STEWART, THOMAS, ministre presbytérien, professeur et administrateur ecclésiastique, né le 16 décembre 1855 à West Bay, Nouvelle-Écosse, quatrième fils du révérend Murdoch Stewart et de Catherine McGregor ; jeune frère de Donald Alexander Stewart* et de John Stewart* ; le 10 juillet 1888, il épousa à St George, Nouveau-Brunswick, Florence Russell Wetmore, et ils eurent deux filles ; décédé le 8 janvier 1923 à Halifax.

En 1843, le père de Thomas Stewart, ministre presbytérien, quitta l’Écosse pour immigrer dans l’île du Cap-Breton. Thomas naquit dans le giron de l’Église libre de la Nouvelle-Écosse, dont son père fut modérateur en 1851, et comme lui il embrassa le sacerdoce. Formé d’abord à la Pictou Academy et à la Dalhousie University, où il obtint une licence ès arts en 1882, il reçut en 1884 une licence en théologie du Presbyterian College de Halifax. Autorisé à prêcher par le consistoire de Halifax en avril 1884, il passa la session d’hiver 1884––1885 à faire des études supérieures dans les classes de théologie de l’Église presbytérienne unie et de l’Église libre à Édimbourg. C’est là qu’il subit l’influence de Henry Drummond, professeur de sciences naturelles au collège de l’Église libre et théologien évangélique dont les œuvres conciliaient théorie de l’évolution et christianisme et incitaient les chrétiens à façonner leur milieu social. En outre, Stewart fit du travail social auprès des enfants des taudis.

De retour au sein du synode des provinces Maritimes, Stewart fut ordonné par le consistoire de Saint-Jean au Nouveau-Brunswick en janvier 1886 et œuvra un moment en qualité de missionnaire à St George et à Pennfield, dans la même province. Invité à Sussex en 1887, il s’installa en 1891 à l’église St James de Dartmouth, en Nouvelle-Écosse, où il resta 17 ans. Il se retira du ministère en 1908, quand il fut nommé professeur d’histoire de l’Église et de théologie pratique au Presbyterian College de Halifax. Toujours en 1908, cet établissement lui décerna un doctorat en théologie. Bien qu’il n’ait pas eu un tempérament d’érudit, la formation qu’il avait reçue à Édimbourg l’avait bien préparé à ce poste. Non seulement croyait-il fermement, comme son père, en la nécessité d’un clergé instruit, mais il était aussi un prédicateur évangélique réputé. Durant ses cinq années d’enseignement, il défendit avec vigueur le Social Gospel, et ce fut lui, surtout, qui promut cette tendance par le synode des Maritimes. Dans un texte publié en 1911 par le Theologue de Halifax, il appelait l’Église à ne pas se montrer indifférente au type de pauvreté urbaine qui sévissait à Halifax et à Sydney, et il pressait les ministres de s’intéresser de près à la vie quotidienne de leurs paroissiens. Deux autres grands partisans du mouvement Social Gospel dans les Maritimes appuyaient ces positions : le révérend John William Angus Nicholson*, de l’église St James à Dartmouth, et le révérend William Henry Smith*, de l’église St Paul à Fredericton. En grande partie grâce à ces ministres, les presbytériens des Maritimes attirèrent l’attention sur des problèmes sociaux peut-être plus diversifiés que ceux dont l’Église s’occupait officiellement par l’entremise de ses conseils nationaux et régionaux de tempérance et de réforme morale [V. John George Shearer].

En 1913, Stewart quitta à regret la vie universitaire pour devenir agent, ou trésorier, du conseil d’administration de la section est de l’Église presbytérienne au Canada. Une ou deux fois déjà, on lui avait offert ce poste et il l’avait refusé. Selon l’historien John S. Moir, l’agent jouait le rôle de secrétaire des comités des missions intérieures et étrangères dans les provinces Maritimes, de secrétaire du conseil des surintendants du Presbyterian College, et de trésorier général de tous les programmes de l’Église, sauf le Fonds des veuves et orphelins des ministres. Au cours des neuf ans où il exerça cette fonction, Stewart acquit une réputation d’envergure nationale au sein de l’Église. Il souffrait déjà de la maladie qui allait l’emporter – le cancer, semble-t-il – lorsqu’il fut élu modérateur du synode des Maritimes en septembre 1922. En juin précédent, il avait été nommé greffier en chef de l’assemblée générale. Il mourut en janvier 1923. Eût-il vécu plus longtemps, seule son opposition de principe à l’union interconfessionnelle aurait pu l’empêcher de devenir modérateur de l’assemblée générale. En outre, il serait probablement devenu, à la place d’Ephraim Scott*, le premier modérateur de l’aile de l’Église presbytérienne qui ne s’affilia pas à l’Église unie. À l’encontre de bon nombre de ses plus proches amis et collègues du clergé, il considérait comme schismatique le mouvement d’union des Églises.

