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Titre original :  Images d'un changement de siècle 1760-1840
   (1760-1791)

Provenance : Lien

QUESNEL, JOSEPH, homme d’affaires, compositeur, officier de milice, dramaturge et poète, né le 15 novembre 1746 à Saint-Malo, France, troisième enfant d’Isaac Quesnel de La Rivaudais et de Pélagie-Jeanne-Marguerite Duguen ; décédé le 3 juillet 1809 à Montréal.

Fils d’un négociant prospère, Joseph Quesnel étudie au collège Saint-Louis à Saint-Malo. À la fin de ses études, il s’embarque pour Pondichéry (Inde), et visite Madagascar. En 1772, il voyage en Guyane française, aux Antilles et au Brésil. Par la suite, il s’établit à Bordeaux, en France, où il s’associe à son oncle, Louis-Auguste Quesnel.

À l’automne de 1779, Quesnel s’embarque sur le corsaire français Espoir à destination de l’Amérique du Nord. La tradition veut qu’il ait été commandant de ce vaisseau chargé de provisions et de munitions de guerre, destinées à aider les colonies américaines en révolte contre la Grande-Bretagne. Quoi qu’il en soit, le navire, capturé à la hauteur de Terre-Neuve par la marine royale, est amené à Halifax. Quesnel échappe à l’incarcération, mais il doit demeurer en Amérique du Nord jusqu’à la fin des hostilités. Il arrive à Montréal muni d’un sauf-conduit délivré par le gouverneur Haldimand. Il épouse à cet endroit, le 10 avril 1780, Marie-Josephte Deslandes, originaire elle aussi de Saint-Malo, mais dont la mère, Marie-Josephe Le Pellé Lahaye, venue à Montréal après le décès de son mari, avait épousé le marchand Maurice-Régis Blondeau.

Quesnel prend une part active à la vie commerciale comme associé de Blondeau. Il signe plusieurs pétitions de marchands adressées au gouvernement, dont celle de 1784 réclamant une nouvelle constitution et celle de 1790 demandant le règlement des problèmes causés aux marchands de Montréal par l’absence d’un poste de douanes dans la ville. Quesnel s’intéresse aussi à la vie culturelle et sociale de sa ville d’adoption. En 1780 et 1783, il joue dans des troupes de théâtre amateur. Il aurait composé un morceau de musique présenté au public à l’occasion d’une fête de Noël. Toutefois, Quesnel déplore : « On traite de folâtre Ma musique qu’on dit faite pour le théâtre. » En 1788, il est enseigne, puis de 1791 à 1793, capitaine en second dans la milice de la ville et banlieue de Montréal. En même temps, il remplit la charge de marguillier de la paroisse Notre-Dame.

En octobre 1788, Quesnel s’était embarqué pour l’Angleterre, puis avait passé l’hiver à Bordeaux. Ce voyage avait pour but l’établissement de relations commerciales avec sa famille en France, surtout avec son frère Pierre, établi à Bordeaux. Quesnel en profite aussi pour assister à des représentations théâtrales. S’il avait l’intention d’examiner les possibilités d’un retour définitif en France, les événements révolutionnaires auraient mis un terme à de tels espoirs. De retour à Montréal, Quesnel fonde, en novembre 1789, une troupe, le Théâtre de société, en compagnie de quelques amis : Louis Dulongpré*, Pierre-Amable De Bonne, Jean-Guillaume De Lisle, Jacques-Clément Herse, Joseph-François Perrault* et François Rolland. Le 11 novembre, Dulongpré s’engage à transformer sa spacieuse maison en théâtre temporaire et à fournir trois décors peints sur toile, le luminaire, la musique, les perruques, les billets, les annonces, la garde et les valets. Or, le dimanche 22 novembre, François-Xavier Latour-Dézery, curé de Montréal, prononce un violent sermon dénonçant les spectacles et déclare que l’Église refusera l’absolution à ceux qui y assisteront. À l’issue de la grand-messe, Quesnel et quelques associés, dont De Lisle, protestent contre ce zèle qu’ils qualifient d’indiscret. Le vicaire général, Gabriel-Jean Brassier*, pris de court devant la fermeté de ces amateurs de théâtre, tous des hommes en vue, écrit à Mgr Hubert* pour lui demander conseil. L’évêque de Québec condamne la conduite du curé de Montréal, donnant indirectement raison aux amateurs de théâtre. En décembre, l’incident est clos, mais une polémique s’engage dans la Gazette de Montréal sur la moralité du théâtre. Quesnel y prend part en publiant une longue lettre, le 7 janvier 1790, dans laquelle il défend l’utilité et la moralité du théâtre. Entre le 29 décembre 1789 et le 9 février 1790, la troupe présente quatre soirées de théâtre, jouant six pièces dont Colas et Colinette, ou le Bailli dupé, opéra-comique de Quesnel. Le public et la critique réservent un accueil favorable à cette comédie en trois actes, entremêlée de 14 airs chantés. À sa deuxième saison, le Théâtre de société décide de restreindre son auditoire « à un très petit nombre de personnes de haute extraction ou de race noble », mais un épistolier anonyme s’interroge sur le bien-fondé de cette décision, compte tenu du désir des sociétaires de participer au développement culturel de la colonie. Cette nouvelle politique découle peut-être de la réaction hostile du clergé. Quoi qu’il en soit, la troupe cesse provisoirement ses activités.

