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VALLÉE, ARTHUR (baptisé Thomas-Évariste-Arthur), médecin, professeur et surintendant d’asile, né le 22 décembre 1848 à Québec, fils de Prudent Vallée, maître menuisier, et d’Henriette Cazeau (Casault), et frère de Louis-Prudent ; le 30 avril 1878, il épousa à Québec Honorine Chauveau, fille de Pierre-Joseph-Olivier Chauveau*, et ils eurent sept enfants, dont deux atteignirent l’âge adulte ; décédé le 23 janvier 1903 à Québec.
Arthur Vallée étudia au collège de Lévis de 1861 à 1864, au petit séminaire de Québec de 1864 à 1867 et au collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière de janvier à juillet 1868. Il s’inscrivit ensuite pour un an à la faculté des arts de l’université Laval avant d’entreprendre sa médecine dans la même université. Diplômé en 1873, il alla poursuivre sa formation en Europe. Il passa plusieurs mois à faire la tournée des hôpitaux de Londres, mais la plus grande partie de son séjour à l’étranger fut consacrée à des études à Paris.
De retour à Québec, Vallée obtint son autorisation d’exercer en septembre 1875, et trois ans plus tard, la faculté de médecine de l’université Laval l’engagea en qualité de professeur. Après avoir enseigné la médecine légale de 1881 à 1885, il devint professeur de tocologie. En 1892, il ajouta les maladies mentales aux matières qu’il enseignait déjà. Dès lors, il fut professeur de tocologie, de gynécologie et de psychiatrie. Au moment de sa mort, il donnait aussi des cours d’histoire de la médecine et d’éthique médicale.
Vallée fut attaché à l’asile de Beauport à compter de 1879, d’abord à titre de médecin visiteur. Le gouvernement provincial avait créé ce poste plus tôt dans l’année dans l’espoir d’améliorer l’inspection et le fonctionnement des asiles. Le préfet Clément Vincelette, qui, dans les faits, dirigeait l’asile, ne voyait pas du tout d’un bon œil la présence de Vallée. La réorganisation des services médicaux de l’établissement [V. Henry Howard*], en 1885, aggrava leur conflit. Le gouvernement provincial de John Jones Ross venait d’adopter un projet de loi prévoyant la constitution d’un bureau médical dont les membres, nommés et rémunérés par le gouvernement, allaient superviser tous les aspects des traitements dans les asiles. Comme les ultramontains, par crainte des conséquences de l’ingérence de l’État dans les établissements dirigés par des communautés religieuses, résistaient à cette loi, on forma une commission royale en 1887. Vallée témoigna devant les commissaires que, à l’asile de Beauport, le préfet gagnait la partie chaque fois qu’il y avait désaccord entre lui et le bureau médical.
La crise trouva une solution en 1893 : l’asile fut vendu aux Sœurs de la charité de Québec, qui s’engagèrent par contrat avec le gouvernement provincial à s’occuper des patients. Vallée fut nommé surintendant de l’asile et entreprit une série de réformes prudentes. La plus notable fut l’instauration du régime non coercitif qui avait été conçu et prôné en Angleterre au milieu du xixe siècle. Il s’agissait de diminuer la violence en abolissant la contention et les châtiments corporels, à l’exception de l’isolement total.
En 1898, Vallée devint le premier président de la Société médico-psychologique de Québec, qui regroupait des médecins de l’hôpital Saint-Jean-de-Dieu, de l’asile de Beauport, de l’hôpital protestant des aliénés ainsi que de l’asile de Saint-Ferdinand-d’Halifax. C’était avant tout une société savante, mais elle s’employa à réformer concrètement l’administration asilaire de plusieurs façons, notamment par la modification des pratiques nosographiques et du régime d’admission. La société adhérait à la théorie de la dégénérescence, qui mettait beaucoup d’accent sur le caractère héréditaire des maladies mentales. Selon cette théorie, même les caractéristiques acquises étaient transmises par l’hérédité.
Arthur Vallée participait à divers genres d’activités médicales, et la vie culturelle et littéraire l’intéressait aussi : par exemple, de 1878 à 1880, il fut président de l’Institut canadien de Québec. Il était souvent appelé à témoigner à titre d’expert dans des affaires criminelles où l’accusé plaidait non coupable pour cause d’aliénation mentale, mais on se rappelle peut-être surtout qu’il fut l’un des principaux psychiatres praticiens de Québec dans la période où la psychiatrie devint une spécialité de la médecine.
Arthur Vallée est l’auteur de : les Asiles d’aliénés de la province de Québec (rapport à l’honorable secrétaire provincial) (Québec, 1890).
AN, MG 28, I 165, vol. 2 : 70–79.— ANQ-Q, CE1-22, 23 déc. 1848, 30 avril 1878, 27 janv. 1903 ; E104/4, 1.—ASQ, Fichier des anciens.— Le Soleil, 24 janv. 1903.— C.-M. Boissonnault, Histoire de la faculté de médecine de Laval (Québec, 1953).— Cyclopœdia of Canadian biog. (Rose et Charlesworth).— Peter Keating, « l’Institutionnalisation de la psychiatrie au Québec : 1800–1914 » (thèse de ph.d., univ. de Montréal, 1986).— « Société médico-psychologique de Québec », l’Union médicale, 27 (1898) :529.
Peter Keating, « VALLÉE, ARTHUR (baptisé Thomas-Évariste-Arthur) (1848-1903) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/vallee_arthur_13F.html.
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Auteur de l'article: | Peter Keating |
Titre de l'article: | VALLÉE, ARTHUR (baptisé Thomas-Évariste-Arthur) (1848-1903) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1994 |
Année de la révision: | 1994 |
Date de consultation: | 20 nov. 2024 |