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Titre original :  Who's who in Canada: An Illustrated Biographical Record of Men and Women of the Time, Volumes 6-7, International Press Limited., 1914.

Provenance : Lien

Lavoie, Napoléon (baptisé Joseph-Eugène-Napoléon), athlète, banquier, courtier d’assurance et fonctionnaire, né le 5 août 1860 à Notre-Dame-de-Bon-Secours-de-L’Islet (L’Islet, Québec), fils aîné de Napoléon Lavoie, médecin, et de Marie-Aurélie-Joséphine Casgrain ; le 17 août 1880, il épousa dans la paroisse Saint-Roch, à Québec, Elmire Morin (décédée le 6 février 1925), et ils eurent 13 enfants, dont 4 garçons et 3 filles atteignirent l’âge adulte ; décédé le 24 mai 1934 à Québec et inhumé quatre jours plus tard dans cette ville au cimetière Saint-Charles.

Issu de familles faisant partie des élites professionnelles de la Côte-du-Sud, Napoléon Lavoie se distingue de ses racines et des choix de carrière de ses trois frères. Arthur devient médecin comme son père, alors que Joseph et Georges adoptent la prêtrise. Le jeune Napoléon possède des qualités athlétiques indéniables qui lui permettront d’exceller jusqu’à un âge avancé dans des compétitions canadiennes et internationales de handball et de squash. Au tournant du xxe siècle, il détiendra même le titre de champion du Canada au handball.

Après quelques années de formation chez les Frères des écoles chrétiennes de Notre-Dame-de-Bon-Secours-de-L’Islet et au collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière (1873–1875), vers l’âge de 15 ans, Lavoie commence à travailler comme simple commis à la Banque nationale, vraisemblablement à Québec. Il poursuit sa carrière à la succursale de Saint-Roch de la Banque du peuple à compter d’environ 1885. Il en prend la direction vers 1890, fonction qu’il occupe jusqu’à son entrée en liquidation en 1895 [V. Jacques Grenier*]. Il revient à ce moment à la Banque nationale comme gérant de la succursale de Saint-Roch, située à proximité de l’endroit où était celle de la Banque du peuple avant sa fermeture.

Vers 1901, Lavoie assume le poste d’inspecteur de la Banque nationale et, à partir de 1910, celui de gérant général. Il est responsable d’un réseau de succursales qu’il contribue à développer dans les régions de la province de Québec ; il ouvre de plus une première succursale en France en 1907. Dans ses fonctions, il se heurte aux Caisses populaires Desjardins et à son fondateur Alphonse Desjardins*, qui cherchent à couvrir les mêmes territoires. L’affrontement prend une tournure acerbe quand Lavoie fait courir des rumeurs sur l’instabilité des caisses et, là où ces dernières voudraient ou pourraient s’installer, crée des sous-agences pour recueillir les dépôts. Dans une lettre qu’il signe le 21 octobre 1914, Desjardins ne mâche pas ses mots pour qualifier Lavoie : « écœurant individu […] prétentieux bouffi d’orgeuil et aussi bête que ses pieds ».

Lavoie connaît tout de même passablement de succès avec ces stratégies, dont l’objectif consiste à ne pas perdre de dépôts dans les communautés francophones et à maintenir la croissance de la Banque nationale. S’il est vulnérable devant l’argument des caisses selon lequel les sous-agences de la banque obtiennent les épargnes locales sans les réinvestir sur place, il peut répliquer que les caisses populaires ne font guère mieux. D’ailleurs, celles-ci doivent verser leurs fonds en surplus dans des banques, ce qui donne à la Banque nationale un moyen supplémentaire de leur rendre la vie difficile. On ne peut affirmer que la Banque nationale ait joué un rôle, directement ou par l’entremise de la Caisse d’économie de Notre-Dame de Québec (avec laquelle elle était liée depuis sa fondation), dans l’offre d’un taux d’intérêt moins favorable sur les dépôts des caisses populaires que sur ceux des autres banques. Telle est néanmoins la perception des dirigeants des caisses, qui confient leurs placements à la Banque de Québec en 1914.

