McCARTY (McCarthy), CHARLES JUSTIN (James), prédicateur itinérant, né en Irlande à une date inconnue ; il épousa Catherine Lent, et ils eurent quatre enfants ; décédé vers 1790.

Charles Justin McCarty vivait dans la province de New York quand il devint un ardent disciple de l’évangéliste George Whitefield. Il vint au Canada en 1788 et prêcha avec beaucoup d’effet dans les maisons des Loyalistes de la région de la baie de Quinte. La tentative qu’il fit pour s’y établir échoua devant le conseil des terres de Mecklenburg, lequel écarta sa requête « faute de preuves nécessaires », bien que McCarty eût fait état de la persécution et de l’emprisonnement dont il avait été l’objet dans la vallée de l’Hudson pour sa loyauté envers la couronne. Sa prédication et sa personnalité avaient un effet de polarisation dans les cantons situés à l’ouest de Kingston. Le révérend John Stuart*, qui siégeait au conseil des terres avec Neil McLean et Richard Cartwright*, considérait McCarty comme « un Irlandais illettré [...] un homme d’un caractère personnel infâme », et faisait cette remarque : « Je pense que nous pourrons le bannir pour ses crimes d’une nature abominable. » En revanche, 41 résidents de la région signèrent une pétition pour qu’il « continue avec [eux] », en le recommandant pour sa sobriété, son honnêteté, sa piété et son esprit de religion.

En avril 1790, McCarty fut arrêté et poursuivi en justice ; on l’accusait de vagabondage et d’imposture, de même que d’avoir troublé la paix. La Cour des sessions trimestrielles, qui siégea à Kingston les 13 et 14 avril, sous la présidence de Cartwright, McLean et Archibald McDonell*, donna à McCarty l’ordre de quitter le district. Il partit, semble-t-il, mais revint, puisque le 13 juillet il était de nouveau devant la cour, qui ordonna sa déportation à Oswego, New York. On ne devait plus jamais le revoir vivant, et les récits de sa mort varient, allant de la mort par inanition sur une île, ce qui semble probable, jusqu’au meurtre, version fondée sur la découverte d’un cadavre criblé de coups de couteau.

McCarty n’avait aucun lien officiel avec les méthodistes, bien que ses disciples loyalistes se fussent recrutés en grand nombre parmi eux et que lui-même eût adopté leur style et leur attitude, si bien que des historiens méthodistes l’ont acclamé comme un martyr. Organisés officiellement aux États-Unis en 1785, les méthodistes, dénomination nouvelle et encore inconnue, étaient généralement méprisés par les Églises plus anciennes, qui les voyaient comme des exaltés et des dissidents. Nathanael Burwash* décrivit plus tard cette attitude de dérision comme « un esprit d’arrogante hostilité à l’égard de l’ensemble des méthodistes » et affirme que « l’exemple extrême » en fut la mort de McCarty, à la suite du geste des autorités civiles de Kingston. Deux autres prédicateurs dissidents, au moins, se trouvaient dans la région de Kingston à la même époque, mais ils n’eurent pas à subir semblable hostilité. Un maître d’école d’Adolphustown, du nom de Lyons, avait prêché la bonne nouvelle méthodiste sans opposition, et William Losee*, un diacre de l’Église méthodiste épiscopale aux États-Unis, qui était arrivé juste avant le procès de McCarty, put former des sociétés méthodistes durables auxquelles adhérèrent bon nombre des fidèles de McCarty.

D’autres écrivains ont pris la défense de la cour et de l’intégrité de sa décision, en soulignant qu’on avait même consulté un grand jury sur la sentence définitive et qu’au moins un des juges au second procès, Robert Clark*, était méthodiste ou allait bientôt le devenir. Au demeurant, sa loyauté étant mise en doute et sa requête en vue d’obtenir une terre ayant été repoussée, McCarty fut, à vrai dire, un errant, qui n’avait de racines nulle part, dans une période d’après-guerre où l’on était facilement soupçonneux à l’endroit des opportunistes et des survenants sans aveu.

Quatre ans après la mort de McCarty, sa veuve épousa John McDougall, d’Ernestown. Quelques-uns des enfants de McCarty s’établirent dans la région de Cobourg, et son fils cadet, John, devint l’un des membres du premier conseil d’administration de l’Upper Canada Academy, dont devait sortir Victoria University.

J. William Lamb

APC, RG 1, L3, 281, 3 232 A ; L4, 7, p.30 ; RG 31, A1, 1851 census, Hamilton Township (mfm aux PAO).— PAO, RG 1, C-IV, Hamilton Township papers, concession 5, lot 15 ; RG 21, A, Assessment rolls : Northumberland and Durham counties, Hamilton Township, 1808–1815.— United Counties of Northumberland and Durham Surrogate Court (Cobourg, Ontario), no 1 251, testament de John McCarty, 4 déc. 1877 (mfm aux PAO).— Kingston before War of 1812 (Preston), 156–163.— Marriage register of St John’s Church, Ernest Town, no 2, OH, I (1899z : 20.— PAO Report, 1904.— Encyclopedia Canadiana, VI : 236.— Illustrated historical atlas of the counties of Northumberland and Durham (Toronto, 1878).— H. C. Burleigh, The fate of McCarthy the martyr (autocopie, 1974) (copie à l’United Loyalists’ Assoc. of Canada, Toronto).— G. F. Playter, The history of Methodism in Canada [...] (Toronto, 1862), 18.— Thomas Webster, History of the Methodist Episcopal Church in Canada (Hamilton, Ontario, 1870), 36–39.— W. S. Herrington, The trial of Charles Justin McCarty, SRC Mémoires, 3e sér., XXI (1927), sect. ii : 6370. C. B. Sissons, The martyrdom of McCarty – fact or myth ? Canadian Journal of Religious Thought (Toronto), IV (1927) : 1218.

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J. William Lamb, « McCARTY (McCarthy), CHARLES JUSTIN (James) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/mccarty_charles_justin_4F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
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