En 1791–1792, Quesnel effectue quelques voyages aux pays d’en haut. À cette époque, la vente des fourrures à Londres subit une baisse sensible et les affaires deviennent difficiles. De plus, la société commerciale que Quesnel avait formée en 1790 avec cinq associés, dont Blondeau et Pierre Bouthillier, en vue d’importer des vins de Bordeaux par l’entremise de la maison de son frère Pierre, la compagnie Baignoux-Quesnel, fait face à des difficultés insurmontables à la suite des interruptions occasionnées par les bouleversements révolutionnaires en France.

En 1793, Quesnel se retire partiellement des affaires et s’installe à Boucherville, où il avait déjà acquis des terrains. Au tournant du xixe siècle, Boucherville jouit d’une certaine renommée comme centre de la vie sociale canadienne de la région montréalaise. Lord Selkirk [Douglas] note en 1804 : « L’aristocratie de la région tient des assemblées à Boucherville sans la présence des Anglais. »

À partir de 1799, Quesnel s’adonne à la poésie. Ses trois longs poèmes, écrits entre 1799 et 1805, l’Épître à M. Labadie, le Rimeur dépité et la Nouvelle Académie, témoignent de son désir de faire connaître ses œuvres à ses amis. Cependant, il se plaint amèrement du peu d’attention qu’on y prête. Quesnel n’a pas publié de recueil, mais quelques textes paraissent de son vivant dans des périodiques ; ils sont soit anonymes ou bien signés du pseudonyme F (François). Son œuvre poétique se compose surtout de poèmes de circonstance. La charmante chanson À Boucherville, composée vers 1798, évoque les joies tranquilles de la vie d’autrefois. La poésie de Quesnel, homme du xviiie siècle, prend parfois un ton philosophique. Dans son premier poème, À M. Panet, écrit vers 1783–1784, il raille son ami Pierre-Louis Panet de sa foi en Rousseau et en Voltaire. Il reprend le même thème dans Stances marotiques à mon esprit, rédigé en 1806. Dans Épître à ma femme, écrit l’année suivante, il prétend :

Hélas ! que sert de regretter
Les instants de ce court passage !
La mort ne doit point attrister,
Ce n’est que la fin du voyage.

En 1804, il avait écrit son émouvante Épître à..., un adieu à la santé, aux plaisirs, à la gaieté et surtout à la France : « Je ne te verrai plus, Ô ! France ! »

Quesnel se préoccupe aussi du peu d’intérêt de ses compatriotes pour les beaux-arts. Dans son poème l’Épître à M. Labadie, écrit entre 1799 et 1801, il répète après Boileau que « C’est un triste métier que celui de poète ». Ensuite, dans son long poème autobiographique le Dépit ridicule, ou le Sonnet perdu, le poète se plaint à sa femme :

Que me sert pour rimer, la peine que je prends
Si d’écouter mes vers on n’a jamais le temps ?
Son épouse, plus pratique, lui réplique :
Je vous vois tous les jours écrire ou bien rêver
Tandis que vos enfants, il me faut élever.

Le poète lui annonce son grand projet : inviter tous ses amis à un souper et, après avoir bien fermé toutes les portes à double tour, « lire tous les vers de [son] dernier ouvrage ». Ce souci d’intéresser ses compatriotes est toujours vivant lorsque Quesnel rêve en 1805 de former une académie des belles-lettres. Mais il ne s’agit que d’un songe à la fin duquel se réveille :

[...] le bonhomme François,
Toujours rêveur, distrait, plein de misanthropie,
Et pour les sots surtout, mauvaise compagnie.

