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Titre original :  Les sources iconographiques des portraits fictifs du père jésuite Jacques Marquette

Provenance : Lien

MARTIN, FÉLIX (baptisé Félix-François-Marie), prêtre, jésuite, professeur, architecte et auteur, né le 4 octobre 1804 à Auray, France, fils de Jacques-Augustin Martin, commerçant, et d’Anne-Armèle Lauzer, décédé à Paris le 25 novembre 1886.

Après des études chez les jésuites, au petit séminaire de Sainte-Anne, à Auray, Félix Martin, inspiré par l’exemple de ses maîtres et de son frère aîné, Arthur, entre au noviciat de Montrouge, près de Paris, en 1823. Dès l’année suivante, il poursuit sa formation au noviciat Saint-Louis, à Avignon. Étudiant en philosophie au petit séminaire de l’Arc, à Dole, en 1825, il devient, à partir de 1826, professeur au collège Saint-Acheul, à Amiens. La révolution de 1830 ayant entraîné une dispersion temporaire de la communauté des jésuites en France, Martin doit s’exiler à Brigue, en Suisse, où il termine ses études en théologie et est ordonné prêtre en 1831. Se consacrant particulièrement à l’enseignement de la religion, des mathématiques et du dessin dans les institutions jésuites, tout en exerçant, à l’occasion, des fonctions curiales et administratives, il séjourne tour à tour, de 1832 à 1839, en Espagne, en France, à la résidence de Vannes et au collège Saint-Acheul, puis en Belgique, au collège de Brugelette. En 1839, il se retrouve en France, à Angers, où il s’adonne à la prédication et poursuit l’étude de l’anglais jusqu’en 1842.

Arrivé à Montréal le 31 mai 1842 avec un groupe de jésuites invités par Mgr Ignace Bourget à restaurer la Compagnie de Jésus dans la province du Canada [V. Jean-Pierre Chazelle*], Martin s’installe momentanément à l’évêché, puis à Laprairie (La Prairie) où il prépare une série de sermons et de retraites qui l’amènent, durant les six années suivantes, à prêcher dans plusieurs paroisses et collèges de la région de Montréal. En 1844, il est nommé supérieur des jésuites du Bas-Canada, en remplacement de Jean-Pierre Chazelle qui dirige les missions du Haut-Canada [V. Clément Boulanger*]. Fort de l’expérience acquise dans le domaine de l’éducation en France, Martin fonde à Montréal le collège Sainte-Marie et y assume les fonctions de procureur, de préfet des études et de professeur suppléant. Cette maison d’enseignement, établie provisoirement en 1848 dans un local exigu de la rue Saint-Alexandre, accueille plus de 57 élèves durant sa première année d’existence. S’étant fixé comme objectif de donner le cours classique et commercial en entier, les jésuites doivent disposer de plus grands espaces ; dès 1847, Martin avait donc préparé les plans et commencé à diriger la construction d’un nouvel édifice qui abritera le collège en 1851. Cette même année, on y instaure la première école francophone de droit dans le Bas-Canada, à la suite des pressions exercées par un certain nombre d’avocats influents de Montréal auprès de Bourget et Martin [V. François-Maximilien Bibaud]. Recteur de 1851 à 1857, Martin en profite pour introduire au sein de l’institution les programmes et les traditions des collèges Saint-Acheul et de Brugelette. Ainsi, la discipline et l’exercice des devoirs religieux prennent une place prépondérante dans l’éducation transmise aux élèves.

Initié au dessin et aux rudiments de l’architecture durant les années 1820 par son frère Arthur, jésuite spécialisé dans la restauration des églises gothiques en France, Martin élabore, peu de temps après son arrivée dans le Bas-Canada, les plans de quelques édifices religieux. Avec le concours de l’architecte Pierre-Louis Morin, il dessine en 1843 la façade de l’église St Patrick, à Montréal. Son nom est également associé à la confection des plans de l’église de la mission Saint-François-Xavier, à Caughnawaga ; commencée en 1845, cette dernière se distinguait par son clocher saillant en façade. Le collège Sainte-Marie, bâti selon les plans de Martin, a été qualifié d’ouvrage « solide mais naïf ». Il comportait un système complexe de divisions pouvant s’adapter aux besoins d’un externat, d’une résidence pour les pères jésuites, d’un noviciat et d’une chapelle publique. C’est aussi sous sa direction et d’après ses plans qu’on élève en 1852 le corps central du noviciat des jésuites au village de Sault-au-Récollet (Montréal-Nord). Durant toute cette période, Félix Martin est souvent consulté pour l’érection ou la décoration intérieure d’églises. Selon toute vraisemblance, il aurait collaboré aux travaux de l’architecte Victor Bourgeau, dont le fils aurait été son élève.

