VENNOR, HENRY GEORGE, géologue, ornithologue et « météorologue », né le 30 décembre 1840 à Montréal, fils de Henry Vennor, quincaillier, et de Marion Paterson, décédé le 8 juin 1884 à Montréal.

Henry George Vennor étudia à la Philips School et au lycée (High School) de Montréal, où il manifesta un grand intérêt pour les sciences naturelles. Encore écolier, il monta une collection de couleuvres et autres reptiles de la région, qu’il conservait dans l’alcool, et pour laquelle il mérita une mention honorable à une exposition provinciale. À la fin des années 1850, il commença de fréquenter le McGill College, où il étudia la géologie, la minéralogie, la zoologie et le génie civil avec des hommes de science éminents comme John William Dawson* et Thomas Sterry Hunt*. Avant de recevoir ses diplômes avec distinction en 1860, Vennor assembla une grande collection de fossiles de l’île de Montréal, écrivit plusieurs articles sur la vie des oiseaux dans la même région pour le Canadian Naturalist and Geologist, et entreprit la rédaction d’un compte rendu sur les oiseaux chanteurs de l’est du Canada, qui devait paraître dans le British American Magazine de Toronto en 1864. Après l’obtention de ses diplômes, il travailla pendant cinq ans pour l’entreprise de quincaillerie de John Frothingham* et William Workman* à Montréal, tout en continuant à collectionner les fossiles et les oiseaux. En 1865, Vennor accepta d’être apprenti sous la direction de sir William Edmond Logan*, directeur de la Commission géologique du Canada, à qui il apporta son aide dans l’étude géologique de l’île Manitoulin. L’année suivante, il fut nommé membre de la commission et il travailla ensuite pendant 15 ans dans la région du sud-est de l’Ontario, et dans le comté de Pontiac, Québec, établissant les répartitions fondamentales des unités lithologiques et décrivant en détail les gisements minéraux et métallifères d’intérêt économique. Pour terminer ces travaux de façon satisfaisante, Vennor dut préparer des cartes topographiques adéquates, une tâche pénible qu’il accomplit avec patience et habileté.

Au cours de 1866, Vennor fut associé de près à la première découverte d’or dont on ait fait mention dans les roches précambriennes de l’Ontario, dans une petite mine métallifère du canton de Madoc, comté de Hastings. Le mérite lui revient d’avoir minimisé l’importance de la découverte et d’avoir prévu la baisse rapide de la ruée vers l’or qui s’ensuivit, prédiction confirmée l’année suivante. Il demeura passionné pour les mines et les gisements minéraux, et il fit beaucoup pour promouvoir les intérêts des exploitants locaux. En 1872, par exemple, il attira l’attention sur les gisements de phosphate du comté d’Ottawa, Québec, où un certain nombre de mines furent ensuite exploitées avec des profits considérables durant la vague de prospérité du phosphate dans les années 1880.

En 1867, Vennor publia un article sur la question vitale de la stratigraphie du bouclier précambrien dans la région du comté de Hastings, dans le Quarterly Journal de la Geological Society of London, une association prestigieuse dont il fut élu membre en 1870. Cependant, à part quelques courts articles, il n’écrivit rien d’autre dans les journaux scientifiques ; ses grandes contributions parurent plutôt dans sept rapports de la Commission géologique du Canada. En 1876, il publia aussi Our birds of prey [...], un ouvrage abondamment illustré de photographies collées représentant des oiseaux de proie empaillés, exécutées par William Notman*. L’entreprise se révéla une faillite commerciale, et Vennor se plaignit plus tard que le livre était « trop cher pour le Canada ».

En 1881, Vennor démissionna de la Commission géologique du Canada parce que ses transactions sur les terrains contenant des mines de phosphate auraient créé un conflit d’intérêts, ce que le parlement devait peu après défendre aux fonctionnaires de la commission. Vennor eut aussi apparemment de sérieuses disputes avec Alfred Richard Cecil Selwyn*, successeur de Logan à la commission, à propos des conditions de travail et de ses rapports (les résultats des travaux géologiques de Vennor pendant les cinq dernières années ne furent jamais publiés). Il est probable que l’avancement de jeunes gens mieux entraînés (un George Mercer Dawson*, par exemple) l’irritait, comme aussi quelques-uns de ses collègues. Compte tenu de sa formation générale en sciences naturelles, Vennor avait fait du bon travail dans une région à la géologie excessivement complexe et qui constitue encore à notre époque un défi pour les géologues. Son objectif principal avait été le développement économique que constituerait l’exploitation minière. Il continua de montrer son intérêt en ouvrant à cette époque un bureau de consultation à Montréal.