Malgré ces réflexions amères, Quesnel ne fut pas ignoré de ses contemporains. En janvier et février 1805, la compagnie du Théâtre de société de Québec porte Colas et Colinette à l’affiche au théâtre Patagon. De passage à Québec, Quesnel, reconnaissant, livre aux comédiens amateurs un traité d’art dramatique en vers, paru dans la Gazette de Québec sous le titre d’Adresse aux jeunes acteurs, où ses conseils, toujours d’actualité, témoignent de ses connaissances et de son bon goût. À cette occasion d’ailleurs, Ignace-Michel-Louis-Antoine d’Irumberry* de Salaberry suggère à l’imprimeur de Québec John Neilson* de publier l’œuvre dramatique de Quesnel. En 1807, lors d’une seconde représentation de l’opéra-comique, Neilson décide de publier Colas et Colinette. Cependant, à cause de difficultés auxquelles Neilson doit faire face, il ne sera mis en vente qu’en 1812, et sans la musique.

Quesnel ne reste pas indifférent devant les grands problèmes de son époque. À la suite des bouleversements de la Révolution française, qui avaient directement touché sa famille en France, un cousin ayant été guillotiné et les biens de son frère à Bordeaux confisqués, Quesnel s’était affiché probritannique. Ainsi, en 1799, il écrit dans son poème Songe agréable :

Et Georges ce roi formidable,
Domptant le Français indomptable,
Rendra la paix à l’univers.

En 1800 ou 1801, Quesnel aurait composé une pièce de théâtre satirique, les Républicains français, ou la Soirée du cabaret, qui ridiculise les mœurs des chefs de section locaux au temps de Robespierre. Quesnel réagit aussi devant l’influence grandissante des Britanniques établis au Bas-Canada et leur attitude hostile à l’égard des Français et des Canadiens. En 1803, il répond aux attaques contenues dans un poème publié anonymement sous le titre de l’Anti-Français. L’année précédente, il avait écrit une pièce satirique, l’Anglomanie, ou le Dîner à l’angloise, dans laquelle il ridiculisait l’engouement d’une portion de la petite noblesse seigneuriale pour les modes anglaises. Sa pensée évolue jusqu’à son poème les Moissonneurs, publié en décembre 1806 dans le Canadien, organe du parti canadien, contre les prétentions de l’oligarchie britannique de la colonie.

Les dernières années de Quesnel s’écoulent paisiblement dans un certain luxe. En 1808, il prépare un autre opéra-comique, Lucas et Cécile, mais il meurt avant de l’avoir terminé. Au printemps de 1809, il s’était jeté dans le fleuve afin de sauver un enfant de la noyade ; il succombe à une attaque de pleurésie le 3 juillet 1809 à l’Hôtel-Dieu de Montréal. Sa veuve meurt l’année suivante. Le couple avait eu 13 enfants dont 6 étaient parvenus à l’âge adulte. Leur fils aîné, Frédéric-Auguste*, admis au barreau en 1807, réunissait chez lui, à Montréal, une société d’élite où son père se plaisait à parler de littérature. Jules-Maurice* devint trafiquant de fourrures, poursuivant ainsi la tradition familiale. Joseph-Timoléon pratiqua la médecine, et Mélanie épousa l’avocat et homme d’affaires Côme-Séraphin Cherrier*.

Quelques jours après la mort de Joseph Quesnel, Jacques Viger* écrivait : « c’est une perte irréparable en ce pays pour la littérature et la société ». En 1830, Michel Bibaud* rend un vibrant témoignage au poète disparu depuis plus de 20 ans : « Il n’est aucun Canadien tant soit peu instruit, qui n’ait lu au moins quelques unes des productions de feu Mr. Joseph Quesnel. » Benjamin Sulte*, avec beaucoup de lucidité, fixe bien le rôle de Quesnel : « Nous lui devons la principale part du réveil littéraire que l’on remarque à partir de 1788 dans notre pays. »

Pastichant tour à tour Boileau, Ronsard ou Molière, Joseph Quesnel demeure tout de même un écrivain du xviiie siècle, dont l’œuvre intéresse surtout comme témoignage. Il sait par ailleurs rendre l’atmosphère artistique et littéraire. Il s’avère l’écrivain canadien le plus important de son époque.

