernières semaines précédant les élections fédérales du 26 octobre 1908, Bain plaida en vain auprès de son chef pour qu’il prenne la parole dans les circonscriptions ontariennes de Brantford et de Hamilton East. Les libéraux conservèrent une étroite majorité dans la première et perdirent la seconde, mais ils obtinrent une confortable majorité dans l’ensemble du pays. Par la suite, Bain réussit à convaincre Laurier de faire en sorte que sir Frederick William Borden*, ministre de la Milice et de la Défense, respecte sa promesse d’établir un régiment de cavalerie de la milice dans le comté de Brant : on créa le 25th (Brant) Dragoons le 1er avril 1909.
À cette époque, Bain avait quitté la fonction publique. Il avait démissionné en février 1907 et placé son expérience au service du secteur privé, en association, jusqu’en 1913, avec l’ancien ministre de l’Intérieur Clifford Sifton*. Il mit sur pied la Canadian Western Natural Gas, Light, Heat and Power Company à Calgary et dirigea l’International Marine Signal Company. À partir d’un bureau du centre-ville d’Ottawa, il travaillait à titre de courtier en finances et spécialiste des douanes. En 1909, on le nomma correspondant impérial du Board of Trade de la Grande-Bretagne pour la ville. Après le déclenchement de la Première Guerre mondiale en 1914, Bain occupa un poste de conseiller à la Ford Motor Company of Canada Limited [V. Gordon Morton McGregor*], qui souhaitait obtenir des contrats du gouvernement conservateur de sir Robert Laird Borden. Il demeura fervent libéral et confident de Laurier durant les premières années de la guerre. Le 28 avril 1915, il lui envoya une note où il vantait les réalisations du parti et envisageait la stratégie de la prochaine campagne. En décembre, il fut nommé secrétaire du National Liberal Advisory Committee nouvellement formé ; ce rôle lui permit de continuer à communiquer régulièrement avec son chef.
En octobre 1917, cependant, l’enjeu de la conscription vint rompre les relations entre Bain et Laurier. Laurier refusait d’appuyer la politique, alors que beaucoup de libéraux canadiens-anglais, tel le chef de l’opposition de l’Ontario, Newton Wesley Rowell*, la favorisaient. Ceux-ci abandonnèrent leur parti et soutinrent les unionistes de Borden. Le 5 octobre, Laurier écrivit à Bain pour lui proposer une « conversation de cœur à cœur » ; la rencontre eut lieu deux jours plus tard. Par la suite, Laurier, vraisemblablement convaincu de la fidélité de Bain au parti, lui demanda de rédiger un manuel destiné aux porte-parole libéraux, en vue de la prochaine campagne électorale. Bain prit plutôt la difficile décision de couper les ponts. « Ce fut pour moi un grand déchirement que d’aller à l’encontre de vos opinions et désirs, écrivit-il le 20 octobre, mais avec les sentiments que j’éprouve depuis que la conscription est devenue un enjeu, je ne puis en toute conscience faire autrement. » Non seulement Bain quitta les libéraux, mais il appuya aussi activement Borden durant la période précédant les élections fixées au 17 décembre 1917. Selon le journaliste Hector Willoughby Charlesworth*, il devint le directeur de la publicité du gouvernement d’union et formula des « paragraphes lapidaires et des questions pointues » pour discréditer Laurier, allant jusqu’à suggérer que l’empereur d’Allemagne, Guillaume II, préférait une victoire des libéraux.
Le 11 janvier 1918, Borden, après avoir fait élire un gouvernement majoritaire, exprima à Bain sa « vive et profonde gratitude » pour les « services avisés et efficaces [qu’il avait] rendus pendant la récente élection ». En septembre 1920, Bain accéda à la direction du bureau d’information du Parti libéral et conservateur national, qui avait succédé aux unionistes. Il remplit ce rôle auprès du premier ministre Arthur Meighen* jusqu’à la victoire des libéraux de William Lyon Mackenzie King* aux élections du 6 décembre 1921. Bain avait alors 52 ans et ses relations avec le gouvernement canadien à titre de fonctionnaire, lobbyiste et conseiller politique arrivèrent à leur terme.
John Bain poursuivit vraisemblablement ses activités commerciales à Ottawa jusqu’à sa mort. Membre du conseil d’administration du Civic Hospital pendant de nombreuses années, il pratiquait aussi des sports en amateur, notamment le curling et le jeu de boules. Il s’éteignit le 26 février 1932 à son domicile de la rue James, quelques heures après un accident vasculaire cérébral. Ses funérailles eurent lieu trois jours plus tard à l’église St Andrew et on l’inhuma au cimetière Beechwood. Il laissa l’ensemble de sa succession, qui s’élevait à 118 605,68 $, à sa femme et à sa fille.
La Première Guerre mondiale brisa les certitudes bien ancrées chez beaucoup de Canadiens quant à la loyauté en politique. Dans la foulée de la crise de la conscription de 1917, sir Wilfrid Laurier perdit quelques collègues et conseillers libéraux anglophones les plus proches, dont John Bain.
BAC conserve une grande partie de la correspondance de John Bain dans les fonds sir Wilfrid Laurier (R10811-0-X), sir Robert Borden (R6113-0-X) et Arthur Meighen (R14423-0-6). Dans le premier se trouvent des lettres d’une importance particulière : Bain to Laurier, 26 nov. 1907 (vol. 492, pp.132823–132834), 4 oct. 1908 (vol. 537, pp.145574–145577), 28 avril 1915 (vol. 695, pp.190888–190899) et 20 oct. 1917 (vol. 714, pp.197684–197686) ; Laurier to Bain, 5 oct. 1917 (vol. 713, p.197315). Dans le deuxième, nous suggérons la consultation de celle-ci : Borden to Bain, 11 janv. 1918 (vol. 227, p.127188).
Globe, 23 juill. 1903.— Ottawa Citizen, 26 févr. 1932.— Ottawa Evening Journal, 26 févr., 18 avril 1932.— Canada, dép. du Secrétariat d’État, The civil service list of Canada […] (Ottawa), 1897–1906.— Canadian annual rev., 1915.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1912).— Cyclopædia of Canadian biog. (Rose et Charlesworth), vol. 2.— National encyclopedia of Canadian biography, J. E. Middleton et W. S. Downs, édit. (2 vol., Toronto, 1935–1937), 1.
Robert Craig Brown, « BAIN, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/bain_john_16F.html.
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Auteur de l'article: | Robert Craig Brown |
Titre de l'article: | BAIN, JOHN |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2022 |
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Date de consultation: | 20 nov. 2024 |