Par son travail, Vennor devait vivre une grande partie de l’année au dehors et ce n’est pas étonnant qu’il ait étudié avec intérêt les variations du temps et tout ce qui concerne les prévisions atmosphériques. À l’automne de 1875, « se fiant à ses pressentiments », il prédit avec exactitude, dans des journaux locaux, un Noël vert et un Jour de l’an maussade à Montréal. La prédiction éveilla l’intérêt du public et l’incita à publier en 1877 le premier Vennor’s almanac. En recueillant des données atmosphériques des années précédentes et en les mettant en regard du temps de cette année-là, Vennor prétendit avoir découvert une « loi de récurrences » qui lui permettait de prévoir avec exactitude le temps qu’il ferait. Les almanachs, publiés annuellement, étaient beaucoup lus et appréciés dans tout l’est de l’Amérique du Nord et connurent un tel succès qu’une édition américaine fut publiée en 1881 ; en 1882 et une partie de 1883, un mensuel, le Vennor’s Weather Bulletin, vint s’ajouter à l’almanach.

Vennor continua de travailler à son almanach jusqu’à sa mort, survenue en juin 1884, après quoi Walter H. Smith poursuivit le travail, ajoutant aux théories de Vennor son propre système d’« astrométéorologie ». Dans l’édition de 1885 de l’almanach, Smith déclara que Vennor avait laissé à sa mort une épouse et trois enfants, mais les autres notices nécrologiques ne font aucune mention de sa famille. De fait, rien n’a été écrit à propos de sa mort dans le monde scientifique. Cependant, on lui rendit hommage en première page dans le New York Times et la Gazette de Montréal ; celle-ci parla de lui comme « d’un chercheur intelligent dont l’œuvre survivra après lui », un honneur mérité pour cet homme de science original.

P. R. Eakins

Henry George Vennor est l’auteur de « On the feathered songsters of the island of Montreal », British American Magazine (Toronto), 2 (1864) : 606–610. Il publia dans le Canadian Naturalist and Geologist, « Notes on birds wintering in and around Montreal ; from observations taken during the winters of 1856–57–58–59–60 », 5 (1860) : 425–430 ; « A short review of the sylviadæ or wood-warblers found in the vicinity of Montreal », 6 (1861) : 349–362 ; « Cave in limestone near Montreal », nouv. sér., 1 (1864) : 14–16 ; « Ascending section of Laurentian rocks in the county of Hastings, Canada West », nouv. sér., 3 (1868) : 310s., paru d’abord dans Geological Soc. of London, Quarterly Journal (Londres), 23 (1867), part. I : 256s. ; et « Notes on some of the galena or sulphuret of lead deposits connected with the Laurentian rocks of Ontario », nouv. sér., 7 (1875) : 455–462. Vennor publia dans Geological Survey of Canada, Report of progress for [...] (Montréal et Ottawa), « Report on the geology and economic minerals of parts of Hastings, Addington, and Peterborough counties », 1866 to 1869 (1870), 143–171 ; « Abstract of a report on the geology of parts of the counties of Frontenac, Leeds, and Lanark, Ont. », 1870–71 (1872), 309–315 ; « Progress report of explorations and surveys in the counties of Leeds, Frontenac, and Lanark, with notes on the gold of Marmora, with assays by B. J. Harrington », 1871–72 (1872), 120–141 ; « Report of explorations and surveys in the counties of Addington, Frontenac, Leeds, and Lanark (Ontario) », 1872–73 (1873), 136–179 ; « Report of explorations and surveys in Frontenac, Leeds, and Lanark counties, with notes on the plumbago of Buckingham, and apatite of Templeton and Portland townships, Ottawa Co. », 1873–74 (1874), 103–146 ; « Progress report of explorations and surveys in the rear portions of Frontenac and Lanark counties, together with notes of some of the economic minerals of Ontario », 1874–75 (1876), 105–165 ; et « Progress report of explorations and surveys made during the years 1875 and 1876 in the counties of Renfrew, Pontiac, and Ottawa, together with additional notes on the iron ores, apatite, and plumbago deposits of Ottawa County », 1876–77 (1878), 244–320. Il fit paraître également dans des revues américaines « Archæan of Canada », American Journal of Science and Arts (New Haven, Conn.), 3e sér., 14 (juill.–déc. 1877) : 313–316 ; et « Phosphates in Canada », Engineering and Mining Journal (New York), 33 (janv.–juin 1882) : 69. Les autres ouvrages de Vennor sont : Our birds of prey, or the eagles, hawks and owls of Canada (Montréal, 1876) ; Vennor’s almanac (Montréal), 1877–1885 ; et Vennor’s weather bulletin (Montréal), 1882–1883.

AC, Montréal, État civil, Congrégationalistes, Emmanuel Church (Montréal), 10 juin 1884.— ANQ-M, État civil, Congrégationalistes, Zion Church (Montréal), 20 mai 1841.— McGill Univ. Libraries (Montréal), Blacker Wood Library, H. G. Vennor papers.— Examiner (Charlottetown), 14 juin 1884.— Gazette, 9 juin 1884.— New York Times, 9 juin 1884.— Appleton’s cyclopædia of American biography, J. G. Wilson et John Fiske, édit. (7 vol., New York, 1887–1900), VI : 276s.— Dominion annual register, 1879–1884.— Zaslow, Reading the rocks.

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P. R. Eakins, « VENNOR, HENRY GEORGE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/vennor_henry_george_11F.html.

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Auteur de l'article:    P. R. Eakins
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
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