PERRAULT, JOSEPH-XAVIER (appelé aussi Joseph-François), agronome, éducateur, fonctionnaire et homme politique, né le 27 mai 1836 à Québec, fils de Joseph-François-Xavier Perrault, lieutenant-colonel de milice, et de Marie-Esther Lussier, et petit-fils de l’éducateur Joseph-François Perrault* ; le 16 janvier 1866, il épousa en la paroisse Notre-Dame de Montréal Catherine-Flore Couillard, et ils eurent une fille ; décédé le 7 avril 1905 à Montréal.

Joseph-Xavier Perrault fait ses études classiques au petit séminaire de Québec de 1845 à 1854, puis va se perfectionner en agronomie à la University of Durham et au Royal Agricultural College de Cirencester en Angleterre, ainsi qu’à l’école de Grignon en France ; la réputation de ces deux derniers établissements était grande en ce domaine. Au terme de ses études, Perrault devient le premier agronome canadien-français ayant acquis le savoir universitaire et la formation que ce titre suppose.

À son retour d’Europe, en 1857, Perrault tente de mettre sur pied deux fermes-écoles, l’une à Varennes la même année et l’autre à Sainte-Thérèse-de-Blainville (Sainte-Thérèse), en banlieue de Montréal, en 1858. Sa première tentative réussit en 1860, quand la Société provinciale agronomique, créée en 1858, fonde une ferme expérimentale à Varennes et le nomme directeur, de même que professeur à l’école d’agriculture attachée à la ferme. Toutefois, faute d’élèves, la ferme et l’école disparaissent l’année suivante. En 1863, le petit séminaire de Sainte-Thérèse ouvre une école d’agriculture, à la suggestion de Perrault, et engage un professeur de l’école de Grignon, en France. Cette nouvelle tentative se révèle un échec deux ans plus tard. Le caractère éphémère de ce type d’établissements était alors très courant et devait se perpétuer, surtout à cause du manque d’argent et d’étudiants. En 1864, Perrault préside un comité spécial de l’Assemblée législative sur l’enseignement agricole, qui recommande que des bourses et des prix soient donnés aux élèves pour les inciter à s’inscrire aux écoles d’agriculture. On suggère aussi de donner des cours de sciences naturelles orientés vers l’agriculture. Seules des bourses seront finalement attribuées. Vingt ans plus tard, au moment où le Québec compte au moins quatre écoles d’agriculture, Perrault écrira au premier ministre de la province, John Jones Ross, pour lui suggérer de créer une chaire d’agriculture rattachée à l’École de médecine vétérinaire française de Montréal, qu’on veut fonder [V. Victor-Théodule Daubigny]. Ce projet n’aboutit pas. En 1887, au moment de la tenue de la commission sur l’enseignement agricole, présidée par Nazaire Bernatchez, il demande qu’un enseignement agronomique universitaire soit organisé au Québec.

L’activité de Perrault dans le domaine agricole s’est aussi exercée par le journalisme. À son retour d’Europe, il est nommé secrétaire du bureau d’Agriculture et de la Chambre d’agriculture du Bas-Canada, créés en 1852. Il succède ainsi à William Evans*, qui vient de mourir. Ce bureau est en fait un ministère du gouvernement duquel relève une chambre ou un bureau d’administration, dans chacune des deux parties du Canada. À titre de secrétaire, Perrault est chargé, à compter de septembre 1857, de la rédaction du Journal de l’agriculture et des travaux de la Chambre d’agriculture du Bas-Canada, publié aussi en anglais sous la direction de James Anderson. Ce journal prend différents noms et adopte de nombreuses formules au cours des années, ce qui est fréquent pour ce type de publications, en raison du manque d’argent, de collaborateurs et de lecteurs. Perrault conserve son poste durant 11 ans ; accusé d’avoir tiré profit de l’importation de blé de la mer Noire, il choisit de démissionner et termine ainsi la partie la plus intense de son activité en agriculture. Son opposition à la Confédération a pu aussi jouer contre lui : député de la circonscription de Richelieu à l’Assemblée législative du Canada depuis 1863, il avait adhéré l’année suivante au Club Saint-Jean-Baptiste, société secrète fondée à Montréal par Ludger Labelle* pour combattre la Confédération. Son adhésion à cette société, mal vue des évêques, avait sans doute entraîné sa défaite aux élections fédérales de 1867, et nui à son image d’homme public et de membre influent du bureau d’Agriculture. Enfin, les polémiques avec la Gazette des campagnes (Sainte-Anne-de-la-Pocatière), autre journal agricole important fondé par l’abbé François Pilote*, au sujet de la vache et du cheval canadiens compliquaient la situation de Perrault, qui favorisait l’importation d’animaux de race. Pour lui, c’était la seule manière d’accroître la qualité et la valeur des animaux canadiens.