Conservateur en matière de théologie et d’affaires ecclésiastiques, Thomas Stewart était en même temps un évangélique dont l’engagement envers la justice sociale s’enracinait dans le libéralisme écossais de son père et de l’Église libre. Sa personnalité présentait aussi une autre facette : il était obnubilé par les missions étrangères, le fardeau de l’homme blanc et l’impérialisme chauvin, ce qui était typique du courant dominant du protestantisme canadien. Toutefois, en tant que partisan progressiste du Social Gospel, il inspirait plus de respect que tout autre éminent ministre presbytérien. « En lui, écrivit Archibald McKellar MacMechan* dans un message de condoléances à John Stewart, alors doyen de la faculté de médecine à Dalhousie, j’ai toujours reconnu la qualité de l’acier. Il me faisait penser à une épée brandie, à quelque chose de clair, de tranchant, de puissant – une arme. Il appartenait à l’Église militante. Son intellect, ses sermons, ses critères de foi et de morale ont toujours présenté pour moi la clarté, l’acuité d’une épée. Je l’ai connu surtout en chaire, prédicateur inflexible et rigoureux de la rectitude. »

Barry Cahill

Les papiers de Thomas Stewart, qui devaient être volumineux, n’existent plus. Ce qu’on sait sur sa carrière provient en grande partie de la notice biographique écrite après sa mort par un de ses plus anciens amis, le révérend George Stephen Carson, et publié dans l’album souvenir de la famille, Toward the sunrising and other sermons (Toronto, 1923). Un sermon prononcé par Stewart en 1921 figure dans History, Church of St. James, Dartmouth, Nova Scotia ([Dartmouth, 1971 ?]). [b. c.]

Dalhousie Univ. Arch. (Halifax), MS 2-82 (A. McK. MacMechan papers), C906.— NSARM, Churches, St James United (Dartmouth), records, 1891–1908 (mfm).— EUC, Maritime Conference Arch. (Sackville, N.-B.), Pine Hill Divinity Hall fonds, 1908–1923.— EUC-C, Biog. file.— Evening Mail (Halifax), 11 janv. 1923.— Presbyterian Witness (Halifax), 1886–1923.— E. A. Betts, Pine Hill Divinity Hall, 1820–1970 : a history (Halifax, 1970).— Michael Boudreau, « Strikes, rural decay and socialism : the Presbyterian Church in Nova Scotia grapples with social realities, 1880–1914 », dans The contribution of Presbyterianism to the Maritime provinces of Canada, C. H. H. Scobie et G. A. Rawlyk, édit. (Montréal et Kingston, Ontario, 1997), 144–159.— Église presbytérienne du Canada, General Assembly, Acts and proc. (Toronto), 1908–1923 ; Synod of the Maritime Provinces, Minutes (Halifax, etc.), 1891–1923 (doc. conservé aussi dans les Maritime Conference Arch. de l’EUC).— B. J. Fraser, The social uplifters : Presbyterian progressives and the Social Gospel in Canada, 1875–1915 (Waterloo, Ontario, 1988) ; « Theology and the Social Gospel among Canadian Presbyterians : a case study », Studies in Religion (Waterloo), 8 (1979) : 35–46.— A. D. MacKinnon, A history of the Presbyterian Church in Cape Breton (Antigonish, N.-É., 1975).— Presbyterian Record (Montréal), 1908–1923.— Theologue (Halifax), 1908–1919.

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Barry Cahill, « STEWART, THOMAS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/stewart_thomas_15F.html.

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