Martin a manifesté un intérêt tout particulier pour l’histoire religieuse de la Nouvelle-France. Dès son arrivée dans le Bas-Canada, il entreprit de rassembler les documents épars se rattachant aux missions des jésuites dans l’ancienne colonie française ; pour ce faire, il mit sur pied, en 1844, les archives du collège Sainte-Marie où il déposa les manuscrits et la correspondance inédite de la Compagnie de Jésus, fruit de ses nombreuses recherches auprès des communautés religieuses à Québec. Cette démarche le conduisit à s’intéresser de plus près aux Relations des jésuites ; après avoir traduit, en 1852, la relation de François-Joseph Bressani* publiée deux siècles plus tôt en italien, Martin encourage le projet de réédition des Relations des Jésuites recoupant la période allant de 1611 à 1672. Ce projet sera complété à Québec, en 1858, sous la direction de Georges-Barthélemi Faribault*, d’Édouard-Gabriel Plante, de Jean-Baptiste-Antoine Ferland* et de Charles-Honoré Laverdière*. Sa contribution la plus significative demeure toutefois la préparation, avec Fortuné Demontézon, du manuscrit qui sera publié en deux volumes à Paris, en 1861, sous le titre de Mission du Canada ; relations inédites de la Nouvelle-France [...]. Accompagné d’une introduction et d’un appendice rédigés par Martin, cet ouvrage contient un ensemble de relations s’étalant de 1672 à 1679, qui étaient restées inédites jusque-là.

Reconnu pour ses talents de chercheur, Martin bénéficie de l’aide financière du gouvernement de la province du Canada pour accomplir certains travaux. Ainsi, il est chargé, en 1856, de relever les traces des anciens établissements de la nation huronne à Penetanguishene, Haut-Canada, et il laisse à ce sujet un intéressant manuscrit ; l’année suivante, on lui confie la responsabilité de retracer, dans les fonds d’archives conservés à Paris et à Rome, les documents relatifs à l’histoire du pays. À son retour en 1858, il figure parmi les membres fondateurs de la Société historique de Montréal et, l’année suivante, à l’occasion du centenaire de la mort de Louis-Joseph de Montcalm*, il amorce une vaste étude biographique sur ce personnage ; ce n’est toutefois qu’en 1867 qu’il fera paraître à Paris cet ouvrage intitulé le Marquis de Montcalm et les dernières années de la colonie française au Canada (1756–1760). Cette affinité avec le genre biographique l’incitera à rédiger par la suite quelques livres sur les principaux martyrs de la Nouvelle-France ; ces écrits connaîtront d’ailleurs diverses éditions et traductions.

Devenu supérieur de la résidence des jésuites à Québec en 1859, Martin doit retourner en France, deux ans plus tard, pour soigner ses yeux. Après un bref séjour à l’école Sainte-Geneviève, à Paris, comme directeur spirituel, il occupe, dès 1862, le poste de recteur du collège Saint-François-Xavier, dans la ville de Vannes. Muté à la résidence de Poitiers en 1865, il y exerce la fonction de supérieur tout en poursuivant ses travaux sur l’histoire de la Nouvelle-France, comme en témoignent sa correspondance et la visite qu’il reçoit de l’historien Henri-Raymond Casgrain*, l’année suivante. À partir de 1868, il séjourne au collège de l’Immaculée-Conception, à Paris, comme responsable de la bibliothèque, et plus tard comme supérieur. Témoin de l’occupation prussienne en 1870 et de la Commune de Paris en 1871, il en tire un journal personnel dans, lequel il livre ses impressions sur les événements. À la suite du décret de 1880 ordonnant la dissolution des congrégations enseignantes en France, Martin se retire, avec un groupe de jésuites, dans une résidence à Paris où il expire six ans plus tard, sans avoir pu réaliser son projet de retourner au Canada.

