EAGLESON, JOHN, ministre protestant, né en Ulster ; le 16 août 1781, il épousa Sophia Augusta Pernette, et ils eurent au moins deux filles ; circa 1765–1790.

John Eagleson arriva dans le canton de Cumberland, en Nouvelle-Écosse, vers 1765, en qualité de missionnaire presbytérien. Par ses talents, il attira bientôt l’attention d’hommes influents de cette province et, en 1767, le lieutenant-gouverneur Michæl Francklin, le juge en chef Jonathan Belcher, le secrétaire provincial Richard Bulkeley et le révérend John Breynton, rector de l’église St Paul de Halifax, le recommandèrent aux autorités de Londres pour qu’il fût réordonné dans l’Église d’Angleterre. Sur les raisons qui motivaient Eagleson à demander ce changement, on en est réduit aux conjectures. Sa vie ultérieure montre qu’il était capable d’agir par conviction, mais il y avait de réels avantages financiers, politiques et sociaux à appartenir à l’Église établie, et, en tout cas, une personnalité comme celle d’Eagleson, sensible à la bonne chère comme à la bonne société, se sentit probablement attirée vers elle. Quelles que fussent ses raisons, il fut ordonné en Angleterre par l’évêque de Londres, en 1768, et retourna en Nouvelle-Écosse, sous l’égide de la Society for the Propagation of the Gospel, à la fin de juin, cette même année.

Au lieu de se diriger vers Cumberland, comme il s’y attendait, Eagleson fut d’abord envoyé pour un certain temps à l’île Saint-Jean (Île-du-Prince-Édouard), puis dans le canton de Cornwallis, en Nouvelle-Écosse. De retour à Cumberland en 1770, il devint le premier ministre permanent de l’Église d’Angleterre dans cette région et le premier aumônier du fort Cumberland (près de Sackville, Nouveau-Brunswick) depuis la Conquête. Il semble avoir mis la main, non sans procédures judiciaires, sur les terres bénéficiales précédemment détenues par un ministre dissident, Caleb Gannett ; en sa qualité d’aumônier de la garnison, il avait probablement accès, également, aux quartiers du fort. Pendant 20 ans, il desservit la région voisine du fort, y assurant les services d’un maître d’école et formant des congrégations dans plusieurs districts éloignés. Il fit aussi quelques randonnées en remontant la rivière Petitcodiac et fit occasionnellement des voyages dans la vallée d’Annapolis et à Halifax. En 1773, il dirigea une mission à l’île Saint-Jean, étant le premier ministre protestant à visiter cette colonie depuis qu’elle avait acquis son propre gouvernement en 1769. Il combattit l’action des missionnaires dissidents dans Cumberland et, une fois, il fut à l’origine d’une intervention de l’armée dans une assemblée présidée par William Black*. Il semble avoir été populaire tant auprès de ses paroissiens que de la garnison, mais, apparemment, il commençait à abuser de l’alcool.

En 1776, pendant la rébellion locale menée par Jonathan Eddy*, Eagleson fut fait prisonnier et transporté à Boston. Il s’échappa au bout de 16 mois pour retourner à Cumberland où il trouva sa propriété presque entièrement détruite. Tout au cours de la Révolution américaine, il se considéra comme une cible pour les rebelles dans la région de Cumberland et, craignant d’être emprisonné de nouveau, il s’enfuit à Halifax en 1781. Il se maria cette année-là dans la région de Windsor et, en 1782, à son retour à Cumberland, il acheta une ferme près du fort. Il semble s’être installé alors dans un mode de vie beaucoup plus routinier. En 1788, cependant, des plaintes relatives à l’usage qu’il faisait des boissons et aux effets que cela avait sur son ministère furent portées jusqu’à l’évêque Charles Inglis*. Après une enquête qui dura plusieurs mois, Inglis démit Eagleson de ses fonctions sacerdotales en juin 1790, pour ivrognerie et incompétence.

Malade mentalement au moins par périodes, Eagleson paraît avoir passé ses dernières années à l’écart de sa famille. Il alla vivre avec une famille Siddall, près de ce qui est aujourd’hui Oxford, en Nouvelle-Écosse. En juillet 1811, sa veuve convola avec Hallet Collins, de Liverpool.

Gertrude Tratt

Archives privées, Seth Bartling (Liverpool, N.-É.), R. J. Long, The annals of Liverpool and Queen’s County, 1760–1867 (1926) (copie dactylographiée à la Dalhousie University Library, Halifax ; mfm aux PANS).— Cumberland County Registry of Deeds (Amherst, N.-É.), Book D, p.49 (mfm aux PANS).— PANS, MG 4, no 100, folder 12 (notes du chanoine E. A. Harris sur la famille Pernette).— St Paul’s Anglican Church (Halifax), Registers for Windsor-Falmouth-Newport, 1774–1795, 16 août 1781 (mfm aux PANS).— University of King’s College Library (Halifax), P. S. Hamilton, History of the county of Cumberland (copie dactylographiée, 1880) (copie aux PANS).— USPG, B, 25, nos 118, 119, 121, 123, 126, 127, 135, 146, 147, 152, 158, 182, 186, 231 ; C/CAN/NS, 2, nos 110, 111 (mfm aux PANS).— APC Rapport, 1913, app. I.— M. W. Armstrong, The Great Awakening in Nova Scotia, 1776–1809 (Hartford, Conn., 1948).— A. W. [H.] Eaton, The Church of England in Nova Scotia and the Tory clergy of the revolution (New York, 1891). — I. F. Mackinnon, Settlements and churches in Nova Scotia, 1749–1776 ([Montréal, 1930]).— C. F. Pascoe, Two hundred years of the S.P.G. [...] (2 vol., Londres, 1901).— C. W. Vernon, Bicentenary sketches and early days of the church in Nova Scotia.(Halifax, 1910).— W. B. Kerr, The American invasion of Nova Scotia, 1776–7, Canadian Defence Quarterly (Ottawa), XIII (1935–1936) : 433–455.— Saint John Globe (Saint-Jean, N.-B.), 17 nov. 1923.— E. M. Saunders, The life and times of the Rev. John Wiswall, M.A., a loyalist clergyman in New England and Nova Scotia, 1731–1821, N.S. Hist. Soc., Coll., XIII (1908) : 1–73.

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Gertrude Tratt, « EAGLESON, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 16 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/eagleson_john_4F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
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