JOHNSTONE, JAMES, dit le chevalier de Johnstone (il signait parfois Johnstone de Moffatt), officier, né le 25 juillet 1719 à Édimbourg, Écosse, fils de James Johnstone, commerçant ; sa mère appartenait à une branche cadette de la famille Douglas ; décédé après 1791, probablement à Paris.

Les relations de James Johnstone avec son père furent orageuses et il fut gâté par sa mère, mais on ne sait rien d’autre sur l’éducation qu’il reçut durant ses jeunes années. On l’a décrit comme étant mince et de courte taille. Il semble avoir vécu une jeunesse licencieuse. Après avoir rendu visite à deux oncles en Russie au cours de l’année 1738, il vécut à Londres mais fut forcé par son père de rentrer en Écosse en 1740. Quand, en 1745, on apprit à Édimbourg le débarquement en Écosse du prince Charles le Jeune Prétendant, Johnstone se hâta de se joindre à son armée. Grâce à des parents, il fut présenté à lord George Murray, commandant en second des rebelles, qui en fit son aide de camp. Johnstone suivit l’armée pendant le soulèvement jacobite et, de temps à autre, servit le prince en qualité d’aide de camp. Après la bataille de Prestonpans (Lothian), en septembre 1745, le prince Charles accorda à Johnstone une commission de capitaine. Le jeune officier recruta quelques hommes et entra dans le régiment du duc de Perth. À la suite de la déroute de Culloden, en 1746, il s’enfuit vers le nord et fut caché par une protectrice qui semble avoir été lady Jane Douglas, femme du colonel John Stewart. Johnstone voyagea jusqu’à Londres, sous le déguisement d’un colporteur, puis se rendit à Rotterdam, sous celui d’un valet de l’escorte de sa protectrice. À Paris, il fut présenté au marquis de Puysieux, ministre des Affaires étrangères, par des amis influents et reçut une pension à même les fonds accordés par Louis XV aux rebelles écossais exilés en France.

Malgré les promesses de Puysieux, le brevet de capitaine de Johnstone ne fut pas reconnu en France et il n’obtint qu’une commission d’enseigne dans les troupes de la Marine de l’île Royale (île du Cap-Breton). Bien que cette rétrogradation le vexât, il se rendit à Louisbourg en 1750. Il décrivit l’existence qu’il y mena comme un purgatoire ; il n’y vécut pas moins agréablement : son serviteur voyait à ses besoins matériels, et il s’adonna à la lecture de l’histoire militaire. Dans la querelle qui opposa le gouverneur Jean-Louis de Raymond et le commissaire ordonnateur Jacques Prevost de La Croix, Johnstone prit parti pour le premier. En récompense, il fut nommé interprète en langue anglaise en 1752 et promu lieutenant en 1754.

En juin 1758, au moment où Louisbourg fut attaquée par Amherst, Johnstone était en poste à l’île Saint-Jean (Île-du-Prince-Édouard). Il s’enfuit en Acadie où on le chargea de conduire quelques prisonniers anglais de Miramichi (Nouveau-Brunswick) à Québec ; il y arriva en septembre. Il devint plus tard aide de camp de Lévis. Il servit également à titre d’interprète et aussi d’ingénieur volontaire lors de la construction par Lévis de retranchements entre le camp français et la rivière Montmorency. Au départ de Lévis pour Montréal, Johnstone resta toutefois à Québec, comme aide de camp de Montcalm*. Après le siège de la ville et la mort du général, il fit retraite avec l’armée. Stationné à l’île aux Noix d’avril à août 1760, il s’enfuit à Montréal au moment où les forces françaises furent contraintes d’abandonner le front du lac Champlain et de la rivière Richelieu. La ville ayant capitulé, il retourna à Québec, puis s’embarqua pour la France le 16 octobre 1760.

Le rôle de Johnstone. au cours des événements décisifs qui marquèrent le sort de la Nouvelle-France, fut de peu d’importance. Égocentrique, il était néanmoins d’un naturel timide ; il n’avait réussi à s’enfuir de Culloden, par exemple, qu’en faisant désarçonner un valet, par un officier plus jeune que lui, pour s’emparer de son cheval. Son apport principal reste les mémoires qu’il a composés ou à tout le moins terminés après son retour en France. Il y raconte dans un français peu grammatical ce qu’il a vu et entendu pendant ses campagnes en Écosse et en Nouvelle-France. Même s’il se trompe parfois sur des points de détail et s’il se lamente souvent sur son malheureux sort, Johnstone fait souvent montre, dans ses écrits, d’un esprit pénétrant et capable d’une réflexion philosophique.

Parla suite, la vie de Johnstone fut moins mouvementée. Mis à la retraite par le ministère de la Marine, avec une pension de 300#, en 1761, il fut fait chevalier de Saint-Louis l’année suivante. Il vécut à Paris, mais se rendit en Écosse en 1779 pour y régler des affaires personnelles. En 1790, sa pension avait été portée à 1 485# et, en 1791, il obtint de l’Assemblée, à laquelle il avait adressé une requête, 500# en compensation pour les pertes subies pendant le soulèvement jacobite. Les aventures de Johnstone inspirèrent à William McLennan et à Jean Newton McIlwraith le personnage de Maxwell dans le roman canadien The span olife : a tale of Louisbourg and Quebec, publié à New York et à Toronto en 1899.

T. A. Crowley

Les mémoires de James Johnstone sont la source principale de renseignements sur sa vie. Les APC en possèdent une copie (MG 18, J10). Charles Winchester a publié une piètre traduction de ce manuscrit sous le titre de Memoirs of the Chevalier de Johnstone (3 vol., Aberdeen, Écosse, 1870–1871), et ces mémoires ont été publiés séparément : Memoirs of the rebellion in 1745 and 1746 [...] (Londres, 1820 ; nouvelle éd., Brian Rawson, édit., 1958) ; « Mémoires de M. le Cher. de Johnstone », Literary and Hist. Soc. of Quebec, Hist. Docs., 9e sér. (1915) – des parties de ces mémoires furent d’abord publiées en traduction par la Literary and Hist. Soc. of Quebec dans ses Hist. Docs., 2e sér. (1868), et sous sa forme originale dans la Coll. de manuscrits relatifs à la N.-F., III : 465–484 ; IV : 231–243, 245–265.  [t. a. c.]

AN, Col., C11C, 13, p.162 (copie aux APC) ; E, 230 (dossier Johnstone).— McLennan, Louisbourg.— Stacey, Quebec, 1759.— Édouard Fabre Surveyer, Le chevalier Johnstone, BRH, LXI (1955) : 85–92.— William Howitt. Le chevalier Johnstone, BRH, VII (1901) : 56–58.

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T. A. Crowley, « JOHNSTONE, JAMES, dit le chevalier de Johnstone (Johnstone de Moffatt) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 22 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/johnstone_james_4F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
Année de la révision:    1980
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