Titre original :  Joseph Martin

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MARTIN, JOSEPH, instituteur, avocat, homme politique et homme d’affaires, né le 24 septembre 1852 à Milton, Haut-Canada, fils d’Edward Martin, meunier, et de Mary Ann Fleming ; le 2 septembre 1881, il épousa à Ottawa Elizabeth Jane (Eliza) Reilly (décédée en 1913), veuve de George Washington Eaton, et ils n’eurent pas d’enfants ; décédé le 2 mars 1923 à Vancouver.

Joseph Martin fréquenta l’école à Milton jusqu’en 1865. Cette année-là, sa famille s’installa au Michigan, où il eut par la suite un emploi de télégraphiste. Il milita un moment dans un mouvement de protestation, les Protecteurs de l’industrie agricole, avant d’entrer en 1872 à la Michigan State Normal School à Ypsilanti. L’année suivante, il passa à la Normal School de Toronto, d’où il fut expulsé en 1874 pour indiscipline. Son tempérament querelleur et sa tendance à régler les désaccords en faisant usage de ses poings ne tarderaient pas à lui valoir le sobriquet de Fighting Joe. Soupçonneux de nature et capable de mesquinerie, il serait connu tout au long de sa carrière pour son esprit bagarreur. De plus, il se montrerait extrêmement empressé de promouvoir son propre intérêt.

Après son expulsion de l’école normale, Martin enseigna à Ottawa pendant trois ans avec un brevet de deuxième classe. Dans cette ville, il embrassa le libéralisme et se prit d’hostilité pour les francophones. Entré à la University of Toronto en 1877, il en sortit deux ans plus tard sans diplôme. De retour à Ottawa, il entreprit son stage de droit. En 1881, il épousa Elizabeth Jane Eaton ; celle-ci avait une petite fille, Irma Livingstone Eaton, dont il devint le beau-père. Ses obligations supplémentaires l’amenèrent à entamer une nouvelle vie au Manitoba. Lui-même et sa famille arrivèrent à Winnipeg dans les derniers mois de 1881, mais, estimant que Portage-la-Prairie offrait de meilleures perspectives dans l’immédiat, ils s’y établirent au début de 1882. Martin fut admis au Barreau du Manitoba tard dans l’été. Il ouvrit un cabinet qui deviendrait prospère et prit un stagiaire, Smith Curtis, qui serait son associé. Personnage en vue, Martin se mêla bientôt de politique provinciale en se rangeant du côté des adversaires, de plus en plus nombreux, du premier ministre John Norquay*.

En janvier 1883, Martin se porta candidat dans Portage-la-Prairie sous la bannière du groupe de Thomas Greenway*, le Parti des droits provinciaux, qui formerait le noyau du Parti libéral provincial peu après les élections. Il l’emporta de justesse, mais le scrutin fut invalidé. Vainqueur à l’élection partielle de mai 1883, il conserverait son siège jusqu’en 1891. Sa combativité en faisait un membre efficace de l’opposition ; c’était un débatteur habile, à l’esprit mordant. À l’Assemblée, il se distingua en critiquant Norquay et le monopole exercé dans l’Ouest par la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique. Ses attaques gagnèrent en virulence quand le premier ministre du Canada, sir John Alexander Macdonald*, commença à annuler les lettres patentes accordées à des sociétés ferroviaires par le Parlement provincial. Le 19 janvier 1888, Greenway forma le premier gouvernement de parti dans l’histoire du Manitoba. Martin y fut nommé procureur général et commissaire des chemins de fer.

