GATIEN, FÉLIX, prêtre catholique, missionnaire, professeur, administrateur scolaire et auteur, né le 28 octobre 1776 à Québec, fils de Jean-Baptiste Gatien et de Marie-Françoise Aubin-Delisle ; décédé le 19 juillet 1844 à Cap-Santé, Bas-Canada.

Entré au petit séminaire de Québec en 1786, Félix Gatien aurait connu quelques difficultés dans les classes préparatoires. Mais ce fut pour mieux réussir par la suite, puisqu’il passa de la classe de 6e à celle de 4e au cours de la même année, en 1790–1791, qu’il était en rhétorique deux ans après et qu’il terminait ses classes de philosophie en août 1796. En rhétorique, il eut un excellent professeur, Joseph-Marie Boissonnault, et il fit la philosophie et les sciences sous la direction de deux prêtres émigrés, Jean-Baptiste-Marie Castanet* et Jean Raimbault.

Gatien fit ses études de théologie tout en enseignant au petit séminaire et fut ordonné prêtre le 16 février 1800. Après l’avoir nommé vicaire à Saint-Eustache, Mgr Pierre Denaut* le choisit en 1801 pour assister le curé Jean-Baptiste Marchand* à Sandwich (Windsor, Ontario), où il œuvra jusqu’en 1806. Revenu au séminaire de Québec, Gatien fut agrégé le 21 octobre 1806. Il y demeura 11 années durant lesquelles il eut à exercer les fonctions de professeur de théologie, procureur, directeur du grand et du petit séminaires tout en étant membre d’office ou désigné du conseil de la communauté. Normalement, il aurait dû passer sa vie au séminaire. Le 7 août 1817, le conseil le nomma de nouveau directeur du grand séminaire, mais le 29 suivant Gatien renonçait à l’agrégation par-devant notaire. On ignore pour quels motifs. Dans une lettre à Mgr Joseph-Octave Plessis*, son coadjuteur Mgr Bernard-Claude Panet* écrivait le 8 septembre que le séminaire était à plaindre avec le départ de Gatien et que ce genre de sortie n’était pas fait pour attirer de nouveaux sujets. Élève brillant, il s’était révélé un professeur remarquable qui jouissait de l’affection de ses élèves.

Mgr Plessis donna à Gatien la cure de Cap-Santé. Cette paroisse, admirablement située sur le Saint-Laurent, comprenait alors les villages de Portneuf et de Saint-Basile. Entièrement dévoué à ses paroissiens, Gatien ne négligea aucun de ses devoirs de pasteur. Fidèle aux conseils de Mgr Plessis, il refusa en 1822 la charge de visiteur de l’école de l’Institution royale pour l’avancement des sciences, érigée dans sa paroisse. Il n’hésita pas non plus cette année-là à parler du haut de la chaire contre le projet d’union des Canadas. Suivant les habitudes de son alma mater, le curé Gatien sortait et recevait peu. Homme d’étude, il employait les loisirs que les longs hivers lui permettaient à lire et à s’instruire. C’est ainsi qu’il écrivit « Mémoires historiques sur la paroisse et fabrique du Cap-Santé depuis son établissement jusqu’en 1831 », ouvrage qui ne sera publié que 40 ans après sa mort. Encore là, il avait entendu les conseils de Mgr Plessis qui encourageait ses prêtres à s’intéresser à l’histoire du Canada. Gatien s’y révèle bien informé de l’histoire du pays et observateur attentif de la vie de son temps et de ses paroissiens.

Doué d’un jugement ferme et droit, plein d’expérience des hommes et des événements, bon administrateur, le curé Félix Gatien savait encore plaire par le charme et la finesse de sa conversation, émaillée d’un peu d’esprit gaulois, comme le rappellera son ancien vicaire, le recteur de l’université Laval Louis-Jacques Casault*. Amateur de peinture éclairé, il a encore été l’un de ceux qui ont eu foi dans le talent du jeune peintre Antoine Plamondon*, à qui il avait commandé un grand tableau pour son église dès 1825. Il se situe dans cette génération de prêtres qui ont fait leurs études à Québec ou à Montréal entre 1780 et 1800, ont connu la Révolution française et les prêtres émigrés et ont exercé le ministère sous la direction de Mgr Plessis. Ils avaient reçu une formation humaniste d’excellente qualité et ont plus tard brillé par l’esprit et le cœur, même s’ils étaient un peu sévères. Qu’on se rappelle les Jérôme Demers* et Jean-Baptiste Boucher, pour ne citer que ceux-là. Conscient de ses responsabilités jusqu’à la fin, Gatien avait cru nécessaire d’écrire à son évêque, Joseph Signay, le 13 juillet 1844, qu’il était trop malade pour faire la neuvaine à sainte Anne. Il mourut le 19 suivant.

Claude Galarneau

« Mémoires historiques sur la paroisse et fabrique du Cap-Santé depuis son établissement jusqu’en 1831 » de Félix Gatien a été publié à Québec en 1884 sous le titre de Histoire de la paroisse du Cap-Santé. De plus, selon François-Maximilien Bibaud*, le Panthéon canadien (A. et V. Bibaud ; 1891), Gatien aurait publié Manuel du chrétien et la Semaine sainte.

AAQ, 20 A, IV : 98 ; 61 CD, Cap-Santé, I : 22 ; 303 CD, I : 98.— ANQ-Q, CE1-1, 29 oct. 1776 ; CE1-8, 22 juill. 1844.— ASQ, Fichier des anciens ; mss, 12F : 58–63 ; Lettres, O, 125 ; mss, 433 ; 437 ; mss-m, 103–104 ; 140 ; 146 ; 153 ; 155 ; Séminaire, 9, nos 27–28 ; 40, n° 2 ; 56, n° 89 ; 78, nº 24H ; SME, 21 oct. 1806.— P.-G. Roy, Fils de Québec, 3 : 183–185.— Morisset, Peintres et Tableaux, 2 : 137–138.

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Claude Galarneau, « GATIEN, FÉLIX », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/gatien_felix_7F.html.

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Auteur de l'article:    Claude Galarneau
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
Année de la révision:    1988
Date de consultation:    20 déc. 2024