HAY, WILLIAM, architecte, né le 17 mai 1818 à Dikeside, paroisse de Cruden, près de Peterhead, Écosse, fils de William Hay, marchand de grains, et de Jean Alexander, décédé le 30 mai 1888 à Joppa, près d’Édimbourg.

William Hay fit son apprentissage de menuisier, mais se brisa la jambe dans une chute pendant son travail ; suivant les conseils de son médecin, il décida d’étudier l’architecture durant sa convalescence. Élevé au sein de l’Église épiscopale écossaise, il reçut fort à propos comme première commande, en 1843, la construction de l’église épiscopale St James à Cruden. L’année suivante, il travailla en tant qu’assistant dans le bureau de l’éminent architecte John Henderson à Édimbourg. En 1846, George Gilbert Scott, un des architectes néo-gothiques les plus connus de l’époque, engagea Hay comme conducteur des travaux de construction de la nouvelle cathédrale anglicane St John the Baptist, commandée par l’évêque Edward Feild*, de St John’s, Terre-Neuve. Hay voyagea beaucoup à la fin de 1846 et au début de 1847 dans les îles Britanniques, engageant des ouvriers spécialisés et prenant les dispositions nécessaires pour la fourniture des matériaux.

En avril 1847, Hay fit voile pour St John’s, en compagnie de Janet Reid (1819–1860), qu’il avait épousée en 1844, et du frère de celle-ci, Thomas, leur pupille, qui fit par la suite une brillante carrière politique aux Bermudes. Hay demeura à St John’s jusqu’à ce que la nef de la cathédrale soit complétée, en 1850 ; détruit lors du grand incendie de 1892, l’édifice sera reconstruit par la suite à partir de ses vieux murs. Durant son séjour à Terre-Neuve, Hay dressa également des plans pour une église que l’on se proposait d’ériger à St Francis Harbour, au Labrador. En 1848–1849, Feild, devenu un ami intime, le consulta à propos de la reconstruction de l’église servant de cathédrale à Hamilton, aux Bermudes, alors partie intégrante du diocèse de Terre-Neuve.

Hay retourna en Écosse en 1850, mais ses déplacements au cours des trois années qui suivent sont peu connus. Il fut, en 1853, l’architecte de l’église St John à Longside, près de Peterhead, visita, semble-t-il, Montréal et Chicago avec l’idée d’y installer son bureau et s’établit finalement à Toronto, où il devint rapidement l’un des architectes les plus en vue. Il traça les plans du Toronto General Hospital et de l’église presbytérienne unie Gould Street (1855), de la House of Providence (1855–1858), des parties originales de l’église St Basil et du St Michael’s College (1856), ceux également de l’école attenante à l’église Holy Trinity (1858) et de l’hôtel de ville d’Yorkville (1859–1860). Hay travailla en outre pour le gouvernement provincial, agrandissant les édifices du parlement dans la rue Front et transformant le vieil hôpital situé rue Gerrard, au milieu des années 1850, de façon à pouvoir abriter les bureaux du Conseil exécutif ; il établit aussi les plans d’une église en bois pour la garnison. Il avait un penchant pour l’architecture gothique dans le style high church que l’architecte anglais Augustus Welby Pugin affectionnait pour les églises et les commandes reliées à celles-ci ; ses édifices institutionnels étaient souvent dotés d’un comble en mansarde et témoignaient du style éclectique maintenant appelé Second Empire. Convaincu que l’utilité et la commodité devaient être des objectifs fondamentaux de l’architecture, il recourut aux dernières innovations en matière de chauffage, de ventilation et d’aménagements sanitaires. De toutes ces commandes, seuls subsistent les travaux effectués à l’église Holy Trinity et des versions passablement remaniées de l’église St Basil et du St Michael’s College. Hay traça les plans de nombreuses habitations, dont le presbytère de l’église Holy Trinity (1861) et la Scadding House attenante, construite vers 1860 pour Henry Scadding*, rector de cette église. Ce dernier édifice a subi cependant des transformations depuis et un déplacement de quelques pieds, mais les deux bâtiments existent toujours. À l’extérieur de Toronto, on doit également à Hay plusieurs édifices encore debout comme celui de la Commercial Bank of the Midland District, construit à Kingston en 1853 (maintenant l’Empire Life), l’église anglicane St George de Newcastle, qui date de 1857, l’église presbytérienne St Andrew de Guelph, érigée en 1857–1858, et celle de St Paul, construite à Southampton en 1861. Il conçut aussi les plans de plusieurs autres édifices.

Hay participa activement à la vie sociale de la ville, en tant que membre (et vice-président dé, 1859 à 1861) du Toronto Mechanics’ Institute et du conseil d’administration du Canadian Institute, de 1858 à 1860. Engagé également dans des organismes provinciaux, il fit partie du comité exécutif du Board of Arts and Manufactures for Upper Canada et fut secrétaire de l’Association of Architects, Civil Engineers, and Provincial Land Surveyors of Canada. Franc-maçon zélé, il fit partie de plusieurs organisations maçonniques.

