GAULIN, ANTOINE, prêtre du séminaire des Missions étrangères de Québec, missionnaire chez les Abénaquis et les Micmacs d’Acadie et de la Nouvelle-Écosse, né à Sainte-Famille, île d’Orléans, le 17 avril 1674, du mariage de François Gaulin, fermier, et de Marie Rocheron. Ordonné prêtre à Québec le 21 décembre 1697, il y mourut le 7 mars 1740.

Gaulin arriva en Acadie en 1698 et, l’année suivante, remplaça l’abbé Thury* à la mission des Abénaquis de Pentagouet (près de Castine, Maine). L’abbé Philippe Rageot le secondait dans sa tâche. Durant cette période, l’abbé Gaulin employa tous ses efforts à combattre le commerce d’eau-de-vie que menait Claude-Sébastien de Villieu. Le 5 octobre 1702, Ango Des Maizerets le nommait vicaire général en Acadie.

C’est à cette époque que Gaulin forma le projet de réunir les Indiens de la région de Penobscot dans une grande mission, près de Canseau (Canso), pour les éloigner de la Nouvelle-Angleterre. En 1707, toutefois, les Anglais s’étant emparés des provisions destinées à la nouvelle mission, le projet se trouva contrecarré. La guerre avec les Anglais éclata et la même année Gaulin, avec Bernard-Anselme d’Abbadie de Saint-Castin, mena ses Indiens à la rencontre de l’envahisseur anglais John March et de ses troupes. Après la prise de Port-Royal (rebaptisé Annapolis Royal) en 1710, Gaulin, pour se conformer aux ordres de Pontchartrain, veilla à ce que ses Indiens harcèlent les Anglais pour les empêcher de s’établir fermement en Nouvelle-Écosse. La garnison anglaise était à cette époque sous les ordres de Samuel Vetch et de son adjoint Sir Charles Hobby. Toutefois, Gaulin ne put mener une attaque générale contre Annapolis Royal car le navire qui devait apporter vêtements, armes et munitions à ses Indiens fut capturé par les Anglais.

Entre les années 1717 et 1720, après que la France eut fondé une nouvelle colonie à l’île Royale (île du Cap-Breton), Gaulin réussit à réunir un grand nombre de Micmacs de la péninsule en une grande mission à Antigonish, à l’intérieur du territoire anglais mais près de l’île Royale. Plus tard il fonda des missions au Cap-Sable, La Hève (Lahave), Shubenacadie et Mirligueche (près de Lunenburg).

Gaulin et ses confrères missionnaires, Justinien Durand* et Félix Pain*, eurent moins de succès dans leurs efforts pour convaincre beaucoup d’Acadiens d’aller s’établir à l’île Royale. Gaulin se rendit en France en 1718 pour demander de l’aide « pour le bien de la religion et l’avantage de la colonie ». Disposant de fonds plus considérables il fut en mesure de faire le recensement de la population acadienne en Nouvelle-Écosse en 1727 et de traduire, avec son aide, Michel Courtin, des prières et un catéchisme en langue micmaque. L’aide financière lui permit aussi de mieux remplir ses devoirs de missionnaire auprès des Indiens, de maintenir chez les Acadiens un sentiment de fidélité envers la France et d’empêcher les Indiens de signer un traité de paix avec les Anglais. Ces diverses activités amenèrent Lawrence Armstrong, le lieutenant-gouverneur d’Annapolis Royal, à le traduire devant le conseil exécutif en 1726 : le conseil réduisit ses fonctions à celles de curé des Mines (Minas, N.-É.). À la même époque, les Français l’accusaient d’inciter les Indiens à faire la paix avec les Anglais. Toutefois ces accusations se révélèrent sans fondement. Ces longues années de service avaient ruiné sa santé ; il vécut sans bruit aux Mines jusqu’en 1731, ensuite à Annapolis, et se retira finalement à Québec en 1732.

Les Anglais craignaient Gaulin à cause de l’influence considérable qu’il exerçait sur les Indiens et les Acadiens ; les Français, dont il était le principal agent de liaison avec les Indiens, lui faisaient confiance ; et les Indiens l’aimaient car il avait contracté des dettes considérables pour leur procurer un certain bien-être.

Un ex-voto dans la basilique de Sainte-Anne de Beaupré représente Gaulin parmi les passagers d’un navire ballotté par la tempête, mais que l’intervention de sainte Anne sauve du naufrage.

David Lee

AN, Col., B, 27, L28 ; 29, ff.7, 29 ; 33, f.42 ; 34, E.85, 111v. ; 35, f.32 ; 36, ff.445, 447, 448 ; 37, f.226 ; 42, f.472 ; 48, f.410 ; 49, f.705 ; 50, f.581 ; 52, f.586 ; 53, f.24 ; 55, f.563 ; 57, f.744 ; 58, f.516 ; Col., C11A, 18, fr.139–141 ; Col., C11B, 1, f.249 ; 2, f.237 ; 3, f.42, 4, f.251 ; 5, f.358 ; 6, f.77 ; Col., C11D, 4, f.45 ; 6 ‘ f 250 ; 7, f.177 ; 8, f.3 – APC, Nova Scotia A, 15, pp.150ss ; Nova Scotia B, 1, pp.96–97, 99–101, 104ss.— ASQ : Fonds Amédée-Gosselin, 49 ; Polygraphie, IX : 23c.— Coll. doc. inédits Canada et Amérique, CF, I (1888) 190–193.— Coll. de manuscrits relatifs à la N.-E, II 336s., 385, 466, 504, 566 ; III : 126s.— Correspondance de Vaudreuil, RAPQ, 1939–40 : 337.— N.S. Archives, I : 68–69 ; II : 77 ; III : 204.— J.-B.-A. Allaire, Dictionnaire biographique du clergé canadien-français (6 vol., Montréal, 1910–1934).— Caron, Prêtres séculiers et religieux, BRH, XLVII (1941) : 295.— Bernard, Le drame acadien.— Casgrain, Les Sulpiciens en Acadie.— Gosselin, L’Église du Canada, I : 368 ; II : 229.— Harvey, French régime in P.E.I.— A. A. Johnston, A history of the Catholic Church in eastern Nova Scotia [1611–1827] (1 vol. parti, Antigonish, 1960), I.— McLennan, Louisbourg.— Gérard Morisset, Peintres et tableaux (2 vol., « Les arts au Canada français », Québec, 1936–1937), I : 54.— P.-G. Roy, L’île d’Orléans (Québec, 1928), 363–365.— R. V. Bannon, Antoine Gaulin (1674–1740) : an apostle of early Acadie, CCHA Report, 1952 : 49–59.

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David Lee, « GAULIN, ANTOINE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/gaulin_antoine_2F.html.

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Auteur de l'article:    David Lee
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1969
Année de la révision:    1991
Date de consultation:    20 nov. 2024