Provenance : Bibliothèque et Archives Canada/MIKAN 3221216
SMITH, sir HENRY, homme politique, avocat et spéculateur foncier, né à Londres le 23 avril 1812, fils de Henry Smith ; il épousa Mary Talbot, de Kingston, Haut-Canada ; décédé le 18 septembre 1868 à Kingston.
Henry Smith émigra au Canada avec ses parents avant 1818. Ceux-ci se fixèrent à Montréal, et Henry fréquenta l’école privée de Benjamin Workman ; au début des années 20, lorsque la famille alla s’établir à Kingston, il termina ses études à la Midland District Grammar School. Il étudia ensuite le droit sous la direction de Christopher Alexander Hagerman* et de Thomas Kirkpatrick et, en 1834, il fut admis au barreau. Smith se signala « par son habileté à s’adresser aux jurés » et, en 1846, il reçut le titre de conseiller de la reine ; il devint l’avocat de la Compagnie de chemin de fer du Grand Tronc à Kingston en 1853. Il s’adonna à la spéculation foncière dans tout le district de Midland sur une haute échelle et de façon fort profitable. Richard William Scott* décrit ainsi la manière dont procéda Smith : il « fit l’acquisition d’une grande quantité de biens fonciers aussi bien à titre de fiduciaire qu’en son nom propre0 [...] Par exemple, il obtint des concessions de terrains pour un certain nombre de ses commettants et comme dans bien des cas il avançait une partie de l’argent pour la transaction, il mit occasionnellement les concessions à son nom. »
Smith, qui appartenait à l’Église d’Angleterre, fit partie du conseil d’administration et agit comme secrétaire de la Midland District Grammar School. Il fut l’ami intime de John Alexander Macdonald* en même temps que son allié politique tout au long des années 40 et pendant une bonne partie des années 50. Ils travaillèrent de concert à des causes juridiques et, avec quelques autres concitoyens de Kingston, ils fondèrent le Cataraqui Club « pour l’avancement de la littérature ». Smith, selon l’expression même de Macdonald, était un « homme de confiance » à qui on pouvait communiquer des renseignements hautement confidentiels touchant les personnalités ministérielles, les affaires publiques, la gestion du parti, les questions d’intérêt local et même les affaires d’honneur comme dans le cas, en 1856, d’Arthur Rankin, représentant d’Essex à l’Assemblée législative.
Smith fut élu dans Frontenac en 1841 et il représenta cette circonscription à l’Assemblée législative jusqu’en 1861. Pendant toutes ces années, il fut un conservateur modéré et il appuya le gouverneur général Sydenham [Thomson*], William Henry Draper* et John Alexander Macdonald ; il se révéla un parlementaire utile sinon remarquable.
Le nom de Henry Smith se fit connaître à la grandeur du Haut-Canada à cause du père de celui-ci, nommé en 1835 premier directeur du pénitencier provincial situé près de Kingston. En 1848–1849, une commission, dont George Brown* était le secrétaire, fit enquête à la suite d’accusations touchant la mauvaise administration, la corruption qui sévissait à la prison et les actes de brutalité dont étaient victimes les prisonniers. Une kyrielle de révélations sensationnelles au sujet des conditions qui y régnaient valurent aux Smith une publicité assez déplaisante et entraînèrent la démission du directeur. Pendant de nombreuses années Henry Smith se fit le défenseur de son père à l’Assemblée, comme l’avait fait Macdonald pendant toute la durée de l’enquête. L’incident ne fit qu’accentuer l’aigreur qui empoisonnait déjà les relations entre le chef réformiste et le chef du parti conservateur.
En 1854, Smith comptait parmi les plus anciens conservateurs et on le nomma solliciteur général du Haut-Canada lorsque sir Allan Napier MacNab et Augustin-Norbert Morin formèrent un gouvernement de coalition. Sa conduite pendant la période qui s’écoula entre septembre 1854 et février 1858 n’eut rien de marquant. Lors de la réorganisation du gouvernement en 1858, Smith fut réduit à la fonction d’orateur (président) de la chambre. Son élection à ce poste fut chaudement discutée : aux yeux du Globe de Toronto, il était « un partisan téméraire, emporté [... qui] ne commanderait même pas le respect de son côté de l’Assemblée ». Une majorité de représentants du Haut-Canada votèrent contre lui, et son mandat, qui dura jusqu’en juin 1861, fut troublé par des controverses avec la presse, des querelles avec les conseillers législatifs et des conflits avec l’opposition réformiste.
En 1859, Smith alla déposer à Londres une adresse de l’Assemblée invitant la reine à se rendre au Canada afin d’inaugurer le pont Victoria à Montréal. Il comptait en outre être créé chevalier au cours de son séjour à Londres, mais il ne put obtenir l’appui de son gouvernement. Les hommes politiques tant conservateurs que réformistes se moquèrent publiquement des prétentions de Smith, ce qui fut pour lui une source immense de confusion et d’humiliation. Un profond fossé se creusa entre Smith et Macdonald à cette occasion. Ironie du sort, le prince de Galles, venu au Canada à la place de la reine, décerna à Smith, de façon tout à fait inopinée, le titre de chevalier le 21 août 1860, alors qu’il était à Québec.
Plusieurs facteurs amenèrent Smith à quitter les rangs du parti conservateur en 1861. Il faisait face à la perspective peu agréable de se retrouver simple député et, de plus, il s’était attiré le mécontentement de Macdonald en appuyant avec d’autres conservateurs le principe de la représentation proportionnelle à la population. Il est fort possible, en outre, qu’il ait pressenti que la coalition entre les libéraux et les conservateurs était devenue un instrument politique qui avait perdu de son efficacité. Ressentant encore vivement l’humiliation subie lors de l’affaire de sa recommandation à l’ordre de chevalerie, il offrit aux réformistes de travailler dans leurs rangs, publia un manifeste dans lequel il critiquait vertement le gouvernement et, lors des élections générales, il tenta d’enlever Frontenac aux conservateurs. Les réformistes le tenaient à distance, et sa défection blessa profondément ses anciens amis. À la suite d’une campagne interminable et abjecte, James Morton l’emporta sur Henry Smith. Ce dernier fut de nouveau battu dans Frontenac en 1863 par William Ferguson appuyé par la puissante machine électorale régionale de Macdonald.
Smith réussit à remporter le siège de Frontenac aux élections provinciales de 1867 sous la bannière conservatrice, appuyant le gouvernement de coalition de John Sandfield Macdonald*, mais il tomba malade au début de 1868 et mourut en septembre de la même année. Il laissa une « fortune considérable » à sa femme et aux huit enfants qui lui survécurent.
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Donald Swainson, « SMITH, sir HENRY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/smith_henry_9F.html.
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Auteur de l'article: | Donald Swainson |
Titre de l'article: | SMITH, sir HENRY |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1977 |
Année de la révision: | 1977 |
Date de consultation: | 20 nov. 2024 |