Quelques mois plus tard, la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique renonça à son monopole. Greenway s’en attribua le mérite et, profitant de l’occasion, convoqua des élections générales pour juillet. Il remporta une victoire éclatante. Les regards se tournèrent vers le nouveau gouvernement pour qu’il trouve une solution de rechange au chemin de fer canadien du Pacifique. Peu de possibilités s’offraient à Martin et à Greenway. Plus tard dans le courant du mois, ils choisirent de vendre le chemin de fer de la vallée de la rivière Rouge au constructeur américain Henry Villard, qui le terminerait en faisant aller la ligne jusqu’à Winnipeg et la relierait à son propre chemin de fer, le Northern Pacific Railroad. Cet arrangement insatisfaisant irrita les libéraux de Winnipeg qui avaient promu un autre chemin de fer, déçut les agriculteurs qui avaient espéré de meilleures réductions de tarif et, n’eût été le débat sur les écoles du Manitoba, aurait pu placer Martin et ses collègues dans une situation très difficile. Des historiens ont émis l’hypothèse que la législation scolaire, source de controverses, visait à détourner l’attention des électeurs de l’entente impopulaire sur les chemins de fer.

Dans ce débat sur les écoles, il y eut plusieurs protagonistes, et Martin n’était que l’un d’eux, mais, selon son habitude, il provoqua les événements. À une assemblée publique tenue le 5 août 1889 à Portage-la-Prairie, après que le député fédéral ontarien D’Alton McCarthy* s’en fut pris à la province de Québec et aux droits du français, Martin, en proie à l’excitation, annonça que le gouvernement Greenway réformerait le double réseau public d’enseignement et mettrait fin à la publication des documents gouvernementaux en français. Le lendemain, il avoua d’un ton gêné à Greenway qu’il s’était peut-être laissé emporter par l’atmosphère de l’assemblée et par le fait qu’il savait que le caucus libéral avait déjà décidé d’agir en matière d’éducation. Greenway aurait pu désavouer les déclarations de Martin. Il choisit d’aller de l’avant.

En présentant la nouvelle législation scolaire au commencement de 1890, Martin déclencha une tempête politique qui durerait plus d’une dizaine d’années. Probablement bénéficia-t-il, au début, de la popularité de ces mesures. Au même moment, toutefois, le Manitoba Free Press l’accusait de conspirer pour manipuler les ventes de terrains à Portage-la-Prairie – attaque sérieuse à laquelle il choisit, judicieusement peut-être, de ne pas riposter. En décembre, sa loi sur les écoles publiques fut contestée devant les tribunaux par le contribuable winnipegois John Kelly Barrett*, qui refusait de payer ses taxes scolaires. Lorsque l’affaire fut portée devant la Cour du banc de la reine, le gouvernement provincial, représenté par Martin, eut gain de cause.

Entre-temps, l’influence de Martin au Manitoba avait décliné et, en raison de ses sempiternelles disputes avec les notables locaux, il était devenu un boulet pour ses alliés politiques. Désireux de tenter sa chance dans l’arène fédérale, il démissionna en février 1891 de son siège à l’Assemblée et se présenta dans Selkirk aux élections générales de mars, mais il fut battu. Il reconquit son siège provincial au scrutin partiel tenu dans le courant du même mois pour combler la vacance. À la mi-avril, il quitta le poste de procureur général et retourna s’occuper de son cabinet d’avocat et d’une minoterie qu’il avait ouverte à Portage-la-Prairie. Il représenta le Manitoba dans l’affaire Barrett, portée en appel devant la Cour suprême du Canada puis à Londres devant le comité judiciaire du Conseil privé. Le 30 juillet 1892, ce comité affirma la validité de la loi provinciale.

Chose étonnante, en novembre 1893, au cours d’une élection fédérale partielle, Martin remporta la victoire dans la circonscription traditionnellement conservatrice de Winnipeg. Il détonnait assez dans le caucus libéral. Ses opinions libres-échangistes ne s’accordaient guère avec la position de plus en plus souple du parti sur le tarif et ses collègues canadiens-français lui en voulaient pour le rôle qu’il avait joué dans la question des écoles. Le chef libéral Wilfrid Laurier* réussit à tempérer le fougueux Manitobain. En 1896, Martin prit part aux longues manœuvres d’obstruction qui forcèrent finalement le chef du Parti conservateur, sir Charles Tupper*, à retirer la loi réparatrice présentée par son gouvernement au sujet des écoles et à convoquer des élections générales pour juin. Même si le vent tournait en faveur des libéraux, Martin perdit son siège. Il espérait que Laurier, désormais premier ministre, le nommerait quand même ministre de l’Intérieur. Ce portefeuille fut plutôt confié à Clifford Sifton, le nouvel homme fort du Parti libéral dans l’Ouest. Sans trop de justification, Martin s’estima trahi.

