PIESKARET (Piescaret, Piescars, Diescaret), baptisé Simon, chef algonquin de la tribu des Tessouat ou « Le Borgne », mort en 1647.

Pieskaret, selon Nicolas Perrot*, était considéré comme « La terreur des Irroquois », car ils connaissaient bien son courage. De nombreux faits d’armes l’avaient rendu « redoubtable » à ses ennemis. Les Algonquins disaient que Pieskaret était « un homme très brave » et les Jésuites rapportent qu’il était « assés connu des siens ». En 1643, on pleura la mort de Pieskaret, qu’on croyait être tombé aux mains des Iroquois, mais au début d’avril, il apparut avec sa bande en face de Montréal, portant la tête d’un guerrier ennemi ; il avait échappé aux Iroquois grâce à la débâcle rapide des glaces du fleuve. On célébra son retour par des danses, puis on tint conseil, après quoi Pieskaret et Tessouat (mort en 1654) firent part à Chomedey de Maisonneuve de leur intention d’aller à Trois-Rivières faire des plans pour l’avenir et déterminer si les Français entendaient tenir la promesse qu’ils avaient faite de les aider contre leurs ennemis.

Au début du printemps de 1645, alors qu’ils devaient encore traîner leurs canots sur la glace du Saint-Laurent, Pieskaret partit à la tête d’un groupe de guerriers en direction de la rivière des Iroquois (le Richelieu) et du lac Champlain, où ils réussirent plusieurs raids contre une bande d’Iroquois, en capturant deux après en avoir tué un bon nombre. Lorsqu’ils retournèrent à la mission de Sillery, on pouvait voir les captifs dansant dans les canots selon la coutume, tandis que « les chevelures de ceux qui avoient été tuez au combat, attachez au bout de certains bastons, voltigeoient en. l’air au gré du vent comme des flouettes ». Par déférence pour les Français, les habitants de Sillery traitèrent bien les captifs (au nombre desquels’ se trouvait Honatteniate). Pieskaret remit les prisonniers au gouverneur Huault de Montmagny qui, peu après, dépêcha auprès des Iroquois un des leurs capturé quelque temps auparavant, pour leur faire savoir que les prisonniers seraient libérés dès que les Iroquois seraient disposés à négocier un traité de paix. Cette démarche provoqua, en juillet, l’arrivée de Kiotseaeton comme ambassadeur des Iroquois.

On tint alors un conseil de paix groupant les Iroquois, les Français, ainsi que les Hurons, les Algonquins et les Montagnais ; à la fin de ces pourparlers, Pieskaret présenta à l’ambassadeur iroquois des fourrures symbolisant « une roche ou une pierre tombale » placée sur le lieu de sépulture des victimes de la bataille susmentionnée, afin qu’on pardonnât de part et d’autre sans chercher à se venger. Les pourparlers de paix et les négociations commerciales de 1645–1646, éphémères mais non sans importance, attribuaient manifestement aux Agniers une part du commerce des fourrures dans la région du Nord (cette clause ne fut d’ailleurs jamais appliquée) mais excluaient secrètement les païens algonquins de la protection des Français.

Dès 1646–1647 de nombreuses tribus s’étaient installées dans la région de Trois-Rivières à cause de la menace croissante que constituaient les Iroquois. La confusion et les controverses surgirent. Pour régler ces difficultés, les Indiens confièrent à Pieskaret la tâche de maintenir la paix entre Français et Indiens, ainsi qu’entre Hurons et Algonquins, et ils l’autorisèrent à sévir contre les délinquants et particulièrement contre les délits de caractère religieux. On dit qu’il s’acquitta fidèlement de cette tâche.

Pieskaret avait reçu le baptême à Trois-Rivières en 1640 ou 1641 et le gouverneur, M. de Champflour, lui avait alors donné pour nom Simon. Toutefois, en 1646–1647, bouleversé par la mort subite de Joseph Oumasasikoueie, converti au christianisme et neveu de Tessouat (mort en 1654), il fit une confession publique et renouvela les articles d’une foi qu’il n’avait d’abord embrassée que pour des motifs diplomatiques.

Cet aveu public de sa foi chrétienne fut peut-être la cause indirecte de la mort de Pieskaret. Revenant d’une expédition de chasse sur la côte nord du Saint-Laurent au mois de mars 1647, chargé de museaux et de langues d’élan, Pieskaret rencontra une bande d’Iroquois (ils pouvaient maintenant chasser dans cette région aux termes du traité de 1645) qui chantaient le chant de la paix. Bien que des rumeurs au sujet de la clause secrète du traité de paix fussent déjà venues aux oreilles de Pieskaret et qu’on craignît de façon générale une attaque iroquoise, il fuma le calumet avec les Iroquois (comptant sans doute sur la protection de sa foi chrétienne) et on s’adressa mutuellement des paroles respectueuses. Mais lorsqu’ils se mirent en route, Pieskaret. qui marchait au centre, fut perfidement tué et scalpé par un des Iroquois qui le suivaient.

De nombreuses anecdotes attestent les prouesses de Pieskaret. Perrot, par exemple, rapporte qu’une fois il entra dans un village Iroquois, tua une famille et se cacha pendant deux nuits dans un bûcher. On l’y découvrit la troisième nuit. Il s’enfuit et, comme il était « naturellement agile et souple », il distança ses poursuivants et se réfugia dans un tronc d’arbre. Une autre fois, des Iroquois ayant établi leur camp tout près, Pieskaret les tua dans leur sommeil et « rentra chargé de leurs scalps ». Une autre fois encore, à l’embouchure de la rivière Sorel (probablement le Richelieu), aidé de quatre compagnons, il coula cinq canots iroquois, tuant tous les guerriers ennemis mais arrachant à la mort les captifs qui les accompagnaient.

Elsie McLeod Jury

JR (Thwaites), passim.— Perrot, Memoir, dans Indian tribes (Blair), I : 194–196.— Desrosiers, Iroquoisie, 298–300, 308, 327 ; La Rupture de la paix de 1645, Cahiers des Dix, XVII (1952) : 169–181.

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Elsie McLeod Jury, « PIESKARET (Piescaret, Piescars, Diescaret), baptisé Simon », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/pieskaret_1F.html.

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Auteur de l'article:    Elsie McLeod Jury
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1966
Année de la révision:    1986
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