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STANSER, ROBERT, ministre et évêque de l’Église d’Angleterre, né le 16 mars 1760, probablement à Harthill, Yorkshire, Angleterre, où il fut baptisé, fils du révérend Robert Stanser et de Sarah Stanser ; il épousa une prénommée Mary, et ils eurent au moins huit enfants ; décédé le 23 décembre 1828 à Hampton, Angleterre.
Après des études au St John’s College, à Cambridge, en Angleterre, Robert Stanser fut ordonné diacre en 1783 et prêtre l’année suivante. Il fut ensuite nommé vicaire de son père à Bulwell, dans le Nottinghamshire. Avant d’être appelé à exercer son ministère en Nouvelle-Écosse, il travailla plusieurs années à la section responsable de la Grande-Bretagne de la Society for the Propagation of the Gospel in Foreign Parts. En 1791, la société le fit ministre à l’église St Paul de Halifax, dont la communauté de fidèles était réputée pour son indépendance, même quand il s’agissait de choisir son rector. Heureusement pour Stanser, la congrégation se révélait davantage préoccupée de contrecarrer les prérogatives en matière religieuse auxquelles le lieutenant-gouverneur John Parr* tenait beaucoup, et surtout sa prétention à nommer le rector, qu’à promouvoir une candidature particulière à ce poste. À l’automne de 1791, quelques mois après son arrivée à Halifax, Stanser fut installé dans ses fonctions de rector de St Paul.
Stanser conserva son poste pendant 25 ans, bien qu’il se rendit fréquemment en congé en Angleterre, et sut entretenir de bonnes relations avec ses paroissiens, ses supérieurs et l’ensemble des citoyens de Halifax. En dépit du reproche qu’on lui fit plus tard d’être un prédicateur monotone et de style laborieux, il sut se gagner la faveur de ses ouailles, qui étaient exigeantes et connues pour leurs tendances évangéliques ainsi que pour leur solide attachement à l’indépendance de leur groupe. Il réussit également à impressionner l’évêque Charles Inglis* par sa diligence et son affabilité. Stanser maintint aussi des relations cordiales avec les ministres non anglicans de la capitale. Il vendit sans remords les permis de mariage qui lui étaient délivrés par le secrétaire de la province aux pasteurs des églises non conformistes, leur permettant ainsi de célébrer des mariages parmi leurs fidèles. Cette pratique fut critiquée en 1800 mais considérée avec indulgence par la suite. Quand, en 1804, il s’engagea dans un débat doctrinal avec Edmund Burke*, vicaire général de l’évêque catholique de Québec, son but était théologique et non pas politique. Comme il n’avait pas été touché par la Révolution américaine et avait passé les années de la Révolution française dans un milieu où des gens de diverses confessions cohabitaient en paix, il n’était pas parvenu à la même conclusion que les extrémistes de l’Église d’Angleterre, pour qui les non-anglicans ne faisaient pas des sujets loyaux. Burke, quant à lui, n’était certainement pas rancunier : quelques années après le débat sous forme de pamphlet qui l’avait opposé à Stanser et à William Cochran du King’s College, le vicaire général appuya en effet la candidature de Stanser à titre d’évêque de la Nouvelle-Écosse. Stanser fit de nouveau preuve de modération en approuvant la création par Walter Bromley* de la Royal Acadian School, école non confessionnelle destinée aux pauvres et particulièrement aux Noirs de la ville à qui, jusqu’en 1813, on avait enseigné de justes principes religieux et un comportement social respectueux à l’école Bray, supervisée par Stanser où l’enseignement était gratuit. Il apparaissait donc comme une figure exceptionnelle, car il ne suscita aucune controverse, même s’il appartenait à une Église et à une société sans cesse menacées de graves querelles entre factions religieuses. En reconnaissance de la réussite de ses efforts, il reçut d’ailleurs un doctorat honorifique en théologie de Lambeth en 1806, lors d’une visite en Angleterre.
À l’instar d’autres membres du clergé colonial en ces années où la guerre faisait flamber les prix, Stanser s’inquiétait vivement de son revenu. La Society for the Propagation of the Gospel lui versait de maigres appointements de £30, supposant sans doute qu’il tirerait de la location des bancs et du casuel le même montant que son prédécesseur, John Breynton*. Mais dans la course aux faveurs à laquelle se livraient d’avides ministres loyalistes des anciennes colonies américaines, le nouveau venu qu’était Stanser se révéla incapable d’obtenir le même nombre d’aumôneries et de charges d’aumônier auxiliaire que n’en avait auparavant le rector de la paroisse. Cela, même si, en 1793, il fut nommé aumônier du nouveau Royal Nova Scotia Régiment, commandé par le lieutenant-gouverneur John Wentworth*. Il n’est donc pas étonnant qu’il ait dû vendre des permis de mariage à d’autres ministres. Mais, après 1800, il se trouva dans une meilleure situation financière : en 1799, la Society for the Propagation of the Gospel avait porté ses appointements à £70 ; de 1796 à 1802, il obtint des aumôneries à la chambre d’Assemblée, au Conseil de la Nouvelle-Écosse et sur deux navires de la marine ; enfin, en 1807, il vendit son domaine de la rive ouest du bassin de Bedford à Brenton Halliburton*, juge de la Cour suprême.