Par un revirement assez extraordinaire, la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique offrit un poste à Martin, peut-être en vue de le neutraliser. Plus curieusement encore, Martin accepta. Il devint le solicitor de la compagnie en Colombie-Britannique. La presse britanno-colombienne ne lui déroula pas le tapis rouge. Le rédacteur en chef John Houston* pressa les Manitobains de garder Martin « et d’envoyer [leur] blizzard ». Seul le Province (Victoria) de Hewitt Bostock semblait voir sa venue d’un œil favorable. Martin arriva à Vancouver le 5 mars 1897 et se mit bientôt au travail. Sa carrière juridique ne fut pas exempte de controverses. Par exemple, en 1899, les membres du conseil de la Law Society of British Columbia le suspendirent pour une semaine parce qu’il avait intenté une action au civil sous promesse que, s’il l’emportait, il toucherait une part des gains. La pratique du pacte d’honoraires d’avocat, légalisée par Martin au Manitoba, était contraire au règlement de la Law Society of British Columbia. Il fit pression en faveur de sa légalisation ; en 1901, l’Assemblée adopterait les modifications nécessaires au Legal Professions Act.

Martin ne mit guère de temps à se lancer de nouveau en politique. Les Britanno-Colombiens soutenaient les libéraux ou les conservateurs au fédéral, mais évitaient les distinctions entre partis au provincial. Jusqu’en 1903, la province serait gouvernée par des coalitions mouvantes. Les candidats se définissaient par leur soutien au gouvernement ou à l’opposition. Aux élections provinciales de 1898, Martin, candidat de l’opposition dans la circonscription de Vancouver, remporta la victoire à l’issue d’une campagne où il avait reproché au gouvernement de John Herbert Turner d’être trop proche des magnats des chemins de fer et des mines Daniel Chase Corbin*, Frederick Augustus Heinze et James Dunsmuir*. Peut-être parce qu’il espérait prendre la tête du nouveau gouvernement, il refusa d’abord le poste de procureur général, que lui offrait Charles Augustus Semlin, puis il l’accepta.

En qualité de procureur général et de ministre intérimaire de l’Éducation à compter du 15 août 1898, Martin instaura quelques réformes. La plus importante fut la mise en application du système Torrens d’enregistrement des terres [V. Louis William Coutlée*]. Cependant, travailler en équipe n’était pas son fort et sa propension à changer d’avis le rendait imprévisible. Faute de séparer clairement ses responsabilités publiques et privées, il avait des conflits avec sa clientèle d’avocat et avec ses collègues du cabinet, principalement Francis Lovett Carter-Cotton*, le ministre des Finances. Semlin perdit bien vite confiance en Martin. Le 1er juillet 1899, il lui demanda de démissionner, parce que, semble-t-il, il avait négligé ses fonctions ministérielles au profit de sa pratique d’avocat, avait révélé des choses qui regardaient uniquement le cabinet et, « en état d’ébriété », s’était emporté devant des propriétaires de mines qui le chahutaient à Rossland au cours d’un banquet. Martin quitta le poste de procureur général et « jura de [se] venger » de ceux qui avaient provoqué sa chute, en particulier Carter-Cotton.

