ROUBEL, WILLIAM, avocat et homme politique, né vers 1775, probablement en Angleterre, fils de P. Roubel, de Londres ; décédé en 1834 ou après, vraisemblablement en Angleterre.

Après avoir étudié à la Westminster School, William Roubel reçut la formation d’usage en droit et fut admis comme attorney à la Cour du banc du roi, à Westminster, en novembre 1801. Cependant, son cabinet prospéra peu. Déçu dans ses espoirs d’hériter de la propriété familiale et faisant face à un « manque de fonds », il répondit à l’offre publiée par John Hill*, propriétaire foncier de l’Île-du-Prince-Édouard, qui cherchait un attorney pour surveiller ses propriétés. Arrivé dans l’île en juin 1808, le nouveau venu trouva inévitablement la majeure partie de sa clientèle parmi les adversaires des dirigeants de la colonie. Il ne tarda pas à être attiré vers les Loyal Electors, un parti politique naissant dirigé par James Bardin Palmer, auquel il adhéra officiellement en juin 1809.

De son propre aveu, Roubel se sentait supérieur à ceux « dont la connaissance, l’étude et la pratique du droit » se limitaient à l’île. Sans nul doute, cette attitude lui gagna peu d’amis parmi les gens bien établis de l’île. Les lettres qu’il envoya à John Hill, en Angleterre, critiquaient continuellement l’administration de la justice et exprimaient son appui pour les revendications de Palmer. Les remarques irréfléchies qu’avait faites Roubel reviendraient le hanter. Selon toute apparence, Hill mentionna les critiques de Roubel dans sa correspondance avec le capitaine John MacDonald* of Glenaladale qui, le 28 février 1810, en remit des extraits au juge en chef de l’île, Cæsar Colclough.

Après la mort de Peter Magowan* en juin 1810, Roubel sollicita le poste de procureur général par l’intermédiaire de son père. Même si le lieutenant-gouverneur Joseph Frederick Wallet DesBarres avait tenu des propos favorables à son endroit, le poste alla à Charles Stewart*, qui avait l’appui des propriétaires. Au cours d’une élection partielle, Roubel parvint à se faire élire député de Charlottetown Royalty à la chambre d’Assemblée ; il fut aussi choisi secrétaire de la Society of Loyal Electors.

En 1811, la controverse entre le « vieux parti » dirigé par Charles Stewart et les Loyal Electors atteignit son apogée. Au printemps, Colclough força Roubel à s’excuser publiquement des remarques qu’il avait faites à Hill. Loin d’assagir Roubel, cette humiliation aviva son franc-parler. Quelques mois plus tard, en août, il prononça un long discours devant les Loyal Electors où il attaquait violemment les propriétaires absentéistes, et particulièrement le comte de Selkirk [Douglas*]. Peu après, Roubel prépara à l’intention de DesBarres l’une des cinq déclarations sous serment justifiant l’activité des Loyal Electors. Il insista sur la loyauté de la société envers la couronne et déclara que ses membres se consacraient à l’examen « de mesures propres à assurer l’entrée d’hommes indépendants et intègres et de personnes à la réputation inattaquable à la chambre d’Assemblée, afin de contrer l’influence dangereuse [...] d’un groupe d’individus qui (soit personnellement ou par l’entremise de leurs représentants peu scrupuleux) étaient engagés dans de monstrueuses spéculations foncières, lesquelles décourageaient grandement le colon actif et industrieux, et entravaient ainsi la colonisation et la prospérité de l’île ». Il poursuivait en accusant Charles Stewart d’essayer de le ruiner par des moyens « aussi extraordinaires et sans précédent qu’illégaux et inconstitutionnels » ; de plus, il affirmait être en mesure de prouver ces allégations, à moins que certains documents qui ne se trouvaient pas en sa possession aient été « indûment détruits ». Roubel se plaignit aussi que les juges de l’île se mêlaient trop de politique et il s’en prit à James Curtis* (qui occupait le poste non rémunéré de juge suppléant de la Cour suprême), le décrivant comme un homme qui « s’ingèr[ait] constamment dans les élections de l’île ».

Colclough et ses collègues, Curtis et Robert Gray, obtinrent du secrétaire de DesBarres des copies de la déposition de Roubel et des autres déclarations sous serment, que Charles Stewart déposa ensuite devant la Cour suprême à la session d’octobre 1811. Roubel refusa de s’excuser de ses remarques à propos des juges, et la cour l’accusa alors d’outrage et raya son nom de la liste des attorneys autorisés à exercer devant elle. Aux élections générales d’avril 1812, Roubel fut défait dans Charlottetown Royalty ; il affirma par la suite que le maître de caserne John Frederick Holland* avait fait voter un grand nombre de soldats. D’autres troubles suivirent. Les efforts de Roubel pour remplacer Stewart comme solliciteur général échouèrent. En août 1812, le capitaine George Shore* du 104th Foot l’attaqua par suite, semble-t-il, des allégations qu’il avait faites au sujet des élections d’avril. Peu après, Roubel se rendit en Nouvelle-Écosse pour retourner ensuite en Angleterre, où il menaçait de porter des accusations de mauvaise conduite contre Colclough et les autres juges de la Cour suprême.

En 1813, William Roubel fit de son mieux pour porter à l’attention du ministère des Colonies des faits qui étayaient ses accusations concernant la « déficience totale de l’administration de la justice à l’Île-du-Prince-Édouard ». Il se rendit insupportable en demandant nombre d’anciens documents au secrétaire d’État aux Colonies, lequel se montra peu enthousiaste. Il résulta de ses démarches une longue liste d’accusations contre Colclough (le ministère des Colonies rejeta immédiatement la plupart d’entre elles en les qualifiant de futiles) et une liste plus courte contre Gray et Curtis. À la fin, Roubel ne put mieux justifier sa plainte contre Curtis qu’en exhumant d’anciennes accusations de parjure portées en 1784 et entendues par le Conseil privé en 1792. Il fut toutefois incapable de convaincre le gouvernement britannique du bien-fondé de ses récriminations. Le secrétaire d’État aux Colonies refusa même que ses accusations soient portées devant le Conseil privé et qu’il soit réinscrit sur la liste des attorneys de l’île. Finalement, Roubel en fut réduit à faire circuler des exemplaires imprimés de sa plainte contre Colclough à Terre-Neuve, où le juge en chef avait été muté. Roubel ne revint vraisemblablement jamais en Amérique du Nord britannique. En 1817, il exerçait de nouveau comme solicitor à Londres et il continua de le faire sans éclat jusqu’au milieu des années 1830.

J. M. Bumsted

APC, MG 19, E1, sér. 1, 39 : 14981–15005 (transcriptions) ; MG 24, B133 : 34–38.— PRO, CO 194/55 ; 226/25–29.— Weekly Recorder of Prince Edward Island (Charlottetown), 31 août 1811.— Johnstone’s London commercial guide & street directory [...] (Londres, 1817).— Pigot & Co.’s national and provincial commercial directory, 1832–4 (Londres, 1832).

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J. M. Bumsted, « ROUBEL, WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/roubel_william_6F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
Année de la révision:    1987
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