Georges-Émile Giguère

S’inscrivant dans le courant de réévaluation du rôle historique de l’Église canadienne, Félix Martin a tenté de reconstituer, à partir de nombreuses recherches, les principaux documents se rattachant aux missions des jésuites en Nouvelle-France. À cet égard, il a collaboré à la publication des imprimés suivants : Relation des jésuites sur les découvertes et les autres événements arrivés en Canada, au nord et à l’ouest des États-Unis (1611–1672) [...], E. B. O’Callaghan, édit., Félix Martin, trad. (Montréal, 1850) ; [F. J. Bressani], Relation abrégée de quelques missions des pères de la Compagnie de Jésus dans la Nouvelle-France [...], Félix Martin, trad. (Montréal, 1852) ; Claude Dablon, Relation de ce qui s’est passé de plus remarquable aux missions des pères de la Compagnie de Jésus en la Nouvelle-France les années 1673 à 1679 [...], Félix Martin et J. G. Shea, édit. (Montréal et New York, 1860) ; Mission du Canada ; relations inédites de la Nouvelle-France (1672–[1679]) pour faire suite aux anciennes relations (1615–1672) avec deux cartes géographiques, Fortuné Demontézon et Félix Martin, édit. (2 vol., Paris, 1861).

Félix Martin a également écrit quelques ouvrages à teneur historique dont les plus importants sont : le Marquis de Montcalm et les dernières années de la colonie française au Canada (1756–1760) (Paris, 1867) ; le R. P. Isaac Jogues, de la Compagnie de Jésus, premier apôtre des Iroquois (Paris, 1873) ; Hurons et Iroquois ; le P. Jean de Brébeuf, sa vie, ses travaux, son martyre (Paris, 1877). Pour retracer les articles que Martin a consacrés à l’archéologie et à l’étude des autochtones hurons, on peut consulter l’Album littéraire et musical de la rev. canadienne (Montréal), 1848. On peut trouver mention de ses opuscules religieux dans l’ouvrage d’Augustin de Backer et al., Bibliothèque de la Compagnie de Jésus, Carlos Sommervogel, édit. (3e éd., 9 vol., Bruxelles et Paris, 1890–1900). [g.-é. g.]

Arch. de la Compagnie de Jésus, prov. du Canada français (Saint-Jérôme, Québec), Fonds général, 1 632–1 661.— IBC, Centre de documentation, Fonds Morisset, 2, M379/F376.— DOLQ, I : 170, 637–649.— Paul Desjardins, Le collège Sainte-Marie de Montréal (2 vol., Montréal, 1940–[1944]), I : 177–276.— Les établissements des jésuites en France depuis quatre siècles [...], Pierre Delattre, édit. (5 vol., Enghien et Wetteren, Belgique, 1949–1957).— Guy Frégault, « La recherche historique au temps de Garneau (la correspondance Viger-Faribault) », Centenaire de l’Histoire du Canada de François-Xavier Garneau [...], [J.-J. Lefebvre, édit.] (Montréal, 1945), 371–390.— Serge Gagnon, Le Québec et ses historiens de 1840 à 1920 : la Nouvelle-France de Garneau à Groulx (Québec, 1978).— G.-É. Giguère, « La restauration de la Compagnie de Jésus au Canada, 1839–1857 » (2 vol. manuscrits en possession de l’auteur ; des copies sont disponibles dans différents dépôts d’archives, bibliothèques et maisons de la Compagnie de Jésus).— J.-C. Marsan, Montréal en évolution : historique du développement de l’architecture et de l’environnement montréalais (Montréal, 1974).— Luc Noppen, Les églises du Québec (1600–1850) (s.l., 1977).— Léon Pouliot, Étude sur les relations des jésuites de la Nouvelle-France (1632–1673) (Montréal et Paris, 1940).— Firmin Vignon, Le P. Martin ([Montréal, 1886]).

Bibliographie générale

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Georges-Émile Giguère, « MARTIN, FÉLIX », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/martin_felix_11F.html.

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Auteur de l'article:    Georges-Émile Giguère
Titre de l'article:    MARTIN, FÉLIX
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
Date de consultation:    19 mars 2024