Au début de la session suivante, Martin semblait en bons termes avec son ancien adversaire politique, Dunsmuir. Il attaqua le gouvernement Semlin sur divers points et, vers la fin du mois de février 1900, malgré sa promesse d’appuyer un projet de loi gouvernemental sur la réforme électorale, il vota comme l’opposition, contribuant ainsi à la défaite du projet de loi et du gouvernement Semlin. Quelques jours plus tard, le lieutenant-gouverneur, Thomas Robert McInnes, lui demanda de former un gouvernement. Martin accepta et entra en fonction le 28 février. Le 1er mars, les députés, mettant de côté leurs différends habituels, adoptèrent presque à l’unanimité une motion de censure à son endroit. Ce revers ne l’empêcha pas de préparer son programme électoral. Par exemple, Martin se prononça en faveur de l’étatisation des chemins de fer et entreprit de conclure des arrangements pour la construction du Coast-Kootenay Railway. Reconnaissant les problèmes de relations du travail dans les mines de la région de Kootenay, il accepta le principe de la journée de huit heures. En outre, il promit de soumettre de nouveau à l’Assemblée une loi sur la main-d’œuvre asiatique que le gouvernement d’Ottawa avait refusé de reconnaître. Bien que la direction de la Vancouver Liberal Association se soit empressée d’appuyer ses prises de position, les hautes instances de l’association provinciale s’opposèrent en bloc à son maintien au poste de premier ministre et à l’instauration d’un régime fondé sur la distinction entre partis politiques.

En formant son cabinet, Martin essaya de choisir uniquement des libéraux. Il commença par confier le portefeuille des Mines à Smith Curtis, son vieil ami et ex-associé dans son bureau d’avocat à Portage-la-Prairie, et par nommer James Stuart Yates, de Victoria, commissaire des Terres et des Travaux publics. Ni Curtis ni Yates ne siégeaient à l’Assemblée. Au fil des semaines, même certains amis de Martin se plaignirent qu’il n’arrivait pas à compléter son cabinet. La nomination, au poste de secrétaire de la province, d’un fermier de la vallée du Fraser qui n’avait aucune expérience parlementaire, George Washington Beebe, passa presque inaperçue. Par contre, lorsqu’un autre inconnu, le petit boutiquier Cory Spencer Ryder, fut nommé ministre des Finances et de l’Agriculture, quelques libéraux parlèrent d’« insulte à l’intelligence de la population ». Comme les critiques sur l’incompétence de Ryder se multipliaient, Martin le remplaça par un homme plus estimable, John Cunningham Brown, maître des Postes de New Westminster. Peu après, il fixa les élections au 9 juin. Malgré une campagne énergique, lui-même et ses troupes subirent une cuisante défaite. Il l’emporta dans Vancouver mais perdit dans Victoria, où il s’était aussi présenté. Seulement cinq de ses candidats furent élus. McInnes demanda à Dunsmuir de former un gouvernement.

Martin devint ainsi le chef de l’opposition. Dès le printemps de 1901, la presse relevait des indices de « très grande amitié » entre lui et Dunsmuir. Il se prononça en faveur de la législation gouvernementale sur les chemins de fer, mais qualifia de « balivernes » les rumeurs selon lesquelles il était « l’âme dirigeante du gouvernement ». Bien que sa position au sein du Parti libéral ait continué d’être contestée, les délégués au congrès des libéraux provinciaux en février 1902 adoptèrent à l’unanimité les distinctions entre partis prônées par lui et l’élurent chef. Fort de cette victoire, il affirma être le chef de l’opposition à l’Assemblée, si bien que, le même mois, lui-même et le conservateur Richard McBride*, l’autre prétendant au titre, se disputèrent le fauteuil du chef de l’opposition en Chambre. Néanmoins, Martin collaborait encore avec le gouvernement Dunsmuir, car il le croyait meilleur que le gouvernement strictement conservateur qui risquait d’être formé advenant la défaite de Dunsmuir. Ses craintes se matérialisèrent en novembre : Dunsmuir démissionna et fut remplacé par Edward Gawler Prior, conservateur bien connu.