John E. Hare

Les œuvres attribuées à Joseph Quesnel ont paru de son vivant dans différents journaux dont la Gazette de Québec, 7 févr. 1805 ; le Canadien, 29 nov., 13 déc. 1806, 10, 17, 24 janv., 14 févr., 3 oct. 1807 ; la Gazette de Montréal, le British American Register (Québec) et le Courier de Québec. Louis Plamondon* en reproduit dans son Almanach des dames, pour l’année 1807 (Québec, 1807). Colas et Colinette, ou le Bailli dupé (Québec, 1808) a été publié par John Neilson ; cet opéra-comique a été reproduit dans le premier volume du Répertoire national, recueil de littérature canadienne, James Huston*, compil. (4 vol., Montréal, 1848–1850), qui contient six autres textes de Quesnel. Colas et Colinette a aussi été enregistré sur disque en 1968, la musique ayant été reconstituée par le compositeur torontois Godfrey Ridout en 1963. Les pièces de Quesnel, l’Anglomanie, ou le Dîner à l’angloise et les Républicains français, ou la Soirée du cabaret, ont été reproduites dans la Barre du jour (Montréal), 1 (1965), nos 3–5 : 117–141 ; no 25 (été 1970) : 64–88.

La collection Lande (APC, MG 53, 177) contient 24 poèmes manuscrits de Quesnel, dont certains ont été publiés dans Joseph Quesnel, 1749–1809 : quelques poèmes et chansons selon les manuscrits dans la collection Lande, Michael Gnarowski, édit. (Montréal, 1970). La Saberdache de Jacques Viger (ASQ, Fonds Viger-Verreau, Sér. O, 095–0125) contient l’édition qu’il a préparée des textes de Quesnel en 1847. Les ASQ conservent aussi la partie vocale de Lucas et Cécile (Fonds Viger-Verreau, Carton 45, no 3). Helmut Kallmann et John E. Hare préparent une édition critique des œuvres de Quesnel à partir de son cahier de travail retrouvé récemment ; cette publication devrait comprendre 30 poèmes, sans compter quelques titres qui lui sont attribués. [j. e. h.]

AD, Ille-et-Vilaine (Rennes), État civil, Saint-Malo, 15 nov. 1746.— ANQ-M, CE1-51, 10 avril 1780, 4 juill. 1809.— La Gazette de Québec, 28 oct. 1790, 25 juill. 1799, 7 févr. 1805, 13 juill. 1809, 19 avril 1810.— Michel Bibaud, Épîtres, satires, chansons, épigrammes et autres pièces de vers (Montréal, 1830), 46.— Baudouin Burger, L’activité théâtrale au Québec (1765–1825) (Montréal, 1974), 199–215.— J. [E.] Hare, Anthologie de la poésie québécoise du XIXe siècle (1790–1890) (Montréal, 1979), 21–35.— D. M. Hayne, « Le théâtre de Joseph Quesnel », Le théâtre canadien français : évolution, témoignages, bibliographie (Montréal, 1976).— Helmut Kallmann, A history of music in Canada, 1534–1914 (Toronto, 1960), 62–67, 121s.— Camille Roy, Nos origines littéraires (Québec, 1909), 125–157.— Benjamin Sulte, Mélanges d’histoire et de littérature (4 vol., Ottawa, 1876), 3 : 295.— Michel Bibaud, «Littérature », La Bibliothèque canadienne (Montréal), 2 (1825), no 1 : 16s.— Yves Chartier, « La reconstitution musicale de Colas et Colinette de Joseph Quesnel », Centre de recherche en civilisation canadienne-française, Bull. (Ottawa), 2 (1971–1972), no 2 : 11–14.— J. E. Hare, « Joseph Quesnel et l’anglomanie de la classe seigneuriale au tournant du xixe siècle », Co-Incidences (Ottawa), 6 (1976) : 23–31 ; « Le Théâtre de société à Montréal, 1789–1791 », Centre de recherche en civilisation canadienne-française, Bull., 16 (1977–1978), no 2 : 22–26.— É.-Z. Massicotte, « La famille du poète Quesnel », BRH, 23 (1917) : 339–342.

Bibliographie générale

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John E. Hare, « QUESNEL, JOSEPH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/quesnel_joseph_5F.html.

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Auteur de l'article:    John E. Hare
Titre de l'article:    QUESNEL, JOSEPH
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
Année de la révision:    1983
Date de consultation:    19 mars 2024