Ministre de la plus ancienne congrégation du diocèse et personnage apprécié dans sa région, Stanser fut considéré comme le candidat du peuple à l’épiscopat dès qu’Inglis, en 1812, eut réclamé sans succès au gouvernement britannique que son fils John* soit nommé évêque suffragant. Quand l’évêque entendit parler de la campagne menée en faveur de Stanser, il déclara : « Stanser est un bon prêtre de paroisse, mais sa docilité et sa molesse et son manque de fermeté, pour s’en tenir à cela, ne le préparent absolument pas à assumer les charges difficiles d’un évêque dans ce pays et en cette période particulièrement critique. » Mais, en 1813, Stanser fut en mesure de démontrer à lord Bathurst, secrétaire d’État aux Colonies, que sa candidature était appuyée par une variété impressionnante d’habitants de Halifax, et notamment par l’Assemblée, le conseil, la magistrature de Halifax, les marguilliers et le conseil paroissial de St Paul, son collègue et. ancien vicaire, le révérend George Wright* de l’église St George (avec qui il s’était disputé à propos d’aumôneries et de permis de mariage) et par près de 200 paroissiens, de même que par les dirigeants de l’Église catholique, de l’Église d’Écosse, des Églises méthodistes et baptistes et des Églises presbytériennes scissionnistes de la ville. Inquiet de l’avenir de son fils, l’évêque, continua de faire valoir les prétentions de celui-ci à l’épiscopat, mais en vain. Quand Stanser fut nommé évêque, après la mort de Charles Inglis, survenue en février 1816, son succès fut considéré comme le triomphe des désirs d’une grande partie des habitants de la colonie. Toutefois, les préférences de la population n’avaient pas été les seules à peser dans la balance. Les objections des autorités britanniques aux cas évidents de népotisme et l’absence d’autres candidats acceptables avaient eu autant d’importance. Le lieutenant-gouverneur sir John Coape Sherbrooke conclut que Stanser « avait les meilleurs droits [à ce poste] et serait le choix le plus populaire » seulement après avoir clamé sa préférence pour un candidat venu d’Angleterre qui aurait assez de « sang-froid, de modération et de bon sens pour calmer et concilier plutôt que pour irriter et dégoûter les non-conformistes qui pourraient troubler la paix du pays ».
La lutte pour la succession était donc devenue inutile. Robert Stanser, sacré évêque à Lambeth Palace le 19 mai 1816, était de retour à Halifax en août de la même année. Pour des raisons de santé, il rentra en Angleterre à la fin de 1817 et y demeura. Il restait cependant en contact avec son diocèse en assistant à des réunions de la Society for the Propagation of the Gospel et en rencontrant à l’occasion le nouveau rector de St Paul, John Inglis, lorsque celui-ci se rendait en Angleterre. Stanser conserva sa sinécure jusqu’à ce que sa retraite soit assortie d’arrangements financiers satisfaisants, c’est-à-dire jusqu’en décembre 1824, où une pension de £250 lui fut accordée. Entre-temps, Inglis, qui avait occupé constamment le poste de grand vicaire, était devenu évêque dans les faits, sinon en droit. Sa nomination à titre d’évêque en 1825 s’accompagna d’une autre crise de succession à St Paul : cette fois, elle mettait en cause le révérend John Thomas Twining* et elle fit paraître anodine la crise de 1791. Quand Stanser mourut en 1828, les Néo-Écossais non anglicans, de même que les anglicans évangéliques, avaient suffisamment fait l’expérience de l’autoritarisme et de l’intransigeance de John Inglis comme chef religieux pour s’accorder à vanter ainsi les mérites de Stanser : « Quel bien c’eut été pour les intérêts de tous les groupes religieux de la Nouvelle-Écosse si la Providence avait prolongé son existence et lui avait permis de poursuivre son œuvre parmi nous. »
Robert Stanser est l’auteur de : A sermon, preached before the honorable House of Assembly, of the province of Nova-Scotia, in the parish church of St. Paul in Halifax, on Sunday, March 16th, 1800 (Halifax, [1800]) ; et An examination of the Reverend Mr. Burke’s Letter of instruction, to the Catholic missionaries of Nova-Scotia, and its dependencies ; addressed to Christians of every denomination (Halifax, 1804).
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Judith Fingard, « STANSER, ROBERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/stanser_robert_6F.html.
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Auteur de l'article: | Judith Fingard |
Titre de l'article: | STANSER, ROBERT |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1987 |
Année de la révision: | 1987 |
Date de consultation: | 20 déc. 2024 |