Le 3 juin 1903, Martin abandonna la direction du Parti libéral. Il croyait que les libéraux de Vancouver projetaient de le destituer. En outre, il venait d’obtenir son congé de l’hôpital après une douloureuse opération à la jambe (une blessure subie dans son enfance l’avait rendu légèrement boiteux). Il ne fut pas surpris de perdre son siège de Vancouver aux élections générales du 3 octobre. De plus en plus las de son style, les Vancouvérois accordèrent leurs suffrages exclusivement à des candidats conservateurs. Le lendemain, Martin déclara à des reporters du Vancouver Daily Province qu’il avait abandonné « pour toujours » : il était « dégoûté de la politique », dégoûté d’avoir reçu « tant d’injures de la part de [ses] ennemis et si peu de gratitude de la part de [ses] amis ». La deuxième partie de la déclaration était probablement vraie ; la première, non, puisque Martin se tourna vers la scène fédérale. En 1905, il rompit avec le Parti libéral : les tentatives de Laurier en vue d’imposer des écoles confessionnelles aux nouvelles provinces de l’Alberta et de la Saskatchewan, expliqua-t-il, signifiaient que les libéraux « ne cro[yaient] plus aux droits provinciaux ». Comme la plupart des hommes politiques britanno-colombiens de l’époque, Martin s’opposait farouchement à la présence des Asiatiques. En 1908, il se présenta sans succès dans la circonscription fédérale de la ville de Vancouver sous la bannière de l’Asiatic Exclusion League. Par ailleurs, il inséra, dans les actes relatifs à des propriétés qu’il possédait sur l’emplacement municipal de Hastings (Vancouver), des clauses interdisant de les vendre ou de les louer à des Asiatiques.

Martin continuait de pratiquer le droit et avait toujours divers clients. Ainsi, la municipalité de Vancouver l’avait engagé en avril 1905 comme conseiller juridique à un salaire annuel de 2 500 $. Il ne s’agissait pas d’un emploi à temps plein ; Martin n’était consulté que sur des affaires importantes. En décembre, il démissionna pour occuper, pour la Great Northern Railroad Company et sa filiale, la Vancouver, Westminster and Yukon Railway Company, le poste d’avocat-conseil pour la Colombie-Britannique. En outre, au début de 1906, il exposa, devant le Conseil des commissaires des chemins de fer, les arguments du Bureau de commerce de Vancouver contre le fret exigé par la Compagnie du chemin de fer du Pacifique.

Bien que sa pratique d’avocat et ses gros investissements dans l’immobilier lui aient amplement rapporté de quoi vivre, Martin n’était manifestement pas heureux de sa situation en Colombie-Britannique. Au début de 1909, il annonça qu’il partait passer le reste de ses jours à Londres : « là-bas, il n’y a rien que l’on ne puisse avoir », expliqua-t-il. Le Vancouver Daily Province vanta son « aptitude incontestée pour les affaires » et sa « pureté d’intention », mais nota que les « défauts de son caractère » « rend[aient] quasi impossible sa participation à un quelconque gouvernement et f[aisaient], de son appartenance à un parti, une source constante d’inquiétude, sinon de confusion ».

Quelques jours après son arrivée en Grande-Bretagne, Martin obtint l’investiture libérale pour une élection partielle dans le Warwickshire, circonscription de Stratford-on-Avon. Il prôna l’abolition de la Chambre des lords, le suffrage féminin, une taxe foncière et le libre-échange. Il ne fut pas élu, mais il fit si grande impression qu’il fut choisi comme candidat libéral dans St Pancras, division de l’Est, pour les élections générales de 1910. Cette fois, il remporta la victoire. Aux Communes britanniques, il montra, semble-t-il, bon nombre des mêmes traits caractéristiques qu’au Canada. Il resterait tout de même député jusqu’en 1918, c’est-à-dire jusqu’à la dissolution du Parlement, qui fut retardée à cause de la guerre.

Joseph Martin ne demeura pourtant pas à Londres. Rentré à Vancouver en 1914, il se mit à attaquer le Parti libéral provincial, alors dans l’opposition. Il fut candidat indépendant dans Vancouver aux élections provinciales de 1920 et subit une défaite honorable. Entre-temps, ses propriétés immobilières en Colombie-Britannique avaient pris de la valeur, ce qui lui avait permis de « tenir la promesse [faite] à ses électeurs [de St Pancras] de revenir dès que possible”. Malade à compter du début des années 1920, il mourut à Vancouver le 2 mars 1923. La cause immédiate de son décès était la grippe, compliquée par le diabète. Ironiquement, il venait à peine de commencer le traitement à l’insuline, découvert depuis peu. « Si, dans les toutes dernières années de sa vie, nota le Victoria Daily Times, il n’a pas été très actif en politique, ce ne fut pas par sa faute, mais plutôt à cause de ses malheureux antécédents d’élément perturbateur, qui faisaient en sorte que tous les partis craignaient autant son appui que son opposition. » Jusqu’à la fin, Fighting Joe Martin sema la pagaille en politique.

