FRASER, ALEXANDER, officier et seigneur, né vers 1729 en Écosse ; il épousa vers 1765 Jane McCord ; décédé le 19 avril 1799 à Saint-Charles, non loin de Québec.

Identifier les nombreux Alexander Fraser qui servirent dans le 78e d’infanterie au cours des campagnes de la guerre de Sept Ans, reste un problème. Celui qui fait l’objet de la présente biographie, et qui paraît avoir appartenu à une bonne famille de Highlanders, entra au 78e à titre d’enseigne et fut promu lieutenant le 12 février 1757. Il prit part à la prise de Louisbourg, île Royale (île du Cap-Breton), à celle de Québec, et il fut blessé en 1760, peut-être à la bataille de Sainte-Foy [V. Lévis]. Fraser resta au Canada après le licenciement de son régiment ; en août 1763, il acheta du gouverneur Murray la seigneurie de La Martinière, près de Québec. Il acquit encore la seigneurie limitrophe de Vitré en 1775 et celle de Saint-Gilles, à environ 20 milles en amont de Québec, en 1782.

Quand éclata la Révolution américaine, Fraser reprit du service. Il reçut une commission de capitaine dans les Royal Highland Emigrants, le 14 juin 1775 [V. Allan Maclean]. Avec d’autres officiers de ce régiment, il fut loué par le gouverneur, sir Guy Carleton*, en 1777, pour son « zèle infatigable et sa bonne conduite » pendant le siège de Québec par les Américains en 1775 [V. Richard Montgomery]. Mais il y avait, derrière cet éloge, autre chose qu’une simple question de bons états de service. Fraser et ses collègues avaient présumé que leur régiment serait placé parmi l’effectif régulier de l’armée, de façon que, le moment venu de le réduire, ils conserveraient leurs grades et toucheraient la demi-solde. Leur espoir fut déçu et ils eurent « la mortification de se voir obligés, alors, de servir dans un régiment provincial et de faire leur devoir d’une manière qui leur [était] très désagréable, vu que leurs grades [n’étaient] pas assurés dans l’armée ». Carleton, qui sympathisait avec eux et appréciait leur collaboration, demanda avec insistance que leur régiment fût rétabli à titre permanent ou que les officiers fussent incorporés à des régiments de l’armée régulière. Dans le cas d’Alexander Fraser, cette recommandation ne donna rien. Au contraire, il fut affecté, avec le grade de capitaine, dans les milices stationnées à Saint-Jean, sur le Richelieu, et « fit constamment du service », depuis un moment indéterminé de l’année 1777 jusqu’au mois d’avril 1778. Il n’était pas commun que des officiers de l’armée régulière fissent du service dans la milice, mais comme Fraser appartenait à un régiment provincial, lequel n’avait ni les droits ni les privilèges des régiments réguliers, son transfert au sein de la milice ne dut pas être regardé par les autorités comme inhabituel ou comme dégradant.

En août 1778, affirmant qu’il n’avait « pas d’autres amis à qui recourir », il sollicita de Haldimand « une quelconque petite prestation » et suggéra à mots couverts qu’une pension lui fût versée, tout en affirmant qu’il était prêt à servir dans « n’importe quelle garnison d’infanterie ». En mai 1779, le major John Nairne*, son ami et son officier supérieur, insista pour que Fraser fût autorisé à prendre sa retraite, l’état de sa santé le rendant « tout à fait impropre à continuer de servir ». Nairne fit valoir que seule l’altération de sa santé avait amené Fraser à présenter une telle requête. Mais il ne fait pas de doute que la frustration causée par l’indifférence qui accueillit ses diverses plaintes y était pour quelque chose. Fraser quitta probablement son régiment cette même année ; ironie du sort, en avril 1779, le gouvernement britannique avait approuvé l’incorporation des Royal Highland Emigrants à l’armée régulière, à titre de 84e d’infanterie.

La vie privée de Fraser fut aussi décevante que sa participation à la guerre d’Indépendance américaine. Sa femme mourut en 1767, lui laissant à élever deux filles en bas âge, Jane et Margaret. Jane mourut après quelques années de mariage, et son fils, Walter Davidson, né en 1790, fut le seul héritier mâle des propriétés seigneuriales de Fraser. En juin 1791, son petit-fils ayant dix mois, Fraser lui fit don des titres fonciers de la seigneurie de Saint-Gilles, dans laquelle il avait, en 1783, concédé des terres à 15 vétérans allemands. Fraser sollicita avec succès d’autres concessions dans les années 1790, en les justifiant parfois par ses états de service. Il mourut à Saint-Charles le 19 avril 1799 et fut enseveli à Québec le 22.

W. G. Godfrey

ANQ-Q, Greffe de J.-A. Panet, 18 sept. 1782 ; Greffe de J.-C. Panet, 2 août 1763 ; Greffe de J.-A. Saillant, 28 mars 1775.— APC, MG 11, [CO42] Q, 61/2, pp.265, 270 ; MG 23, GIII, 11 ; MG 24, B1, 25, pp. 13–53 ; RG 1, L3, 1, pp.207, 212 ; 12, pp.3 694, 3 702 ; 87, pp.42 899, 42 905. Wallace, Macmillan dictionary, 244. Arthur Caux, Notes sur les seigneurs de Beaurivage, BRH, LV (1949) : 155–161. W. S. Wallace, Alexander Fraser of Beauchamp, BRH, XLIII (1937) :176–179 ; Some notes on Fraser’s Highlanders, CHR, XVIII (1937) :131–140.

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W. G. Godfrey, « FRASER, ALEXANDER (mort en 1799) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/fraser_alexander_1799_4F.html.

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Auteur de l'article:    W. G. Godfrey
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
Année de la révision:    1980
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