Après la mort de son épouse en 1860, Hay décida de quitter Toronto et, probablement au début de 1862, confia sa clientèle à son associé de fraîche date Thomas Gundry et à Henry Langley*, qui avait étudié sept ans avec lui. Nous savons peu de chose de l’activité de Hay après ce moment. En 1862, il séjourna aux Bermudes, travaillant à la nef de l’église dont Feild lui avait confié la construction. L’année suivante, il semble avoir fait un bref séjour à Édimbourg avant de se rendre à Halifax où il fut inscrit comme associé de David Stirling de cette ville et fut l’architecte de Keith Hall, résidence d’Alexander Keith*. Un peu plus tard, peut-être après avoir visité d’autres parties de l’Empire, Hay revint en Écosse et ouvrit un bureau à Édimbourg, où il établit sa demeure, Rabbit Hall, dans le faubourg de Joppa. Toujours franc-maçon actif, il devint par la suite membre du grand comité de la Grande Loge d’Écosse. Il épousa en 1870 Jemima Huddleston (décédée en 1905), de Ryde, île de Wight, et de ce mariage naquit une fille.

L’œuvre la plus importante de Hay, à la suite de son départ du Canada, fut la restauration de la cathédrale St Giles à Édimbourg entre 1872 et 1883. George Henderson, fils de son vieux maître, l’aida dans son travail et devint son associé vers 1878, après avoir exercé sa profession en Australie pendant nombre d’années. Les associés érigèrent plusieurs constructions à Édimbourg, Peterhead et Galashiels ; ils travaillèrent également de l’autre côté de la frontière, dans le comté de Cumberland.

Hay se rendit aux Bermudes en 1883 pour organiser les réparations de l’église servant de cathédrale et pour dresser les plans de la résidence du gouverneur. Accompagné de sa famille, il effectua ensuite une longue tournée en Amérique du Nord, au cours de laquelle il visita les endroits où il avait habité au Canada. En 1884, après la destruction par les flammes de la cathédrale des Bermudes, on demanda à Hay de faire les plans de la nouvelle église, l’actuelle cathédrale Most Holy Trinity.

À sa mort, en 1888, après huit mois de maladie, Hay laissait des biens d’une valeur approximative de £7 500 et une clientèle florissante. Décrit comme un homme « bienfaisant et sympathique », il joua un rôle important dans l’architecture canadienne au milieu du xixe siècle, bien que peu de ses édifices à Toronto aient subsisté. Sa carrière illustre bien à quel point l’Empire victorien était uni, non seulement par les soldats et les administrateurs, mais également par les gens de profession qui tirèrent parti des multiples débouchés offerts par son immense territoire.

Frederick H. Armstrong

William Hay est l’auteur de « Architecture for the meridian of Canada » et de « The late Mr. Pugin and the revival of Christian architecture » parus dans l’Anglo-American Magazine (Toronto), 2 (janv.–juin 1853) : 253–255 et 70–73 respectivement. Une photocopie du « Hart family diary » couvrant les années 1842 à 1966 se trouve en la possession de Frederick H. Armstrong, de London, Ontario.

General Register Office (Édimbourg), Register of births and baptisms for the parish of Cruden, 1818 ; SC 70/1/270 : 211–223, inventaire des biens de William Hay, 20 nov. 1888 ; SC 70/4/234 : 703–723, contrat de mariage de William Hay, 3 juin 1870, et testament de William Hay et de Jemima Huddleston ou Hay, 20 nov. 1888.— Royal Commission on the Ancient and Historical Monuments of Scotland (Édimbourg), Buildings of Scotland Research Unit papers.— N.S. directory, 1864–1865 : 138s.— Toronto directory, 1859–1860 : 212, 273, 276, 278s.— [G. P. Ure], The band-book of Toronto ; containing its climate, geology, natural history, educational institutions, courts of law, municipal arrangements [...] (Toronto, 1858), 234–236, 258s., 268–270.— Wallace, Macmillan dict., 307.— Eric Arthur, Toronto, no mean city ([Toronto], 1964), 85, 114, 116s., 124s., 142, 247, 249.— B. F. L. Clarke, Anglican cathedrals outside the British Isles (Londres, 1958), 55s., 126s.— William Dendy, Lost Toronto (Toronto, 1978).— D. M. Lyon, History of the Lodge of Edinburgh (Mary’s Chapel) no. 1 : embracing an account of the rise and progress of freemasonry in Scotland (Édimbourg et Londres, 1873), 349, 353.— T. S. Reid, Trinity Church, Bermuda ; a sketch of its history, drawn from various sources (Hamilton, Bermudes, 1886), 8s., 11, 15s.— « Ecclesiastical architecture : village churches », Anglo-American Magazine, 4 (janv.–juin 1854) : 20–22.— « The editor’s shanty », Anglo-American Magazine, 4 (janv.–juin 1854) : 211–213.— « The late Mr. William Hay, architect », Builder (Londres), 54 (janv.–juin 1888) : 414.— « The late Mr. Wm. Hay, architect », Canadian Architect and Builder (Toronto), 1 (1888), no 7 : 11.— « New churches », Ecclesiologist (Londres), 11 (1850) : 200s.— T. A. Reed, « Toronto’s early architectes : many fine buildings still standing », Royal Architectural Institute of Canada, Journal (Toronto), 27 (1950) : 46–51.

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Frederick H. Armstrong, « HAY, WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/hay_william_11F.html.

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Auteur de l'article:    Frederick H. Armstrong
Titre de l'article:    HAY, WILLIAM
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
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