J. E. Rea et Patricia E. Roy

Quelques discours de Joseph Martin ont été publiés ; on en trouve la liste dans le Répertoire de l’ICMH.

AM, GR 1662.— AO, RG 80-2-0-64, no 2388 ; RG 80-5-0-96, no 2040.— BAC, MG 26, G.— BCA, E/D/M362 ; VF90, frames 0006–0084.— Daily Colonist (Victoria), 29 mai, 28 juin, 5 juill. 1898, 2, 11 mai, 6, 10 juin, 4–6, 9 juill., 9, 15 août, 6 sept. 1899, 11 janv., 24, 28 févr., 2, 11 mars 1900.— Daily Columbian (New Westminster, C. B.), 26–27 avril 1900, 8 mai, 4 sept. 1901, 8 févr. 1902.— Daily News-Advertiser (Vancouver), 18 juin, 6 juill. 1898, 24 janv. 1899, 1–2, 10 mars, 7 avril, 4, 12–13, 18 mai 1900, 5 mai 1901.— Manitoba Free Press, 1882–1897.— Province (Victoria), 31 oct. 1896, 30 oct. 1897 ; publié par la suite à Vancouver, 10, 21, 30 mai, 15, 22, 26 juin, 11, 13, 15, 18 août 1898, 19 janv., 9, 15 mai, 5, 28 juill., 5 sept. 1899, 8, 16 janv. 1900.— Vancouver Daily Province, 10 févr., 5 avril, 18 mai 1900, 8 févr., 7 mai, 5, 7, 16 sept., 11, 18 oct. 1901, 24 févr., 22 mai 1902, 17 mars, 20, 23 avril, 3 juin, 5 oct. 1903, 15 avril, 15 sept., 7 déc. 1905, 5 janv., 11 juill. 1906, 27 févr., 24 mars, 13 avril, 3 mai 1909, 24 mars 1910.— Vancouver News-Herald, 8 août 1939.— Vancouver Semi-Weekly World, 24 sept. 1896, 24 juin 1898, 2, 6 mars, 4 avril 1900.— Vancouver Sun, 12 févr. 1922, 3 mars 1923.— Victoria Daily Times, 8 janv., 15 févr., 2, 8 mars, 6, 19 avril, 6 mai, 8 juin 1900, 24 avril 1901, 29 août 1916, 31 janv. 1917, 2 mars 1923.— Winnipeg Tribune, 1890–1897.— P. [J.] Brock, Fighting Joe Martin, founder of the Liberal party in the west : a blow-by-blow account (Toronto, 1981).— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898 et 1912).— CPG, 1883–1920.— Electoral hist. of B.C.— D. J. Hall, Clifford Sifton (2 vol., Vancouver et Londres, 1981–1985).— J. A. Hilts, « The political career of Thomas Greenway » (thèse de ph.d., Univ. of Manitoba, Winnipeg, 1974).— J. R. Miller, « D’Alton McCarthy, equal rights, and the origins of the Manitoba school question », CHR, 54 (1973) : 369–392.— P. E. Roy, A white man’s province : British Columbia politicians and Chinese and Japanese immigrants, 1858–1914 (Vancouver, 1989).— Who’s who of British members of parliament [...], Michael Stanton et Stephen Lees, édit. (4 vol., Brighton, Angleterre, et Atlantic Highlands, N.J., 1976–1981), 2.

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J. E. Rea et Patricia E. Roy, « MARTIN, JOSEPH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/martin_joseph_15F.html.

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Auteur de l'article:    J. E. Rea et Patricia E. Roy
Titre de l'article:    MARTIN, JOSEPH
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
Année de la révision:    2005
Date de consultation:    21 déc. 2024