Pour concrétiser les effets de la hausse de dépôts, la Banque nationale doit trouver des investissements productifs de bénéfices, mais assez sécuritaires pour se prémunir contre les retournements de conjoncture. Sous la direction de Lavoie, elle finance, avec une grande partie de ses fonds, quelques entreprises importantes, mais fragiles et spéculatives, plus particulièrement la Compagnie manufacturière de Montmagny de Charles-Abraham Paquet (devenue, en 1919, la Machinerie agricole nationale Limitée) et la Transportation and Shipping Company Limited de Québec. Les rendements sont élevés, mais, en 1921, la crise économique dans le secteur agricole provoque de nombreux retraits de dépôts et met à mal la Machinerie agricole nationale Limitée, qui a une dette évaluée entre 3,8 et 4,5 millions de dollars envers la Banque nationale. La dette de la Transportation and Shipping Company Limited atteint pour sa part 1,25 million de dollars. Lavoie est au cœur des bouleversements. Il doit affronter une dévaluation des actifs de la banque et la menace d’une ruée des déposants sur ses guichets. Il réussit à obtenir une aide du gouvernement fédéral. Le montant est insuffisant pour rétablir le crédit de la banque et une fusion avec une autre entreprise financière doit être envisagée en 1922. Des hommes politiques de premier plan, comme le premier ministre de la province de Québec, Louis-Alexandre Taschereau*, le ministre fédéral de la Justice, sir Lomer Gouin*, et des hommes d’affaires de Québec ayant à leur tête le nouveau président de la banque, Georges-Élie Amyot*, de la Dominion Corset Company, tentent un sauvetage. En mars, Henri Des Rivières, neveu de Taschereau, remplace Lavoie à la direction générale de la Banque nationale et au conseil d’administration. La Banque nationale fusionne avec la Banque d’Hochelaga pour former la Banque canadienne nationale en 1925.

Cette fin abrupte de sa carrière de banquier précipite Lavoie dans de graves difficultés financières et professionnelles. Il doit liquider une propriété dans le quartier Limoilou obtenue en héritage, céder une créance détenue avec son frère Arthur, emprunter 5 000 $ à l’homme d’affaires Napoléon Drouin et finalement vendre sa belle maison de la rue Saint-Louis en 1926, qu’il a achetée avec une lourde hypothèque auprès de la Société de prêts et de placements de Québec en 1918. Il se recycle quelque temps en courtier d’assurance avec ses fils Georges et Napoléon (ce dernier a également travaillé à la Banque nationale). En 1928, il occupe un poste d’inspecteur de l’impôt sur le revenu, qui lui donne les moyens de rester dans la rue Saint-Louis avec sa fille Marie-Joséphine jusqu’à sa mort, en 1934, des suites d’une longue maladie.

L’esprit compétitif de Napoléon Lavoie, tant dans les sports que dans les affaires bancaires, lui a permis d’atteindre des sommets dans sa carrière. Il lui a cependant aussi fait prendre de gros risques dans les placements de la Banque nationale avec, comme résultat, de graves conséquences sur celle-ci et sur sa situation personnelle.

Marc Vallières

Arch. de la Fédération des caisses Desjardins du Québec (Lévis, Québec), Fonds Alphonse-Desjardins, 0.21 : 2.1–10.5 (lettre d’Alphonse Desjardins à J.-Victor Rochette, 21 oct. 1914).— BAnQ-Q, CE301-S22, 17 août 1880 ; CE302-S3, 5 août 1860.— FD, Cimetière Saint-Charles (Québec), 9 févr. 1925, 28 mai 1934.— Québec, Ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles, « Registre foncier du Québec en ligne », acte, radiation, avis d’adresse, Québec, acte, nos 164294rb, 164295rb, 183345rb, 183346rb, 184624rb, 187819rb, 196147rb, 200556rb : www.registrefoncier.gouv.qc.ca/Sirf (consulté le 10 mars 2016).— L’Action catholique (Québec), 25, 29 mai 1934.— Le Devoir, 25 mai 1934.— Le Soleil, 25, 28 mai 1934.— Annuaire, Québec, 1918–1919, 1935–1936.— BCF, 1920 : 81.— J.-A. Lavoie, la Famille Lavoie au Canada, de 1650 à 1921 (Québec, 1922).— Prominent people of the province of Quebec, 1923–24 (Montréal, s.d.).— Yves Roby, Alphonse Desjardins et les caisses populaires, 1854–1920 (Montréal, 1964).— Ronald Rudin, Banking en français : les banques canadiennes-françaises de 1835 à 1925 (Montréal, 1988) ; In whose interest ? Quebec’s caisses populaires, 1900–1945 (Montréal et Kingston, Ontario, 1990).

Bibliographie générale

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Marc Vallières, « LAVOIE, NAPOLÉON (baptisé Joseph-Eugène-Napoléon) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 24 avril 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/lavoie_napoleon_16F.html.

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Auteur de l'article:    Marc Vallières
Titre de l'article:    LAVOIE, NAPOLÉON (baptisé Joseph-Eugène-Napoléon)
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2020
Année de la révision:    2020
Date de consultation:    24 avril 2024