VILLIEU, CLAUDE-SÉBASTIEN DE, officier en Acadie, major de cette colonie, dates et lieux de naissance et de décès inconnus (1690–1705).
De nombreux historiens l’ont confondu avec son père qui portait les mêmes prénoms. Celui-ci, né à Turin en 1633, vint au Canada comme lieutenant au régiment de Carignan-Salières avec lequel il prit part à la campagne de 1666 contre les Iroquois. Il reçut de Talon* une concession sur les rives du Saint-Laurent en 1672 et mourut avant 1692. Il avait épousé en 1668, près de Nantes, Jeanne Lebreton avec qui il eut plusieurs enfants.
Dans ses lettres au ministre des 29 septembre 1700 et 25 novembre 1703, son fils Claude-Sébastien expose qu’il sert depuis 1674 et qu’il a fait campagne en Flandre, en Allemagne, en Catalogne et en Roussillon pendant 15 ans avant de venir au Canada. Nommé garde-marine à Rochefort le 16 mars 1687, il participa en 1690 à la défense de Québec. Il épousa à Québec, le 9 avril 1692, Judith Leneuf, fille de Michel Leneuf de La Vallière de Beaubassin (père) et de Marie Denys. Ils n’eurent qu’un seul enfant, Sébastien.
Envoyé comme lieutenant en Acadie en 1690, il y reçut le 1er mars 1693 le commandement d’une compagnie. En mai 1694, il alla mettre fin aux négociations entre Anglais et Indiens dans la région de Pentagouet (Penobscot). Jugé « plus propre que d’autres à la guerre de campagne avec les Sauvages », il se distingua avec Bomoseen à la tête de partis d’Indiens abénaquis lors de l’attaque d’Oyster River (Durham, N. H.) en juillet. Buade* de Frontenac demanda pour lui une récompense et le chargea de commander au fort de Naxouat (Nashwaak) sur la rivière Saint-Jean. En août 1696, Villieu participa, avec Jean-Vincent d’Abbadie de Saint-Castin, aux opérations victorieuses menées par Pierre Le Moyne d’Iberville contre le fort de Pemaquid. De retour de cette attaque, il fut fait prisonnier par le capitaine Hathorne, le passeport qu’il avait obtenu des Anglais étant expiré. Il fut libéré sur les instances de Frontenac, après avoir été mené en captivité à Boston. Il passa en France en mai 1698, puis revint en Acadie où il exerça le commandement de la colonie par intérim après la mort de Robinau* de Villebon de juillet 1700 à décembre 1701.
De 1699 à 1705, Villieu aidait son beau-père, Michel Leneuf, dans son litige contre Pierre Tibaudeau et Guillaume Blanchard, au sujet de terres à Chipoudy. Nommé major de l’Acadie le 1er février 1702, puis de nouveau commandant par intérim le 1er mars, il reçut une gratification de 1 000#. Ses démêlés avec Brouillan [Monbeton], Goutin et les missionnaires provoquèrent son interdiction en 1703. Atteint d’asthme, il reçut son congé définitif le 1er mai 1704 avec une pension de 600# et resta quelque temps dans le pays, puisqu’il en reçut encore le commandement par intérim le 30 août 1705. Villieu rentra en France peu après et vendit pour 4 000# sa maison de Port-Royal (Annapolis Royal, N.-É.) aux Récollets qui la transformèrent en église paroissiale. On perd ensuite sa trace.
Diversement apprécié, Villieu s’entendit très mal avec ses chefs, les gouverneurs Robinau de Villebon et de Brouillan qui le prétendent « difficultueux et incommode ». Ils l’accusent de n’avoir que son intérêt pour but et de trafiquer avec les Indiens. En décembre 1706, Auger de Subercase supplie le ministre de ne pas renvoyer Villieu en Acadie. Mais il était très populaire dans la colonie ; le notaire Loppinot écrit, le 15 juillet 1705 : « sa piété, sa valeur, sa capacité l’ont rendu tellement agréable aux yeux des habitants qui vous le redemandent avec instance ».
AN, Col., B, 16, f.187v. ; 17, f.136 ; 19, f.44 ; 22, f.177 ; 23, ff.124v., 141, 157, 158, 281v., 283v. ; 25, ff.77v., 78 ; 27, f.369v. ; Col., C11A, 11, f.93 ; 12, f.217 ; 13, ff.55, 81v., 124, 153, 285, 301, 322 ; 14, ff.100, 210, 246 ; 15, ff.3, 98v. ; 16, f.55v. ; Col., C11D, 2, ff.220, 225, 228, 230, 244, 258, 274, 277 ; 3, ff.27, 70, 78, 111, 128, 226 ; 4, ff.17, 52, 142v., 186, 234, 268, 270, 290, 320v. ; 5, ff.95, 136v., 213v., 251v., 253v. ;Col., D2C,49, f.109v. ; 222 ; Marine, C7, 350 (dossier de Villieu).— Coll. de manuscrits relatifs à la N.-F., II : 135–143.— A. Roy, Inv. greffes not., XVIII : 9.— P.-G. Roy, Inv. concessions, II : 136 ; IV : 154s. ; V : 297.— Lettres de noblesse (P.-G. Roy), I : 69, 70 ; II : 78.— Webster, Acadia.— Le Jeune, Dictionnaire, II.— Lauvrière, La tragédie d’un peuple.— Rameau de Saint-Père, Une colonie féodale, I : 243–246, 267–270.
Étienne Taillemite, « VILLIEU, CLAUDE-SÉBASTIEN DE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/villieu_claude_sebastien_de_2F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/villieu_claude_sebastien_de_2F.html |
Auteur de l'article: | Étienne Taillemite |
Titre de l'article: | VILLIEU, CLAUDE-SÉBASTIEN DE |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1969 |
Année de la révision: | 1991 |
Date de consultation: | 21 déc. 2024 |