WINNIETT, WILLIAM, officier, marchand et colon, membre du Conseil de la Nouvelle-Écosse, né vers 1685, mort noyé dans le port de Boston, Massachusetts, en avril 1741.

On dit que Winniett naquit en France de parents huguenots, mais ce n’est pas certain. En 1701, il vint de Londres avec Francis Nicholson* et participa à titre de volontaire à l’expédition contre Port-Royal (Annapolis Royal, N.-É.) ; il servit d’abord comme enseigne puis comme adjudant, et ensuite comme sous-lieutenant dans le Walton’s New Hampshire Regiment. Pendant un certain temps, il fut lieutenant dans la garnison d’Annapolis Royal puis abandonna sa commission dans l’armée, en 1711, pour se lancer dans la carrière de marchand-trafiquant. Cette même année, il épousa Marie-Madeleine Maisonnat, fille de Pierre Maisonnat* et de Madeleine Bourg.

Winniett établit des relations commerciales avec Annapolis Royal, avec les établissements acadiens en haut de la baie de Fundy et avec Canseau (Canso) ; il y vendait diverses variétés de vivres, dont un grand nombre avaient été transportées depuis Boston. Il fournit du bois à la garnison d’Annapolis Royal, et il semble qu’au cours des années 20 il ait eu des intérêts dans les pêcheries. En juin 1722, il se fit voler par les Indiens, aux Mines (Minas), « pour une valeur atteignant £1 500, marchandises et vaisseau ». Les Micmacs et les Malécites attaquèrent Annapolis Royal le 4 juillet 1724 ; Winniett témoigna devant le Conseil de la Nouvelle-Écosse le 16 juillet et déclara qu’il avait été informé du projet d’attaquer les Mines le 1er juillet, mais que les Français l’avaient assuré que la garnison d’Annapolis devait en être déjà avertie. En 1725 il fut de ceux qui persuadèrent le Conseil de la Nouvelle-Écosse de permettre aux seuls colons d’Annapolis de faire du commerce en haut de la baie de Fundy. Il appuya de nouveau cette politique en 1727, la considérant comme un moyen de rendre les Acadiens tributaires dans une plus large mesure d’Annapolis Royal pour leur approvisionnement et moins en position d’aider les Indiens dans leurs expéditions contre les Anglais.

Les rapports de Winniett avec le gouvernement de la Nouvelle-Écosse furent souvent tendus. En 1714, le gouverneur Francis Nicholson conseilla fortement au lieutenant-gouverneur, Thomas Caulfeild*, de ne pas faire appel aux services de Winniett, ni même de lui permettre de pénétrer à l’intérieur de la garnison, attirant son attention sur les sentiments pro-français de la femme de Winniett et de sa famille. Vers la même époque, Winniett était aussi à couteaux tirés avec le capitaine Lawrence Armstrong* qui cherchait à lui interdire tout rapport avec la garnison. Toutefois, Caulfeild défendit Winniett et dénonça la manière d’agir d’Armstrong. En 1720, ayant protesté contre l’ouverture d’un entrepôt de céréales à Annapolis Royal, Winniett subit les réprimandes du gouverneur et du conseil pour son attitude à leur égard, laquelle fut qualifiée d’ « insolente, d’irrespectueuse, d’impudente, de méprisante et de contraire au devoir », et on lui ordonna de présenter ses excuses. Il écrivit une lettre de soumission qui lui permit de rentrer en grâce.

En novembre 1729, Winniett, à titre de « plus important marchand et l’un des premiers habitants anglais de cet endroit », fut nommé au Conseil de la Nouvelle-Écosse où il remplaça un des deux conseillers malades. De concert avec Erasmus James Philipps, il élabora en 1730 un système pour attirer du numéraire en Nouvelle-Écosse et l’y conserver. En 1731, il échoua dans ses démarches pour faire valider ses droits présumés à la propriété de terres situées à l’est de la rivière Penobscot et, dès lors, il assista de moins en moins souvent aux réunions du conseil. Le conflit qui s’était élevé entre Alexander Cosby, son gendre, et le lieutenant-gouverneur Lawrence Armstrong, et qui entraîna la démission de Cosby comme membre du conseil, en 1732, affecta aussi probablement Winniett. Vers le même temps, Henry Cope accusa Winniett d’avoir mis les Indiens des Mines au courant du fait que le gouvernement construisait à cet endroit une maison devant servir de caserne à une compagnie de soldats. Finalement, le 9 janvier 1734, Armstrong suspendit Winniett du conseil, invoquant son manque d’assiduité et sa conduite en général. Les membres du Board of Trade refusèrent toutefois d’entériner la décision d’Armstrong et lui conseillèrent de ne pas se montrer aussi intransigeant quant à la conduite des conseillers, dans une colonie aussi jeune, où il y avait si peu de civils aptes à faire partie du conseil.

On sait peu de chose de l’activité de Winniett après ce temps et jusqu’à sa mort qui survint en 1741. Au dire de Paul Mascarene, Winniett laissa sa femme dans une situation lamentable. Il eut sept fils et six filles. Un de ses fils, Joseph, fut juge et membre de l’Assemblée de la Nouvelle-Écosse. Trois de ses filles, Anne, Elizabeth et Marie-Madeleine, épousèrent des membres du conseil, soit dans l’ordre : Alexander Cosby, John Handfield et Edward How.

Charles Bruce Fergusson

APC, Nova Scotia A, 3, p. 185.— BM, Add. mss, 19 070, no 2, ff.65–66 (copie aux APC, MG 21, E5).— PANS, RG 1, 14, 22, 23, 24 ; Unpub. papers of N.S. Hist. Soc., A. W. Savary, Ancestry of General Sir William Fenwick Williams of Kars (contient des renseignements sur la famille Winniett).— PRO, CO 217/1, ff.62–63, 402 ; 217/2, ff.25–30, 68, 71, 73, 190 ; 217/4, ff.8, 17, 19, 128–129, 300 ; 217/5, ff.66–68 ; 217/6, ff.117, 208–209 ; 218/2, f.153.— Boston Gazette, 27 avril 1741.— Boston Weekly News-Letter, 24 avril 1741.— Knox, Historical journal (Doughty).— N.SArchives, I ; II ; III ; IV. PRO, CSP, Col., 1722–23 ; 1731 ; 1732 ; 1734–35 ;1735–36 ; JTP, 1714/15–1718.— The Fulham papers in the Lambeth palace library, W. W. Manross, édit. (Oxford, Angl. 1965), 6.— Calnek, History of Annapolis (Savary).— Murdoch, History of Nova-Scotia. Savary, Supplement to history of Annapolis. C. J. d’Entremont et H.-J. Hébert, Parkman’s diary and the Acadian exiles in Massachusetts, French Canadian and Acadian Geneal. Rev. (Québec), I (1968) : 251, 255–263.— Historical Nova Scotia families, Morning Herald (Halifax), 5 sept. 1889 ; Morning Chronicle (Halifax), 6 sept. 1889.

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Charles Bruce Fergusson, « WINNIETT, WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 23 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/winniett_william_3F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
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