GILLESPIE, ROBERT, marchand et homme d’affaires, né en 1785 à Douglas, Lanarkshire, Écosse, décédé le 3 septembre 1863 à Londres.
Robert Gillespie arriva en 1800 à Montréal où il rejoignit son frère aîné, George Gillespie*, qui était un associé de la firme Parker, Gerrard, and Ogilvy, l’un des principaux partenaires de la XY Company et plus tard de la North West Company. Rien ne nous permet de croire que Robert travailla pour cette firme dans le Nord-Ouest comme « hivernant » ; il semble n’avoir été employé que dans les bureaux de la compagnie à Montréal où son frère et lui-même arrivèrent rapidement à devenir les principaux associés. En 1816, la firme changea son nom pour Gillespie, Moffatt, and Company. Outre George Moffatt, qui était le principal associé, la firme comptait parmi ses membres Samuel Gerrard*, Jasper Tough, John Jamieson, James Blackwood Greenshields et Robert Patterson. Au début des années 1820, Gillespie se voyait confier la direction des bureaux de la compagnie à Londres. Ces nouvelles fonctions l’amenèrent à déménager en Grande-Bretagne en 1822, et il y demeura jusqu’à sa mort. En 1842 les associés de Gillespie, Moffatt, and Company à Québec, à Toronto et à Londres établirent des liens importants avec les principaux centres de commerce du Canada et de la Grande-Bretagne. À cette époque les sociétés comptant plusieurs associés étaient chose courante, ce qui occasionnait de fréquents changements de personnel puisque les contrats étaient généralement renouvelés à des intervalles de trois ou cinq ans. Robert Gillespie et George Moffatt restèrent cependant les principaux associés de la compagnie qui, tout au long des années 1840, prit de l’extension et se diversifia.
Gillespie, Moffatt, and Company était la plus grosse maison d’importation de Montréal et vendait un large éventail de produits manufacturés en Grande-Bretagne. La firme entretenait également des rapports commerciaux très importants avec les Antilles ; en 1837, elle effectuait des voyages réguliers entre Québec et la Jamaïque avec des navires qui lui appartenaient ou qu’elle louait. En plus de posséder au moins un navire, la firme avait des parts dans de nombreux navires ayant leur port d’attache à Québec. L’énorme entrepôt de Montréal, dont Gillespie était le propriétaire, pouvait abriter 10 000 barils de farine, 20 000 boisseaux de blé et 7 000 à 8 000 barils de bœuf et de porc, et offrait des conditions particulièrement favorables d’inspection, d’emballage et de mise en barils du porc. De plus, la compagnie était l’agent au Canada de la Phoenix Assurance Company dont le siège était à Londres et qui était l’une des premières compagnies à vendre au Canada des assurances contre les incendies.
Robert Gillespie participa à la plupart des controverses concernant le commerce canadien et il se rangea du côté des Montréalais qui réclamaient l’assouplissement de la réglementation britannique. Pendant l’agitation politique de la fin des années 1820 au Bas-Canada [V. Denis-Benjamin Viger], il comparut comme témoin devant le comité spécial de la chambre des Communes britannique chargé d’enquêter sur le fonctionnement du gouvernement au Canada. Reflétant les opinions et les aspirations générales de la plupart des marchands anglophones du Bas-Canada, Gillespie recommanda la création de bureaux d’enregistrement et l’union politique des deux Canadas comme des mesures qui amélioreraient considérablement les conditions du commerce. Il souligna que l’absence de bureaux d’enregistrement rendait difficile l’obtention de renseignements sur les hypothèques et autres obligations, ce qui retardait à la fois la colonisation et les investissements dans la province. Beaucoup de marchands canadiens trouvaient plus facile d’investir leur argent en Grande-Bretagne, affirma-t-il, que dans le Bas-Canada, où les conditions étaient peu favorables.
À l’instar de beaucoup d’autres marchands, Gillespie seconda les efforts accomplis pour améliorer les moyens de transport au Canada dans le but de faire de Montréal un centre de commerce plus compétitif ; il fut un des administrateurs de la Compagnie des propriétaires du canal de Lachine, formée en 1819 pour creuser un canal contournant les rapides à quelques milles en amont de Montréal. La compagnie ne parvint pas à réunir un capital suffisant et le projet fut repris en 1821 par la chambre d’Assemblée du Bas-Canada à titre de projet gouvernemental, lequel aboutit en 1825. Outre ses intérêts dans la firme Gillespie, Moffatt, and Company, Gillespie s’aventura dans une quantité d’entreprises canadiennes. Ainsi, avec des commanditaires de Londres, tel Edward Ellice, lui aussi un ancien marchand de Montréal vivant alors en Grande-Bretagne, et avec George Moffatt et Peter McGill [McCutcheon*], il forma en 1834 la British American Land Company. Les immenses propriétés de la compagnie dans les Cantons de l’Est devinrent un enjeu politique à la fin des années 1830, mais la compagnie n’en continua pas moins d’exister, voire même de prospérer. Un des premiers promoteurs de la Banque de Montréal, Gillespie avait été l’agent de cette dernière à Londres pendant les années 1820. En 1836, cependant, il était de nouveau associé à des financiers londoniens en vue de créer la Banque de l’Amérique septentrionale britannique qui devint une puissante concurrente de la Banque de Montréal.
Gillespie semble avoir atteint une certaine aisance en Grande-Bretagne. Outre sa résidence de Londres, il possédait un château, Springhill, dans son comté natal de Lanark, Écosse, près du domaine de son frère George, Biggar Park. Robert Gillespie mourut à Londres en 1863 en laissant une modeste succession évaluée à moins de £50 000. Parmi ses deux filles et ses trois fils, seul Robert semble avoir effectué des opérations financières au Canada. Ce dernier vécut pendant quelques années à York (Toronto) où, en 1832, il créa la filiale Gillespie, Jamieson, and Company. Plus tard il déménagea en Grande-Bretagne et se joignit en 1853 à un groupe d’actionnaires de Londres et de Liverpool pour former la Compagnie canadienne de navigation à la vapeur, qui exploita pendant deux ans une ligne de bateaux à vapeur entre Liverpool et Montréal.
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Gérald Tulchinsky, « GILLESPIE, ROBERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 16 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/gillespie_robert_9F.html.
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Auteur de l'article: | Gérald Tulchinsky |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1977 |
Année de la révision: | 1977 |
Date de consultation: | 16 nov. 2024 |