À compter de 1868, la carrière de Perrault prend un nouveau tournant. Sans délaisser totalement l’agronomie et l’enseignement, il s’intéresse davantage à l’amélioration du sort économique des Canadiens français. Membre de l’Association Saint-Jean-Baptiste de Montréal depuis au moins 1867, il prend une part active aux activités de la société, dont il sera vice-président à compter de 1895 et président quelques mois avant sa mort. En 1886, il convainc des hommes d’affaires canadiens-français de mettre sur pied la Chambre de commerce du district de Montréal, chargée de défendre et de promouvoir « les intérêts commerciaux et industriels de la ville de Montréal et de la province de Québec ». Peu après la reconnaissance légale de la chambre en 1887, Perrault en devient vice-président, poste qu’il occupera jusqu’en 1890. En 1888, Perrault et la chambre soutiennent le projet d’un Monument national à Montréal, pour servir de centre éducatif. De même, en 1901, la chambre forme un comité, dont Perrault est membre, pour étudier la question de la création d’une école des hautes études commerciales à Montréal.

Une partie importante de la carrière de Perrault est consacrée aux missions et aux représentations officielles à l’étranger au nom de la Chambre de commerce du district de Montréal et du gouvernement fédéral. Ce dernier le nomme secrétaire de la commission canadienne à l’Exposition universelle de Philadelphie en 1876 ; en 1878, il occupe à nouveau ce poste, cette fois à Paris. Il se retrouve encore à Paris à l’Exposition universelle de 1889, à titre de délégué de la Chambre de commerce du district de Montréal. En 1892 et 1896, il assiste aux congrès des chambres de commerce, à Londres. Il est également secrétaire-archiviste de l’Association forestière fondée en 1882 et secrétaire de la Société générale de colonisation et de rapatriement mise sur pied en 1893. La France avait reconnu ses mérites dans le domaine agricole en le nommant chevalier de la Légion d’honneur, puis officier de l’Instruction publique, officier du Mérite agricole et membre-correspondant étranger de la Société royale d’agriculture de Paris en 1889.

Homme d’une énergie surabondante, Joseph-Xavier Perrault a eu toute sa vie à cœur l’avancement économique de ses compatriotes. Libéral en politique, il était partisan de l’indépendance politique du Canada et d’une union commerciale avec les États-Unis.

François Hudon

Joseph-Xavier Perrault est l’auteur de quelques brochures : Compte-rendu des travaux de la Chambre d’agriculture du Bas-Canada ([Montréal ?, 1859 ?]) ; la Carrière agricole ; lecture donnée sous le patronage de l’Institut canadien-français (s.l., [1860 ?]) ; Exploration de Québec au lac St. Jean ([Montréal ?, 1863 ?]) ; Discours prononcé [...] à l’Assemblée législative : la Confédération de l’Amérique britannique du Nord (s.l., [1865 ?] ; Quatre Années en Parlement (s.l., [1867 ?]) ; le Lien colonial, c’est la banqueroute ; la nation meurt de faim parce qu’elle est pieds et poings liés par le lien colonial (Montréal, 1878) ; Transatlantique franco-canadienne ([Montréal ?, 1885 ?]).

AC, Montréal, État civil, Catholiques, Cimetière Notre-Dame-des-Neiges (Montréal), 10 avril 1905.— ANQ-M, CE1-51, 16 janv. 1866.— ANQ-Q, CE1-1, 28 mai 1836.— Alain Duhamel, « Il y a 100 ans, J.-X. Perrault fondait la Chambre de commerce de Montréal », le Devoir, 14 oct. 1986.— René Monette, « les Perrault et l’Avancement de l’agriculture québécoise », le Devoir, 22 juin 1946.

P.-B. Casgrain, la Vie de Joseph-François Perrault, surnommé le Père de l’éducation du peuple canadien (Québec, 1898).— Firmin Létourneau, Histoire de l’agriculture (Canada français) (Montréal, 1959).— M.-A. Perron, Un grand éducateur agricole : Édouard-A. Barnard, 1835–1898 ; étude historique sur l’agriculture de 1760 à 1900 ([Montréal], 1955).— Robert Rumilly, Histoire de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal : des patriotes au fleurdelisé, 1834–1948 (Montréal, 1975).

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François Hudon, « PERRAULT, JOSEPH-XAVIER (Joseph-François) (1836-1905) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/perrault_joseph_xavier_13F.html.

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Auteur de l'article:    François Hudon
Titre de l'article:    PERRAULT, JOSEPH-XAVIER (Joseph-François) (1836-1905)
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
Année de la révision:    1994
Date de consultation:    20 nov. 2024